mardi 27 mai 2008

F.O. Giesbert Le huitième prophète

C'était écrit que ce livre viendrait. Surfant sur la vague philosophico-populaire lancée par Paolo Cuelo avec l'Alchimiste et Michel Onfray avec son oeuvre philosophique basée sur les Stoïciens, FOG se devait d'écrire "Le huitème prophète"
Une plongée picaresque entre Pythagore, Socrate, Laot-Tseu, Confucius etc. au même V° siècle avant J.C. par un jeune celte, Voconce.
"Le huitième prophète" est parmi nous.
Hermès

lundi 26 mai 2008

Palme d'Or du Festival de Cannes 2008

Le film "ENTRE LES MURS" de Laurent Cantet, film tiré du roman de François Bégaudeau, professeur de Français ayant écrit trois romans "Jouer juste", "Dans la diagonale", "Fin de l'histoire", s'est vu décerné la Palme d'Or du Festival de Cannes 2008. Le roman fourni d'excellents scénarios pour le cinéma. "Sous le soleil de Satan" de Maurice Pialat, Palme d'Or de 1987, était déjà tiré du roman de Georges Bernanos... Le Da Vinci Code est aussi passé du roman au film, les Simenon, les Stendhal, les Hugo, etc.
Dans le film de Laurent Cantet, le charme vient du jeu des vingt quatre jeunes lycéens-acteurs qui jouent avec la plénitude de leur innocence, c'est à dire, juste, et de l'auteur qui interprète son propre rôle de prof attentif et chaleureux.
A noter aussi les deux films italiens récompensés : "Gomorra" de Matteo Garrone, Grand Prix, et Il Divo de Paolo Sorrentino, Prix du jury.
Reprendre la lecture pour le plaisir tout simplement, et pour aussi, celui de la découverte d'un écrivain rare.
Hermès

mercredi 14 mai 2008

André Suarès et son cri contre Hitler et son Mein Kampf

Voici ce que André Suarès écrivait en 1935 dans son article "Point de paix avec Mein Kampf"
publié dans "Le Jour" du 5 août 1935, et dans "L’Indépendant de Blida" du 13 août 1935 :
“On ne traite pas avec l’Allemagne, ou c’est qu’on veut être dupe. Pour un homme d’Etat, être dupe n’est pas un signe d’esprit ni la preuve qu’il est digne de mener les affaires. Mais vouloir être dupe, cette sottise ou cette ignorance est une forme ridicule de la trahison. Aujourd’hui, on ose parler des bonnes intentions d’Hitler et Londres se donne le luxe insensé d’y croire. Cependant, Mein Kampf est tiré à deux millions d’exemplaires (…) Un pareil délire de maniaque, vomissant l’insulte et la haine, une pareille doctrine de la destruction, prêchée par un chef d’Etat et ses ministres, devenu l’Evangile de tout un peuple, voilà qui ne s’est jamais vu. Les gorilles jusqu’ici n’ont pas publié de livre, et ils n’ont pas eu de philosophe à queue prenante pour les écrire. Tous les assassins, tous les faillis, tous les professeurs de l’Hitlérie répandent cette Bible sauvage : elle est le livre du pur Allemand, autrement dit du bon Aryen. Le diable passait pour être logicien : la brute désormais est ethnologue. Après quoi, traitez avec ces assassins, qui mentent et trompent toujours, quand ils ne peuvent pas se livrer aux délices de l’invasion ou du massacre. Traitez, et si vous êtes assassinés traîtreusement, pris d’assaut au milieu de la nuit, vous l’aurez voulu et vous vous l’aurez mérité (…) Ils haïssent toujours : le mépris est la forme la plus hideuse de la haine, la plus lâche aussi. Et la haine est la matrice de la destruction (…) Il n’est pas permis à un peuple humain et noble de traiter avec l’Allemand”.
Et dans un second article intitulé “Mein Kampf”, publié dans le NRF du 1er décembre 1934 et dans "Panurge" du 20 mars 1936 :
“Celui qui veut tirer quelque miel, fût-ce le plus âcre, de tout ouvrage de l’esprit, doit prendre sur soi pour lire Mein Kampf jusqu’au bout. Le courage de poursuivre ne suffit pas. Cet orage de stupidité, cette explosion de miasmes n’inspire pas moins d’ennui que de dégoût. Tant d’orgueil dans la sottise et la méchanceté, une telle impudence à s’adorer soi-même et à dégrader les autres, tant d’affirmations meurtrières sans l’ombre d’une preuve, le délire de ce primate qui s’accorde tout pour tout refuser à autrui, qui raisonne avec ses griffes et argumente avec ses crocs, ce radotage enragé mène le lecteur de nausée en nausée (…) Il répète cent fois le même propos. ce rabâchage est un signe de la manie : dix fois moins long (N.D.L.R. 700 pages), Mein Kampf ne serait ni plus ni moins vrai, ni plus ni moins complet (…) Sa cellule est tout un peuple; il a l’écho de soixante millions d’hommes; loin d’être enchaîné, c’est lui qui est le maître absolu de leur liberté (…) A l’étranger, il est à peine croyable qu’on doute de sa malfaisance et qu’Hitler trouve encore une excuse. On feint de croire que l’homme de Mein Kampf n’est pas celui qui règne sur l’Allemagne désormais : on soutient qu’en dix ans, il a dû changer et n’être plus si sauvage. Quel aveuglement. Dans ce livre, il y a tous les crimes d’Hitler commis cette année, et tous ceux qu’il pourra commettre encore. Ils y sont, il les annonce, il s’en vante plus même qu’il ne les avoue. Il dit, en termes exprès, qu’il faut mettre le feu au Reichstag, et il l’a fait. Et vous cherchez encore l’incendiaire, le coupable ? (…) Que faut-il de plus que ce livre ? Il confesse les intentions. Tout y est, et tout y aura été, quoi que cet homme fasse. Il serait bon que tous les Français le connaissent, et on les empêche de le lire (…)”
Articles retrouvés par Michel Drouin qui les a communiqués à Assouline qui les a mis sur son blog du 8 mai, et que je retranscris, en ajoutant la conclusion d'Assouline :
"On connaît la suite, les accords de Munich et le honteux soulagement qui s’ensuivit. Michel Drouin, qui fut professeur d’Histoire et qui est l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire de la Nouvelle Revue Française, me rappelle qu’à la suite de ce texte, la revue enregistra des désabonnements et André Suarès fut accusé d’”hystérie” par Jean Schlumberger. A noter également qu’on ne trouve rien de comparable, de cette encre et de cette force, ni même rien dans le même ordre d’idées, chez les autres “grands” de sa génération, les Gide, Claudel, Valéry, Giraudoux, Rolland, Bernanos. “Et dire qu’il se voulait avant tout poète et musicien…” Ce n’est pas tant qu’André Suarès nous manque, à nous qui le connaissons si peu; c’est surtout qu’il nous manque un André Suarès."
André Suarès a écrit plusieurs chefs d'oeuvre, dont Le Voyage du Condottiere, sur son long périple à pied, en Italie, dont il découvrait et peignait avec des couleurs vibrantes, les villes, Venise, Florence, Sienne, Rome, etc. Hermès

lundi 12 mai 2008

Voltaire, Traité sur la Tolérance

Lire et relire le texte de Voltaire sur la Tolérance. L'intelligence aiguë de l'écrivain, la clarté, la liberté et la beauté de son style, de sa "voix" enchantent. Hermès

samedi 3 mai 2008

LE GOUT DES FEMMES LAIDES

Roman sans intérêt. Lecture fastidieuse, style ordinaire, histoire soporifique, complaisance dans des clichés:" ...et les filles, particulièrement les jolies, qui, sachant que la beauté est une chose assez rare (!!!)pour leur permettre de régner sur le monde..." "Ma vie était austère et monotone: celle des grands rêveurs, des solitaires, des résignés."..."...une métisse presque blanche, extraordinairement jolie dans une courte robe de soie marron glacé, mal assurée sur des escarpins trop fins pour le pavé de Paris..."
Pas de travail de romancier pour montrer comment est" ma vie...austère et monotone..." ? Cliché "...des grands rêveurs, des solitaires...", puis pour la "métisse presque blanche" aucune explication ou description pour "extraordinairement jolie" ! , et puis " le pavé de Paris" ! un cliché éculé.
Le reste à l'avenant. Hermès

jeudi 1 mai 2008

Romanesques de Jacques Chardonne

Aimé par François Mitterand, charentais comme lui, Jacques Chardonne 1884/1968, a construit toute son oeuvre autour des rapports du couple. L'homme, la femme, et leurs problèmes, la jalousie, la colère, la résignation, très peu : la révolte. Tout cela dans un style feutré, très début du XX° siècle. Clair, concis, parfois élégant, avec des réflexions profondes, des interrogations. Il regarde dans ce roman, vivre un couple qui s'aime sans s'aimer, pris dans l'engrenage de la vie à deux, de la jalousie imperceptible, de l'amour résigné d'une "jeune" femme de quarante ans qui, après une jeunesse pauvre, mais heureuse, voudrait "vivre" au milieu de "jeunes", dans la fréquentation ambiguë d'un amour platonique. Chardonne est à mille lieues de la réalité, mais son style de narration intéresse, ses esquisses des fleurs, des paysages, de la rivière, sont vives. Cette lecture éclaire sur l'état de dépendance des femmes, à l'époque, avant que l'autre versant du XX° siècle ne leur reconnaisse enfin l'égalité avec les hommes, sur la ségrégation qui séparait le monde des adultes de celui des jeunes. Des jeunes gens voués au service militaire, à l'horizon petit-bourgeois de leurs parents, aux cancanneries de la province. On y apprend que la gare Saint-Lazare leur servait de lieu de rendez-vous, étant situé entre quatre lycées parisiens. On y apprend aussi que les appartements de la place Dauphine, dans l'île de la Cité, avaient peu de valeur. Que les livres se vendaient mal, que le succès pour un éditeur ou l'échec, était, comme de nos jours, un imprévisible mystère. L'auteur est aussi celui des "Destinées Sentimentales" dont Assayas a tiré un très beau film avec d'excellents acteurs, dont Charles Berling. Jacques Chardonne décrit le crépuscule d'une petite-bourgeoisie qui sera plongée dans les tourments de la Seconde Guerre mondiale, l'Exode, l'Occupation, la Résistance, la Shoa, et sera définitivement emportée par la jeunesse de Mai 68.

16/20

Henry Zaphiratos