dimanche 14 avril 2013

Acharnement, de Mathieu Larnaudie, roman, Actes-Sud Edit. 206p. 2012 - 19€

Ce livre porte bien son titre ACHARNEMENT ! Acharnement à bien écrire le français, à présenter une copie remplie de mots savants, d'imparfaits et de plus-que-parfaits du subjonctif, de tournures précieuses, de recherches savantes sur l'action, la pensée, avec en arrière plan une attitude dédaigneuse de l'écrivain pour son "héros" et les personnages de son histoire. C'est qu'il s'agit d'une "plume" au rencart, d'un auteur enfumé entre ses verres de Chartreuse, ses bouquins étalés, son perchoir où il récite les discours qu'il mijote, à la manière du "gueuloir" de Flaubert... mais lui, c'est pour "placer" ses discours fictifs puisqu'il n'assiste plus son ministre Gonthier tombé dans les limbes de l'échec politique, mais se remémore des pleutreries d'hypocrisie carriériste, perdu dans sa propriété située au pied d'un viaduc, d'une falaise, on ne sait trop, et d'où pleuvent des gens qui se suicident, s'accidentent dans des chutes à l'élastique, bref d'allers et venues de gendarmes, de son jardinier Marceau, d'emmerdeurs familiaux, de fleurs fanées, de larmes stupides etc. Le tout en chapitres qui passent du "Je" qui raconte au "Il" de la troisième personne... coquetterie d'auteur qui veut démontrer son savoir-écrire...
L'"Acharnement est une tentative du "bien écrire" français, d'aller à contre-courant de la mode actuelle, pédagogique, scolaire, universitaire, Fleuve Noir, éditeurs des V° et VI° arrondissements de Paris, journalistique, etc., une espèce de "leçon" de grammaire, d'orthographe, de syntaxe, à travers 206 pages bien présentées, propres, d'un roman anodin creusé à l'infini dans ses méandres, où l'auteur flingue des expressions toutes faites, et parfois dérape vers le trivial, le vulgaire, sur un mot, sur une chute de phrase.
Mais la tentative est louable : sortir des sentiers battus de l'effondrement linguistique. C'est une littérature de combat, de respiration dans l'étouffoir éditorial, avec un arrière plan hautain, un ton snob.
Pour le ministre Gonthier du roman pas besoin d'aller loin, il s'étale à toutes les pages de nos journaux, d'Internet, de Twitter, de Face Book...
16/20
Hermès

Aucun commentaire: