Jérôme Garcin a tiré un roman de la vie de ce grand écuyer que fût Etienne Beudant(1863-1949) surnommé par le général Decarpentry "l'Ecuyer mirobolant" tant sa science des chevaux, son amour pour eux, sa façon de les apprivoiser, de les laisser vivre, de leur parler, de les caresser, de les monter sans jamais les brusquer, avec "légèreté", de faire corps avec eux, et surtout de se faire aimer d'eux au point que toutes figures de la noble équitation, ils les fassent sans effort, en s'amusant, dans une sorte d'irréalité naturelle. Le livre est rempli de douces explications, de mots écrits avec ferveur et tendresse, qu'un néophyte, qu'un passant inconnu qui ramasserait ce livre, peut comprendre, adhérer. Parmi tous les chevaux aimés, Vallerine(née à Guiche dans les Basses-Pyrénées) a une place à part, confiée par deux officiers hollandais qui avaient lu un petit traité d'équitation du capitaine Etienne Beudant, publié à Blida,en 1912, "Le Cheval d'amateur", elle s'avère être une jument douée dont Beudant tire d'extraordinaires figures. Je cite p.67 : "Chaque jour, il la longeait avant de la monter en simple mors de bridon. Il travaillait d'abord à l'assouplir, à relever sa tête un peu trop encapuchonnée, à libérer l'extension des épaules, se contentait de voltes, demi-voltes, reculers, poussait parfois jusqu'aux appuyers et au changement de pied au galop..."
L'étude, les réflexions, le style naturel d'un grand prosateur, font de ce livre une
petite merveille. Saumur, le Cadre Noir, les Lipizzans, les Anglo-arabes etc. le roman les évoque sans trop insister. L'important c'est l'itinéraire d'un homme qui a consacré par plaisir et passion, sa vie, son énergie à comprendre les chevaux.
Des pages aussi sur l'Algérie et le Maroc de l'époque, pleines de lumière,de calme, de certitude. Un autre monde.
Reste la "plus belle conquête de l'homme", que le livre fait connaître et aimer à ceux qui ne soupçonnaient pas son intelligence et ses capacités d'artiste.
Je ferai un léger reproche, les pages sur l'Exode de 40, sont superflues et inutiles, sauf que Vallerine s'y est perdue, comme tant d'autres.
A lire.
Henry Zaphiratos
1 commentaire:
L’éducation par la douceur, par les vibrations du corps, la complicité de deux êtres en appentissage. Étienne misait sur la relation, le bien-être, le plaisir pour apprendre. Quelle belle vision de l’apprentissage, de l’éducation! Quelle belle leçon de vie d’enseignant et d’apprenant. À lire, le tout dans un style coulant, tout en douceur.Un roman sans violence, que de l’humain . Excellent, j’ai beaucoup aimé. GiL
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