lundi 22 juin 2015

La fleur du capital, de Jean-Noël Orengo, roman, Grasset, 766p. 24€ 2015

Un texte répétitif, soûlant à la longue avec son dégoulis de coïts et de sperme. Une sorte de documentaire en 766p. sur ce qu'est Pattaya, le Siam du cul et des bordels, nés de l'inexistence du "péché" de fornication dans la religion bouddhiste, de la liberté sexuel des peuples de l'Asie du Sud-Est et du Pacifique, de la volonté de faire du fric à tout prix,.Le sexe, depuis le roman "Emmanuelle" d'Emmanuelle Arsan a révélé Bangkok et l'Asie du Sud-Est aux Occidentaux. Ceux-ci l'ont aussi découvert à travers les guerres, celle du Viêtnam pour les GI Américains, guerre d'Indochine pour les Français. A Saïgon existait le grand Parc-aux-Buffles, le plus grand bordel du "Grand Monde" dans les années 1952/53 .Ce bouquin ne fait rien découvrir qu'on ne sache par la TV. SEX & SUN tarifés, gogotés, par des femmes, des trans,etc. redoutables pour leur rapacité, et qui sont super heureux de drainer ainsi les capitaux vers leurs poches. Cul en long, en large ou en travers, il y en a de tout pour attirer ceux qui le veulent dans tous ses états, fellation, sodomie etc. en plus du soleil, et de la tendresse tarifée... Le bouquin à part les 40 premières pages est lourdingue, et les personnages trop interchangeables sous des noms différents. Le style en est banal. Cependant on peut y voir comme un constat politique et sociologique avec la fuite de jeunes hommes vers ce monde végétal, aux eaux chaudes, aux moeurs faciles, à la vie peu chère, sans hiver, un monde qu'ils se figurent "paradisiaque", et de leur désintérêt ou leur peur du monde occidental qu'ils abandonnent, monde de restrictions, de difficultés financières, politiques, de diktats, de contrôles, où les puissants ont tout, et le reste, peu avec l'insécurité, et souvent le chômage, la solitude. Si en plus la tendresse féminine s'y estompe devant des femmes-masculines, des femmes qui ont pris le pouvoir, à tous les échelons de la société, où l'homme est livré à son silence, ses frustrations sexuelles, à la docilité, on comprend l'"évasion" de certains hommes de France, d'Allemagne, d'Australie, des Etats-Unis etc. vers ce monde où tout semble plus facile, "soft", où les femmes, les hommes, les trans vous tendent les bras pour quelques baths, où on peut se loger, manger, vivre pour peu, où le sourire est le masque de tous les instants, où les lois sont plus douces, plus accommodantes sous le regard compatissant des bouddhas, où le sexe est disponible dans tous ses états, à toute heure.
Vu sous cet angle, le livre de Jean-Noël Orengo est un constat assez terrible de cet inassouvissement de sexe, de cet in-tranquillité que l'Occident secrète, malgré toutes les libérations sexuelles, car la tendresse, la disponibilité, l'amour y semblent avoir disparu.
Les romans de sexe ou autour du sexe font aux USA, en Europe,etc. des ventes extraordinaires, or 80% des acheteurs sont des femmes... Elles rêvent d'hommes riches, érotiques, pervers, masos etc. Idéaux que les jeunes hommes "Jeunes hommes sans importance" car entrant dans la vie, ne peuvent leur offrir pour ce qui est du fric... Ce livre peut être ainsi compris comme une sorte de relation sur la fuite de certains hommes... vers un monde plus accueillant, dans une cité lupanar.
Il faut ajouter que le charme du Siam vient aussi du fait que son peuple n'a aucun complexe vis à vis de l'étranger, car il ne fut jamais "colonisé". Ni l'Angleterre, ni la France, ni les Etats-Unis ne s'y sont installés. Les seuls contacts avec l'Europe, fut l'ambassade que Louis XIV envoya au Siam, à Ayuthia, capitale alors du royaume, ambassade menée par un abbé de Cour, l'Abbé de Choisy, qui rencontra le roi et son premier ministre, un Grec, nommé Falcon, premier ministre qui sera d'ailleurs exécuté écrasé par un éléphant au moment de la mort du roi. Ce même roi envoya une ambassade extraordinaire à Versailles, qui lança la mode de l'Asie en France... Rappelons que Bangkok était alors une petite ville qui fut fortifiée par des militaires français restés au service du Siam.
Pour l'anecdote rappelons que l'Abbé de Choisy s'habillait souvent en femme... Un trans ?

Hermès

samedi 20 juin 2015

Révolte de la jeunesse : Ethel-Milley-Archie-Rudy... Extrait de "Un jeune homme sans importance"

"Les émeutes de la Sorbonne. Ethel…  Je lui prends la main. Nous courons vers Saint-Michel. Des CRS bloquent le boulevard vers la Seine. Nous remontons l’avenue, et nous nous mêlons aux étudiants qui forment des groupes de discussion, échangent des nouvelles sur les événements de la veille.  Dans la cour de la Sorbonne le désordre est total. On campe, on rit, on drague. Je suis heureux, je suis entré dans ce temple. Des banderoles : « L’imagination au pouvoir », « CRS=SS », « Il est interdit d’interdire ! ». Je serre la main d’Ethel. Elle est frémissante. Mais déjà elle est happée par un groupe de filles. Elles lui font signer une pétition. Je l’entraîne dans l’amphithéâtre. C’est la première fois. Je suis saisi. Cette rotonde, cette foule en délire, qui crie, proclame, dans un brouhaha de joie libérée ! Je suis pris par cette frénésie, j’embrasse Ethel. Elle me sourit, je la prends par la taille. Je la sens se serrer contre moi. Elle est joyeuse. Nous traversons la foule qui crie : « À l’Odéon ! » Nous y courons. Ce sont les vacances ! Nous sommes ivres, ivres de liberté. Il y a des gars et des filles partout, sur le boulevard, dans les rues, qui rient, discutent. Tout a changé ! La ville n’est plus la même. Plus de voitures, plus de bus, les rues jonchées de journaux, de proclamations. Nous entrons dans l’Odéon. Jean-Louis Barrault est debout dans le hall, il regarde notre horde déferler, déboussolé, happant des mains qui se tendent, son visage parcouru d’un rictus nerveux. Nous passons près de lui. Je suis surpris qu’il soit si petit, si fluet. Il m’avait paru grand lorsque je l’avais vu sur la scène de…. Délicate balance, la pièce d’Albee…

Le père d’Ethel nous reçoit avec stupéfaction et colère.
- Comment pouvez-vous avoir abandonné vos cours ?
Il s’exprime avec véhémence, et son fort accent étranger jaillit du fond de son cœur, dans une voix gutturale, caverneuse. Ses mots grondent avec la force d’un lointain tonnerre.
- Les Français sont devenus fous ! Ma voiture a été bloquée au Cour la Reine, et j’ai vu des ombres innombrables courir à travers les arbres, vers les Champs Elysées. Que veulent-ils? 
- La Révolution, papa. 
Elle a dit cela d’une voix forte, comme prête à l’orage.
Il sursaute.
- Est-ce possible que tu puisses dire cela ? La révolution, mais cela serait terrible ! Nous en sortons. Toute l’Europe en sort, et tu voudrais remettre cela ? Des millions de morts ?
Il lui parle comme si elle représente la masse informe des manifestants qu’il a croisée. À travers elle il voit les milliers de pieds qui s’entremêlaient et couraient dans une même direction : le Pouvoir.
- Et vous, jeune homme ? 
Je le regarde, désemparé. Je ne sais quoi dire devant cette colère. Je balbutie quelques phrases qui racontent ce que nous avons vu, et dis que ce n’est qu’une sorte de fête de jeunes.
- De jeunes ? 
Il bondit. Fait de grands pas dans le salon, puis s’arrête pile devant moi :
- Toutes les révolutions viennent de la jeunesse. Une jeunesse irréfléchie qui veut le changement pour le changement, et qui chamboule tout. Ça commence par des chansons, Camille Desmoulins, Chénier, et ça se termine avec Saint-Just, Robespierre, Lénine, Staline, Ceaucescu, et des guerres ! On ne vous apprend pas tout ça à l’école, au lycée, à l’université ? Qu’est-ce que l’on vous apprend alors ? C’est le b.a. ba de la vie.
- Mais papa, ce n’est pas ce que tu crois. 
Ethel m’étonne, elle est très calme, sa voix est douce :
- Ce n’est pas une révolution comme celles-là, non, non, c’est pour plus de liberté pour les jeunes. Tu te rends compte qu’à Nanterre,  ils n’avaient pas le droit de se réunir dans les chambres pour discuter, que les filles étaient à part, les garçons à part ? 
- Et alors ? Mais le monde a fonctionné comme cela depuis toujours…Vous voulez vous réunir pour coucher, c’est ça ? »
- Pourquoi dis-tu cela ? Les étudiants d’aujourd’hui ne veulent plus de ce vieux système. »
- Alors c’est pour ça, qu’ils font la révolution ? »
- Papa, ça, et pour bien d’autres choses.
Monsieur Sthal se laisse tomber dans un fauteuil, accablé.
- J’ai fui les massacres de Bessarabie où tous tes grands-parents ont été assassinés. Enfant, j’ai traversé toute l’Europe pour me réfugier dans ce pays, et maintenant, toi, Ethel, ma fille, tu me parles comme ça ? Tu m’annonces que la jeunesse française n’est pas heureuse, que tous les sacrifices pour la liberté n’ont servi à rien, que tout va recommencer avec l’anarchie ? 
- Mais non papa. Nous voulons aussi un autre monde. 
La sonnerie du téléphone retentit. Monsieur Sthal arrache le combiné.
- Oui, Bertrand, c’est moi ! dit-il en comprimant son exaspération.
Je fais signe à Ethel qu’il vaut mieux que nous déguerpissions. J’en ai marre d’entendre les gémissements de son père. Nous ne sommes pas des bolcheviks. Nous voulons la liberté, la vraie liberté pour notre jeunesse ! Et les vieux ne comprennent rien. Ils nous envoient des CRS. J’entends à mon oreille « CRS-SS ». Je regarde monsieur Sthal  parlant d’une voix sourde au téléphone.
Il a raison, tout va péter !
- Ecoute Europe 1 ! C’est la CGT maintenant qui se met dans la danse, m’annonce Bertrand,  s’exclame son père en raccrochant.
Nous courons sur le boulevard Malesherbes, vers la Madeleine et la rive gauche, nous avons hâte de nous retrouver entre nous. Nous croisons des CRS sur le pont de la Concorde. Ils nous observent, l’œil méfiant.
Tout est d’un calme ! Un calme d’avant tempête.
Archie est rivé à son transistor.
- Nanterre, Assas, Jussieu, ça barde partout. On va tout foutre en l’air, c’est la révolution prolétarienne ! Vive la fin du capitalisme ! Vive Mao ! Vive le petit livre rouge ! 
Il est blême de joie. Son visage émacié fulmine de bonheur.
Nous courons avec lui à la réunion de Sartre. Des camions avec des étudiants, brandissant des drapeaux rouges et le poing, passent sous les fenêtres des bourgeois en chantant l’Internationale.
Pendant que Sartre, la lippe pendante sous sa cigarette, et le regard bigleux, discourt dans la grande salle, Ethel dévore Archie des yeux, moi, je n’existe plus. Avec sa petite barbe blonde, sa fine moustache, son nervosisme à la d’Artagnan révolutionnaire, il la fascine, je le vois bien. Je m’en fiche intellectuellement, mais j’aime pas ça. Elle va tomber dans un de ces amours minables qui ne m’intéressent pas. Une sorte de complicité dans le crime, dans la destruction, les rapproche. Je veux qu’elle reste elle-même. Ce qu’elle a sorti à son père était très bien, et je l’admire de foutre en l’air son monde, cette tendresse paternelle pour cette aventure qui est là, devant nous. Mais pas la folie bolchevik !

J’aime Ethel.
A travers les vapeurs des gaz lacrymogènes, belle, intrépide, elle passe des pavés que d’autres descellent dans la furie, à Archie. Elle va jusqu’au bout d’une logique à laquelle je n’adhère pas. Oui, pour notre liberté, mais non à cet enfermement dans un système. En courant je lui ai expliqué mes raisons, je lui ai dit que je me battais avec elle pour la libération de la femme, l’égalité des sexes, pour un autre monde, plus juste, tolérant, mais que c’était absurde de suivre les mots d’ordre de « La Cause du peuple », que c’était une dictature, celle d’un soi-disant prolétariat, que les gauchistes voulaient instaurer ; qu’il n’y avait qu’à voir ce qui se passait chez Mao, en Chine ! Rien n’y faisait. Archie, du haut de son aura héroïque, était le plus beau, le plus romantique des révolutionnaires. Elle respirait près de lui l’air des cimes. Elle revoyait la villa de Neuilly, les meubles Art-déco, les domestiques de ses parents, elle entendait la componction qui tombait des après-midi de thé, dans le salon de sa mère.
-C’est l’horreur ! me criait-elle, et elle ajoutait, méprisante :
- Il y a trop de choses dans ta caboche, tu réfléchis trop ! Nous devons raser le passé pour construire un monde nouveau ! Lis Marx, Lénine, « Le Deuxième sexe » ! 
 Je suis frappé de stupeur. En quelques jours, elle était devenue ça ! Une passionaria, une communarde ! 
Je l’ai traitée de « pétroleuse ! Elle a pouffé.
Je ne l’ai plus aimée. J’étais sur une rive, elle, sur une autre.
Elle est partie avec Archie distribuer des tracts. Moi, j’en prends une flopée, je les jette dans une bouche d’égout. Je n’aime pas les tracts. Je préfère la discussion. Parler face à face. Dire ce qu’on pense en faisant des efforts pour se maîtriser. Ce « maoïsme » ne me plaît pas. C’est un truc importé de Chine, avec à la tête, un dictateur sanguinaire ; comme si nous n’avions pas d’idées, une volonté de transformer l’avenir à notre façon, un génie de la Bastille ! Cela me hérisse de les voir brandir leurs journaux au milieu des discussions, des amours de rencontre. Près de la statue de Danton, je trouve Maurice Rosen. Avec sa grande dégaine, son regard heureux et affairé, il me  lance : « Je te vois plus tard, j’ai une touche », et il me désigne les deux filles aux cheveux blonds filasses, heureuses de vivre leur libération sexuelle au Quartier Latin avec ce grand gabarit. Elles m’adressent un sourire ravageur accompagné de quelque invite en anglais. Maurice me déçoit. Communiste enragé, je le voyais en première ligne présentant sa poitrine aux CRS. Et là ? Il cherche un coin tranquille pour baiser ! C’est vrai,  il  plaît aux filles avec sa dégaine d’ours. J’aurais voulu discuter avec lui, connaître ses sentiments sur ce qui se passe, mesurer son degré d’exaltation, lui, l’idéaliste qui, le cœur gonflé de certitudes, raconte la Révolution russe, le Che, Israël et les kibboutz, où il a servi pendant l’été dernier. Je suis sûr qu’il m’aurait comparé les émeutes actuelles à Octobre 17 à la prise du Palais de Saint-Pétersbourg !

Les grilles devant les cinémas ont été tirées. Devant l’un, rue de La Harpe, le film Les Idoles est affiché. Des enfants s’y pressent surpris par l’émeute. Un type entrouvre la grille les met à l’intérieur à l’abri pendant que des CRS chargent.
La radio annonce que le Festival de Cannes est interrompu. La Nouvelle vague menée par Truffaut, Malle, Godard, monte les marches et fait barrage aux projections. Tant pis pour « Les Gauloises bleues » de Cournot qu’on disait gagnant.

Ca y est, tout est bloqué. Les aéroports, les autoroutes, plus de kérosène, plus d’essence. Toute la province s’est arrêtée.
Le vide ! Des voitures en feu. Dany-le-Rouge et Archie se marrent. 
Une seule clameur : celle qui monte du Quartier Latin, portée par les radios. Elles annoncent que des camions d’étudiants, brandissant des bannières rouges, foncent vers les usines Renault de Boulogne-Billancourt pour une grande fraternisation avec les OS. Les ouvriers, eux, se seraient barricadés à l’intérieur sur ordre de la CGT.

De Gaulle a disparu.
La Gauche se rassemble à Charléty.   


Ethel me revient comme un échec. Je n’ai pas pu la convaincre. J’ai appris, bien plus tard que nous n’étions que des multiples, qui nous naissions et disparaissions à nous-mêmes, au fil du temps."
Extrait de Un jeune homme sans importance de H.T.Zaphiratos  -150p. 14€- HTZ-Athéna Edit. Librairies-Fnac-Amazon-Leclerc etc.

Message de Jean d'Ormesson...

"Qu'ai-je donc fait ? J'ai aimé l'eau, la lumière, le soleil, les matins d'été, les ports, la douceur du soir dans les collines et une foule de détails sans le moindre intérêt comme cet olivier très rond dont je me souviens encore dans la baie de Fethiye ou un escalier bleu et blanc flanqué de deux fontaines dans un village des Pouilles dont j'ai oublié le nom. Je ne regrette ni d'être venu ni de devoir repartir vers quelque chose d'inconnu dont personne, grâce à Dieu, n'a jamais pu rien savoir. J'ai trouvé la vie très belle et assez longue à mon goût. J'ai eu de la chance. Merci. J'ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. Pensez à moi de temps en temps. Saluez le monde pour moi quand je ne serai plus là. C'est une drôle de machine à faire verser des larmes de sang et à rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagné et je me dis, je me trompe peut-être, qu'il m'a donné - comme ça, pour rien, avec beaucoup de grâce et de bonne volonté - ce qu'il y a eu de meilleur de toute éternité : la vie d'un homme parmi les autres.
~ Jean d'Ormesson

John Salter : "l'incomparable goût de la France"...

"Ce qu'on n'écrit pas s'évanouit à jamais." disait John Salter-Horowitz qui vient de mourir à 90 ans, en faisant sa gymnastique... John Salter a fait la guerre de Corée(1951) dans l'aviation américaine, puis est entré en littérature en écrivant Pour la gloire un roman qui fut porté à l'écran avec Robert Mitchum dans le rôle principal, en 1958. Grand admirateur de la littérature française, il aimait Proust, Saint-Exupéry, et les grands auteurs américains comme Irwin Shaw et son Bal des maudits porté lui aussi au cinéma. Ses livres : Un bonheur parfait, Un sprint au printemps, Et rien d'autre ... sont considérés comme chefs d'oeuvre par les lecteurs américains qui en admirent le style et la pensée. 
"Il y avait tant de questions que l'on aurait voulu lui poser, les réponses avaient disparu." (Un bonheur parfait)
John Salter avait réalisé un film interprété par Charlotte Rampling en 1964. Avec sa femme il avait écrit un livre de cuisine que l'on peut traduire par "La vie ce sont des repas". 
Une oeuvre à relire ou à découvrir.
Dernier livre qui résume une somme de vie : Et rien d'autre... Editions de l'Olivier.(266p. 22€)
Hermès

vendredi 19 juin 2015

LIRE : Entretien de Michel Serres par Julien Bisson N° de juin 2015

Michel Serres de l'Académie française, philosophe et observateur de la société, vient de faire paraître son dernier opus "Le Gaucher boiteux" édition Le Pommier, dans lequel il livre l'ensemble de ses réflexions sur le monde actuel, les avancées de la technologie, les "Poucettes", les jeunes qui communiquent avec leurs pouces pour des sms ou des textos, et qui, peut-être, ne lisent pas, sinon des BD. Mais je connais un nombre considérable de gens "âgés" qui ne lisent pas, ou pour qui "lire" les fatigue, alors... De tous temps, de toutes les époques, ceux qui lisent ne forment qu'une frange de la société, et c'est normal, aujourd'hui, une petite frange de la société avec le développement des médias, des infos, des loisirs, un travail prenant etc.
Ce qui m'a gêné dans cet entretien, c'est que Michel Serres, qui est né en 1930 (il a 85 ans), n'avait que 9 ans au moment du déclenchement de la Seconde guerre mondiale en 1939, donc, en 1945, au moment d'Hiroshima-Nagasaki, les bombardements atomiques, il n'avait que 15 ans, et ne pouvait, à cet âge-là, être en "taupe", pour préparer l'Ecole navale, à moins qu'il fût un sur-doué et ait obtenu son deuxième baccalauréat  à cet âge-là. Ce qui laisserait à penser qu'il aurait passé son premier baccalauréat à 14 ans, en 1944.... Page 90 de Lire.
Il dit, dans cet entretien, avoir quitté l'Ecole navale pour faire de la philosophie à cause de la bombe atomique à 'Hiroshima et Nagasaki en 1945... ce qui semble de l'hagiographie personnelle, plus que de la vérité...
Extrait :
"...j'ai connu beaucoup de physiciens qui sont devenus des biologistes pour des raisons morales. Moi-même j'ai été très affecté, et j'ai quitté l'Ecole navale pour faire de la philosophie. Un peu comme un enfant d'Hiroshima." P.90.
Or in Wikipédia on lit ceci :
"D’origine gasconne, il entre à l’École navale en 1949 (à Brest), puis à l’École normale supérieure de la rue d'Ulm en 1952 (à Paris)(22ans), où il obtient l’agrégation de philosophie en 1955 (25ans). De 1956 à 1958, il sert dans la Marine française, et participe à l’expédition de Suez. En 1968, il obtient un doctorat ès lettres".

Ainsi, il est entré à l'Ecole Navale 4 ans après Hiroshima ! et a quitté l'Ecole Navale après 3 ans d'études pour Normale Sup. en 1952.

Ceci n'enlève rien à la pertinence de ses propos, mais gêne. 

Hermès

mercredi 17 juin 2015

Enjoy Marie, de Marie Lopez, Conseils pour ados, Anne Carrière Edit. 218p. 2015 15€

Un livre pour les ados, plébiscité par ceux-ci, par une jeune Youtubeuse qui met ses films de conseils sur YouTube, et a un million cinq cents mille fans qui la suivent. 200.000 ex. du livres ont été tirés, près de cent mille ont été vendus en une semaine. Un phénomène médiatique comme ceux des jeunes vedettes de la chanson... Des conseils gentils, amicaux dispensés par une charmante jeune fille de 19 ans qui est devenue la grande soeur conseillère pour d'innombrable jeunes.
Hermès 

mardi 16 juin 2015

Les Fleurs du mal, de Charles Baudelaire, Edition corrigée par lui-même, éditée par les Edit. des Saints-Pères-Paris

 En juillet 1857, Baudelaire écrit à sa mère: "On me refuse tout, l’esprit d’invention et même la connaissance de la langue française. Je me moque de tous ces imbéciles, et je sais que ce volume, avec ses qualités et ses défauts, fera son chemin dans la mémoire du public lettré, à côté des meilleures poésies de Victor Hugo, de Théophile Gautier et même de Byron."
Il avait écrit cela, car les critiques de l'époque, dont des écrivains, raillaient ses poèmes.
Hermès

vendredi 12 juin 2015

COSMOS de Michel Onfray, Essai philosophique, Flammarion Edit. 570p. 24€

Dans un style explicatif et démonstratif, Michel Onfray fait la somme de ses réflexions, de sa vie philosophique et personnelle, l'un se nourrissant de l'autre, dans ce livre qu'il considère comme l'aboutissement  de son oeuvre. Par la force de sa réflexion, par l'étude et les expériences cruelles de sa vie, il a réussi à dominer l'étrangeté de "soi", et du destin. La Condition humaine, titre d'un roman d'André Malraux, conviendrait bien à ses recherches et à ses conclusions.
Michel Onfray, loin des cénacles parisiens, de l'Université, des mandarins de la pensée, des diktats des écoles freudiennes, a bâti une oeuvre basée sur la méditation, l'étude des philosophies de la Grèce antique, des Latins, du stoïcisme, de l'hédonisme. L'homme est jeté dans l'univers, dans la vie, démuni, fragile, presque hébété par ce qui lui arrive. Comme l'écrivait Chateaubriand sa mère lui avait "infligé" la vie. Dans cet état, l'homme est contraint de se défendre, de comprendre, de se "soumettre" ou de dominer sa vie. Les religions jouent pour Michel Onfray le rôle de "chaman", de guérisseur, de consolateur. Aux religions antiques a succédé le christianisme, qui s'est superposé sur le calendrier antique et rural. Alors que les religions des Cités antiques étaient basées sur le monde réel, les dieux et les déesses vivant dans un autre univers, le christianisme apporte une autre dimension, celle de l'espérance en l'immortalité du bonheur paradisiaque, et transforme la loi morale en mode de perfection pour y parvenir. D'autres religions prônent la soumission absolue, l'abandon de toute réflexion, source de rébellion.
Entre ces voies, et l'instabilité de l'être humain et son insécurité psychique qui a conduit à la recherche freudienne, Michel Onfray propose la voie du courage, de l'étude des philosophies stoïciennes, de la vie "normale" enserrée dans nos rapports avec le Temps, la Nature, la flore, la faune, et dans l'attention aux autres, aux rapports sociaux apaisés, et dans le souci de l"authenticité".
Ses propos médiatiques, puisqu'il est invité dans presque toutes les émissions de promotion de livres ou d'opinions, s'élèvent contre le "politiquement correct" et "la pensée unique".
Les premières ventes de ce livre atteignent les 80.000 exemplaires.
Ecriture thématique, presque de "combat."
15/20



mercredi 10 juin 2015

Marcel Pagnol, Un autre regard, de Karin Hann, Essai, Edit. du Rocher 280 pages 21€ 2014

Remarquable étude sur Marcel Pagnol et son oeuvre. Corrélations entre ses écrits, ses films, ses dialogues, et les oeuvres d'autres grands écrivains, leurs rapports avec Aubagne, la Provence, le cinéma, la vie.  Une analyse fine et intuitive de souvenirs recréés mélangés au présent de l'auteur en train d'écrire... Corrélation avec la démarche de Marcel Proust dans A la recherche du temps perdu.
Un livre profond.
A découvrir.
Dans la collection dirigée par Vladimir Fédorovski.
16/20
Hermès

mardi 9 juin 2015

Vernon Subutex 2 de Virginie Despentes, Grasset Edit. 520p . 2015

Leader féministe de Gauche de la littérature "Trash", Virginie Despentes sort en juin son nouveau livre "Vernon Subutex 2", le deuxième volet de sa trilogie. Le premier du même titre sorti en janvier a été très bien accueilli par la critique, qui de la gauche à la droite, loue ses qualités de force, de vitalité, dans l'exploration d'un monde brutal, emporté par le sexe, la drogue, la violence. Les livres précédents de Virginie Despentes ont décrit, explicité crûment le monde du porno, de la prostitution, du viol, de la drogue...
Extrait de son entretien avec Juliette Greco, rapporté dans l'Express du 9 juin 2015 :
"Comment vous voit-on à l'étranger, Virginie Despentes ?
-Je suis "Madame Baise-moi", "Madame King Kong théorie."  
L'éditeur Grasset a avancé la sortie de ce deuxième roman de la trilogie de l'auteure de "Baise-moi", en ce mois de juin, pour bénéficier des vagues d'achat des lecteurs, lectrices pour les vacances...

Hermès

dimanche 7 juin 2015

Ma bibliothèque, de Cécile Ladjali, Essai, Seuil Edit. 2014

Une invite à la lecture dans le genre Défense et Illustration de la lecture. André Maurois disait :   "Lecture, mon doux plaisir", d'autres ont écrit "Lecture, mon vice caché"... , d'autres : "Jamais sans un livre". Ce qui est sûr c'est que l'on voit une multitude de gens lire dans les squares, quand il fait beau, dans les salles d'attente, à la gare, entre deux rendez-vous etc. L'esprit ne peut rester suspendu dans le vide longtemps. Il a besoin de se raccrocher à quelque chose, une pensée, un souvenir, un rappel, une prière, un projet ; mais quand tout cela manque, ou que l'on a besoin de se changer les idées, le livre, la lecture est un moyen idéal, il ouvre les portes d'un nouvel univers, d'un nouveau monde, celui que l'écrivain a créé, ou celui de son âme qu'il dévoile, ou un pan de science qu'il explique : l'univers, le corps, la nature... ou, par la poésie, rentrer dans le monde poétique.
Cécile Ladjali, qui a été quatorze ans professeur dans des lycées de banlieue, et qui enseigne aujourd'hui en Sorbonne-Est, et dans le collège/lycée des mal-entendants Morvan, à Paris, milite pour la lecture, la culture, la connaissance par l'approfondissement, le récitatif, afin de bien s'imprégner de la beauté de la langue, de sa finesse, de ses nuances... Langue qui nécessite une approche des deux langues qui l'ont formée : la grecque et la latine.
17/20
Hermès