dimanche 14 avril 2013

BELMONDO, BEBEL 80 ans ! et le film qui l'a lancé : "A BOUT DE SOUFFLE", de Jean-Luc Godard...

Il y a eu vraiment un coup de tonnerre dans le cinéma français le 16 mars 1960, quand le petit cinéma des Champs-Elysées, le Lord-Byron, a programmé "A bout de souffle" de Jean-Luc Godard. Rompant avec le ron-ron habituel du cinéma français un film initié par un jeune homme, ayant comme acteurs de jeunes inconnus, avec un directeur de la photographie venant des films d'Actualités, qui avait couvert des scènes de guerre en Indochine, Raoul Coutard, faisait un grand succès... ! La jeunesse cette année-là découvrait le Golfe-Drouot et Johnny Halliday... et venait de découvrir l'acteur fétiche des décennies qui commençaient : Jean-Paul Belmondo. Qu'est-ce qui a plu ? Qu'est-ce qui a été innovant ? D'abord le je m'en-foutisme du tournage, une chaise à roulette médicale pour Raoul Coutard pour les travellings, au lieu des rails, puis le Caméflex léger et bruyant, mais simple à manier, ensuite un acteur décontracté, en plein dans sa jeunesse, se moquant des leçons de comédie ou des obligations gestuelles style Comédie française ou cinéma à papa, virevoltant, sautant sur un lit, et cerise sur le gâteau un dialogue en plein dans la réalité de la jeunesse et de la vie avec des "je t'emmerde" etc. Ce n'était plus le cinéma arrangé, figé comme celui de Marcel Carné des "Tricheurs", c'était un cinéma "libre", sans convention, sinon celle de marcher en plein dans son époque de jeunesse, sans s'embarrasser des décors fabriqués, des acteurs connus... Déjà Claude Chabrol avait tenté le coup avec "Le Beau Serge", "les Cousins" et moi-même avec "Les Nymphettes", mais bloqués par les obligations édictées par le Centre National de la Cinématographie, la liberté ne fut pas totale... Il faut souligner que le premier film de Jacques Tati "Jour de fête" a aussi été tourné avec une équipe légère.
Le succès de "A bout de souffle" est d'avoir rompu avec les dialogues policés, affinés, et d'être rentré ex-abrupto dans le dialogue vivant, fort, grossier, un langage qui a frappé les spectateurs surpris, comme ils seront surpris plus tard par le langage des "Valseuses" de Gérard Depardieu.

Note de mon Journal : "Il faut faire vrai car le cinéma c'est du vécu. Donner l'impression d'une unité absolue. Refus de la dramatisation chez Jean Renoir, style à la "Mauriac" en liant le décors aux personnages et au sujet. De toute façon il faut essayer de sortir du "cinéma "jeu",du cinéma "acteurs".  Les"Nymphettes" et "Tarass Boulba" ont emprunté la voie "narrative" et non celle de la "découverte" par un style choc de"reportage". Le succès de J.L.Godard avec Raoul Coutard sur sa chaise roulante, caméra à la main, dans "A Bout de Souffle". J'avais besoin d'apprendre ce métier. Le film doit être "dépouillé" simple, clair et direct, le style au cinéma est fondamental. (Grossièreté plaquée des dialogues d'"A Bout de Souffle" fait partie de la vitalité des personnages comme dans les dialogues fabriqués de Michel Audiard.
Henry Zaphiratos

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