dimanche 1 février 2009

Le Pont aux oiseaux d'Antoine Audouard

Livre sur l’Indochine, plus précisément la Guerre d’Indochine, et j’ai été frappé par la très grande difficulté d’écrire sur ce sujet après l’œuvre de Lucien Bodard. L’extraordinaire c’est que n’arrivent pas à émerger la beauté et la douleur héroïque des jeunes gens qui partis pour la guerre contre le Japon, se sont trouvés face à un ennemi inattendu, et aux pièges d’une guerre révolutionnaire et d’indépendance, une « fausse guerre » où les mêmes valeurs de liberté et de dignité s’affrontaient dans une lutte sans merci de terrorisme, de guérilla, de guet-apens, à travers la beauté sauvage d’une terre riche en civilisations, baignée par les esprits des ancêtres, des revenants, des âmes errantes. Comment rendre la fascination de jeunes hommes dans cette atmosphère unique, où la sauvagerie était celle du désespoir et de l’espoir emmêlés ? Bodard a saisi en virtuose les hauteurs pathétiques des hauts-fonctionnaires et gradés, mais l’âme profonde, la formidable camaraderie, les espérances vaines ? Tout ceci ne ressort pas de ce livre.
C'est vrai qu'il y a le témoignage de Roger Delpey "Soldats de la boue", qui reste une oeuvre réussie et un témoignage sur cette période. HZ

Suite française de Némirovsky

Ecœuré par l’atmosphère effrayante de débâcle, de démission, du foutoir français devant l’occupant allemand. Comment ayant respiré cela, elle n’a pas fui avec son mari et ses enfants en Suisse comme elle en avait la possibilité avant d’être arrêtée ?
Vraiment la fin d’un monde, qui passe de la vitale création de l’Entre-deux guerres, au morne moral et social brisé de l’Occupation. La seule chose qui semble avoir préoccupé les esprits, la lutte des classes, et de là, la totale démission de l’armature morale et politique.
Du courage époustouflant d’un de Gaulle qui a vraiment incarné le refus.
En Indochine, nous gardions une certitude totale en la victoire, et jamais, nous n’avons pensé à une telle lâcheté et à un tel abandon de l’esprit national et civique à 14.000kms !
Ce livre est à jeter après l'avoir lu.
Une révélation, l'élégance et la délicatesse des dirigeants d'Albin Michel, à l'époque, qui ont toujours soutenu moralement et pécuniairement, les enfants dont les parents avaient été livrés aux Allemands par les gendarmes français. Parents qu'ils ne reverront plus.

Luna Park de Bret Easton Ellis

Luna Park de Bret Easton Ellis :
Comment faire un succès d’édition avec un cocktail de drogue, de la medium classe américaine, des phobies des jeunes hommes complexés, des exigences sexuelles de leurs femmes, de l’univers friqué, et du convenu des parties de ceux qui croient compter dans la société US : le monde de l’édition, la politique, la musique branchée, le pop’art, la mode, etc. et ajouter les fantômes qui hantent la vie du héros, le relient à son passé et le projettent dans un avenir dangereux.
Avec un lancement publicitaire adéquat style lancement d’un parfum ou d’une savonnette. Une image bidonnée de l’Amérique d’aujourd’hui aux prises avec ses hallucinations.
Une merde noire.