vendredi 31 octobre 2014

Un été avec Proust, de Laura El Makki, Edit. France Inter-Equateurs-Parallèles, 240p. 2014 - 13,50€

Un très beau petit livre où d'excellents critiques et écrivains, Antoine Compagnon, Jean-Yves Tadié, Jérôme Prieur, Nicolas Grimaldi, Julia Kristeva, Raphaël Enthoven, Adrien Goetz, parlent de Proust, décrivent les multiples facettes de son œuvre, de ses personnages, de ses émois, de son style, de son rapport avec la vie, les arts... La Recherche  est une œuvre multiple, profonde parce que l'auteur rentre dans l'intimité de sa pensée, de ses élans, décrit non seulement les faits, ce qu'il a vu, ressenti, ce qu'il a entendu, mais développe l'ensemble des sensations, des pensées, des images, liées à ce qu'il a perçu, dans l'instant qui fut, comme une photographie parfaite que l'on peut détailler à la loupe, au microscope. La petite feuille qui descend en voletant, les aubépines qui fleurissent  l'autel de l'église au mois de Marie, la mâchoire cassée que Mme Verdurin cache entre ses mains...
Ce petit livre est lumineux, et les extraits délicieux.
Une réussite totale.
19/20
Hermès

lundi 27 octobre 2014

Nouveauté : Lectures vagabondes de Thomas Morales, Edit. la Thébaïde 2014

Thomas Morales se balade dans le jardin de la littérature...
Hermès

samedi 25 octobre 2014

Les plaisirs cachés de la vie de Théodore Zeldin, Fayard, 411p. 22,50€

Devant le succès foudroyant des livres : Merci pour ce moment de Valérie Treirveiler, Le Suicide français  d'Eric Zemmour, il fallait en profiter, et Fayard, dans cette course à la spécificité française de l'auto analyse ou de révélations du monde des élites politiques françaises, publie les réflexions de Théodore Zeldin, l'homme de toutes les commissions de "réflexion", d'"analyse" etc. style "Comités Théodule de la III° et IV° République" qui ne servent à rien et étaient brocardés par De Gaulle et le commun des citoyens.
Il ne s'agit pas des "Plaisirs cachés de la vie", mais des loufoqueries de la vie politique française.
Une de ses réflexions : "En France , tout haut responsable est un dictateur."  cité dans le JDD.
Hermès 

vendredi 24 octobre 2014

"De quel amour blessée" Réflexions sur la langue française de Alain Borer - Gallimard - 354p. 22,50€ - 2014

Alain Borer est poète, écrivain et professeur de français dans une université californienne, il nous livre ses réflexions sur la langue française mise en danger par les "élites", et par l'emploi de mots techniques anglicisés...
A lire.
 
A CE PROPOS :
Le français est une langue aristocratique, il s'est imposé de lui-même par sa beauté, son élégance. il a façonné des êtres brillants : littérateurs, politiques, artistes, diplomates, l'élite de France, l'Elite de l'Europe. On parlait français partout. Le berceau du beau parler français était la Touraine (Balzac), la vallée de la Loire, il a essaimé par la Cour royale dans les châteaux, Versailles etc. puis chez les bourgeois, puis dans le peuple. Au XIX° siècle, ce sont des gouvernantes de Touraine appréciées en Russie et dans toute l'Europe qui étaient demandée, engagées... Le français est une langue admirable et l'anglais courant, ordinaire ne sera que la langue banale du commerce, des échanges ordinaires, et parfois, pour une autre élite, de la littérature. Mais elle ne pourra surpasser le français. Il est du devoir de tous les écrivains, dramaturges, cinéastes etc. de protéger, développer la langue. Les pauvres élites politiques sont aux 3/4 incultes, sans vergogne. Ils étaient déjà incultes géopolitiquement et ont précipité des guerres comme Sarko en Libye, Hollande qui faillit "punir" la Syrie etc. sans avoir lu "Le voyage en Orient" de Nerval qui expliquait TOUT. Aux écrivains de bien écrire le français, aux élites de la mode, des arts, du luxe, à tous de bien écrire, bien moduler le français...
Hermès

samedi 18 octobre 2014

vendredi 17 octobre 2014

Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive, de Christopher Donner, roman, Grasset - 300p. 2014 19€

Le titre est emprunté à Orson Wells. 
En mêlant la réalité à la fiction, Christopher Donner a un écrit un roman sur la vie de quelques personnages de cinéma gravitant autour du producteur Jean-Pierre Rassam : Maurice Pialat, Claude Berri, Jean Yanne etc. Des noms connus se mêlent à des anecdotes de tournage, de lancement de films, de financement aussi. L'auteur a puisé ses sources dans les différents livres qu'il cite et les contacts qu'ils a eus.
Le fondement de certaines œuvres cinématographique et la cause aussi de drames.
De 1960 à 1985 une chevauchée fantastique dans un certain milieu cinématographique, avec la rivalité entre deux beaux-frères, l'argent à flot, les projets, les réussites, les échecs...
P.173 à 180, intéressante note historique sur la fortune née du pétrole Mossoul de Calouste  Gulbenkian, protecteur du père de J.P.Rassam, beau-frère de Claude Berri. et des événements de Syrie et du Liban de 1941... 
12/20
Hermès

dimanche 12 octobre 2014

Pas pleurer, de Lydie Salvayre, roman, Seuil Edit. 282p. 18,50€ - 2014

Au pas de charge Lydia Salvayre raconte la guerre civile espagnole (1936/1939) à travers les souvenirs de sa mère. L'histoire d'un village, de parents qui tout d'un coup sont projetés dans la grande Histoire, celle ouverte par les attentats terroristes contre l'Empire Tzariste au XIX°siècle, se poursuivant par la révolution bolchevique, gagnera l'Espagne à travers la guerre civile provoquée par l'armée de Franco, le déchaînement des rivalités agraires, politiques entre anarchistes libertaires, communistes staliniens, contre-révolution menée par la Droite espagnole avec la bénédiction de l'Eglise devant les exactions de toutes sortes... L'auteure suit le récit de sa mère, l'entrecoupe de passages du livre de Georges Bernanos  Les Cimetières sous la lune,  Bernanos présent à Majorque pendant ces événements et profondément meurtri par l'attitude du haut clergé, et pressentant ce qui allait advenir, c'est-à-dire la confrontation mondiale, de 1939/45, entre les dictatures fascistes/nazies et les Démocraties.
Un livre qui nous plonge au cœur d'un drame où la France du Front Populaire de Léon Blum a choisi de rester neutre, laissant seulement les débris de l'armée républicaine, et les civils passer la frontière  et les internant dans des camps, comme celui d'Argelès.
Pages douloureuses, même si dans la mémoire de la maman de Lydie Salvaire, restent vivaces les heures enthousiastes et heureuses de sa jeunesse. Les 70 années de sa vie en France comme gommées, évanouies devant l'intensité de ces souvenirs.
Ecriture rapide, limpide.
Citons deux grands livres sur cette époque : L'Espoir d'André Malraux, Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway.
PRIX GONCOURT 2014
14/20
Hermès
  

samedi 11 octobre 2014

La vie de Milley Brose, roman de Henry Zaphiratos -Extrait-


- J’entends dans ce silence ensoleillé ma voix d’enfant :

-Papa, pourquoi la guerre ? 

"J’ai dix ans. Nous sommes dans le petit kiosque-bibliothèque de la plage. Papa bavarde avec Mme Lavile. C’est elle qui s’occupe de la bibliothèque. Ils parlent grec. Elle est tout rire, toute gaieté. Je sens qu’ils sont heureux de parler entre eux, sans s’occuper de la dame qui furète près des étagères et qui leur jette des regards méchants. Dans des revues posées sur la table centrale il y a des photos de massacres, des gros canons de la Grande Guerre que l’on tire dans la boue, les uniformes sont laids, les baïonnettes aiguisées comme des lames. Je sais que mon grand-père y avait participé, parce qu’un jour en fouillant dans la chambre de maman, j’avais trouvé dans le tiroir de la commode, dans une boîte avec un paysage de bambous, de vieilles croix parmi de vieux papiers. Questionnée, maman m’a répondu : « C’est de mon papa… » Je ne suis pas allé plus loin ; la voix de maman avait trébuché. Ces médailles de bronze avec leurs vieux rubans vert et rouge, m’impressionnaient. C’était comme quelque chose de dangereux et de mystérieux qui réveillait un autre monde. J’ai tout refermé, et je suis sorti de la chambre à petits pas.

Après avoir « kali-kala » avec Mme Lavile, en revenant par la plage, papa a dit :

« Mon petit, il y a toujours des guerres, et il y aura toujours des guerres. Tu verras quand tu seras grand. Les hommes sont méchants, durs. Il faut que tu apprennes à te battre, à être fort. C’est pour cela que tu dois travailler…apprendre… » "
Extrait du roman "La vie de Milley Brose" Henry Zaphiratos
 

°

A propos de Patrick Modiano...

C'est magnifique que le Nobel de littérature revienne cette année à un écrivain français. Cela marque les esprits dans le monde entier. Patrick Modiano exprime très bien cette absence, cette errance des êtres qui ont été, et ne sont plus, ces rencontres entre deux événements tragiques ou inattendus dans le genre de "Brève rencontre", Ces destins étranges de Père à fils, de parents qui se haïssent après s'être aimés, ces rues, ces boulevards de Paris hantés par l'histoire si proche, si chaude qui s'y est déroulée. En remontant les Bottin de 38/39/40, tous ces noms de personnes évanouies, comme nous nous évanouirons un jour. La vie est imprévisible, l'avenir imprévisible, on se rencontre, on se perd, on disparaît, on cherche à se retrouver... L'inspiration de Modiano est dans l'absence, la recherche de l'absence, de ce qui fut, mais qui est difficile à cerner à retrouver, à recréer,
c'est le charme pointilliste de son écriture, de son style, "sans avoir l'air d"y toucher" comme les tableaux de Sisley, de Seurat, et le portrait arrive, émerge, tout apparaît dans une lumière diaphane, étranger, mais tout se meut, comme une marche de fantômes, d'êtres qui furent, qu'on a aimés, que l'on retrouve comme les tableaux de "La Recherche du Temps perdu", retrouvé, mais dans le halo de la pensée, le halo de la beauté littéraire. Rien n'est sûr dans Modiano, mais tout est vivant, en demi teinte. Ce ne sont pas les cris de Marguerite Duras ou d'un Céline, mais la voix ténue d'un poète parlant à demi mots, à demi lèvres, pour un soliloque chantant pour des ombres qu'on a aimées.
Henry Zaphiratos

mercredi 8 octobre 2014

Le Suicide français de Eric Zemmour Albin Michel Edit. 550p. 2014

Eric Zemmour est en passe d'égaler le succès de librairie du livre "Merci pour ce moment". Après son passage chez Laurent Ruquier, passage houleux, difficile, où il s'est défendu et a défendu sa thèse de la dislocation de la France organisée et voulue depuis une quarantaine d'années au profit de l'Europe de Bruxelles, de la mondialisation, et au profit d'une petite élite de politiciens avides de pouvoir...
A noter son jugement erroné concernant Pétain qui aurait "protégé" les juifs français. Tout ce que Pétain a décrété contre les juifs français et tout ce qui a été fait par Vichy à l'encontre de ceux-ci et des juifs étrangers qui étaient venus se mettre sous la protection de la France, restent une honte à tout jamais. 
A lire et à méditer.
16/20
Hermès 

mardi 7 octobre 2014

Les Carnets secrets de Li YU (1611-1680) par Jacques Dars, Philippe-Picquier Edit. 432p. 2014 - 9,50€

Un livre indispensable si l'on veut rentrer dans la pensée chinoise. Le Montaigne chinois livre ses notes, ses humeurs, ses fantaisies dans ces pages. La couverture est la reproduction d'un tableau célèbre de Quiu Ying (1494-1552), une merveille.
Un livre à feuilleter, à garder près de soi comme une œuvre précieuse dans le genre des Lettres à Lucilius de Sénèque etc.
18/20
Hermès

Meursault, contre-enquête, roman de Kamel Daoud, Actes Sud Edit. 160p 2014

Parmi les nouveautés à remarquer ce roman de Kamel Daoud qui vient de remporter le Prix François-Mauriac 2014, et est sur la liste des 8 Gontcourables.
Le roman met en contre point du roman d'Albert Camus, les souvenirs réflexions du frère de Moussa, le frère de l'homme que Mersault a assassiné.

lundi 6 octobre 2014

Les Déshérités ou l'urgence de transmettre de F.Xavier Bellamy, essai Plon Edit. 250p. 2014

François-Xavier Bellamy dresse un constat, les anciennes générations ne "transmettent" plus ce qu'elles ont acquises des précédentes, aux nouvelles. Il est impératif que cette transmission ait lieu autrement c'est la société française qui se désagrège...
Constat alarmant d'un pédagogue, ancien attaché de cabinet.

L'Aménagement du Territoire d'Aurélien Bellanger, roman, Gallimard,480p. 2014 - 22€

Des forces telluriques au territoire d'aujourd'hui dans l'Ouest de la France. Un roman ambitieux, documenté. L'auteur tente d'englober l'évolution sociale, politique, démographique puis structurelle de la Bretagne, des Marches de Bretagne jusqu'à Paris, à travers le destin de plusieurs familles. En filigrane les grandes sociétés du BTP, les grandes aventures comme celle du TGV, les grandes aventures politico-économiques de la France des quarante dernières années.
Intéressant, érudit, technique et parfois endormant.
14/20
Hermès
 

vendredi 3 octobre 2014

Steak Révolution de Vérane Frédani & Franck Ribière - Gastronomie Edit.La Martinière

Un tour du monde gastronomique de la viande avec sélection des pays où se trouve la meilleure viande. Pour l'auteur et son équipe c'est en Angleterre qu'elle est à déguster.
En France, il y aurait aussi de la bonne bidoche, mais la façon de la cuire, fait qu'elle est moins bonne. Les Anglais la grillent, les Français la cuisent à l'eau, le goût s'en ressent.
Le livre détaille les bienfaits de la bonne viande pour l'organisme, à consommer une ou deux fois par semaine pour son apport énergétique, pour les muscles etc.
Hermès

jeudi 2 octobre 2014

Ca c'est fait comme ça de Gérard Depardieu, autobiographie, XO Edit. 160p 2014.

Gérard Depardieu se raconte, son enfance difficile, dans une famille à problèmes sociaux, ses rêve de voyage, d'avenir à Orly où sa grand-mère était dame-pipi, et rasait ses moustaches, son adolescence perturbée, sa prime jeunesse quasi délinquante, aidant un copain à piller les cimetières, sa "montée" à Paris, ses premières figurations, puis lorsqu'il a appris que l'on préparait "Les Valseuses", un rôle pour lui, il s'est battu entre Paul Claudon le producteur et Bertrand Blier pour obtenir le rôle et enfin la notoriété... Depardieu parle des autres films, du théâtre, de la Belgique, de la Russie... de Poutine.
Rapide, vivant.
"Qu'on me laisse vivre à ma façon, me lier à qui je veux, comme je le faisais à Châteauroux au temps où je n'intéressais personne."
15/20
Hermès  

Will le Magnifique, de Stefen Greenblatt, traduction de l'Anglais(E.U.) par Cécile Arnaud, Flammarion Edit. 488p. 22,90€

Dernière étude sur William Shakespeare...

J'ai eu des nuits ridicules de Anna Rozen, Le Dilettante, 242p. 2014 - Fessebouc me voilà !

L'héroïne d'Anna Rozen, Valérie, a un beau tempérament. Elle fait partie du monde des bobos parisiens qui naviguent dans le monde de la mode, de la publicité, de la presse, du cinéma, de la télévision, des galeristes etc. un monde où il vaut mieux être trentenaire, célibataire et détester la solitude... Tout sauf la solitude... Un merveilleux moyen d'y échapper, être en forme et adorer le sexe, adorer baiser. Alors elle baise la Valérie, elle baise partout, tout le temps, et le roman est une litanie de prénoms : Thaddée, Pierre, Antoine, Gilbert, Christophe, Franck,  Jean-Vincent, Gustave... et les sms sonnent, le portable, le web, tous les moyens de communication en plus des cocktails, des vernissages, du bureau pour se chercher pour la baise. On baise partout, et à fleur de page. Au cours d'un retour esseulée (rare) après une demi-cuite, elle est sollicitée par un gamin à capuche, à demi-éveillée elle accepte de l'héberger. Etienne, jeune fugueur s'installe dans sa vie... Elle aime le silence (?), lui la musique... petites frictions... Craignant d'être poursuivie pour détournement de mineur, elle en parle à ses bobos... Qu'à cela ne tienne ! Astrid de la TV a trouvé la solution, on va passer Etienne, le petit catho fugueur au JT de 20h. ! Voilà c'est fait, Valérie est débarrassée, elle peut reprendre son baisodrome avec les mecs qu'elle se farcira.
De Fessebouc à Fessecul, le monde des bobos parisiens visité, avec les inévitables : "Chacun sa merde" "une vie nomade mais connectée", des soirées "post-prime-time" "le respect est un mot désolant", "une journée foireuse" comble de l'art de vivre de Valérie : elle aime le silence, et n'écoute pas la radio étant connectée par Internet...
Comme le monde des bobos est instruit, intello, le roman est parsemé de petites sentences de grands auteurs... Confucius, Evelyn Waugh, Danton etc.
Un hymne à Fessebouc, à la baise, aux bobos parisiens trentenaires...
Il y manque le sel des gymanstiques du Kâma-Sûtra.
13/20
Hermès