mercredi 13 octobre 2010

Allers sans retour d'Alexandre Mathis, E/dite Editions, 2009, 556 pages, 22€,

L'auteur définit de roman-montage son livre, qui se décompose en deux parties :
Dans la première, il reconstitue à la façon d'une enquête policière la dérive parisienne d'un adolescent de Caudebec, en 1938, fou de cinéma et qui veut connaître la "grande ville", qui pour cela assassine la voisine de ses parents pour la voler. Cela rappelle "Crime et Châtiment" de Dostoïevsky. Mais ici l'auteur applique la méthode de Dos Passos, celle de la situation brute et du collage des éléments de presse de l'époque. L'ambiance est restituée pour cette période des quelques semaines que dure la cavale du jeune homme. L'auteur a ainsi épluché la liste des films qu'aurait pu voir celui-ci, films qui étaient projetés entre la place Clichy et le Louxor de Barbès, et les fanas de cinoche ont là, dans ce livre, les titres de tous ces films, en plus des grands scandales de l'époque comme l'affaire Pathé-Natan, la bagarre Céline-Salvador, à propos du livre de Céline "L'Ecole des cadavres", la situation climatique de Paris, les rues, les boulevards, les hôtels etc. Ceci accompagné de photos, de reproductions, et d'extraits d'arrêtés allemands contre les Juifs en Allemagne, publiés dans la presse française... d'extraits de bandes sonores de chansons, l'écho des vociférations d'Hitler etc. Ce qui en fait un livre-témoignage.
La seconde partie traite de la disparition mystérieuse d'une jeune fille, Andrée Denis, en 1936, dont on retrouva le corps flottant dans la Marne, alors qu'elle allait voir un film au Majestic de Meaux. Là, l'auteur refait l'enquête... avec le même principe de collages et d'hypothèses.
Un livre factuel intéressant, une sorte de plongée dans l'Entre-deux-guerres, avec des documents d'époque.
Un monde assez terne et triste d'une France renfermée, étriquée, malgré la floraison de films dont des Fernandel, des Fred Astair, des dessins animés etc.
En septembre 1939 la Seconde guerre mondiale éclatera... et ce monde sera pulvérisé.
Hermès

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