samedi 26 avril 2008

Dernier verre au Danton, de Denis Tillinac, R.Laffont

Les deux cents premières pages sont très bien écrites et narrent avec verve et humour l'expérience d'un Rastignac corrézien, qui monte dans le firmament du milieu littéraire et politique, sous l'aile protectrice de Chirac, leader de la Corrèze et maire de Paris. Des aventures éditoriales très bien vues, avec son combat à la tête des Editions de La Table Ronde, pour tenter de lui enlever sa réputation de "Droite", ses voyages, sa respiration au sein de son pays natal, sa Corrèze, le rugby, les restos de la Rive Gauche et de la Rive Droite, son amour de la littérature, etc.
La deuxième partie du bouquin relate son rôle dans l'élection de Chirac à la présidence de la République, au sein du Club "Phares et Balises", le combat contre Balladur etc. La partie la moins intéressante du livre. On reste toujours surpris par l'assaut mené par les "partisans" pour se saisir des nouveaux postes ministériels, de Cabinet, de hauts-fontionnaires... au lendemain de la victoire électorale.
Ce livre est bien supérieur au premier livre de Denis Tillinac :" Spleen en Corrèze" écrit alors qu'il travaillait localement pour la Dépêche du Midi, de Toulouse, et qu'il créait l'Ecole de Brive avec les excellents écrivains Claude Michelet, Michel Peyramaure et Christian Signol. A lire, si on aime les rues de Paris, les bonnes tables, et la description des milieux des "fesses serrées" et "dents durs" de ceux qui tiennent le haut du pavé parisien.

Hermès

vendredi 18 avril 2008

Aristote au Mont Saint-Michel/Les racines grecques de l'Europe

Un fort important livre que celui de Sylvain Gouguenheim, publié au Seuil, dans la collection "l'Univers historique". La pensée, la science, l'histoire, tout l'héritage grec qui a transité par l'Empire Byzantin, de Constantinople, a irrigué la pensée de l'Occident à travers les voyages, les livres etc. Des monastères, les intellos de l'Europe médiévale, les moines, les copistes (voir Au Nom de la Rose d'Umberto Ecco) ont recopié et conservé une très grande partie du savoir grec. Avec la chute de Constantinople en 1453, les savants, les érudits grecs, les moines ont emporté avec eux une grande partie de ces trésors en Italie, et surtout à Venise, où un musée l'Institut grec (Istituto Ellenico) garde une partie de ces trésors avec les plus belles icônes de Grèce. L'autre partie des trésors grecs se trouve à la bibliothèque de Venise, au Vatican et dans quelques grandes bibliothèques européennes. La langue des Evangiles étant le grec, les études de cette langue avec le latin ont irrigué tout le savoir des séminaires et écoles religieuses jusqu'à nos jours. Les savants européens ont continuellement travaillé sur Platon, Aristote, les Stoïciens, les travaux d'Euclide, de Pytagore etc. Toute la culture occidentale puise sa source directement de la Grèce antique, Homère, la mythologie etc. Le livre de Sylvain Gouguenheim, professeur d'histoire médiévale à l'Ecole normale supérieure de Lyon, qui vient de paraître, est capital à la compréhension de notre univers philosophique, littéraire, technique et scientifique qui vient du monde grec. Hermès

La conjuration des anges, Une enquête du Commissaire Marceau

Sale temps pour Mike Stranford qui court la planète, et tente de la dominer avec des pouvoirs venus du Moyen âge transformés en technologie ultra sophistiquée. Le commissaire Marceau du SRPJ de Versailles, et son adjoint qui croit au paranormal, le lieutenant Desaffre, remontent la filière, à travers Pamela, une américaine blonde et pulpeuse, et le fils de la victime, Edouard, un jeune un peu dézingué. Derrière tout ça, des tueurs en Men in Black, de la haute technologie dans un manoir perdu dans les Cévennes, des coups fourrés, des armes nouvelles comme l'ATM qui zigouille sans bruit, sans rayon, par onde, et des combats, à la fin, entre mollécules géantes qui se tranforment, s'ajustent etc. comme dans la mythologie. Le commissaire Marceau s'en sort avec le lieutenant Desaffre, après avoir neutralisé, avec l'aide des descendants de Templiers, les forces du Mal de Mike Stranford, dirigées par les descendants des chevaliers Teutoniques. Un polar au ton nouveau, totalement dans notre époque avec les découvertes scientifiques déjantées, avec un mouvement continu, une action agencée et rythmée, un commissaire Marceau un peu estomaqué, qu'on retrouvera probablement dans d'autres enquêtes, des personnages vivants et dynamiques. Entre un Agatha Christie et "L'homme invisible". Hermès

jeudi 17 avril 2008

Eurovision 2008/ et romans

C'est scandaleux que la chanson qui représentera la France à l'Eurovision 2008 soit chanté en anglais ou franglais. Honte à la chaîne qui diffusera cette émission ainsi. Mieux vaut la boycotter.
Heureusement que l'on nous annonce un Québecois à la tête de TV5. Il saura défendre et illustrer le français.
La presse anglaise ironise sur l'élection de J.L.Dabadie à l'Académie française, après que celle-ci eût refusé l'élection du grand Charles Trenet. Tout cela pour sous entendre que la littérature française était tombée bien bas. Avec la macdonaldisation des gros bestsellers US, indigestes, qu'on achète pour faire chic, qu'on fait semblant de lire dans le TGV, ou dans l'avion, ou que l'on pose sur une rangée de bibliothèque... (A part le Dan Brown avec son "scoop farfelue" deMarie-Madeleine épouse de Jésus, qui a fait courir le monde à Saint Sulpice...), cette macdonalisation, dis-je, a "pétrifié"la création française, qui court derrière, avec les livres, d'ailleurs intéressants, de Musso, Lévy, Chattham... mais dont le style est sans consistance.
Nos "Bienvenue chez les Cht'mis" des lettres à ce jour : Les Bienveillantes, La Consolante, L'élégance du hérisson. Attendons la suite...

Poème pour Aimé Césaire

"Le Poète est mort dans le jardin,
Eteint par la pluie de silence.
Les femmes sont venues pleurer,
Et l'amphore est tombée,
Tombée sur la vague de soleils,
D'étoiles, de lilas,
Tombée, fruit seul, unique
Dans l'immensité des palpitations..."
-Palpitations- Henry Zaphiratos

Aimé Césaire, qui vient de mourir, était le grand poète "minéral" du XX° siècle Avec Léopold Sédar Senghor, Saint-John Perse (Alexis Léger), Pierre Emmanuel... il faisait partie de la cohorte des prestigieux poètes français qui vibraient et faisaient vibrer au seul son de leur voix. Ils faisaient penser à Lautréamont. Aimé Césaire était inspiré par l'âme de ses ancêtres, par la terre africaine, par la "négritude" qu'il avait inventé, et sublimé. - le lire- Le 17 avril 2008

Léo Malet/ Nestor Burma

Heureuse initiative de la ville de Montpellier d'avoir fait publier cette briographie du célèbre père de Nestor Burma. Des photos des couvertures des livres, et des affiches des films tirés de ses romans illustrent le texte. Nestor Burma, rendu célèbre par Guy Marchand, plus Louis Jouvet qu'un "Incorruptible" made US, a enfin une "origine", un père, et sa façon de mener ses enquêtes dans les rues de Paris, une explication. Pour les afficionados c'est un plus. D'autant que la vie de Léo Malet a été en grande partie une vie très difficile, surréaliste, faisant tous les métiers pour survivre. Dommage que les collections Le Masque et "Noire" de Gallimard, des années 1950, ne l'aient pas publié, et assuré ainsi sa tranquilité. Enfin, il a survécu et nous a laissé une oeuvre intéressante, un personnage marrant, un Paris pittoresque, une Hélène aux belles jambes longues et fines, qui attend les fins de mois difficiles dans une agence de détective branquignolesque. Lisez-le.

Nestor Burma/ Leo Malet

Excellente initiative de la ville de Montpellier d'avoir édité à partir

du fonds Leo Malet, une biographie de cet auteur remarquable de

romans policiers. Plusieurs films ont été tirés de son oeuvre depuis

le début de sa carrière jusqu'à la série avec Guy Marchand en Nestor

Burma. Peut-être ne fait-il pas trop le personnage, mais enfin, il captive

avec la belle Hélène, sa secrétaire, qui attend avec angoisse les fins de

mois. Guy Marchand est allé sur les traces de Louis Jouvet plutôt que

sur celles des "Incorruptibles". Un petit regret que la collection "noire"

de Gallimard, et Le "Masque" n'aient pas publié ses oeuvres.



Mort de Aimé Césaire à 94 ans. Un très grand poète comme Léopold

Sédar Senghor, Saint John Perse, Pierre Emmanuel... Peut-être trop

"cosmiques" pour être aimés aujourd'hui, où, le siècle, à part quelques

soubressauts localisés, est plus calme, très loin des apocalypses des années

1914/1945. le 17 avril 2008