vendredi 28 décembre 2018

Sérotonine, de Michel Houellebecq, roman Flammarion Edit. 352p.22€

Le grand romancier des "Bobos" parisiens publie son septième roman dans la même veine que les précédents, la vue horrible sur l'univers de la grande ville devenue inhumaine, sur la vie stupide d'un monde incohérent promu à la décrépitude et la fuite dans le souvenir, les rêveries sur le passé heureux d'un grand amour perdu, et la vie à la "campagne", en "forêt", dans la nature, avec le sexe comme seul compagnon consolateur...
Un événement éditorial et littéraire tant les réflexions de Michel Houellebecq comptent dans ce monde de socialisme-libéral français "exténué" sous les coups répétés des réglementations de toutes sortes, des prélèvements bloquant le développement, des obligations du Traité européen bruxellois, de la richesse insondable et la pauvreté de survie qui vient de se révéler avec les "Gilets Jaunes" que les "Bobos" parisiens et d'ailleurs n'arrivent pas à déchiffrer, un monde qui vit avec en arrière-fond le terrorisme islamiste...
Crise de civilisation, crise de la pensée, crise du bateau fou du modèle "occidental" ou "français" tout court ? Au milieu des réflexions, des discours des médias interloqués, du Monde en mouvement et du Temps... L'homme occidental esseulé, angoissé, livré, suivant Houellebecq, à la médication des calmants, des euphorisants, dans l'attente dont il ne sait quoi, qui relève de l'effondrement de sa pensée, de son moi...
Houellebecq est le parfait littérateur de ce monde boboïsé qu'est devenu la France socialisée, macronisée, il fera des tirages exceptionnels et le monde entier littéraire le lira... Roman de la solitude, du féminisme dévastateur pour le mâle occidental, du culte du veau d'or à tout crin, de la mutilation de la nature, de la laideur urbanistique, de la cruauté envers les animaux, du rejet de l'"enfant" et du crétinisme... 
Reste l'homme, son devenir, la diversité du monde, l'évolution, et son combat contre... avec quand même  au fond de lui la pulsion de la vie, sa recherche du "bonheur"... et la Beauté du monde et des êtres, la profonde beauté des êtres aimés...
Un livre rétrograde, mais nécessaire à la réflexion.
Le désastre de la solitude;
Henry Zaphiratos 

mercredi 19 décembre 2018

Les Jardins d'Allah, de Monique Le Dantec, roman 298p. Morrigane Editions

Plongée dans la France actuelle où s'installe un processus de transformation que différents écrivains , dont Houellebecq, décrivent. De l'amour fou aveugle à la complicité, du désir physique au désir de savoir, mais sans discernement, sans études approfondies. Eva, prof esseulée de gymnastique dans un collège de province passe quelques semaines de vacances au Maroc, et tombe amoureuse d'Othman beau guide qui conduit un groupe de 4x4 touristiques dans les confins du désert. Elle découvre le monde musulman à travers celui-ci, monde musulman qu'elle retrouve en France quand au collège éclate un débat sur le port du foulard islamique par certaines élèves... Se faisant messager de son amant de Marrakech elle pénètre dans un monde qu'elle questionne, tente de comprendre... L'Egypte, puis l'Iran, une histoire où l'on gomme les différences entre Sunnites et Chiites, où les interlocuteurs passent sous silence le rôle de l'Angleterre, où les Pyramides, les pharaons, le monde romain et chrétien de l'Egypte, de l'Arabie n'ont jamais existé, de même que les dix millions de coptes et celui de l'Alexandrie cosmopolite d'avant Nasser... 
Monique Le Dantec a très bien décrit le côté incertain, immature et naïf de son héroïne, professeure de gymnastique, toute à l'aveuglement de sa passion physique jusqu'au moment ultime où elle se réveille et comprend ce que trament son amant et ses amis...
Un roman qui est aussi une exploration de certains milieux où l'esprit d'analyse, où la passion de la liberté, la profonde culture sont en sommeil...
A lire. 
Hermès

       

mardi 4 décembre 2018

Introduction à "La Recherche du Temps Perdu" de Bernard de Fallois, Edit.B.de Fallois - 310p. 18€

Le découvreur en 1951 du premier roman de Marcel Proust,  Jean Santeuil  (Les Plaisirs et les Jours étant une suite de nouvelles) spécialiste de son oeuvre a disséqué et analysé La Recherche pour une édition du Club France-Loisir en 1988/89.
Un livre essentiel pour ceux qui désirent approfondir leur connaissance des rapports entre les personnages, d'en découvrir certains autres, de comprendre leurs motivations. Bernard de Fallois explique, analyse  cette grande  "Comédie humaine" qu'est cette oeuvre, comme celle de Balzac.
Du côté de chez Swann
A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Le côté de Guermantes
Sodome et Gomorrhe
La Prisonnière
Albertine disparue
Le Temps retrouvé


"cette réalité que nous risquerions fort de mourir sans avoir connue, et qui est tout simplement notre vie. La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature." Marcel Proust