samedi 27 avril 2013

Tom Wolfe : "Les quatre éléments qui transforment la fiction en quelque chose de plus attrayant qu'un roman"

"...-Tout d'abord la construction scène par scène...
-Deuxième point, veiller à un dialogue exhaustif : comment ces gens se parlent, quelles relations ont-ils entre eux ?
-Troisième point, essentiel : déceler et souligner les détails qui indiquent la position des gens, leur style de vie, leur place dans la société...
-Quatrième point, le plus controversé: il faut livrer un monologue intérieur, un point de vue individuel. Vous voilà à l'intérieur du crâne de la personne que vous décrivez. Vous voyez l'action telle qu'elle la voit. Et non ne peut y parvenir qu'après avoir interviewé cette personne assez longuement pour savoir comment elle perçoit le monde, comment elle voit les choses."...

-Et la cinquième voix ?
"Parler avec la voix des gens : cette voix est tellement utile pour moi... c'est très controversé bien sûr, et je peux comprendre pourquoi... C'est une voix qui vient, en fait, du bas de la scène, du parterre, dirait-on, si on était au théâtre."
Extraits de l'interview recueilli par François Busnel - in Lire de Mai 2013.

jeudi 25 avril 2013

Le fil des souvenirs, roman de Victoria Hislop, Editions Les Escales, 432p. 22€50 - 2013

Un roman attachant décrivant la vie d'une famille grecque de 1917 à nos jours... Tout part de Salonique, (Thessalonique) en 1917, puis de Smyrne en 1921, dans les grands bouleversements de ces régions empreintes de la Grèce antique, de Rome, de l'Empire Byzantin, puis des Ottomans. Régions multiraciales, multiconfessionnelles, où, à Salonique, sont venus se réfugier les Juifs chassés d'Espagne par Isabelle-la-Catholique après la prise de Grenade en 1492.
L'auteur a le sens du détail, la légèreté et la grâce féminines des descriptions, peut-être aussi la "touche" sentimentale qui esquive la dureté, l'âpreté.
En 1917, le nord de la Grèce est administrée par Vénizélos, pro-alliés, les troupes françaises campent près de la ville cosmopolite, alors que la Grèce est "neutre", et que le roi Constantin I° est plutôt pro-allemand. L'Empire Ottoman fait partie de la Triplice (Allemagne-Autriche-Turquie).
La guerre va éclater (ceci après la guerre balkanique de 1912/1913), un cataclysme va balayer l'enchevêtrement de croyances et de peuples...
Dimitri (Mitsos ou Mimis) et Katerina vont être balottés...
En 2007, ils revivent leurs souvenirs pour leur petit-fils. Le monde d'antan.

L'auteur aime ses personnages, le décor lumineux de la Grèce, et a l’écriture fine des femmes… leur goût pour les choses simples qu’elles savent mieux que les hommes mettre en valeur. 


A rappeler sur le sujet le très beau et dramatique livre d'Ilias Venezis "La Grande pitié" Edit. Le Pavois.
15/20
Hermès

lundi 22 avril 2013

I Viva la muerte ! roman de Frédéric Bertin-Denis, Kyklos Editions, 526p. 25€ 2013

Le cri des Républicains espagnols pendant la guerre civile espagnole, quand les républicains essayaient de défendre la République contre Franco et ses troupes débarquées du Maroc espagnol. Une tragédie sanglante qui durera jusqu'en 1939, où l'Italie mussoliniene, l'Allemagne nazie enverront des troupes (la Légion Condor) des escadrilles pour aider Franco, et la France républicaine, dirigée par le Front populaire, Rien ! Mais l'URSS oui, ainsi que les Brigades internationales où s'étaient engagés Ernest Hemingway(Pour qui sonne le glas) et André Malraux (L'Espoir). Ce roman-polar ravive les souvenirs tragiques de cette époque à travers les enquêtes sur des meurtres horribles de vieillards...
Frédéric Bertin-Denis signe là un polar dynamique, parfois stressant car il plonge dans ce qui fut la réalité.
Bien écrit, parfois des expressions-clichées inutiles.
15/20
Hermès

"Les Veilleurs, mouvement de jeunes" à la "GANDHI" vient de naître... Avec l'art, la littérature, la culture, la réflexion... Une nouvelle jeunesse en mouvement. Fascinant !


"Le mouvement des Veilleurs, en marge de la Manif pour tous, appelle à la révolution calme des consciences par l'art et la culture.
Silencieux, les Veilleurs font pourtant grand bruit. Depuis que ce mouvement est né, le 16 avril dernier, en marge de la Manif pour tous, il ne cesse de grandir avec de plus en plus de participants à Paris mais aussi en province, Lyon, Toulouse, Rennes, Toulon, Nantes… À la grande surprise de ses instigateurs, Axel et Alix, ce groupe d'amis appelle à la révolution calme des consciences, par l'art et la culture, à «l'élévation de l'esprit sur la force, l'arme des faibles», pour regagner la liberté confisquée par une société «auto-normée».
À coups de lectures de grands auteurs, de poètes, de philosophes, d'échanges et de méditations, ces Veilleurs improvisent des soirées de «résistance non violente» sur des sites déterminés au dernier instant, en marge des manifestations contre le mariage homosexuel. La dernière veillée, samedi soir avenue de Breteuil à Paris, a réuni 500 jeunes. C'était la cinquième.
L'autre soir, aux Invalides, ils étaient quelque 1500, selon Axel, le jeune homme qui préside à «la spontanéité» de ces veillées. L'impulsion du mouvement a été donnée le soir des 67 interpellations à l'Assemblée nationale.
Assis en silence, «dans la paix, le calme et la détermination», comme le stipulent les SMS qui fixent les rendez-vous à l'improviste, ces veillées contrastent avec les slogans des manifestants contre le gouvernement et le mariage homo. Ici, on lutte avec la culture, l'art, le patrimoine des grands auteurs, de tout bord politique. Pierre-Joseph Proudhon, théoricien de l'anarchie, est lu, dans ses passages sur l'importance du mariage, aux côtés de Charles Péguy, Bernanos ou Aragon.
«Révéler par le beau, par l'universalité de la pensée des auteurs de tous siècles et de toutes sensibilités, avérer le mensonge et la manipulation des politiques par les contradictions, briser cette culture de mort qui hante notre société, semer un espoir de liberté», résume Axel, qui sait bien que ce dernier est impossible sans reconquête de la vérité. Dimanche soir, après la manifestation partie de Denfert-Rochereau à Paris, les Veilleurs veillaient à nouveau…"
Delphine de Mallevoüe - in Le Figaro

" Nous formons un groupe informel de citoyens indignés par l’attitude d’un gouvernement qui prive les Français de leur liberté d’expression sur un choix de civilisation historique », détaille Nicolas, qui considère que cette « surdité » politique nourrit la mobilisation chaque soir « plus déterminée et sereine » des veilleurs.
Selon un rituel désormais bien établi, dimanche 21 avril, après l’ordre de dispersion de la « Manif pour tous » et tandis que la nuit reprenait doucement la capitale, plusieurs centaines d’entre eux (en majorité des jeunes, mais aussi des retraités et des familles) ont investi un carré de pelouse sur l’esplanade des Invalides, entonnant en chœur « L’espérance », un grand classique des veillées scoutes.
« Nous ne nous reconnaissons pas dans les actions provocatrices ou violentes, plaide Nicolas, qui avoue que le manque de sommeil commence à devenir pesant. Notre résistance, nous voulons l’exprimer dans la douceur et la joie paisible, affranchis de toute référence religieuse ou politique ». Jusqu’où ira ce mouvement ? Nul le sait, mais l’étudiant parisien prédit un « moment historique » : « A Marseille, Strasbourg, Lyon, Lorient, Clermont, Lille ou Toulouse, des veilleurs se rassemblent au nom de la filiation, contre le mensonge et l’égoïsme. »
Propos recueillis par François-Xavier Maigre in La Croix

Quattrocento, comment le monde devint moderne, de Stephen Greenblat, Flammarion Edit. 21,90, 2013

Le "Quattrocento", c'est le début de la Renaissance, la redécouverte des trésors de l'Antiquité, des mondes qui avaient sombré avec les Grandes invasions, que tenait à bout de bras, à force de guerres, l'Empire Byzantin, jusqu'à la chute de Constantinople en 1453. Les trésors des bibliothèques d'Alexandrie, de Rome, d'Athènes, ont été dispersés quand ils avaient pu être sauvés des incendies, des autodafés, des pillages des barbares, des fanatiques. A Arles on découvre dans le Rhône des trésors de la sculpture comme la tête de Jules César, son fondateur, en Grèce, en Italie, en France, en Espagne, dans tout le pourtour méditerranéen, au fond de celle-ci des vestiges, des traces d'une splendeur inoubliable qui complètent les monuments qui nous restent, amphithéâtres, théâtres antiques, temples comme la "Maison carrée" de Nîmes, des églises qui se sont substituées aux temples, "A Minerva" etc.
Stephen Greenblatt a fait son Au nom de la Rose avec son livre "Quattrocento" sur la redécouverte, ce qui va signifier la fin du Moyen-Âge, du livre de Lucrèce " De natura rerum". En 1417, Poggio Bracciolini, dit Le Pogge, secrétaire particulier d'un des papes du schisme catholique d'alors, Jean XXIII (Exact, un sur-pape...) amateur de manuscrits antiques recueillis par les moines, découvre en Allemagne du sud, au cours d'un de ses voyages dûs aux innombrables conciles de l'époque pour règler la question des papes en surnombre(ils sont 3) dans un monastère le livre de Lucrèce sur Epicure, sur la vie, le bonheur de vivre, le rejet des superstitions qui hantait l'esprit des hommes... Ce livre continuait la doctrine d'Epicure, la développait, et connut un grand succès. Succès qui se perpétue jusqu'à nos jours avec l'intérêt de tous les penseurs, comme Michel Onfray, Ferry, etc. pour l'oeuvre et le message des philosophes grecs.
Le livre de Stephen Greenblatt a obtenu le prix Pulitzer.
Un livre à ne pas manquer.
18/20
Hermès

dimanche 21 avril 2013

SILENCE...


SILENCE

Silence des visages,
Gestes assourdis des rameurs,
Les mains jouent,
Châteaux de sable.

Mordre l’espace de tes lèvres
Figer le tremblement de ta gorge
Ton haleine court le long
De mon corps.

Le silence de Dieu
A brisé la glace
De l’Océan.

Il pardonne au Temps,
À toi, à moi, à tous.

Nos doigts dérangent
L’ordre de la
Solitude.

Henry Zaphiratos (extrait de Poésies)

Lucrèce petit extrait de "La nature des choses"...

"[1,62] Jadis, quand on voyait les hommes traîner une vie rampante sous le faix honteux de la superstition, et que la tête du monstre leur apparaissant à la cime des nues, les accablait de son regard épouvantable, un Grec( Epicure), un simple mortel osa enfin lever les yeux, osa enfin lui résister en face. Rien ne l'arrête, ni la renommée des dieux, ni la foudre, ni les menaces du ciel qui gronde; [1,70] loin d'ébranler son courage, les obstacles l'irritent, et il n'en est que plus ardent à rompre les barrières étroites de la nature. Aussi en vient-il à bout par son infatigable génie: il s'élance loin des bornes enflammées du monde, il parcourt l'infini sur les ailes de la pensée, il triomphe, et revient nous apprendre ce qui peut ou ne peut pas naître, et d'où vient que la puissance des corps est bornée et qu'il y a pour tous un terme infranchissable. La superstition fut donc abattue et foulée aux pieds à son tour, et sa défaite nous égala aux dieux."
Lucrèce.

vendredi 19 avril 2013

A propos du Journal intime... suite à l'enquête du Figaro...


Tenir un journal intime est passionnant. Je tiens le mien depuis 1947... avec des blancs quand c'était impossible du fait des événements ou du fait que j'étais trop absorbé par mon travail ou par l'action.Pour mes films,livres,ou théâtre, en réalité ils continuaient mon journal... Tout au long de ma vie, je me suis penché sur ce reflet de ce que j'étais, à quoi je pensais, à quoi je croyais, qui j'aimais à tel ou tel moment...
C'est extraordinaire de revoir l'évolution de la vie elle-même, de la marche de soi dans le monde, des êtres que l'on a aimés, de ceux qui nous ont fait rêver, des lieux où l'on a vibré, des chiens qui ont été nos compagnons... J'ai publié la part "littéraire", "ouverte" de ce journal jusqu'au 3 mars 2003 dans "DEVANT LA MER". Aujourd'hui ce livre est sur Kindle-Amazon. 
Henry Zaphiratos

jeudi 18 avril 2013

La traversée de l'été, roman de Truman Capote, Grasset Edit.210p. 2006

Une jolie histoire qui ferait un excellent film avec de jeunes acteurs. C'est le premier roman de Truman Capote, retrouvé dans ses affaires qu'il avaient abandonnées avec son logement... dans Brooklyn Heights dans les années 1950. Il n'était pas connu, pas célèbre, rien qu'un modeste jeune écrivain y jetant son coeur... sur des cahiers d'écolier et 60 pages libres cette histoire brillante, rythmée, au style vif, plein de métaphores, d'une jeune  fille riche amoureuse d'un jeune gardien de garage de New York. Il décrit avec plaisir les quartiers chics de cette ville, Greenwich, la 5th. Avenue, Central Park... les quartiers pauvres où vit la famille juive de son amoureux... L'histoire est banale mais racontée avec la légèreté d'un grand écrivain.
Il pensait que cette oeuvre ne trouverait pas d'éditeur et l'a abandonnée... C'est avec De sang froid que Truman Capote devient célèbre et riche...
Le temps passe. Truman Capote meurt en 1984. Sotheby's découvre le manuscrit... Et ce livre de jeunesse est là dans l'inspiration des grandes oeuvres américaines comme Gatsby le Magnifique, L'Attrape-coeur, Soudain l'été dernier, etc.
17/20
Hermès

mercredi 17 avril 2013

Configuration du dernier rivage, Poèmes de Michel Houellebecq, Flammarion Edit. 104p. 2013


Cent poèmes de l'auteur qui déclarait naguère dans la revue Immédiatement :" Un poème peut s'écrire très rapidement. C'est ce qui explique que j'arrive à écrire un poème comme “Le sens du combat”, qui est d'inspiration authentiquement catholique. Je suis d'ailleurs allé souvent à la ­messe. J'ai fait de réels efforts. Et je reste persuadé que tout bonheur est d'essence religieuse.» Dix-sept ans plus tard, Houellebecq est à Paris pour parler de son livre Configuration du dernier rivage, à La Closerie des lilas, avec Sébastien Lapaque à qui il crie : «Lapaque, tu n'arriveras pas à faire de moi un écrivain catho­lique!»


«
Au temps des premiers acacias
Un soleil froid, presque livide
Éclairait faiblement Madrid
Lorsque ma vie se dissocia.» 

Dans la continuité de Guillaume Apollinaire, Paul-Jean Toulet, Paul Verlaine... 16/20
Hermès

SUR KINDLE AMAZONE... les livres d'Henry Zaphiratos.


Devant la mer... Chroniques
Une Année à Paris, 1938, roman
Un amour à Venise- la Voyageuse de Zagreb, roman cinématographique
L'Epée de l'Apocalypse, roman
La Petite fille au bord du chemin, Roman-Récit
Poésies
Théâtre
....

mardi 16 avril 2013

"Tout bonheur est un songe !"... Lamartine...



 Dors ! murmurait Harold d'une voix comprimée
Toi que je vais quitter ! toi que j'ai tant aimée
Toi qui m'aimes peut-être, ou dont l'art séducteur,
Par l'ombre de l'amour trompa du moins mon coeur !
Qu'importe que le tien ne fût qu'un doux mensonge ?
Je fus heureux par toi ; tout bonheur est un songe

Lamartine - Lord Byron quittant sa maîtresse.
Extraits des chroniques Paris-Londres de Stendhal

A propos de la tristesse de Houellebecq... son nouveau recueil de poésie.


"En relisant mon journal, je me dis que Houellebecq a raison. Nous vivons en état permanent de conflits intellectuels, moraux, sociaux depuis l'arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981, comme la France a vécu en état de conflits permanent entre 1936 et 1945. La lutte des classes marxistes, l'"idéal" soviétique qui innervait la société européenne, voir Don Camillo et Peppone, les haines entre paysans et citadins, le "mépris" des intellos de gauche pour les travaux manuels, pour l'apprentissage, leur prédilection pour la Fonction publique, leur "haine" jouée pour le pouvoir de l'argent, dixit Mitterrand-Hollande et cie., leur réveil des traumatismes de Vichy, leur culpabilisation de l'ensemble des Français pour leur attitude sous l'Occupation allemande, leur destruction de l'équilibre fragile de l'éducation nationale, leur culpabilisation de l'ensemble de l'histoire de France, de l'époque coloniale etc. ont créé une ambiance délétère et quasi tragique. Aujourd'hui avec Hollande une nouvelle expérience est tentée, continuant la politique de gestion de la gauche par la droite sous Chirac-Balladur-Sarkozy, mais le choc est très rude et on ne sait comment en sortir... Houellebecq ressent une tristesse profonde, il se sent à nu devant l'hostilité. Pendant la semaine sainte, j'étais à Notre-Dame de Paris, j'ai vu, senti une foule immense, silencieuse autour des nouvelles cloches qui venaient d'arriver... Il y a des silences qui en disent long..."
HZ.

lundi 15 avril 2013

Les Cons vont en enfer, nouvelle de P.W. Darwin

Cela devait arriver, voilà une nouvelle qui complétera la liste des romans comme les "Salauds vont en enfer" etc. Cette fois-ci ce sont les CONS, et de cons il y en a des légions dans toutes sortes de professions et de régions. On a vu récemment un planeur con, en politique, qui a surpassé ses collègues au point de transformer ses électeurs d'un seul coup en C... L'histoire est connue, car chacun connaît un con. Ainsi Francis Veber a raconté dans "Le dîner de con" que n'était pas con celui que l'on croyait, dont on se moquait, mais bien ceux qui l'avaient invité ! Des Cons il y en a partout, de toutes sortes... dans toutes les positions... même en Orbite comme le dit un personnage de Michel Audiard. Alors comme on disait jadis : "Chez Du Con tout est bon !" Le plus emmerdant dans tout ça c'est que pas mal de cons prennent les autres pour des cons, si bien que l'on ne se reconnaît plus plus con qu'un autre ou qu'un autre est plus con que soi ? Problème de cons en somme. Il faudrait pas nous prendre pour des cons, pense-t-on ? Hé bien si, ils nous prennent pour des cons, et nous voilà devenus les rois des cons. Les pires ce sont les cons qui sont couillonnés. Alors là, il faut les appeler les Cons-Cons ou les Super Cons ! Mais il faut penser que les Super-Cons pourront être surpassés par "Plus con que moi tu meurs !"  comme dans les films "Sois con et tais-toi !" ou "Marche à l'ombre des cons".
p.c.c.

UNE LIBRAIRIE SPECIALISEE DANS LA PRESENTATION ET LA VENTE DES LIVRES AUTO-EDITES

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dimanche 14 avril 2013

BELMONDO, BEBEL 80 ans ! et le film qui l'a lancé : "A BOUT DE SOUFFLE", de Jean-Luc Godard...

Il y a eu vraiment un coup de tonnerre dans le cinéma français le 16 mars 1960, quand le petit cinéma des Champs-Elysées, le Lord-Byron, a programmé "A bout de souffle" de Jean-Luc Godard. Rompant avec le ron-ron habituel du cinéma français un film initié par un jeune homme, ayant comme acteurs de jeunes inconnus, avec un directeur de la photographie venant des films d'Actualités, qui avait couvert des scènes de guerre en Indochine, Raoul Coutard, faisait un grand succès... ! La jeunesse cette année-là découvrait le Golfe-Drouot et Johnny Halliday... et venait de découvrir l'acteur fétiche des décennies qui commençaient : Jean-Paul Belmondo. Qu'est-ce qui a plu ? Qu'est-ce qui a été innovant ? D'abord le je m'en-foutisme du tournage, une chaise à roulette médicale pour Raoul Coutard pour les travellings, au lieu des rails, puis le Caméflex léger et bruyant, mais simple à manier, ensuite un acteur décontracté, en plein dans sa jeunesse, se moquant des leçons de comédie ou des obligations gestuelles style Comédie française ou cinéma à papa, virevoltant, sautant sur un lit, et cerise sur le gâteau un dialogue en plein dans la réalité de la jeunesse et de la vie avec des "je t'emmerde" etc. Ce n'était plus le cinéma arrangé, figé comme celui de Marcel Carné des "Tricheurs", c'était un cinéma "libre", sans convention, sinon celle de marcher en plein dans son époque de jeunesse, sans s'embarrasser des décors fabriqués, des acteurs connus... Déjà Claude Chabrol avait tenté le coup avec "Le Beau Serge", "les Cousins" et moi-même avec "Les Nymphettes", mais bloqués par les obligations édictées par le Centre National de la Cinématographie, la liberté ne fut pas totale... Il faut souligner que le premier film de Jacques Tati "Jour de fête" a aussi été tourné avec une équipe légère.
Le succès de "A bout de souffle" est d'avoir rompu avec les dialogues policés, affinés, et d'être rentré ex-abrupto dans le dialogue vivant, fort, grossier, un langage qui a frappé les spectateurs surpris, comme ils seront surpris plus tard par le langage des "Valseuses" de Gérard Depardieu.

Note de mon Journal : "Il faut faire vrai car le cinéma c'est du vécu. Donner l'impression d'une unité absolue. Refus de la dramatisation chez Jean Renoir, style à la "Mauriac" en liant le décors aux personnages et au sujet. De toute façon il faut essayer de sortir du "cinéma "jeu",du cinéma "acteurs".  Les"Nymphettes" et "Tarass Boulba" ont emprunté la voie "narrative" et non celle de la "découverte" par un style choc de"reportage". Le succès de J.L.Godard avec Raoul Coutard sur sa chaise roulante, caméra à la main, dans "A Bout de Souffle". J'avais besoin d'apprendre ce métier. Le film doit être "dépouillé" simple, clair et direct, le style au cinéma est fondamental. (Grossièreté plaquée des dialogues d'"A Bout de Souffle" fait partie de la vitalité des personnages comme dans les dialogues fabriqués de Michel Audiard.
Henry Zaphiratos

Acharnement, de Mathieu Larnaudie, roman, Actes-Sud Edit. 206p. 2012 - 19€

Ce livre porte bien son titre ACHARNEMENT ! Acharnement à bien écrire le français, à présenter une copie remplie de mots savants, d'imparfaits et de plus-que-parfaits du subjonctif, de tournures précieuses, de recherches savantes sur l'action, la pensée, avec en arrière plan une attitude dédaigneuse de l'écrivain pour son "héros" et les personnages de son histoire. C'est qu'il s'agit d'une "plume" au rencart, d'un auteur enfumé entre ses verres de Chartreuse, ses bouquins étalés, son perchoir où il récite les discours qu'il mijote, à la manière du "gueuloir" de Flaubert... mais lui, c'est pour "placer" ses discours fictifs puisqu'il n'assiste plus son ministre Gonthier tombé dans les limbes de l'échec politique, mais se remémore des pleutreries d'hypocrisie carriériste, perdu dans sa propriété située au pied d'un viaduc, d'une falaise, on ne sait trop, et d'où pleuvent des gens qui se suicident, s'accidentent dans des chutes à l'élastique, bref d'allers et venues de gendarmes, de son jardinier Marceau, d'emmerdeurs familiaux, de fleurs fanées, de larmes stupides etc. Le tout en chapitres qui passent du "Je" qui raconte au "Il" de la troisième personne... coquetterie d'auteur qui veut démontrer son savoir-écrire...
L'"Acharnement est une tentative du "bien écrire" français, d'aller à contre-courant de la mode actuelle, pédagogique, scolaire, universitaire, Fleuve Noir, éditeurs des V° et VI° arrondissements de Paris, journalistique, etc., une espèce de "leçon" de grammaire, d'orthographe, de syntaxe, à travers 206 pages bien présentées, propres, d'un roman anodin creusé à l'infini dans ses méandres, où l'auteur flingue des expressions toutes faites, et parfois dérape vers le trivial, le vulgaire, sur un mot, sur une chute de phrase.
Mais la tentative est louable : sortir des sentiers battus de l'effondrement linguistique. C'est une littérature de combat, de respiration dans l'étouffoir éditorial, avec un arrière plan hautain, un ton snob.
Pour le ministre Gonthier du roman pas besoin d'aller loin, il s'étale à toutes les pages de nos journaux, d'Internet, de Twitter, de Face Book...
16/20
Hermès

jeudi 11 avril 2013

EXCELLENTE Grande Librairie, l'émission littéraire de François Busnel ce jour !

Enfin de la littérature, de la vraie et non un ersatz.
Ce soir François Busnel a centré son émission sur des écrivains importants et des thèmes importants :
-Jérôme Garcin  sur son livre "Bleus Horizons" chez Gallimard, dont nous avons parlé.
-Dominique Jamet sur "La Chute du Président Caillaux".
-Jean-Christian Petitfils sur Alain Fournier, dans "Le Frémissement de la grâce"
-"Tué à l'ennemi" par Michel Laval, sur Charles Péguy.
-Georges-Emmanuel Clancier, qui a 99 ans et la jeunesse d'esprit, dont il a rappelé l'oeuvre poétique et les romans.
On ne peut que se féliciter d'une telle sélection.
Des livres à découvrir.
18/20

mercredi 10 avril 2013

"Comment vivre ? Une vie de Montaigne en une question" de Sarah Bakewell, traduit de l'anglais par Emmanuel, Dauzat, Albin Michel, 490p. 23€50 2013

Des Milliers de manuscrits médiévaux sur Internet consultables...


Elaborée au départ dans un but de recherche et de sauvegarde du patrimoine écrit par l'Institut, cette bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux rassemble les reproductions d'une large sélection d'ouvrages conservés dans une soixantaine d'établissements français (hormis la BnF), datant du Moyen-Age jusqu'au début de la Renaissance. 
Le site contient actuellement plus de 1000 manuscrits reproduits intégralement en couleur, 600 autres en noir et blanc, ainsi que la reproduction numérisée des décors de 4.200 manuscrits et incunables (ouvrages imprimés avant 1.500): "Les rayonnages virtuels se rempliront au gré des accords avec les bibliothèques détentrices", souligne le CNRS dans un communiqué. La BVMM va notamment bénéficier des apports d'une centaine de manuscrits de la Staatsbibliothek de Berlin et de certaines collections privées. 
Cette bibliothèque virtuelle permet à l'utilisateur de se constituer une sélection d'images dans un "panier de recherches" et de comparer plusieurs images sur une même fenêtre d'écran, avec différents niveaux de zoom, de feuilleter les ouvrages à l'aide d'une "visionneuse". Sauf mentions contraires, les reproductions numériques du site peuvent être utilisées pour des opérations non commerciales, sous condition de citation. 
Avec AFP-L'Express

mardi 9 avril 2013

RIDEAU de Ludovic Zékian - récit, Phoebus Editions 2013 128p. 11€

Le livre du fossé qui a séparé le peuple du "petit commerce" de proximité, une maison de la Presse à La-Tour-du-Pin, et le peuple des fonctionnaires. Les uns livrés au combat de la vie, sans filet, avec tous les risques, mais la liberté de créer, et les autres dans la sécurité de l'emploi, le statut, la tranquillité, et se "serrage de fesses" aux ordres des supérieurs, qui eux ont des supérieurs etc. Ludovic Zékian dans ce petit bouquin rend hommage à ses parents et surtout à sa mère, qui a créé cette librairie-presse dans le centre d'une petite ville, et qui a combattu vaillamment pour faire triompher son sens du contact, du service, et de l'amour qu'elle avait pour les écrits. Le fils lui, a subi une sorte de "mépris" de ceux qui ont le "savoir" et qui croient que les autres, ceux qui sont dans le "petit" commerce sont des ignares... Il choisit la voie du fonctionnariat, et voit sa mère se débattre dans les difficultés venant de l'apparition des grandes surfaces, du changement des mentalités. Des "Trente Glorieuses" de 1945 à 1980 la France passe aux années socialistes-mitterrandiennes avec la mise en place d'une "noblesse nomenklaturiste" de Gauche, "l'augmentation des fonctionnaires, l'enfermement dans la Dette qui va devenir un carcan, la priorité des énarques pour les grandes entreprises, le mépris pour les commerçants, les restaurateurs, les bouchers, etc. le petit commerce taxé de "poujadiste". Mot horrible... et la volonté affichée que 80% des lycéens obtiennent un baccalauréat, dévalorisé s'il le faut. C'est la fin de l'"apprentissage", des petits métiers méprisés, la mise en place du clientélisme et de l'immigration pour remplacer les postes du "quaternaire" devenus vacants...
Rideau est un condensé de cette traversée et la fin de la librairie de la mère, c'est la fin d'une époque, c'est aussi la porte ouverte sur la "retraite" qui est une petite mort pour une femme énergique, combative, créative, qui d'un seul coup se retrouve dans le silence, ayant perdu ce qui faisait sa vie, son rayonnement.
Un récit émouvant, empreint de regret, de remords... La France d'aujourd'hui ne paie-t-elle pas d'une crise sans précédent l'aveuglement de ceux qui ont rompu avec le cercle vertueux des "Trente Glorieuses" et détruit les commerces de proximité ? L'arrogance de ceux qui arrivant au pouvoir en 1981 proclamaient que la France passait des ténèbres à la lumière ?
Un livre qui donne à réfléchir.
Saluons le courage de l'éditeur qui l'a publié.
15/20
Hermès

BERNARD GRASSET ne publiera pas "La vie de Milley Brose"

Les Editions Bernard Grasset n'ont pas lu le manuscrit de LA VIE DE MILLEY BROSE, l'ayant reçu le vendredi 29 mars (week-end de Pâques)  et ayant posté la lettre de refus le 3 avril, soit 48 heures ouvrables après...  Un texte peut-être "feuilleté à la va vite" et jugé "Trop littéraire" suivant les informations sur l'édition transmises par Pia Petersen auteur d' "Un écrivain,un vrai" ? ou, cela paraît plus probable,  pas ouvert du tout et rejeté ipso facto. De toutes façons c'est une vraie défaite de la pensée éditoriale et un acte vulgaire. De lecture = néant, de Comité de lecture = double néant.  
Hermès

Nouveauté: Ne lâchons rien ! de Edouard Martin, Essai politique, Cherche-Midi Edit. 2013, 11€ - INTERVIEW CHEZ LAURENT RUQUIER ONPC

Pour la première fois, le délégué syndical CFDT accepte de dévoiler les coulisses de sa lutte. Ses rencontres avec Nicolas Sarkozy, ses entretiens avec Arnaud Montebourg, ses rendez-vous téléphoniques avec Jean-Marc Ayrault et, en toile de fond, le malaise qu'a généré l'accord signé par le gouvernement avec Lakshmi Mittal :


"Point de départ, 24 février 2011. Le candidat Hollande se rend à Florange, monté sur une estafette, il jure de tenir ses engagements. "Oui, il voulait tenir sa promesse, mais il se réserve toujours de changer de pied au dernier moment." Samedi soir, les mots d'Édouard Martin ont pris une résonance qui ne cessait de nous ramener, presque tragiquement, au contexte actuel. "Les politiques ne nous proposent que des prises de parole embarrassées." Il rend justice à Arnaud Montebourg : "Il a fait le job", et à Harlem Désir d'une façon moins flatteuse : "Quand il m'a reçu, j'ai réalisé que le numéro un du parti au pouvoir n'a même pas lu le dossier Florange. J'ai eu l'impression de me retrouver face à un chargé de la communication de la politique gouvernementale. Il est plat à mourir d'ennui."

"François Hollande peut se souvenir des promesses qu'il a faites"

Édouard Martin est le pourfendeur des illusions perdues. Embauché à 18 ans à Florange, "pendant trois ans, je suis un robot. Je fais mon job, je ne l'ouvre pas", il observe. Après, il est élu délégué à la coulée continue et commence à être le porte-parole de ceux qui restent dans l'ombre, de l'ouvrier à l'ingénieur. "Pour être syndicaliste, il faut être irréprochable" (et pour être ministre ?).
Il a maintenant 48 ans. Il ne cessera pas le combat, il y a consacré sa vie. Quarante cigarettes par jour et cinq heures de sommeil par nuit. Les métallurgistes ne baissent pas les bras, ils espèrent toujours sauver leur usine, qui fait vivre trois mille familles. "Rien n'est encore perdu à Florange. François Hollande peut se souvenir des promesses qu'il a faites. J'ai la faiblesse de croire qu'il est honnête. Mais certains élus ont peur d'exercer le pouvoir qu'ils détiennent. Nous avons fait des grèves, des blocages, des marches, mais rien n'a fait peur aux élus. On nous dit : l'acier, c'est fini, l'industrie, c'est ringard. Mais tout le monde a un frigo, un lave-vaisselle. Tout cela, c'est made in Florange. Est-ce que l'Europe veut être dépendante de son acier ? Va-t-on accepter que Mittal aille produire en Inde, en Chine, pour ensuite vendre son acier à l'Europe ?" 
Ses voeux de lutte pour 2013 portaient un appel aux citoyens à se battre contre un système qui s'autodétruit. Avec Ne lâchons rien, il devient le symbole de la résistance au saccage social par la finance internationale. Certains membres du gouvernement vont avoir des problèmes de conscience quand ils liront ce livre. Il y dénonce aussi leur manque de courage politique. "La seule solution serait que des gens comme nous disent qu'ils en ont marre et se présentent aux élections. Mais il n'y a encore jamais eu d'ouvrier à l'Assemblée nationale." Et s'il devenait le premier, malgré son handicap de ne pas savoir parler la langue de bois ?" .
Note Editeur et  Propos recueillis par Claire Gallois- le Point-.

dimanche 7 avril 2013

A propos du style...


«La douceur des choses»

Arnaud Le Guern.
Arnaud Le Guern. Crédits photo : DR
«De Gaulle, qui aimait le champagne de la maison Drappier et BB dans l'œil de Vadim, n'en reviendrait pas. Il s'agit aujourd'hui, en France, d'être “ normal ”. Surtout pas de flamboyance ni d'excès quel que soit le domaine: politique, vie quotidienne, art. Le cinéma nous raconte rien sur presque tout. La musique télé-crochette. La littérature? Une pincée d'Hessel et une infusion de Delacourt avec, entre les deux, Angot pour rigoler. Si le style français - alliage de légèreté, de panache et de mélancolie - a du plomb dans l'aile, il ne lâche pourtant pas prise. Au hasard d'une rediffusion dePlein soleil, Alain Delon et Maurice Ronet rivalisent d'ivresse farceuse dans les rues de Rome. Ailleurs, en bord de mer, une jeune fille ouvre un roman dont la première phrase tient au cœur: “ Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. ”.Les mots et les héroïnes de Françoise Sagan, blondes comme Caroline Chérie ou brunes telle une apparition d'été dans un film de Rohmer nous incitent à prendre garde à la douceur des choses. On se croirait dans un poème de Toulet ou de Pierre de Régnier: petits luxes, éclats d'âme et volupté. Les grands vivants ne meurent jamais, comme le style français qui, définitivement, ne se conjugue pas au passé. La preuve? L'exquise silhouette belge de Virginie Efira, les entrechats d'Aurélie Dupont, un roman mexicain de Patrick Besson: Puta Madre...»
Arnaud Le Guern, essayiste et écrivain: Dernier ouvrage paru:Une âme damnée: Paul Gégauff(Pierre Guillaume de Roux)

Arthur Dreyfus.«Prendre le temps de dire»


Arthur Dreyfus, écrivain, comédien et scénariste. Dernier ouvrage paru:Belle famille(Gallimard).
«Attribuer une nationalité à un style, c'est renier la belle idée d'une diaspora miraculeuse, dépourvue d'histoire officielle, de morphotype, de références ou de langage communs, qui serait celle des écrivains. D'un bout à l'autre du monde, une page (la première) suffit à l'écrivain pour reconnaître un de ses pairs. C'est quelque chose qui accroche, qui a un goût: une absence de tain, la négation du regard fixe sur les choses. Si cette négation rassemble les livres qui comptent, c'est peut-être sa cadence qui varie d'une culture à l'autre: une identité, c'est un rapport au temps. En France, au creux du Vieux Continent, nous prenons celui de dire les choses. Les écrivains que j'aime ne “ racontent ” pas: à la lettre ils s'expriment. De Renard à Montherlant, de Stendhal à Guitry, de Molière à Guibert, de Villon à Proust, il semble que leur fin, en dépit des moyens multiples, reste la même: dire le mieux qui nous sommes. Ce n'est pas un hasard si nos grands auteurs sont aussi, ou d'abord, des mémorialistes: se photographier par le texte, c'est échouer à considérer l'écriture comme un simple outil. Moins qu'une manière de dire, le style français dit sa manière. Notre langue compte peu de mots, sa syntaxe se fige aisément: la maîtriser n'équivaut guère à la gravir, mais à l'attaquer - tout en adorant ses contraintes. Et comme le Français n'est pas simple (sinon, que dirait-il en se disant?), on prendra soin, bien sûr, de mépriser l'écrivain qui “ fait du style ”.»
Cf.Le Figaro du jour

samedi 6 avril 2013

Nouveauté : Le "Dictionnaire des mots oubliés" de Alain Duchesne et Thierry Leguay. Larousse Editions - 2013



« Dictionnaire des mots oubliés », d’Alain Duchesne et Thierry Leguay, éd. Larousse, janvier 2Plus de 250 pages de mots et de gravures où l’on apprend qu’« emberlucoquer » signifie séduire en usant de ruse, que la politicomanie est un vilain défaut, qu’entrejambe peut se dire « entrefesson »...etite sélection.
Sélection de mots oubliés du dictionnaire par Elodie Barakat (Rue 89)
1. « Cet abuseur s’est accointé de celle que j’aime. Les rodomonts dans son genre me férocisent ! »
(Ce baratineur a serré la fille que je kiffe. Ça m’énerve les mecs qui se la racontent comme ça !)
  • Abuseur n.m. Celui qui trompe, qui séduit.
  • S’accointer v. Se lier.
  • Rodomont n.m. Fanfaron qui vante sa bravoure pour se faire valoir et se faire craindre.
  • Férociser v. Rendre féroce.
2. « Allons croustiller à l’évent, puis hâtons-nous d’assouvir ma postéromanie. »
(On pique-nique rapido, puis on file faire des bébés.)
  • Croustiller v. Manger léger, grignoter.
  • Event n.m. Au grand air. Avoir la tête à l’évent : être très étourdi.
  • Postéromanie n.f. Envie d’avoir des descendants.
3. « Avec mon menu frusquin, je n’ai pu lui offrir plus qu’une happelourde... »
(J’ai pas un rond, alors je lui ai offert un truc en toc...)
  • Frusquin n.m Ce qu’on a d’argent.
  • Happelourde n.f. Fausse pierre, qui a l’apparence d’une pierre précieuse.
4. « Tous ces pantophiles me laissent recru. Je rêve d’un peu de bonace, de me rasséréner un peu. »
(Ras-le-bol de tous ces enthousiastes. J’aimerais bien du calme, me détendre un peu.)
  • Pantophile n.m. Celui qui aime tout.
  • Recru,e adj. Excédé de fatigue.
  • Bonace n.f. Etat de la mer pendant un calme plat. Tranquillité, repos.
  • Se rasséréner v. Devenir serein.


5. « Trêve d’acagnardage, tu me canules. »
(Arrête de glander, tu me fous le « seum » !)
  • S’acagnarder v. Paresser, mener une vie obscure et fainéante.
  • Canuler v. Obséder, importuner.
6. « Certes rafalé, ce n’est pas une raison pour jouer les prône-misère. »
(Il a galéré, c’est vrai, mais ce n’est pas une raison pour se plaindre tout le temps.)
  • Rafalé, e adj. Qui a subi des revers de fortune.
  • Prône-misère n.m. Qui se plaint continuellement.
7. « Je te contre-aime. »
(Je t’aime aussi.)
  • Contre-aimer v. Aimer en retour.
8. « C’est un tendron valétudinaire, mais qui ne manque pas de sémillance. »
(Elle n’a jamais la patate, mais au moins elle a de la jugeote.)
  • Tendron n.m. Jeune fille.
  • Valétudinaire adj. Qui est souvent malade.
  • Sémillance n.f. Vivacité d’esprit.
9. « Les demi-passions me contristent. Mon acédie est croissante. »
(Les histoires sans lendemain me font « bader ». Plus ça va, plus j’ai la flemme.)
  • Demi-passion n.f. Passion sans force et sans durée.
  • Contrister v. Causer une tristesse profonde.
  • Acédie n.f. Apathie, absence de désir, affaissement de la volonté.
10. « Je me suis éveillé sans remembrance aucune et tout déparpaillé. Je devais être sacrément imbriaque. Quand j’ai vu le regard de ma femme, j’ai compris que j’étais dans le margouillis. »
(Black out total. Je me suis réveillé tout débraillé. Je devais être complètement bourré. Quand j’ai vu la tête de ma femme, j’ai compris que j’étais dans la m****.)
  • Remembrance n.f. Souvenir.
  • Imbriaque adj. Ivre, fou, stupide.
  • Déparpaillé adj. Négligé, débraillé.
  • Margouillis n.m. Embarras.
11. « J’étais éplapourdie de voir ce muche s’assoter d’une appareilleuse pareille. »
(J’étais choquée de voir ce petit gars timide en pincer pour cette chagasse.)
  • Eplapourdi, ie adj. : Etonné, stupéfait.
  • Muche n.m. Jeune homme timide.
  • S’assoter v. S’amouracher.
  • Appareilleuse n.f. péjoratif. Femme qui s’entremet dans de mauvais commerces d’amour.
12. « Un paltoquet qui, non content d’être un véritable croque-lardon mâche dru ! »
(Ce mec est une vraie plaie ! Non seulement il se tape l’incruste, mais en plus il dégomme tout.)
  • Paltoquet n.m. Homme grossier, sans mérite, prétentieux.
  • Croque-lardon n.m. Parasite, personne qui cherche des invitations à dîner.
  • Mâche-dru n.m. Gros mangeur"
  • Sélection établi par Elodie Barakat - Journaliste - Rue 89