lundi 22 juin 2015

La fleur du capital, de Jean-Noël Orengo, roman, Grasset, 766p. 24€ 2015

Un texte répétitif, soûlant à la longue avec son dégoulis de coïts et de sperme. Une sorte de documentaire en 766p. sur ce qu'est Pattaya, le Siam du cul et des bordels, nés de l'inexistence du "péché" de fornication dans la religion bouddhiste, de la liberté sexuel des peuples de l'Asie du Sud-Est et du Pacifique, de la volonté de faire du fric à tout prix,.Le sexe, depuis le roman "Emmanuelle" d'Emmanuelle Arsan a révélé Bangkok et l'Asie du Sud-Est aux Occidentaux. Ceux-ci l'ont aussi découvert à travers les guerres, celle du Viêtnam pour les GI Américains, guerre d'Indochine pour les Français. A Saïgon existait le grand Parc-aux-Buffles, le plus grand bordel du "Grand Monde" dans les années 1952/53 .Ce bouquin ne fait rien découvrir qu'on ne sache par la TV. SEX & SUN tarifés, gogotés, par des femmes, des trans,etc. redoutables pour leur rapacité, et qui sont super heureux de drainer ainsi les capitaux vers leurs poches. Cul en long, en large ou en travers, il y en a de tout pour attirer ceux qui le veulent dans tous ses états, fellation, sodomie etc. en plus du soleil, et de la tendresse tarifée... Le bouquin à part les 40 premières pages est lourdingue, et les personnages trop interchangeables sous des noms différents. Le style en est banal. Cependant on peut y voir comme un constat politique et sociologique avec la fuite de jeunes hommes vers ce monde végétal, aux eaux chaudes, aux moeurs faciles, à la vie peu chère, sans hiver, un monde qu'ils se figurent "paradisiaque", et de leur désintérêt ou leur peur du monde occidental qu'ils abandonnent, monde de restrictions, de difficultés financières, politiques, de diktats, de contrôles, où les puissants ont tout, et le reste, peu avec l'insécurité, et souvent le chômage, la solitude. Si en plus la tendresse féminine s'y estompe devant des femmes-masculines, des femmes qui ont pris le pouvoir, à tous les échelons de la société, où l'homme est livré à son silence, ses frustrations sexuelles, à la docilité, on comprend l'"évasion" de certains hommes de France, d'Allemagne, d'Australie, des Etats-Unis etc. vers ce monde où tout semble plus facile, "soft", où les femmes, les hommes, les trans vous tendent les bras pour quelques baths, où on peut se loger, manger, vivre pour peu, où le sourire est le masque de tous les instants, où les lois sont plus douces, plus accommodantes sous le regard compatissant des bouddhas, où le sexe est disponible dans tous ses états, à toute heure.
Vu sous cet angle, le livre de Jean-Noël Orengo est un constat assez terrible de cet inassouvissement de sexe, de cet in-tranquillité que l'Occident secrète, malgré toutes les libérations sexuelles, car la tendresse, la disponibilité, l'amour y semblent avoir disparu.
Les romans de sexe ou autour du sexe font aux USA, en Europe,etc. des ventes extraordinaires, or 80% des acheteurs sont des femmes... Elles rêvent d'hommes riches, érotiques, pervers, masos etc. Idéaux que les jeunes hommes "Jeunes hommes sans importance" car entrant dans la vie, ne peuvent leur offrir pour ce qui est du fric... Ce livre peut être ainsi compris comme une sorte de relation sur la fuite de certains hommes... vers un monde plus accueillant, dans une cité lupanar.
Il faut ajouter que le charme du Siam vient aussi du fait que son peuple n'a aucun complexe vis à vis de l'étranger, car il ne fut jamais "colonisé". Ni l'Angleterre, ni la France, ni les Etats-Unis ne s'y sont installés. Les seuls contacts avec l'Europe, fut l'ambassade que Louis XIV envoya au Siam, à Ayuthia, capitale alors du royaume, ambassade menée par un abbé de Cour, l'Abbé de Choisy, qui rencontra le roi et son premier ministre, un Grec, nommé Falcon, premier ministre qui sera d'ailleurs exécuté écrasé par un éléphant au moment de la mort du roi. Ce même roi envoya une ambassade extraordinaire à Versailles, qui lança la mode de l'Asie en France... Rappelons que Bangkok était alors une petite ville qui fut fortifiée par des militaires français restés au service du Siam.
Pour l'anecdote rappelons que l'Abbé de Choisy s'habillait souvent en femme... Un trans ?

Hermès

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