vendredi 27 décembre 2019

Autour du livre de Vaness Springora

'3'avais été prévenue par mon éditeur de l'époque : tu ne sais pas à quoi tu t'attaques", se souvient Denise Bombardier, contactée par franceinfo. Il y a trente ans, sur le plateau de l'émission "Apostrophes", la chroniqueuse et romancière québécoise fut alors la seule à avoir osé attaquer l'écrivain à succès Gabriel Matzneff, connu pour faire l'apologie de la pédophilie à travers ses livres et aujourd'hui au cœur d'une polémique.
Nous sommes alors le 2 mars 1990, Gabriel Matzneff est âgé de 54 ans et invité pour la cinquième fois dans l'émission de Bernard Pivot. Mi-amusé, mi-perplexe, ce dernier le questionne : "Pourquoi vous-êtes vous spécialisé dans les lycéennes et les minettes ? Au-dessus de 20 ans, on voit que ça ne vous intéresse plus." Au milieu des rires de l'assistance, l'homme répond d'un ton badin : "Je préfère avoir dans ma vie des gens qui ne sont pas encore durcis, qui sont plus gentils. Une fille très, très jeune est plutôt plus gentille." La chroniqueuse et romancière québécoise Denise Bombardier l'attaque frontalement (à partir de 1'38). Elle le compare à ces "vieux messieurs" qui attirent les enfants avec des bonbons. Dans son pays, lance-t-elle d'un ton assuré, "une telle situation, se vanter dans ses livres des conquêtes de si jeunes filles, seraient inenvisageable, les droits de l'enfant ont évolué chez nous".  Aujourd'hui âgée de 78 ans, elle raconte à franceinfo comment cette prise de position lui a valu d'être vilipendée par certains intellectuels français. Mais peu importe : celle qui était alors la première femme à animer une émission télévisée politique sur Radio-Canada ne pouvait pas rester muette après avoir lu l'ouvrage de l'écrivain.
"Quand je suis arrivée sur le plateau je savais que j'allais faire cette intervention. (...) J'ai pris la parole, parce que les gens ne disaient rien sur son livre. Il y avait un couple de catholiques qui était là pour défendre la fidélité dans le mariage et qui n'a pas dit deux mots. D'ailleurs la dame ne fait que rire", raconte-t-elle agacée.J'ai fait ce que j’avais à faire. Autrement je n'aurais pas pu me regarder dans le miroir.
Son intervention lui a coûté cher. "Connasse", s'est insurgé Philippe Sollers, l'éditeur de Gabriel Matzneff, quelques jours plus tard, sur France 3. Dans Le Monde du 30 mars, la critique littéraire Josyane Savigneau s'en prend directement à elle : "Découvrir en 1990 que des jeunes filles de 15 et 16 ans font l'amour à des hommes de trente ans de plus qu'elles, la belle affaire !", écrivait-elle. 
Elle assure qu'elle a été "boycottée pendant 30 ans" par le quotidien qui n'a "jamais plus recensé [ses] livres". "C'est vrai que toute la boue qu'on m'a lancée après, ça a été encore plus fort et plus violent que je ne l'imaginais, mais ça ne me dérange pas", assure-t-elle.
Elle analyse aujourd'hui ces réactions comme celles d'un certain entre-soi : "Il y avait ce silence et cette fascination. Et ça dit quelque chose du milieu littéraire français et parisien. Ces gens-là se renvoient l'ascenseur, se coéditent et justifient en ne se mettant jamais en cause dans leurs actions." Elle se dit "très heureuse" pour le livre de Vanessa Springora, mais souligne : "Ça lui a pris trente ans pour être capable de raconter son histoire."
FranceInfo
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En écrivant ce livre, Vanessa Springora s'est placée au coeur du monde littéraire et à la hauteur de Gabriel Matzneff, celui qui la fascinait par son aura littéraire dans son adolescence. La "domination" littéraire du grand écrivain a disparu face à la maîtrise et au talent.
Hermès

lundi 23 décembre 2019

Le Consentement de Vanessa Spingora essai autobio Grasset 216p; 18€ parution 2 janvier 2020



Le Monde-extrait de l'article de Dominique Perrin : « Le livre est à la fois cru et subtil. « À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l’heure du goûter. (…) De cette anormalité, j’ai fait en quelque sorte ma nouvelle identité. À l’inverse, quand personne ne s’étonne de ma situation, j’ai tout de même l’intuition que le monde autour de moi ne tourne pas rond. » Dans Le Consentement (Grasset), Vanessa Springora raconte tout, la rencontre avec G. en 1985, à l’âge de 13 ans, la fascination, l’amour qu’elle dit avoir éprouvé, l’emprise, la séparation, la chute, avec crises d’angoisse et épisode psychotique, puis les années pour s’en remettre. Il lui aura fallu trente ans pour livrer sa version de l’histoire. Jusque-là, en littérature, elle n’était que Vanessa, une des multiples conquêtes de « l’homme à la sortie du collège », un écrivain qui a eu son heure de gloire, mais que les moins de 50 ans ne connaissent guère : Gabriel Matzneff.
« Le Consentement » pousse à remonter le temps, jusqu’à ces années 1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias encensaient le dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances sexuelles.

Ce récit, qui sort le 2 janvier, est une première. Jamais les enfants et les adolescentes ayant eu une relation avec cet écrivain n’avaient pris la parole. Devenus adultes, aucun n’était sorti du silence. À 47 ans, Vanessa Springora, nouvelle directrice des éditions Julliard, se lance et couvre de ses mots ceux d’un homme de 83 ans, qui a toujours revendiqué son désir pour les mineurs – il ne dit pas pédophile mais « philopède », même si le verlan n’est pas son style. Récit littéraire, personnel et très fort, Le Consentement est aussi un ouvrage qui interroge la société. Il pousse à remonter le temps, jusqu’à ces années 1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias encensaient le dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances sexuelles." fin de l'article du Monde.

-Dans Le Point : "Aujourd’hui, Gabriel Matzneff parle à ses amis de « retour du puritanisme » mais refuse de s’exprimer – « Je sors de chez le médecin, je n’ai pas la tête à ça, ce n’est pas du tout par désobligeance, croyez-le bien », répond-il, très courtois. Dans un contexte post-#metoo de remise en cause de la domination masculine et peu après le témoignage de l’actrice Adèle Haenel, il sait que l’époque ne lui est plus favorable. »

Le livre-scandale aura probablement du succès.

A lire l’interview de Gabriel Matzneff dans Lire de 1993.
  
Hermès



dimanche 1 décembre 2019

Nouveautés... Décembre 2019

La Part du héros, le Mythe des Argonautes et le courage d'aimer  de Andrea Marcolongo -Essai
Après son chef d'oeuvre La langue géniale le grec... un nouvel essai ... génial.  Les Belles Lettres

Crépuscule de Juan Branco -Essai - L'Information est biaisée par les puissances d'e l'argent, comme se fut le cas dans l'élection d'Emmanuel Macron - Mise à nu d'un système. Au Diable Vauvert-Points Edit.

Dictionnaire égoïste de la littérature étrangère de Charles Dantzig -essai -Grasset Edit.
L'auteur récidive après le succès de son très intéressant essai sur la Littérature française.

Le Passe-Miroir (tome 4) La Tempête des échos de Christelle Dabos - Saga  Gallimard-
Vingt et une arches, Ophélie connaît le passé des objets en les touchant. Elle traverse des miroirs pour atteindre d'autres "arches".

Nina dans la nuit de Simon et Capucine Johannin -roman -Allia Edit. Un jeune couple SDF déboussolé survivant dans la nuit avec des petits boulots... L'envers de la société de consommation...