dimanche 24 octobre 2010

Foire d'empoigne chez Laurent Ruquier "On n'est pas couché" du 23-10-10

Laurent Ruquier a génialement profité du voyage à New York d'Eric Naulleau pour le remplacer à pied levé par Edwy Plenel, le directeur de Médiapart, talentueux et pugnace défenseur de l'authenticité et de la liberté. Nous avons eu ainsi droit à l'une de plus intéressantes empoignades verbales de l'émission, qui d'ailleurs porte bien son nom, "On n'est pas couché" (heure tardive et "comme une carpette"). Il y a eu les "entrées" en matière comme les frères Bogdanov, Igo et Grichka, qui ont modifié (?) leur visage, et dont la revue "Marianne" conteste les titres de "docteurs", dont aussi le bouquin : "Le Visage de Dieu" rassemble les conclusions de l'astro-physicien franco-viêtnamien Xuan-Thuan-Trinh (Le dictionnaire amoureux du Ciel et des Etoiles), et de l'astronome américano-viêtnamienne Jane X. Luu, entrées en matière, dis-je, comme le grand auteur de théâtre et réalisateur Francis Veber et son livre "Que ça reste entre nous", livre d'anecdotes pour les amoureux du théâtre et du cinéma. Mais après, nous avons eu affaire au "plat" principal, c'est-à-dire au charme fascinant de Mme. Rama Yade, qui était venue avec son bouquin au titre pompeux : " Lettre à la jeunesse", qui sentait son "rétro" genre "Lettre à la jeunesse de France" d'une autre époque, et d'une autre veine. Les analyses et les conclusions de Mme. Rama Yade découlent de fortes études de cabinets. Elle en déduit, si j'ai bien compris, qu'il fallait un "grand" ministère gérant tous les problèmes de la jeunesse, ayant prime sur tous les autres ministères pour être efficace, et, peut-être, pense-t-elle, être la personne ad-hoc pour le diriger...
L'ouverture du feu va venir de M. Edwy Plenel, qui souligne les contradictions de Mme. Rama Yade entre son fond "gauche,(vote Taubira) idéaliste, droit de l'hommisme" etc. et son "acceptation" de ce qu'elle considère difficile à digérer, c'est-à-dire la politique du gouvernement auquel elle participe. Elle est arrivée à s'entendre avec elle-même grâce à des contorsions juridiques jésuitiques(ex-élève des Soeurs à Dakar)... Bref, elle est en paix avec elle-même grâce à son pragmatisme, sinon opportunisme, qui sous tend sa volonté de puissance. Puis Eric Zemmour s'est mis à la titiller sur la "colonisation". Mme Rama Yade la main sur le coeur, la condamnait, avec au fond d'elle le bonheur que sa première patrie, "le beau Sénégal" ait adopté le français, comme tous les pays dits "francophones", qui faisaient autrefois partie de l'Union française ou de l'Empire français, comme on voudra, et que certains états, comme le Cambodge et le Laos aient été sauvés d'une disparition grâce à des traités internationaux de protectorat...
Puis nous avons eu droit au dessert : les frères Duhamel. Là, la route était plus sereine, les "révélations" sur les tentatives du pouvoir, quel qu'il fut, de dominer l'audiovisuel, dont la TV, n'avaient rien d'extraordinaire, mais venant d'Alain et Patrick Duhamel, adjoint pour ce dernier de Patrice de Carolis, c'était à noter qu'ils ont tout fait pour sauvegarder leur indépendance...
Une soirée vivante, vibrante, avec des gros plans révélateurs sur la sincérité des interlocuteurs.
Au-dessus d'eux, ordonnateur et maître de cérémonie, un Laurent Ruquier, pétulant, très en forme... qui espère (souhaite) une visite présidentielle...
Peut-être, pour remonter dans les sondages...
Hermès

samedi 23 octobre 2010

Les merveilles d'Angkor, la danse des Apsaras

La légende de l’Apsara Méra
Le Ballet royal du Cambodge a été inscrit depuis 2003 dans la liste des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO. L’artisan de la préservation et de la reconnaissance de la danse classique khmère est la princesse Norodom Buppha Dévi, ancienne danseuse étoile, ministre de la culture de 1999 à 2004 et chorégraphe du spectacle de ce soir.
Le ballet La légende de l’Apsara Méra, sculpté sur les murs des palais-temples d'Angkor, réunit deux récits brahmaniques, d’origine indienne, qui sont devenus partie intégrante de la culture khmère.
Le début du spectacle fait revivre la légende de la création du nectar de l’immortalité par les forces du bien et du mal. Grâce à ce nectar la reine des Apsaras se réincarnera sur terre en la princesse Méra, la fille du roi des serpents Nagas (représentations emblématiques pour la culture khmère) qui règnent au fond des océans. Sa rencontre avec le prince Kambu donnera naissance au pays des Kambuja.

"Tout au long du spectacle, je ressentais une douceur délicate, portée par la musique et le décor lumineux épuré. Un soin tout particulier est apporté aux costumes et aux bijoux qui reproduisent le style vestimentaire des danseuses apsara des bas-reliefs des temples d’Angkor. Voici une des superbes couronnes créées spécialement pour ce spectacle aux côtés de son possible modèle historique (comme le suggère Kent Davis qui mène des recherches sur les représentations féminines dans les temples d’Angkor).
La tournée du ballet se poursuit après cette belle soirée bruxelloise"
In Le Figaro du 22-10-10.

vendredi 22 octobre 2010

De la maîtrise du langage et de la langue française... Les lapsus...

Un lapsus d'Hervé Morin ? in Le figaro. 23/10/201
"Après la "fellation" de Rachida Dati (au lieu d'"inflation") et les empreintes "génitales" de Brice Hortefeux (au lieu d'empreintes "digitales"), c'est au tour du ministre de la Défense, Hervé Morin, d'avoir commis un lapsus, dans un entretien diffusé cette semaine sur la radio Beur FM.

Alors qu'il s'exprimait sur l'hostilité de l'opinion publique quant à l'engagement français en Afghanistan, Hervé Morin a expliqué que "c'est difficile d'expliquer à des cons...". Avant de tenter de se reprendre : "à des... à des hommes et des femmes qui... euh... qu’une partie de leur sécurité se joue à 7000 kilomètres de chez eux !".

Hervé Morin voulait-il parler de "concitoyens" ? Toujours est-il que la séquence, relevée par des internautes, a été postée sur Youtube.

Contacté samedi matin par lefigaro.fr, le ministère de la Défense n'était pas immédiatement disposé à faire de commentaire."

De la maîtrise de la langue...
Hermès

A propos de l'article de l'Express sur Renaud Camus, du 20-10-10

"Il en va du salut de la France", déclare à L'Express, plus sérieux qu'ironique, Renaud Camus en disant se présenter aux prochaines présidentielles.

Renaud Camus dans sa Tour d'ivoire ne voit pas plus loin que ce que lui offre la télé, les nouvelles de Saint-Germain-des-Près, les rumeurs des maisons d'éditions, les amis, les copains, les adhérents à ses idées ... La France a toujours été en péril, elle a toujours vécu sur un volcan, il n'y a qu'à ouvrir les livres d'Histoire. Chaque page est un combat. La littérature française s'est développée et imposée à travers le monde d'elle-même, sur son génie propre, sur la force et le chantonnement de sa langue, sa concision, sa luminosité. C'est par l'écriture, le développement artistique de son théâtre, de son cinéma, de ses recherches philosophiques, religieuses que se situent le défi à relever, si défi, il y a. Ce que je ne crois pas. Nous vivons une période de lactescence où se préparent les oeuvres. Au Second Empire on se pâmait devant les "pompiers", quelques années après apparaissaient Manet, Monet et l'Impressionnisme, etc. Je n'aime pas Cassandre, je préfère Ulysse.
Henry Zaphiratos

jeudi 21 octobre 2010

Ne cherche pas à savoir d'Erik Wietzel, roman, No Life d'Al Coriana, roman, Cendrillon à Hollywood d'Elena Klein, roman. Editions MMC-FIXOT, 8-11-10

Il faut saluer la sortie de ces trois excellents romans. Des internautes les ont aimés et ont financé leur édition et leur lancement à travers MMC & Bernard Fixot Editions.
Ces livres ont vu le jour grâce à Internet et à un club original créé par MMC.
Un espace de dialogue général entre les auteurs eux-mêmes, qui lisent leurs textes entre-eux, les commentent, les corrigent, au besoin, demandent des conseils grâce à une boîte à lettres secrète, un espace en même temps de dialogue entre les auteurs et les internautes-éditeurs si ceux-ci le désirent. C'est un vrai "club" moderne sans chichi, sans contrôle autre que celui des "confrères", style à la Meudan entre Zola et ses amis. MMC permet à un manuscrit ou début de manuscrit d'être "vraiment lu", vraiment critiqué, vraiment apprécié si cela se présente, en dehors des comités de lecture, des foucades des éditeurs pressés légitimement par le "coup" à faire. Ainsi des textes qui seraient restés secrets, perdus dans un tiroir, oublié, ou sans lecteur, se trouvent en possibilité d'avoir cent, mille, dix mille etc. lecteurs. Des noms circulent... Je ne sais pas ce qu'il adviendra de cette expérience, mais MMC et Fixot ont placé la barre de sécurité haut, et ils ont eu raison, car on ne sait pas si le lectorat suivra, mais l'action éditoriale est là, la confrérie des auteurs-internautes est là, les lecteurs-libraires sont là, alors que la chance sourie aux trois premiers livres qui sortent le 8 novembre. Ils sont excellents, très "IN", bien écrits, avec un bon suspens, et ils ont ce qui est primordiale, la fraîcheur de la nouveauté et de la jeunesse... Henry Zaphiratos

samedi 16 octobre 2010

Le Siècle des nuages, de Philippe Forest, Gallimard , 558 pages, 2010. De la pesanteur des nuages.

Ce n'est pas un roman, tout au plus un essai, mais d'une pesanteur affligeante. Pendant 555 pages l'auteur tente de raconter la vie de son père, ancien pilote de 747(ce qui couronne sa carrière)en "interprétant" ses pensées, ses désirs possibles, et décrit sans complaisance, et sans tendresse la trajectoire de celui-ci dans le siècle, trajectoire qu'il juge "passive", sans relief, banale. Son père, qui est né le 17 septembre 1921,mourra d'un arrêt cardiaque dans la rue le 26 novembre 1998, aura vécu adolescent à Mâcon, l'Entre-deux-guerres, jeune homme, la guerre, sans la faire étant trop jeune, et quand il sera pilote de chasse breveté au USA, la guerre était terminée... Entre temps, l'auteur décrit la France de la débâcle avec un certain mépris, sans songer que les massacres et les exactions des Allemands de 14/18 sur les civils en Belgique et dans le nord de la France avaient traumatisé la population, ses grands-parents, ses parents. L'auteur tente de raconter, entre temps, le XX°siècle,la naissance de l'aviation, Clément Ader, les frères Wright, Lindberg, et étale ses connaissances littéraires avec Proust et Swann-Agostinelli, Saint-Exupéry etc. et ses connaissances sur Air-France, dont son père pilotera les avions.
Ce qui ressort de ce bouquin, c'est l'hostilité sous-jacente du fils, chroniqueur du père disparu. On aura compris que l'auteur et son père n'avaient pas les mêmes idées en tout. Deux générations s'affrontaient, toutes deux issues de la bourgeoisie bien-pensante, l'une de droite, l'autre de gauche. Peut-être aurait-il mieux valu que le silence s'imposât.
L'écriture est d'une faiblesse insigne. C'est du pseudo littéraire, pseudo historique, philosophique, pseudo religieux, pseudo touristique aux dernières pages sur un voyage du "souvenir" à Istambul, avec le chapeau du papa qui s'envole dans les flots du Bosphore, pour faire fin de film.
On se demande comment la "Blanche" de Gallimard a pu éditer ce livre, et on comprend lorsqu'on apprend page 89, que l'auteur est le neveu de Bernard Clavel, et qu'il a tiré sa révérence à Philippe Sollers, en écrivant sur lui.
Livre sans dialogue, distancié, froid, au regard dur.
De la pesanteur des nuages.

Mieux vaut lire et relire les oeuvres de Saint-Ex. si on veut respirer un air pur.
Hermès

vendredi 15 octobre 2010

A propos de l'Exposition de Jean-Michel Basquiat au Palais de Tokyo, à Paris

"... J’ai dit que je sortais de « rien » aussi, parce que j’habitais un pays silencieux où l’on ne parlait que d’argent et de guerres, de la guerre comme un art. Saloperie que la guerre. Basquiat, il la connaissait pas, mais il l’a peinte pour ce que l’on lui en disait, ou que les photos de presse rapportaient des fronts d’Europe, d’Afrique ou d’Asie, même des bas-fonds des Amériques, avec ces corps décharnés. Il la ressentait si fort qu’il est allé au-delà de Picasso et de son Guernica. Il a tout désarticulé, démembré, désemboîté, plaqué sur le vide d’un mur vide. Kyril "Z", lui, est passé des fêtes joyeuses de la vie, des farandoles, à la douleur totale. TOTALE. Je pense à la peinture, parce que c’est la planète Terre pour Linou, celle qui l’a sauvée, et parce que, pour moi, ça a été un foudroyant plaisir que d’entrer dans l’atelier de Delacroix."
Henry Zaphiratos Extrait du roman "Tendre est l'amour"

jeudi 14 octobre 2010

Ainsi va la vie...

Remue-ménage dans l'immeuble.
En bas, dans la rue, un camion de déménagement.
Une jeune femme, les lunettes sur le front, affairée :
-Nous avons acheté tout ce qu’il y avait dans l’appartement, c’est pourquoi nous le déménageons.

Fin de vie.
Mme. X ne reviendra plus.

L’appartement est vidé.
Aux murs quelques vieux tableaux aux paysages sombres ajoutent à la désolation du vide.

A la Télé des lycéens manifestent contre la retraite à 62 ans... Ils expriment aussi leur anxiété devant leur avenir...
Echauffourées, nuage de gaz lacrymogène. Cris... Un jeune homme saigne, il est blessé à un oeil...

Début de vie...

Hermès

mercredi 13 octobre 2010

Allers sans retour d'Alexandre Mathis, E/dite Editions, 2009, 556 pages, 22€,

L'auteur définit de roman-montage son livre, qui se décompose en deux parties :
Dans la première, il reconstitue à la façon d'une enquête policière la dérive parisienne d'un adolescent de Caudebec, en 1938, fou de cinéma et qui veut connaître la "grande ville", qui pour cela assassine la voisine de ses parents pour la voler. Cela rappelle "Crime et Châtiment" de Dostoïevsky. Mais ici l'auteur applique la méthode de Dos Passos, celle de la situation brute et du collage des éléments de presse de l'époque. L'ambiance est restituée pour cette période des quelques semaines que dure la cavale du jeune homme. L'auteur a ainsi épluché la liste des films qu'aurait pu voir celui-ci, films qui étaient projetés entre la place Clichy et le Louxor de Barbès, et les fanas de cinoche ont là, dans ce livre, les titres de tous ces films, en plus des grands scandales de l'époque comme l'affaire Pathé-Natan, la bagarre Céline-Salvador, à propos du livre de Céline "L'Ecole des cadavres", la situation climatique de Paris, les rues, les boulevards, les hôtels etc. Ceci accompagné de photos, de reproductions, et d'extraits d'arrêtés allemands contre les Juifs en Allemagne, publiés dans la presse française... d'extraits de bandes sonores de chansons, l'écho des vociférations d'Hitler etc. Ce qui en fait un livre-témoignage.
La seconde partie traite de la disparition mystérieuse d'une jeune fille, Andrée Denis, en 1936, dont on retrouva le corps flottant dans la Marne, alors qu'elle allait voir un film au Majestic de Meaux. Là, l'auteur refait l'enquête... avec le même principe de collages et d'hypothèses.
Un livre factuel intéressant, une sorte de plongée dans l'Entre-deux-guerres, avec des documents d'époque.
Un monde assez terne et triste d'une France renfermée, étriquée, malgré la floraison de films dont des Fernandel, des Fred Astair, des dessins animés etc.
En septembre 1939 la Seconde guerre mondiale éclatera... et ce monde sera pulvérisé.
Hermès

jeudi 7 octobre 2010

TCHEKHOV d' Ivan Bounine, Editions du Rocher, 2004, 210 p. 19€

C'est un fantastique voyage dans la Russie de la fin du XIX° siècle entre Pétersbourg-Moscou-Yalta, la Crimée etc. avec un foisonnement intellectuel incroyable d'une société parlant français, qui se cherche, s'exprime, où Tchékhov dans ses pièces reflète le visage de cette société, pour lui montrer qu'elle s'ennuie à mourir. J'en extraie quelques réflexions :

Tchékhov, sur le roman :
-Mais construire un roman, c'est une autre affaire; il faut connaître à fond les lois de la symétrie et de l'équilibre des masses. Un roman, c'est tout un palais à organiser, le lecteur doit s'y sentir à l'aise, rien ne doit le heurter, ni l'ennuyer comme dans un musée. Le lecteur a besoin de se reposer de temps en temps du héros et de l'auteur. On a recours alors au paysage, à quelque scène comique, à une nouvelle action, à de nouveaux personnages... P.81

Sur ses pièces : Les Trois soeurs, Oncle Vania, La Cerisaie, La Mouette...
-Vous dites que mes pièces vous font pleurer... Et vous n'êtes pas le seul... Pourtant ce n'est pas dans cet esprit que je les ai écrites. C'est la mise en scène d'Alexiev (alias Stanislavski)qui les rend si tristes.Je voulais seulement être honnête avec les gens, leur dire : Regardez-vous, regardez comme vous vivez mal, comme votre existence est ennuyeuse! " Il faut qu'ils comprennent, et quand ils l'auront compris, ils changeront de vie, ils construiront forcément une vie meilleure..." P.83/84

Dans la seconde partie de ce livre Ivan Bounine décrit l'effarement de cette même société, secouée après la Révolution bolchevik, dans sa diaspora à travers l'Europe, et le foisonnement intellectuel des Russes exilés.
Il décrit aussi l'amour platonique de Tchékov avec Lidia Avilova, qui retournera dans la Russie Bolchevik et y mourra en 1943.

A noter que Tchékhov a écrit un livre sur le bagne de Sakhaline, dans l'extrême pointe asiatique de la Sibérie, et qu'au retour de ce voyage à travers les steppes, il a pris le bateau, et est revenu à Odessa par la mer de Chine, l'océan Indien, la mer Rouge, la Méditerranée, et qu'il a décrit Ceylan comme un petit paradis.

C'est un bouquin vertigineux dans sa lecture à l'orée de notre XXI° siècle. Une confrontation entre un monde disparu, et le nôtre plein de vie, d'exubérance, de créativité, de science, emporté dans un tourbillon de jeunesse et de futurisme.
Une marche vers les étoiles.
Henry Zaphiratos

Ivan Bounine a eu le Prix Nobel de littérature en 1933.

dimanche 3 octobre 2010

Un chef-d'oeuvre : L'Attrape-coeurs de J.D. Salinger, Editions Pocket, Traduction Annie Saumont 1986

Il y a des livres qui nous révèlent un univers, ou qui nous font approcher de très près une certitude, ou qui nous touchent très profondément, ou qui nous donnent à réfléchir. Le livre de Salinger est tout cela à la fois. C'est pourquoi j'ai mis "chef d'oeuvre". L'histoire est simple, un jeune homme de dix-sept ans se fait renvoyer du collège où il est interne, et c'est la 4° fois qu'il est viré d'un collège. Il ne fout rien, et ne respecte pas les "règles"... Il quitte le collège, n'ose pas rentrer chez ses parents, à New-York, avant la date prévue de la fin de l'année scolaire. Les 250 pages de ce roman raconte son voyage de retour pendant cette semaine, ses rencontres dans le train, dans les gares, dans les taxis, les boîtes de nuit où il atterrit, il remue ses rancoeurs contre ses copains, ses aventures... Il tente de se raccrocher à l'un à l'autre, à une copine, à une autre, claque les dollars qu'il avait récoltés pendant l'année de sa grand-mère et de ses menus travaux. Et pendant toute cette errance, il se dévoile, s'exprime, se découvre à lui-même, découvre les autres, les filles qu'il croyait aimer, qui sont sympas etc. et surtout il ne pense qu'à sa soeur Phoebé qui l'attend, à son frère Allie qui est mort jeune, à ses parents qui vont être furieux de ce nouvel échec...
Ce livre parce qu'il révêle de l'âme d'un jeune homme, de l'Amérique des années 1945,de la petitesse des "autres", des rapports superficiels entre les êtres, parfois des perversités cachées sous des abords anodins, est un chef d'oeuvre.
La traduction de Annie Saumont, de 1986, est excellente. Elle restitue le texte dans un français magnifique.

A noter, et c'est un exploit dans la littérature américaine d'aujourd'hui qu'il n'y aucune violence, si ce n'est un affrontement de jeunes collégiens. Mais il n'y a pas de coups de pistolet, pas de meurtre, pas d'explosion, pas de sirène, pas de "shériff", pas de pompom girls, pas de drogue, pas de psychanaliste, pas de traders, pas de grosses bagnoles, pas de jets, pas de femme fatale... Un drôle de roman américain quoi !

Elia Kazan s'inspirera de ce personnage pour ses films "La Fureur de vivre" et "A l'Est d'Eden", et James Dean tentera d'exprimer les troubles d'un jeune homme qui ressemble à Holden Caulfield.

Mais l'original, le héros du roman n'est pas imitable. Il est, voilà tout.
Une sorte d'oeuvre parfaite.
Henry Zaphiratos