lundi 31 août 2009

N'oublie pas d'être heureuse de Christine Orban- Editions Albin Michel 2009

Une connaissance avait emporté dans ses bagages de vacances ce roman parmi d'autres. Elle n'a rien lu, préférant le soleil, la plage, la piscine, les balades. Comme j'étais cloué dans un fauteuil, elle m'a tendu ce livre en me disant qu'elle l'avait acheté "comme ça". L'histoire, par le 4° de couverture, l'intéressait. Une jeune fille, née au Maroc, rêve de Paris, des Parisiens, de la "Haute société" parisienne, cocktails, people,snobs, bourgeoisie feutrée aux couverts en vermeil et argenterie ancienne etc. Elle vit dans ce rêve qui est constamment alimenté par une amie de sa mère qui fait le va et vient entre la France et le Maroc, et lui apprend que "plus snob que moi, tu meures !" La jeune héroïne part à Paris, rencontre le prince charmant, et entre dans la "high society" etc.
Un roman pour une torpeur de vacances, que l'on peut lire en diagonale.
Où est Colette et ses "Claudines" ?

lundi 24 août 2009

Corse, Terre vaticane, de Michel Orsini, Editions Sud-Régie 1976

Ce livre extrèmement documenté sur l'histoire de la Corse est une thèse en Droit Canon soutenue à l'Université Pontificale du Latran à Rome le 27 février 1975.
Je l'ai trouvé dans la bibliothèque d'un ami corse, au milieu d'un magnifique paysage où les montagnes plongent dans le turquoise de la mer,et j'ai pensé qu'il intéressera quelques lecteurs.
La Corse, que les Grecs dans l'Antiquité peuplèrent (en même temps que les Etrusques),la baptisèrent "Kallista"(La plus belle). Après être restée des siècles dans l'Empire romain,c'est en Corse que l'empereur Néron envoya en exil le grand philosophe Sénèque. A la chute de l'Empire, la Corse suivit les vicissitudes des régions de l'Empire avec les invasions des barbares(Vandales, Lombards, Goths, Arabes, etc.) Pepin le Bref, roi des Francs et son fils Charlemagne, appelés par le pape pour le protéger, après des victoires décisives, constituèrent "Les Etats de l'Eglise".La Corse en fit partie avec le port de Luni.
Les papes confièrent l'administration de l'île à l'archevêque de Pise. C'est ainsi que la Corse fut pisane pendant quelques siècles(magnifiques églises de style pisan). Siècles de prospérité et d'équilibre.
Au XIII° siècle la défaite navale de Pise face à la République de Gênes, met fin à l'administration pisane,et la Corse passe sous la domination des Gênois. Pour "légaliser" cette prise de possession par Gênes, le pape éleva l'Evéché de cette Ville-Etat en archevéché, et confia à l'archevêque de Gênes "l'administration" de la Corse. Administration toute nominale, malgré le contrôle des Visiteurs Apostoliques délégués par le Saint-Siège.
Les Génois, en effet, en étaient les vrais maîtres,avec leurs seigneurs, et condottieres. Ils construisirent des forteresses et des tours de guet (on en a recensé plus de 83 que l'on est en train de réhabiliter), défendirent l'île, mais aussi se montrèrent durs, et dominateurs.
Les Corses se révoltèrent à plusieurs reprises, et au XVIII° siècle, la République de Gênes demanda à Louis XV l'envoi de troupes françaises pour l'épauler contre la rebellion, ce qui fut fait. Mais sitôt les Français repartis la révolte reprit contre Gènes, et les Corses, sous la conduite de Paoli, fondèrent à Corte, au coeur de l'île,une république avec une constitution, la première de l'ère moderne(avant celle des Etats-Unis). Paoli qui savait que Gênes cherchait à vendre la Corse, soit à l'Angleterre, soit à la France, demanda au Saint-Siège de faire valoir ses droits de propriété sur l'île. la nouvelle république resterait ainsi indépendante, sous l'"autorité" nominale du pape.
En 1764, Gênes vend la Corse au roi de France. Le marquis de Marbeuf en devient gouverneur. Le Saint-Siège n'élève aucune protestation.............................................. Mais le souligne Paul-Michel Castellani-Leandri, Président de "Corsu et fieru" dans CorseMatin du 13/02/2012 répondant à une interview :"Mais, devant le fait accompli, les papes n'ont rien dit… : Détrompez-vous. On retiendra la solennelle protestation de Clément XIV en 1770 : « Nous prions la France de conserver intacts les droits du Saint-Siège sur la Corse, car l'alto dominio sopra quest'isola appartiene al Romano Pontefice. » Le pape Grégoire VII dit à peu près la même chose: « L'île que vous habitez n'appartient, par droit et propriété, à aucun autre mortel et à aucun autre pouvoir que la Sainte Église Romaine. » D'ailleurs, tout cela perdure. Comme je l'ai dit, en vertu de l'article 340 du code de droit canonique promulgué en 1971, les évêques de Corse se rendent à Rome pour la visite ad limina non pas avec les autres évêques de France, mais en même temps que ceux des anciennes possessions pontificales"........................................................................

En 1769, naît Napoléon.
En 1789, des députés corses participent aux Etats-Généraux à Versailles, puis à l'Assemblée Constituante.
Ce livre passionnant contient le fac-similé de l'accord franco-génois de 1764.

samedi 1 août 2009

Une soirée à Ramatuelle

Michel Drucker nous a convié hier au soir à une grande soirée au théâtre Jean-Claude Brialy, construit à l'antique à Ramatuelle, dans le souvenir de Gérard Philipe.
Je ne sais pourquoi a été choisi la première pièce de Philippe Claudel, à ne pas confondre avec "Paul Claudel", comme je l'ai entendu.

Dans cette tragédie d'un couple, tout jaillit, la haine, la bassesse, l'immonde qui rôdent dans certaines âmes. D'une langue crue, violente, où la méchanceté éclate de toutes parts,l'auteur nous abreuve jusqu'à la nausée. Heureusement que la litanie des vacheries que s'envoient les deux acteurs, à la longue, nous a parfois endormis, puis brutalement un éclat, et nous reprenions le cours de ce pugilat brutal.
Philippe Claudel ne pèche pas, oh que non,par la finesse. Nous sommes loin de l'intelligence, la vitalité heureuse d'un Shakespeare(La Mégère apprivoisée),d'un Sacha Guitry(tout son théâtre), d'un Molière(qui dit tout avec élégance), Giraudoux, etc.
Le dénouement était factice, après la vomissure, le couple se réconcilie sur l'oreiller. La fin de cette histoire ne pouvait être que la séparation ou la tragédie.

Une note, la pièce a été sauvée par les deux brillants interprètes des rôles de la femme et du mari. Michel Leeb a apporté sa démesure tragique dans ce faux comique. HZ