mardi 27 avril 2010

Bakou derniers jours, récit, Olivier Rolin, Seuil Edit. 180 p.

Olivier Rolin nous emmène en balade dans les rues et le "boulvard" de Bakou et nous fait visiter les effets dévastateurs, pour l'environnement et la vie, du communisme.
La mer Gaspienne et ses rives sont polluées, le Turkménistan voisin n'est pas lui non plus épargné. Aussi pourrait-on dire que ce n'est pas très réjouissant, et l'auteur pour éviter de sombrer dans la monotonie ou l'affreux se raccroche à de grands auteurs qui lui reviennent en mémoire (Alexandre Dumas et son "Voyage au Caucase", Essenine, Maiakovski, De Gaulle (à l'Opéra de Bakou) Joseph Kessel, Schnitzler, Proust, Montaigne etc. Et son propos est truffé de photos en noir/blanc.., dont la sienne en maillot de bains pour fêter en solitaire, son anniversaire... Ceci, autant pour "authentifier" qu'illustrer ce périple. Il rappelle qu'au début du XX° siècle, avant la révolution russe, ces pays étaient beaux, exotiques, riches, prospères avec le pétrole nouvellement découvert, qu'on y construisait des palais, des opéras etc. et nous résume en quelques pages intéressantes les aventures du T.E. Lawrence de la Gaspienne et du Caucase, l'agent secret anglais Ronald Sinclair(Adventures in Persia) ou Reginald Teague-Jones (The spy who disappeared) entre New-Delhi et Bakou, en 1918, il nous résume aussi la thèse d'Arthur Koestler" La Treizième Tribu" selon laquelle les Askhénazes seraient les descendants des Khazars, dont l'empire fut détruit par les Russes et les Mongols...
A la fin du bouquin Olivier Rolin délire. Mais quel écrivain ne délire-t-il pas ?
Régis Debray est allé "révolutionné" avec le Che, à l'Ouest, Olivier Rolin, quarante ans plus tard, fait une sorte de bilan de la "révolution" à l'Est. Et cela se termine dans les pipe-lines qui partent de Sangachal vers la Méditerranée et l'Europe. Et du haut de sa terrasse de l'hôtel de la rue Mirza Mansûr, l'auteur, je ne sais pourquoi, fait revenir à sa mémoire ces vers du poète grec d'Alexandrie, Constantin Cavafis :" Comme un homme courageux qui serait prêt depuis longtemps, salue Alexandrie qui s'en va" (Les dieux abandonnent Antoine)
Les dieux n'ont pas abandonné Olivier Rolin, qui est revenu avec ce livre.

" Pour écrire ce livre Olivier Rolin a bénéficié en 2009 d'une aide du ministère des Affaires étrangères dans le cadre d'une mission Stendhal". Texte inscrit sur le verso de la page de garde du livre.
Un livre pour passer quelques heures intelligentes. Un style simple.Mais on peut aussi s'interroger sur le temps de mélancolie dans lequel on baigne, aux nombreuses citations de nombreux auteurs qui enserrent la vie, celle-ci qui court autour de soi, aux oeuvres ou ouvrages qui attendent, au rythme simple d'être...

Questions subsidiaires à l'éditeur : Pourquoi ce papier vraiment "pauvre et triste" ? Pourquoi les photos ne sont-elles pas en couleur ? Pour faire intello sinistre ?
Hermès

Aucun commentaire: