mardi 9 avril 2013

Nouveauté: Ne lâchons rien ! de Edouard Martin, Essai politique, Cherche-Midi Edit. 2013, 11€ - INTERVIEW CHEZ LAURENT RUQUIER ONPC

Pour la première fois, le délégué syndical CFDT accepte de dévoiler les coulisses de sa lutte. Ses rencontres avec Nicolas Sarkozy, ses entretiens avec Arnaud Montebourg, ses rendez-vous téléphoniques avec Jean-Marc Ayrault et, en toile de fond, le malaise qu'a généré l'accord signé par le gouvernement avec Lakshmi Mittal :


"Point de départ, 24 février 2011. Le candidat Hollande se rend à Florange, monté sur une estafette, il jure de tenir ses engagements. "Oui, il voulait tenir sa promesse, mais il se réserve toujours de changer de pied au dernier moment." Samedi soir, les mots d'Édouard Martin ont pris une résonance qui ne cessait de nous ramener, presque tragiquement, au contexte actuel. "Les politiques ne nous proposent que des prises de parole embarrassées." Il rend justice à Arnaud Montebourg : "Il a fait le job", et à Harlem Désir d'une façon moins flatteuse : "Quand il m'a reçu, j'ai réalisé que le numéro un du parti au pouvoir n'a même pas lu le dossier Florange. J'ai eu l'impression de me retrouver face à un chargé de la communication de la politique gouvernementale. Il est plat à mourir d'ennui."

"François Hollande peut se souvenir des promesses qu'il a faites"

Édouard Martin est le pourfendeur des illusions perdues. Embauché à 18 ans à Florange, "pendant trois ans, je suis un robot. Je fais mon job, je ne l'ouvre pas", il observe. Après, il est élu délégué à la coulée continue et commence à être le porte-parole de ceux qui restent dans l'ombre, de l'ouvrier à l'ingénieur. "Pour être syndicaliste, il faut être irréprochable" (et pour être ministre ?).
Il a maintenant 48 ans. Il ne cessera pas le combat, il y a consacré sa vie. Quarante cigarettes par jour et cinq heures de sommeil par nuit. Les métallurgistes ne baissent pas les bras, ils espèrent toujours sauver leur usine, qui fait vivre trois mille familles. "Rien n'est encore perdu à Florange. François Hollande peut se souvenir des promesses qu'il a faites. J'ai la faiblesse de croire qu'il est honnête. Mais certains élus ont peur d'exercer le pouvoir qu'ils détiennent. Nous avons fait des grèves, des blocages, des marches, mais rien n'a fait peur aux élus. On nous dit : l'acier, c'est fini, l'industrie, c'est ringard. Mais tout le monde a un frigo, un lave-vaisselle. Tout cela, c'est made in Florange. Est-ce que l'Europe veut être dépendante de son acier ? Va-t-on accepter que Mittal aille produire en Inde, en Chine, pour ensuite vendre son acier à l'Europe ?" 
Ses voeux de lutte pour 2013 portaient un appel aux citoyens à se battre contre un système qui s'autodétruit. Avec Ne lâchons rien, il devient le symbole de la résistance au saccage social par la finance internationale. Certains membres du gouvernement vont avoir des problèmes de conscience quand ils liront ce livre. Il y dénonce aussi leur manque de courage politique. "La seule solution serait que des gens comme nous disent qu'ils en ont marre et se présentent aux élections. Mais il n'y a encore jamais eu d'ouvrier à l'Assemblée nationale." Et s'il devenait le premier, malgré son handicap de ne pas savoir parler la langue de bois ?" .
Note Editeur et  Propos recueillis par Claire Gallois- le Point-.

Aucun commentaire: