J'aime les rues et les boulevards de Paris le soir en mai. Cette année il a fait froid et le soleil jouait à cache-cache avec les nuages, mais les tilleuls de l'avenue de Choisy formaient une voûte de verdure soutenue par des troncs légers et noirs qui créaient un univers de campagne qui masquait d'illusion la circulation bon enfant du quartier. Les Viêtnamiens, les Chinois et les Asiates se baladaient avec leurs sacs, ou sortaient des restos comme le Tricotin le plaisir aux yeux. Quelques malheureux tendaient la main en chantant d'une voix éraillée pour attirer une attention agacée. L'après-midi, dans la banlieue-ouest, des arbres immenses, colonnes de verdure dressées au-dessus des jardins et des maisons. L'hiver vraiment a disparu. C'est l'été. Les gens sont calmes, les voitures respectent les 50km/h. A 40kh/m ça va, ça traîne un peu avec la nonchalance des convalescents sortis du froid et du travail. La Seine entourée de saules pleureurs, de peupliers, d'ormes, de frondaisons et de fleurs est d'un calme olympien. Il n'y a pas de bateaux, pas de canoës, pas de kayaks, je n'ai pas aperçu de pêcheurs à la ligne, et non plus de peintres. Ils sont encore restés chez eux tout éberlués de cette arrivée inattendue du printemps.
Le soir, Paris est en fête. Mais une fête calme, sereine. Devant le théâtre Louis-Jouvet c'est l'effervence joyeuse d'une foule qui sort d'un spectacle de Théophile de Viaux, un auteur du XVI°... siècle, pas arrondissement... Devant l'Edouard VII, une foule aux deux terrasses bavarde et savoure le silence de ce coin de l'Opéra... Devant les autres théâtres devant lesquels nous passons en contrôleurs faisant un tour d'inspection, des foules gaies.
Au théâtre du Rond-Point, c'est la fête. Une foule attentive écoute de grands acteurs, et un ministre, lirent des textes de grands auteurs. Fabrice Luchini avait donné le signal il y a quelques années, d'autres ont suivi. Proust se moquant de je ne sais plus quelle princesse disait que c'était une "rapiate". Les Parisiens ne sont pas des rapiats, ils nous font le plaisir de vivre leur ville.
Ah, j'oubliais, ils s'habillent très bien, costard-cravate, robes - jeans-à-perles. Vous me demanderez s'ils sont snobs ? Non pas comme les films. Ils sont plus simples, lorgnent après l'argent, les situations, les places à conquérir, etc. comme Rastignac quoi ! Rien de nouveau. Mais avec du charme, celui des agriculteurs qui sont venus à Paris un beau week-end avec leurs jardins, leurs productions, leurs animaux pour embellir les Champs-Elysées. Tout Paris et sa banlieue s'y sont donnés rendez-vous, costume-cravate que je vous dis, avec le calme et la nonchalance de déambulateurs amusés et fiers d'être là, et de s'y montrer.
Et puis, il faut vous dire que la Tour Eiffel scintillait au-dessus de tout ça.
Henry Zaphiratos
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