lundi 10 janvier 2011

Des gens très bien, d'Alexandre Jardin, Grasset, à paraître

"Des gens très bien" est à l'opposé du méprisant "Ces gens-là..." pour parler de gens "sans importance". Aux "gens très bien", le haut du pavé, l'intouchabilité, l'insoupçonnabilité; ils sont au-dessus de tous, s'ils savent "naviguer", quitter les navires qui prennent eau. Alexandre Jardin à travers l'insouciance d'une jeunesse dorée semble avoir porté en lui cette interrogation terrible : Quel rôle son grand-père a-t-il joué dans la déportation des Juifs, alors qu'il était le bras droit de Pierre Laval, le président du conseil de Pétain ? Il pose la question et accuse dans son livre. C'est un acte courageux et sincère, comment au milieu de l'allégresse d'une vie protégée, bercée par la chance et le succès, ne pas, le soir, dans la solitude ne pas penser à ces heures sombres où son grand-père, éminemment soutenu et consulté par la crème de la politique française de l'après-guerre, a été le directeur de cabinet de l'homme qui avait déclaré :"Je souhaite la victoire de l'Allemagne!" et dirigeait la haute administration française y compris dans l'exécution des lois et décrets antisémites ? Comment Alexandre Jardin, diplômé de Sciences-Po, fouailleur de bibliothèque et de sa vie familiale n'a-t-il pas pu se poser des questions, avoir des doutes ?
Ecrivain, poseur de questions, interrogateur de la vie, il ne pouvait pas ne pas échapper à cette prise de conscience. Il l'a fait. Le livre va paraître. Il a passé à la télé.
"Des Gens très bien" va faire grincer des dents. C'est un livre-charge, à lire.
A noter que Jean Jardin, le grand-père d'Alexandre, se fera muter par Laval, en Suisse en fin 1943, après que les Alliés eurent débarqué en Sicile-Italie, et que les Nazis eurent subi la défaite de Stalingrad. Le vent tournait. L'Allemagne allait être vaincue.
Style "vengeur",à l'emporte-pièce.
13/20
Henry Zaphiratos

Aucun commentaire: