mardi 9 avril 2013

RIDEAU de Ludovic Zékian - récit, Phoebus Editions 2013 128p. 11€

Le livre du fossé qui a séparé le peuple du "petit commerce" de proximité, une maison de la Presse à La-Tour-du-Pin, et le peuple des fonctionnaires. Les uns livrés au combat de la vie, sans filet, avec tous les risques, mais la liberté de créer, et les autres dans la sécurité de l'emploi, le statut, la tranquillité, et se "serrage de fesses" aux ordres des supérieurs, qui eux ont des supérieurs etc. Ludovic Zékian dans ce petit bouquin rend hommage à ses parents et surtout à sa mère, qui a créé cette librairie-presse dans le centre d'une petite ville, et qui a combattu vaillamment pour faire triompher son sens du contact, du service, et de l'amour qu'elle avait pour les écrits. Le fils lui, a subi une sorte de "mépris" de ceux qui ont le "savoir" et qui croient que les autres, ceux qui sont dans le "petit" commerce sont des ignares... Il choisit la voie du fonctionnariat, et voit sa mère se débattre dans les difficultés venant de l'apparition des grandes surfaces, du changement des mentalités. Des "Trente Glorieuses" de 1945 à 1980 la France passe aux années socialistes-mitterrandiennes avec la mise en place d'une "noblesse nomenklaturiste" de Gauche, "l'augmentation des fonctionnaires, l'enfermement dans la Dette qui va devenir un carcan, la priorité des énarques pour les grandes entreprises, le mépris pour les commerçants, les restaurateurs, les bouchers, etc. le petit commerce taxé de "poujadiste". Mot horrible... et la volonté affichée que 80% des lycéens obtiennent un baccalauréat, dévalorisé s'il le faut. C'est la fin de l'"apprentissage", des petits métiers méprisés, la mise en place du clientélisme et de l'immigration pour remplacer les postes du "quaternaire" devenus vacants...
Rideau est un condensé de cette traversée et la fin de la librairie de la mère, c'est la fin d'une époque, c'est aussi la porte ouverte sur la "retraite" qui est une petite mort pour une femme énergique, combative, créative, qui d'un seul coup se retrouve dans le silence, ayant perdu ce qui faisait sa vie, son rayonnement.
Un récit émouvant, empreint de regret, de remords... La France d'aujourd'hui ne paie-t-elle pas d'une crise sans précédent l'aveuglement de ceux qui ont rompu avec le cercle vertueux des "Trente Glorieuses" et détruit les commerces de proximité ? L'arrogance de ceux qui arrivant au pouvoir en 1981 proclamaient que la France passait des ténèbres à la lumière ?
Un livre qui donne à réfléchir.
Saluons le courage de l'éditeur qui l'a publié.
15/20
Hermès

2 commentaires:

Albino a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Albino a dit…

Quelle critique fourre-tout où se mêlent une vague critique du livre, beaucoup d'interprétations, et surtout une flopée de critiques personnelles. Je vous cite :
"les autres (fonctionnaires)dans la sécurité de l'emploi, le statut, la tranquillité, et se "serrage de fesses" aux ordres des supérieurs, qui eux ont des supérieurs etc .Des "Trente Glorieuses" de 1945 à 1980 la France passe aux années socialistes-mitterrandiennes avec la mise en place d'une "noblesse nomenklaturiste" de Gauche, "l'augmentation des fonctionnaires, l'enfermement dans la Dette qui va devenir un carcan". Ne seriez-vous pas (au minimum) de droite, et contre les fonctionnaires, par hasard?