samedi 30 avril 2011

La jeunesse de l'Europe...

Alors que l'on nous serine avec l'"identité nationale", voilà une petite et grande démonstration de cette notion dans la très belle cérémonie du mariage de William et de Catherine, à Westminster. Entre la cathédrale, l'apparat cérémoniel, les chants célestes, la foule des invités des quatre continents sur leur trente-et-un, le texte de saint Paul, l'homélie du chanoine, et la présence de la reine d'Angleterre en grand-mère affable et émue, c'était l'Europe et la profondeur de l'Europe qui se retrouvaient tout naturellement. Ce qui est fascinant c'est qu'une telle cérémonie, s'entre-choquant avec les gravissimmes évènements qui se déroulent dans certaines parties du monde, révèle sous un jour cru la stabilité, la pérennité, la jeunesse, le "bonheur" de l'Europe, et la fascination qu'elle provoque. Dans le fondement de cette cérémonie se retrouvaient toutes les symboliques des principes de l'Europe: la tolérance, la démocratie, l'art, la culture jusque dans la sophistication des chapeaux de ces dames. On peut ne pas aimer, il reste qu'à travers cette très belle cérémonie diffusée planétairement, l'Europe a réapparu comme un moteur du monde.

Hermès

jeudi 28 avril 2011

L'Arizona et la polyarthrite-rhumatoïde de Raoul Dufy...

Raoul Dufy lors d’un séjour en Arizona en 1950 ne ressent soudain plus de douleur provoqué par sa polyarthrite-rhumatoïde, grâce au climat chaud et sec. C’est pourquoi il s’installera et vivra à Forcalquier. Mêmes maux qu’avait ressentis Auguste Renoir, qui s’était installé à Cagnes/mer pour plus de chaleur que dans la région parisienne. Probablement que les gens qui vivent dans les pays chauds sont moins frappés par cette maladie invalidante.

Hermès

mercredi 27 avril 2011

Des Extraits de "Corps Mêlés" de Marvin Victor - Gallimard Edit.-

P. 184 :"J'ai toujours fait l'amour dans le silence le plus complet, non dans ces petits cris coquins sans quoi certaines femmes se croient déchoir,...et avec lesquels, n'est-ce pas, à l'oreille d'un homme, elles espèrent composer le plus beau cantique, le plus beau poème qui soit, le plaisir physique étant parfois le fruit, disait Roseline, d'une certaine forme d'appel au secours, d'expiation, et de chagrin d'enfance, lorsque nos corps tendent vers ce point culminant que le commun des mortels appelle notre septième ciel."
P. 240 :" Au juste, je ne croyais plus en rien, en dehors des songes, l'Etat n'étant devenu que l'ombre de lui-même et l'Eglise, au fil des ans et des régimes politiques(en Haïti), le repaire des bêtes malades, des tueurs à gages, des demandeurs de visas américains brandissant à la face fort mélancolique d'un christ de marbre leurs passeports à la couverture bleu marine frappée des armoiries de la République, et non ce lieu où se déploient les plus beaux chants, les plus secrètes prières et les relents capiteux de l'encens mêlés à ceux de la cire des cierges allumés autour des statues des saints."
Marvin Victor "Corps mêlés"

Lire la critique du 16 avril de ce très beau livre. HZ.

lundi 25 avril 2011

"Un dimanche à la campagne" de Bertrand Tavernier. Un cinéma un peu convenu.

Bertrand Tavernier a voulu faire un film mélancolique sur la fin d'un monde, la fin d'une vie, celle d'une demeure familiale bourgeoise XIX° que les enfants abandonnent pour la vie de ville, plus tumultueuses et plus chargée d'avenir,celle d'un vieux peintre engoncé dans l'ornière d'une peinture d'atelier, d'une peinture de portrait ou de motif, et qui s'aperçoit que ses amis, Monet, Cézanne... ont opté pour la peinture de la nature et sont devenus les "Impressionnistes", celle d'un monde de guinguettes, de campagne, d'une façon de vivre que le cinéma a beaucoup décrit comme dans "Casque d'or", le "Silence est d'or"," Le déjeuner sur l'herbe" etc. Tout ceci avec vieux tacots, robes début XX°siècle, maison chargée de souvenirs qui vont être abandonnés, jetés par-dessus bord par les enfants, les petits-enfants, les héritages déchirés, mélancolie d'une province que l'on abandonne...

J'ai revu le film à la télé et l'ensemble de la machinerie des poncifs réunis par Bertrand Tavernier m'a sauté aux yeux : La demeure familiale, le vieux peintre quasi abandonné, la visite dominicale de sa fille(Sabine Azéma), de sa soeur, son mari, de leurs deux fils, venus par le train de banlieue, un séjour un peu mélancolique, mais "égayé" par la fille qui emmène son papa dans une guinguette à la Auguste Renoir, au bord de l'eau, la polka un peu forcé des figurants, une jolie photo de Sabine avec son grand chapeau-capeline très 1900, le petit soldat "pantalon garance", la promenade à travers un campagne endormie...etc.
Une musique adéquate avec des violons qui flambent, une photo sans le côté joyeux des tableaux des impressionnistes, tout cela m'a fait un peu bataclan pompier.
C'est un film qui m'a semblé manquer de profondeur, manquer d'âme malgré le talent formidable de Louis Ducreux et des autres acteurs.
Nous sommes très loin de la beauté et de la finesse psychologique de "Dernières vacances" de Roger Leenhardt, ou de la sincérité des films de Yves Robert, de Claude Berri adaptant les romans de Marcel Pagnol.

Hermès

Voltaire.... le droit naturel...

"Le droit naturel est celui que la nature indique à tous les hommes. Vous avez élevé votre enfant, il vous doit du respect comme à son père, de la reconnaissance comme à son bienfaiteur. Vous avez droit aux productions de la terre que vous avez cultivée par vos mains. Vous avez donné et reçu une promesse, elle doit être tenue.
Le droit humain ne peut être fondé en aucun cas que sur ce droit de nature; et le grand principe, le principe universel de l'un et de l'autre, est, dans toute la terre :"Ne fais pas ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît." Or on ne voit pas comment, suivant ce principe, un homme pourrait dire à un autre :"Crois ce que je crois, et ce que tu ne peux croire, ou tu périras."...
Le droit de l'intolérance est donc absurde et barbare : c'est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes."

Voltaire Chap. VI du Traité sur la Tolérance... 1763.Editions Folio page 40

samedi 23 avril 2011

La Semaine sainte : La Passion... -Extrait "Les Sept Coupes"- Pour Adagio

Le Mont des Oliviers

"Père

Que ce calice s’éloigne de moi,
Père
Qui êtes aux cieux
Que ce calice s’éloigne de moi.
Je suis homme
Père,
Homme, comme ceux qui craignent la souffrance,
Homme comme ceux qui labourent les champs,
Homme comme ceux qui ouvrent la terre de leurs mains,
Homme comme ceux qui prient.
Père,
Sur ce mont perdu dans l’univers,
Père,
Sur cet âpre sol ombragé de peupliers et d’oliviers,
Faites que ce calice s’éloigne de moi :
Je sens combien peu comme un Homme
Je pourrais boire ce fiel amer…
……………………………………………………………………..

Tous mes disciples dorment.
Comment donc, pourrais-je compter sur ceux que j’aime ?
Mes frères, comme vous reposez profondément !
On dirait
Qu’un monde repose sur vos épaules.
Et pourtant,
Vous qui marchez sur le sable brûlant,
Vous qui avancez à travers les ronces,
Sur des chemins trompeurs,
Que n’êtes-vous pas écrasés
Du poids de mon amour !
Hommes que j’ai faits."

………………………………………………………………………

Après que le monde eût cessé son bouillonnement âcre,
Après que le ciel se fût ouvert pour recevoir la Terre,
Après que le premier arbre crût ses branches lourdes de destinées
Après que la mer eût commencé son rythme assourdissant,
Après que la première herbe, la première fleur, se soit développée l’une en fraîcheur, l’autre en couleur.
Dieu créa la bête.
Dieu créa la bête et celle-ci ressembla fort au monde
Parce qu’elle avait un peu de la volupté des fleuves,
Parce qu’elle avait un peu de la beauté des fleurs,
Parce qu’elle avait un peu de la fauve fureur des mers.
Et la bête fut.

…………………………………………………………………………

Puis Dieu prit de la glaise,
Quand le monde fut ainsi établi,
Et Il modela cette glaise,
Parce que Dieu absolument bon
Voulait répandre un bonheur absolu.
Et Dieu fit l’homme à son image.
Cependant, quand Il eût réfléchi
Sur son œuvre endormie,
Dieu pensa qu’il manquait quelque chose,
Et Dieu songea a l’Ennui
Des longs soirs,
Et Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. »
Alors il créa la femme semblable à l’homme.

…………………………………………………………………………..

"Père
Que ce calice s’éloigne de moi,
Je me tiens près de vous,
Père
Et je veille."

…………………………………………………………………………..

Puis quand Dieu les eût intronisés
L’homme et la femme,
Sur les terres et sur les mers,
Sur l’arbre et sur les plantes,
Et sur l’animal,
Quand Dieu les eût aimés
Comme jamais, Il n’avait aimé,
Alors survint le Mal.
Le Mal qui couvrit de plaies
Le corps de l’homme et de la femme,
Y pénétra et s’y installa,
Et un terrible combat s’engagea

………………………………………………………………………….

Alors Dieu se fit homme,
Il lui aurait aisé de dire : « PAIX »
Et le Mal aurait disparu,
Et tout serait redevenu comme avant.
Mais Dieu sait
Qu’Il n’aura rien fait
Tant que l’homme
N’a pas pleuré jusqu’à crier sa douleur,
Que les larmes sont l’Elixir de l’homme
Alors Dieu
Décida d’aller mendier
Des larmes.


La mort de Jésus

Il avait traversé la ville en délire
Où tant d’insensés tenaient des gageures étonnantes,
C’était à qui vouerait le plus de haine.
Ils l’entouraient
Lui crachant au visage
Et Dieu se taisait.

Il avait avancé avec la lourde croix
Dans les venelles d’une ville en rage
Où l’or, les quolibets, les insultes
Pleuvaient.
Qu’avait-on besoin de Dieu ?

Et Lui se taisait
Et Il était là.

Que venait donc faire Dieu sur Terre ?
Comme ils étaient bien avec leurs richesses,
Leurs femmes, leurs fils, leur luxe et leurs misères !
Et ils riaient, et ils chantaient.
Et Dieu se taisait.
C’était drôle quand même ce silence !
Quand on bafoue un homme
On a l’habitude de le voir se redresser,
Défier le monde, jurer de son innocence,
Ou étaler cyniquement son crime.
Mais ce silence… Non, jamais on avait entendu
Un tel silence !
Dieu se taisait. Il savait bien, oui, Il savait bien
Ce qu’était l’homme,
Puisqu’il était Homme.
Et Il se taisait.
Le peuple le regardait passer en ricanant,
Montrant les colonnes de son Temple.
Ah, le plus beau, le plus riche des temples !
Il lui montrait la conquête de la terre
En deux épisodes : le combat et la Victoire !
Et Dieu se taisait,
Parce qu’Il savait que l’homme faisait semblant
D’oublier le dernier épisode : celui de la Défaite,
De la cendre.
Il le savait, Lui, Dieu,
Que l’homme n’était qu’un être fourbe et lâche,
Une pauvre bête qui,
Voulait oublier le troisième épisode.
Et Dieu se taisait.
Maintenant, Il allait mourir.

Bien sûr, on ne savait pas que c’était Dieu,
Ou bien, on ne voulait pas le savoir.
Il allait mourir,
Et on lui jetait la haine à plein visage,
Et Il se taisait,
Et Il souffrait.
Mais il ne fallait pas le dire
Ils ne l’auraient pas cru !
Non, il ne fallait pas le dire.
Il fallait le voir.

Déjà on l’étalait sur la planche noire
Et sa face devenait bleue de douleur,
On l’étalait, on le frappait, on le clouait
Et Dieu ne disait rien.
Mais il y avait quelque chose de si terrible
Dans ce silence,
Que pour ne pas l’entendre, on s’esclaffait de plus bel,
Et on dansait autour de sa croix.
C’était quelque chose de terrible,
Mais Dieu ne disait rien…


Alors il se fit un grand silence,
Les hommes surpris qu’on ne criât pas,
Les hommes, effrayés que l’on retint
Si puissamment sa chair, malgré les coups,
S’arrêtèrent de chanter, de danser,
Et, quand le silence fut si grand
Que l’Univers suspendit sa course ;
Que les constellations s’immobilisèrent,
Que le Temps se figea,
Alors
Dieu éclata en sanglots.
Non à cause de la mort, puisqu’Il la commandait,
Mais parce que le cœur de l’homme est si froid,
Si froid, que son sang ne pouvait le brûler.

°

C’est ce sanglot solitaire, solitaire parmi tant de cœurs,
Ce sanglot douloureux plus grand que les temps,
Où tant d’astres se succèdent,
Qui, depuis tant de siècles,
Rôde par delà les horizons,
Que tant d’amertume et d’amour hantent !

- H.Zaphiratos "Les Sept Coupes"-Poésies-

vendredi 22 avril 2011

A propos de la "NOUVELLE VAGUE" des années 1960...

Dans les années 1960 "la Nouvelle Vague" survient quand de jeunes réalisateurs passionnés de cinéma, ne voulant pas être bloqués dans leurs projets de réalisation de films par les carcans administratifs du Centre National de la Cinématographie(qui contraignaient aux tournages en studio, à des équipes de tournage et des moyens techniques très importants, ce qui nécessitait un financement important).
Pour se débarrasser de ces carcans, qui impliquait l'obligation d'avoir des acteurs "têtes d'affiche", les jeunes réalisateurs français suivirent l'exemple des réalisateurs italiens des années 1940/50 qu'ils avaient découverts à "La Pagode", "Les Ursulines", le "Champollion" etc. qui projetaient des films italiens à petit budget comme "Rome, Ville ouverte" de Roberto Rossellini (1945), "Le Voleur de bicyclette" de Vittorio de Sica(1948) etc.

Les bases de tournage des films de la "La Nouvelle Vague" étaient donc
a) Décors naturels (dans la rue, les appartements ou maisons et absence de tournage en studio (absence de création de décors, de trompe-l'oeil).
b) Moyens techniques réduits au style vif du "reportage"- (caméra sur l'épaule etc.).
c) Acteurs inconnus ou peu connus.

Ainsi furent tournés "Le Bel âge" de Pierre Kast, "Le Beau Serge" et "Les Cousins" de Claude Chabrol, "A bout de souffle" etc.de Jean-Luc Godard, "Les Quatre cents coups" de F. Truffaut, les premiers films de Claude Lelouche, "Les Nymphettes ou le premier goût de l'amour" de Henry Zaphiratos,"Les Dragueurs" de Jean-Pierre Mocky, Eric Rohmer, Agnès Varda etc.

-Les acteurs révélés furent entre autres: Jean-Claude Brialy, Gérard Blain, Bernadette Lafont, Jean-Paul Belmondo, Jacques Perrin, Colette Descombes, Jacques Charrier, Anouk Aimé, Marie-France Pisier, Charles Aznavour etc.

Hermès

jeudi 21 avril 2011

A propos de la Semaine Sainte...

Dimanche des Rameaux, Jésus entre à Jérusalem accueilli comme un sauveur, un « roi », un être exceptionnel, le Fils de Dieu… Colère et fureur de la classe gouvernementale, politique et religieuse, surprise des Romains par ce « pouvoir » populaire inattendu qui apparaît… d’où la réaction immédiate du Sanhédrin et de la classe politique, abattre tout de suite ce « concurrent » inattendu, le pouvoir doit rester aux Pharisiens, d’où l’ordre de le rechercher au milieu de cette foule de fidèles, de disciples, de l’arrêter et de le mettre à mort devant ceux-ci. « Prouve donc que tu es le Fils de Dieu ! » crient les maîtres du pouvoir, et pour que la démonstration ne soit plus éclatante que ce soit le gouverneur romain et des soldats romains qui se chargent de la sentence de mort et de l’exécution de celle-ci. Le calvaire de la marche vers le Golgotha à travers la ville voulait être la démonstration que le Christ n’est pas le Messie attendu puisque aucun « miracle » au sens biblique du terme ne se produit, ni feu du Ciel, ni apparition d’anges…, mais un vulgaire illuminé, de même que sa condamnation à mort est préférée à celle de Barrabas… et, pour cette « démonstration », la classe politique accepte le « meurtre » d’un innocent… d’où le « Je m’en lave les mains. » de Pilate.
« Mon pouvoir n’est pas de ce monde » dit le Christ laissant l’homme libre, libre de ses actes, libre de l’accepter, de le suivre…

Les Pharisiens et les hommes de pouvoir à Jérusalem faisaient fausse route, Jésus n’arrivait pas sur un cheval de conquête, à la tête d’une armée de fidèles déterminés, mais juché sur un âne ! La foule qui l’entourait n’agitait pas des armes mais des palmes, des rameaux d’olivier, symboles de paix, d’harmonie… Mais peut-être que là se trouvait le nœud de cette crainte qu’ils avaient. Quoi ! Un si grand nombre, une foule aussi importante autour d’un homme démuni de tout ? D'où tirait-il donc sa « puissance », le « magnétisme » dont il rayonnait ? Le pouvoir d’un coup allait chanceler. Il fallait arrêter tout cela et le plus rapidement possible.

(Extrait de Devant la mer)

mercredi 20 avril 2011

A propos d'une rétrospective des films de Jacques Perrin - Le Figaro -

Il faut aussi rappeler que le film qui a fait connaître Jacques Perrin en Italie, et qui lui a ouvert la carrière dans ce pays et en France est son premier film comme acteur : "LES NYMPHETTES ou LE PREMIER GOUT DE L'AMOUR" d'Henry Zaphiratos, sorti en 1960. Un film sur la jeunesse des années 60, dont la musique a été composée par Louiguy, l'un des compositeurs d'Edith Piaf, dont le conseiller technique fut Maurice Delbez, le premier assistant Jacques Besnard...
Ce film fut tourné à Paris, et est sorti à LA ROTONDE et au MIDI-MINUIT salle où sont sortis les premiers Ingmar Bergman.
C'est l'un des premiers films de "La Nouvelle Vague".
"La Nouvelle Vague" est une nouvelle façon de réaliser des films dont voici quelques critères : a) Décors naturels (dans la rue, les appartements ou maisons et absence de tournage en studio).
b) Moyens techniques limités, et faciles à manoeuvrer, style "reportage pour les actualités". Caméras Cameflex ou Arriflex, Nagra portable.
c) Acteurs jeunes, nouveaux et inconnus, ou très peu connus.

Hermès

dimanche 17 avril 2011

Les Cyclades -


Ce n'est pas la peine de se focaliser sur ces îles-là, qui sont très belles, mais ne sont souvent que des pièges à touristes. Toute la Grèce est belle, et il y a partout des coins superbes, des plages cachées, des tavernes sympas, des nuits étoilées. Il suffit d'un bon TYROPITA avec un petit verre de vin résiné, ou un léger ouzo et OK ça va si on y ajoute de l'agneau grillé aux coriandre et basilic avec cette herbe spéciale de Grèce qui sent très bon et parfume fort. Et puis, il y a l'envoûtement des gradins des amphithéâtres, et puis on peut danser au son des bouzoukis ou, si on n'aime pas, d'autres sons. L'emmerdant c'est qu'au bout de cent ans, les archéologues grecs n'ont même pas réussi à remettre pierre sur pierre, tambour sur tambour, le Parthénon, alors qu'il a été construit en 10 ans seulement pour la déesse Athéna, il y a deux mille cinq cents ans ! Manque de souffle ? Ou complaisance aux ruines ?

Hermès

samedi 16 avril 2011

Corps Mêlés, de Marvin Victor, roman, Gallimard-2011, 250p.

Un style flamboyant. Du sang neuf dans la littérature, et ce livre nous vient de Haïti.
On se prend au rythme où écrit l'auteur, avec ce mouvement interne de la pensée et de l'émotion qui font les grands écrivains. Cela se passe après le tremblement de terre d'Haïti, la narratrice,Ursula, après la mort de sa fille, lors du cataclysme de Port-au-Prince, s'en va retrouver le père de la petite, un ancien flingueur de l'époque Duvalier devenu photographe. Un garçon qui a quitté leur village de Baie-de-Henne, pour la capitale. C'est une sorte de cavalcade dans le présent détruit, le passé de l'enfance et de la jeunesse que raconte ce livre. Mais il a un parfum violent, quelque chose qui ressemble à une oeuvre forte, au goût prononcé devant lequel on ne peut pas rester indifférent. On pense à Céline, à Rabelais, à leur style dru, costaud, vibrant.
Extrait : "...j'avais l'air d'une conspiratrice. Ce que j'étais d'ailleurs, étant donné que tout le monde conspire, surtout les politiciens véreux et les amants criminels, puisque nous sommes tous des êtres de mille et une pensées et arrière-pensées cachées au plus profond de nous-mêmes,tant et si bien qu'elles deviennent parfois, au creux de certaines nuits, une armée d'ombres prête à nous manger des yeux..." P.50
Un livre à lire d'un grand écrivain français.
18/20
Henry Zaphiratos
Marvin Victor est aussi peintre. On aimerait découvrir ses tableaux.

jeudi 14 avril 2011

Le Quinze août en Grèce... Extrait de "Devant la mer"

"Le Quinze août, il n'y a pas d'immobilité. Melissi, (La Ruche) bourdonne de cris d'enfants, d'appels, de chants d'oiseaux, de ronflements de voiture, et tout cela rythmé par les vagues qui mordent la plage de galets. Au large le golfe de Corinthe, profond, mer intérieure où passent de rares bateaux, où la pollution semble bannie. Il y a peu de monde, seuls des privilégiés fuyant Athènes comme Nizza et Andréas. Une Grèce feutrée, petite bourgeoise comme toutes les nations d'Europe. Etrange que les rencontres ne soient pas au rendez-vous... Elles ont eu lieu il y a vingt-cinq siècles...
Le monde tourne, le miracle dort.
Etonné par l'immensité de la Grèce. Sensation de grandiose sur la route entre Corinthe et Epidaure, même sensation qu'en Californie; les montagnes plongeant dans la mer créant des golfes immenses. On ne devrait pas mesurer la Grèce en km2 de terre ferme, ce qui ne veut rien dire, mais tant de Km2 de terre ferme et tant de km2 de mer. Ces grandes forêts silencieuses entre Corinthe et Epidaure.
"Voir, tout voir !". La Grèce des chapelles, des monastères, des popes, du folklore... en un mot cache dans sa nature sublime une certaine rudesse du Grec. Le garde d'Epidaure bousculant de la voix les touristes attardés, brise la rêveuse griserie et réveille un troupeau, semblant lui rappeler qu'il est lui aussi l'un des acteurs de la tragédie de cette nuit ; le boucher de Xylocastron jette sa viande, l'oeil furibard, des allusions peu amènes dans la bouche, à l'étranger interdit, il lui rappelle, lui aussi, qu'il est là, qu'il existe et que tout ce que l'étranger admire est à lui aussi.
Quel grec ne s'est pas senti l'âme d'un parricide devant l'héritage antique ? A mort Socrate (pauvre Socrate tué je ne sais combien de fois), Platon, Euripide, Sophocle...
A mort ! Nous vos enfants nous voulons vivre !
Byzance est la douleur lancinante de tout Grec. Il avait si bien conquis l'Urbs, il s'était si parfaitement substitué à elle pour le gouvernement de l'Empire d'Orient et parfois d'Occident que l'effondrement de 1453 après huit siècles de guerres incessantes, puis la lutte souterraine pendant quatre siècles de domination ottomane lui ont donné cette force, cette rudesse, cette élégance suprême du mépris.

Mycènes : les masses imposantes de la ville d'Agamemnon, l'amplitude de la vue sur toutes les vallées, les montagnes, nid d'aigle suspendu au-dessus de l'Argolide suscitant l'univers du tout est possible, dans un monde où rien encore n'est joué, où rien n'est encore figé.
Argos : la vertigineuse grandeur du théâtre.
Nauplie : le charme, mais choqué par le grand panneau d'une banque brisant le coup d’œil de la place.
Acrocorinthe : 45°, mais le souffle de l’air reste léger. Forteresse vénitienne lancée vers le ciel de l'inutile car livrée sans combat, par traité, au Sultan ! Le Péloponnèse, la Morée, ouverte aux barbares.

Regret de ne pas aller à Mistra la sainte.

Athènes

Longue conversation avec Antoine qui hait l'atmosphère étouffante qui règne en Grèce. Rien à leur proposer sinon l'aventure de l'outre-mer ou le rêve du passé. Carayannis toujours assis, guettant le "truc" qui marchera. Il écrit et fait jouer ses pièces, ses revues ; il est tendu, le regard aigu. Les gens du cinéma le surnomment le boucher, pour ne faire que du saignant qui marche ! La fille-mère violée, l’honneur de la famille à venger etc. Ce qui parle directement aux tripes, il en rit et a bien raison. Il a un cœur de jeune fille.
Visionnage de films.
Chercher à acheter (vainement) Les Petites Aphrodites qui ont eu l’Ours d’Argent au Festival de Berlin.
Le père Z. cache sous son lit le négatif de ses films de peur que ses enfants ne viennent l’en dépouiller.
Atmosphère d’intrigues.
Le feu sous les mots.

Au large d’Eleusis, de vieux rafiots.

DELPHES : l'OMPHALOS , le Nombril du monde."
Henry Zaphiratos (Extrait)

mercredi 13 avril 2011

PARIS LES ANNEES FOLLES 1920/ PARIS LES ANNEES BONHEUR 1947-1952

Ce matin à la radio, interview de Brassaï.
Avec la fin de la Première Guerre Mondiale et avec la révolution russe, une foule d' immigrants de l'Europe Centrale et de l'Est, fuyant la misère, la ruine, le non-être de l'effondrement des Etats, se réfugie à Berlin, puis à Paris, ce havre de paix auréolé de la victoire. Comme si cette victoire, si chèrement payée, donnait cette certitude en un avenir éclatant (il le sera avec la création du Dadaïsme, du Surréalisme, de l'Expressionnisme allemand etc.) Foule d'inconnus se passant le mot pour se réunir et vivre à Montparnasse, entre le Dôme, le Sélect, et la Coupole, logeant chez l'habitant dans des chambres d'hôte. Ils continuaient la tradition de l'Avant-guerre du Montparno des Modigliani, Picasso etc. créée par les étrangers en mal de chaleur humaine, au milieu d'un peuple indifférent, peut-être hostile, regardant d'un mauvais oeil cette "invasion". Ainsi, après la Seconde guerre mondiale, Saint Germain des Près enchantait ; il y avait une telle gaieté, une telle désinvolture, un tel mélange social. J'aimais me fondre dans cette foule chaleureuse, la nuit, et venir respirer un autre "air" (au Rouquet, au Flore, à la Dame Blanche que hantait Marcel Pagliero ; puis , bien plus tard, quand l'enchantement s'éteignit à la Rose Rouge, à la Fontaine des Quatre-Saisons, au Vieux Colombier, au Lorientais avec Sydney Bechet, Mezz Mezzrow, Claude Luter) tout ce monde disparut lentement dans l'anonymat des clubs à la mode. Le Montana redevint ce petit hôtel triste et provincial.
Mais en 48/49, il n' y avait pas cette foule d'étrangers que rappelle Brassaï, à cause du terrible écrasement de l'Allemagne et du Rideau de fer soviétique qui coupait l'Europe en deux. Et c'était la province qui venait se mêler aux jeunes bourgeois en mal de romantiques aventures parmi les Juliette Greco, les J.P. Sartre, les Merleau-Ponty... Cela faisait super sérieux ; la mode n'était pas au "déblocage", mais à la pensée vagabonde, alors que la IV°République sombrait lentement en Indochine. En 56 lorsque je suis revenu, poussé par un irrésistible besoin de "sentir" à nouveau ce parfum de liberté, de joie, je n'ai trouvé que de longues files de voitures, que le vide d'âme, le monde avait changé, je ne m'en étais pas aperçu, j'étais devenu autre, et les rires avaient disparu. Ceux qui avaient décidé de sauter dans le train de la vie, se trouvaient dans les niches dorées de la rue Sébastien-Bottin, de celle l'Université, de la rue Jacob ou autres, ou s'étaient casés dans le giron de l' ORTF, ou persévéraient dans leurs rêves périlleux de saltimbanque.
J'étais seul, perdu, me raccrochant à des lambeaux de souvenirs, il me fallait tourner la page, revoir les visages changés, les regards interrogatifs, les ambitions écroulés des survivants de cette épopée dérisoire d'une jeunesse morte. Tout cela allait finir sur les autels incendiés des barricades de Mai 68. Saint-Michel et Saint-Germain devenaient les temples de la consommation, la littérature au ventre devenait celle du paraître.
Brassaï raconte son père à Paris, à 85 ans, fou amoureux de la France, cherchant la tombe d'Hégésipe Moreau au cimetière Montparnasse. Cela me rappelle le livre de Rosenthal, le vendeur de perle, venu du Caucase, plutôt chassé du Caucase natal par son père,pour venir à Paris reconnaître les lieux, puis "chassé" par celui-ci de l'appartement familial de Paris... C'était une immigration brutale et flamboyante que celle des Années Folles.

Dans les annnées 20, deux principes de création cohabitèrent, l'un purement français et provincial, figé dans l'épouvante de la guerre de tranchées qui venait de se terminer avec son holocauste, et l'autre étranger, qui vient s’inserrer dans l'âme du premier, avec son regard neuf, son bouillonnement intellectuel, son sang nouveau.

Henry Zaphiratos (Extrait de "Devant la mer" - 22 Décembre 1997)

lundi 11 avril 2011

Une jeunesse européenne: Le Dicôlon de Yannis Kiourtsakis, Verdier Editeur, 505p. 2011

C'est d'un monde inconnu, antédiluvien dont nous narre la chronique de Yannis Kiourtsakis avec son "Dicôlon". C'est une longue histoire d'un pays où l'on croit les gens heureux, sûrs d'eux-mêmes, le regard brillant de certitude fixé sur la mer, les océans, les continents, prêts à partir pour conquérir des marchés, des places économiques, des honneurs, à apporter leurs connaissances aux sciences, à l'art, bref à participer en grand à la vie du monde. Les noms fameux sont là de l'époque antique à nos jours. C'est vrai que beaucoup ont transformé leur nom pour se fondre discrètement dans la masse qui les a accueillis, comme Peterson pour Petropoulos etc. Et là, avec cette somme de 505 pages, admirablement bien traduite, on sombre dans la chronique d'un chef-lieu de province européenne avec ses petits-bourgeois engoncés dans leurs préjugés et leurs certitudes comme dans toute petite province française, et d'ailleurs, rêvant à une autre vie, à un autre monde qu'ils croient meilleur, plus ouvert, "moderne", brillant, le monde de ce qu'ils appellent "l'Europe". Continent mythique dont ils pensent qu'ils ne font pas partie, mais dont ils croient qu'ils sont étrangers avec leurs façons de vivre qu'ils croient d'un autre âge,alors que toute l'Europe a vécu comme eux, est sortie comme eux du même moule, de la même façon de penser, de rêver. Aussi est-ce étrange de lire ce livre. En 1951, toute l'Europe venait de sortir de la guerre, toute l'Europe encore souffrait. Les dames aux chapeaux verts, se tortillant, hantaient les cocktails, comme les vieilles femmes s'habillaient en noir avec un fichu la tête, les hommes portaient des vêtements étriqués en laine grattante, dans les cafés ils jouaient aux cartes ou au jacquet, manifestaient, et travaillaient dur pour relever les ruines, renflouer les navires coulés etc. En 1951 j'étais à Athènes, dans le quartier d'Acharnon, où habitait ma grand-mère, j'ai donc vu le quartier que décrit l'auteur à la même époque et c'est vrai que tout était province, mais tout le fond de la France, de l'Italie d'où je venais aussi avait ce côté province et pauvreté, la révolution économique des "Trente glorieuses" démarrait seulement. Tout au long du livre, l'auteur décrit la vie d'une famille, la sienne, depuis le XIX°siècle, au départ de ce que l'on appelle la Guerre d'Indépendance de la Grèce, en 1821, ce que je trouve absurde, car il faudrait dire "Guerre de Libération", car le pays était occupé, martyrisé depuis quatre cents ans. Auparavant il existait, et tout le monde sait où sont ses racines. L'auteur décrit les luttes politiques, la vie provinciale de la Crête, berceau d'une partie de sa famille, d'Athènes redevenue capitale, en train de revivre ; il décrit avec tendresse son enfance, sa jeunesse, une famille unie, des parents qui ont fait un mariage de "raison", "arrangé", mais qui, somme toute, sont heureux, un frère aîné, Haris, choyé, espoir de la famille,futur bâton de vieillesse. Les parents lui veulent une destinée "européenne". Le regard est fixé sur l'au de-là de la mer, vers l'Italie, vers la France, vers ce qu'ils appellent d'Europe, comme si ils n'en faisaient pas partie. Un complexe d'infériorité que l'on ne peut imaginer, et pourtant... Alors c'est le rêve. Tout ce qui est là, en Grèce, est mesquin, vil: "sentiment d'y croupir" écrit l'auteur (p.257 en 1992), verbe terrible! Aussi on rêve "petit-bourgeois", les petits biens de consommation, la mode, le style buffet, et la nourriture avec du beurre, beaucoup de beurre, c'est européen, du beurre au cholesterol. Puis, il y a Haris avec ses complexes, son sentiment de culpabilité; il rêve de fuir son pays, mais pourtant il le porte dans le coeur, il voudrait créer un ranch, devenir cow-boy, et y amener ses parents, son frère tous ceux qu'il aime à la folie. Leur père, ancien Procureur devenu avocat, l'oriente vers un diplôme d'agronomie... mais à prendre en "Europe", cela sera en Belgique, dans le froid, et parmi de jeunes belges délurés et brutaux. Le choc c'est le bizutage ! L'amertume c'est d'être loin des parents, du petit frère, l'auteur, de l'eau chaude de la mer de Grèce, des rues, des avenues d'Athènes, de Spetsaï, où l'on passe de belles vacances... Sous l'emprise de l'amour filial, sous le poids des traditions, il ne tombe pas vraiment amoureux... on pense à l'argent... à la situation... si la fille est de "bonne famille". On n'est pas libre, pas indépendant, et c'est entré dans le coeur, dans l'esprit. Une drôle de schizophrénie s'empare du jeune homme... et cela se terminera mal.
Le petit frère écrira pour comprendre. Réfléchira, baignera dans Dostoïevsky et ses "Frères Karamazov", Tolstoï, Rilke...les grand écrivains de l'Europe, l'art de l'Europe, les symphonies de l'Europe... Travaillera dur, et écrira pour exorciser sa peur de vivre, pour se connaître, se comprendre, s'exprimer,puis se libérer à travers l'art et l'amour.
Ce livre, dont certains chapitres sont éblouissants de chaleur, d'intelligence et de sensibilité révèle la face cachée d'un grand peuple qui devrait se sentir partout chez lui dans le monde, et surtout en Europe, pour ce qu'il a donné à ce que l'on nomme Civilisation. Ce livre aurait pu être un grand livre si l'auteur ne l'avait surchargé de pages de répétitions, de ratiocinations inutiles. Le lecteur n'est pas inculte, il comprend, il comprend vite, et la symphonie se brise. Il faut avoir le courage et la patience d'escalader ces inutilités pour retomber sur le paysage des plaines fleuries et fertiles.
C'est une oeuvre riche, malgré un titre qui ne dit rien hors de la Grèce et des Grecs.
Un historique des évènements de la Grèce depuis sa Libération en 1821 se trouve à la fin du livre.
Une oeuvre, mais une oeuvre triste, non aérienne. Vraiment à l'opposé de "La Vie d'Arsenieiv" d'Ivan Bounine.
"Livre traduit et publié avec le concours du Centre national du livre" est indiqué sur la page de garde.
16/20
Henry Zaphiratos

dimanche 10 avril 2011

L'homme européen et l'âme grecque, "Le Dicôlon" de Yannis Kiourtsakis - Editions Verdier 506p. 2011- 26 € Une longue traversée de la vie.

Extraits :
"L'Europe c'est les Lumières, le progrès, la civilisation ; mais les Européens se révèlent souvent inhumains et barbares. A l'opposé, notre petite Grèce, pauvre et attardée, a encore du chemin à faire pour atteindre cette civilisation ; mais les Grecs ont quelque chose de précieux qui fait défaut à ces Européens "civilisés"; ils ont de l'humanité, un coeur d'homme et cet état d'esprit particulier qui est l'héritage de la culture antique - quel dommage qu'ils ne cultivent pas ce don, cet héritage, pour faire revivre aujourd'hui cette civilisation immortelle".

"Il y manque deux choses essentielles : d'abord la mer, la mer grecque qui remplit le coeur, dore le corps et aiguise l'esprit du Grec; et puis les tables d'une terrasse de café." p. 200
Haris Kiourtsakis,(Lettres 1951)(In "Le Dicôlon" de son frère Yannis Kiourtsakis.

Cette réflexion me fait penser à la délicatesse et à l'humanité des civilisations chinoise, viêtnamienne, cambodgienne, thailandaise...


Henry Zaphiratos

jeudi 7 avril 2011

Promenade en Tunisie... André Gide... (Extrait)

"Mon intention était de n'y rester que peu de jours. Je vous confesserai ma sottise : rien dans ce pays neuf ne m'attirait que Carthage et quelques ruines romaines : Timgad, dont Octave m'avait parlé, les mosaïques de Sousse et surtout l'amphithéâtre d'El-Djem(Thysdrus), où je me proposais de courir sans retard. Il fallait d'abord gagner Sousse, puis de Sousse prendre la voiture des postes ; je voulais que rien d'ici là ne fût digne de m'occuper.
Pourtant Tunis me surpris fort. Au toucher de nouvelles sensations s'émouvaient telles parties de moi, les facultés endormies qui n'ayant pas encore servi, avaient gardé toute leur merveilleuse jeunesse. J'étais plus étonné, ahuri, qu'amusé, et ce qui me plaisait surtout, c'était la joie de Marcelline...
La diligence de Sfax quitte Sousse le soir à huit heures; elle traverse El Djem à une heure du matin. Je m'attendais à trouver une guimbarde inconfortable; nous étions au contraire assez commodément installés. Mais le froid !... Par quelle puérile confiance en la douceur d'air du Midi, légèrement vêtus, tous deux,n'avions-nous emporté qu'un châle ? Sitôt sortis de Sousse et de l'abri de ses collines, le vent commença de souffler. Il faisait de grands bonds sur la plaine, hurlait, sifflait, entrait par chaque fenêtre des portières; rien ne pouvait en préserver. Nous arrivâmes tout transis; moi de plus,exténué, par les cahots de la voiture et par une horrible toux qui me secouait encore plus. Quelle nuit ! Arrivés à El Djem, pas d'auberge ; un affreux bordj en tenait lieu. Que faire ? La diligence repartait. Le village était endormi; dans la nuit qui paraissait immense on entrevoyait vaguement la masse lugubre des ruines; des chiens hurlaient. Nous entrâmes dans une salle terreuse où deux lits misérables étaient dressés. Marcelline tremblait de froid, mais là du moins le vent ne nous atteignait plus."
L'Immoraliste, André Gide, 189..


L'Amphithéâtre de Thysdrus(El Djem) est le plus grand édifice romain d'Afrique. Thysdrus était une cité très prospère sous l'Empire romain. (Wikipédia)

dimanche 3 avril 2011

LA CONJURATION DES ANGES, Chiron-Athena, 434p. 2007 FNAC - AMAZONE - LIBRAIRES



Dan Brown s’est demandé si Jésus avait épousé Marie-Madeleine, et, cette question il l’a posée devant le trouble que provoque la Cène de Léonard de Vinci, où saint Jean a le visage d’un androgyne ou d’une femme. Dans le roman "La Conjuration des anges" l’auteur décrit un monde surnaturel et parallèle au nôtre.

Ce monde, peuplé d’anges, nous surveille, veille sur nous, malgré nos folies meurtrières. Ainsi dit-il la Bombe A a été mise au point par les Alliés (Américains) et non par les Nazis, qui travaillaient dessus. C’est gràce à un léger coup de pouce d’un "ange" que l’humanité n’a pas sombré sous la botte des hitlériens, partis à la conquête du monde.

Ce roman se déroule à Paris, aux USA, et dans le sud de la France, et met aux prises des forces du Mal, avec des hommes en noir (Men in Black), les célèbres MIB, et les descendants des Templiers, qui veillent, dans des organisations secrètes, sur le monde, et le défendent. Un jeune étudiant,Edouard, et une jeune étudiante américaine, tombent en plein dans cet affrontement, et sont poursuivis par le commissaire Marceau, qui les soupçonne du meurtre du père d’Edouard. Des MIB poursuivent le couple qui fuit.

Critique parue dans "Mabibliothèque".

15/20

Merisiers, fleurs du printemps...

samedi 2 avril 2011

Ovide,Dracula, Cioran, Ionesco, Mircea Eliade etc.

C'est un pays qui semble triste que la Roumanie. Le Beau Danube Bleu qui part de la Forêt Noire traverse des villes prestigieuses comme Vienne, Budapest, Belgrade, s'étale pourtant après les Portes de Fer pour se jeter dans la Mer Noire, le Pont-Euxin. la très belle valse de Richard Strauss est dans toutes les mémoires. Mais en lisant au plus près l'histoire de la Roumanie, on voit que ce pays n'a pas échappé à toutes ces vicissitudes qu'ont traversé au cours de leur histoire, les peuples du monde, et particulièrement les peuples de l'Europe que ce soit à l'Ouest ou à l'Est. Mais cela n'a pas empêché l'éclosion de grands artistes, de grands compositeurs, de grands penseurs etc. Constanza, l'antique Tomis, sur la Mer Noire a accueilli le grand poète latin Ovide, chassé de Rome par l'empereur, et bloqué là, aux confins de l'Empire, en résidence surveillée jusqu'à la fin de ses jours au milieu des barbares "cet affreux pays parmi les Gètes et les Sarmates"(Pontiques,Ovide).Pays qui verra l'apparition du mythe de Dracula, à travers l'histoire réelle de Drag-l'Empaleur, dont on peut visiter le château dans les noires forêts de Transylvanie. Pour tenter d'effacer les terribles souvenirs des invasions, des guerres, quand la Roumanie ressuscitera, ses souverains et ses élites tenteront de lui donner un petit air de Petit Paris. Mais
cela ne sera que de courte durée... Et avec le déferlement des dictatures nées du Nazisme ou du Communisme, cela sera la fuite des élites vers l'Ouest... et le pays baignera dans la tristesse qui atteindra son point ultime avec les Ceaucescu !
Et Cioran ? Et Ionesco ? Et Micea Eliade ? Ils ont fui leur pays.
Cioran ayant perdu les heures heureuses de son enfance, s'étant jeté en passionné jeune homme dans le fascisme, fasciné qu'il fut par Hitler, la folie du peuple allemand, il en est revenu avec la défaite du Nazisme, de la droite dictatoriale en Roumanie, et s'est retrouvé démuni de toute idéologie, et a plongé dans la neurasthénie, l'insomnie, l'à-quoi-bon-vivre... le "Vanitas vanitatum", s'est accaparé du français et a écrit des traités superbes sur ces thèmes, dont son "Précis de décomposition"(Prix Rivarol 1950).
Ionesco, lui aussi s'est saisi du français et a révélé l'absurde et le non-sens avec ses fameuses pièces de théâtre dont "La Cantatrice chauve", pièces qui se jouent sans discontinuer depuis soixante ans. etc. de même pour Mircea Eliade avec sa notion du Sacré dans les mythes et les religions...
Des thèmes sur l'homme, la tristesse et l'absurdité d'être homme, la fuite vers le sacré si l'on est poussé à cela... Il semble que la morosité, l'extravagance de ses dirigeants, aient coupé tout espoir à ce peuple. Cioran, Ionesco, Mircea Eliade y ont tourné le dos en écrivant en français, mais leurs pensées sont restées celles de Roumains, tristes et désespérées.
Cela peut expliquer pourquoi beaucoup de Roumains "Roms" quittent leur pays.
Est-ce que Renault avec la Dacia, l'entrée dans l'Europe vont infléchir ce courant de pensée ?

Hermès

Merci pour votre message, j'ai aussitôt rectifié et mis Budapest et enlevé Prague sur le cours du Danube.

vendredi 1 avril 2011

Danger : Dans votre chambre : Ne laissez pas des livres policiers ou fantastiques !

C'est le conseil que Bernard Pivot donne dans l'interview qu'il a accordé à François Busnel dans le numéro le "Lire" du mois d'avril. :"Je trouve dangereux le voisinage avec des personnages plus ou moins fous ou criminels. Il est dangereux de mettre des livres dans sa chambre parce que les méchants personnages de la littérature - et il y en a beaucoup- peuvent venir vous titiller pendant la nuit. Et, dans les WC, ajoute-t-il, il faut mettre des livres courts, des petits poèmes (là, je ne suis pas d'accord parce que les WC puent), pas des traités de philosophie."
Bernard Pivot, impérial, se livre dans cette interview ; ce qui permet de découvrir ce qu'il nous donne à connaître de lui. Enfant du Beaujolais, il a aimé les mots dès son plus jeune âge à travers le Petit Larousse, puis après une formation de journalisme, il est entré au Figaro, s'est occupé des livres, après des années de travail d'arrache-pied, il a animé les célèbres APOSTROPHES et BOUILLON DE CULTURE, et a été élu à l'Académie Goncourt, où il déjeune tous les mardis chez Drouant, au couvert N° 1 (celui de Giono et Colette), et lit des tombereaux de livres pour le vote de consécration du Prix Goncourt.
Son regret : ne pas s'être adonné totalement à la littérature pour écrire des romans. Ne pas avoir totalement vécu, pris qu'il était par son devoir de lire pour rendre compte...
Une très intéressante interview d'un très grand professionnel de la littérature, qui a lancé un grand nombre d'écrivains en une seule émission...
Aujourd'hui, les temps ont changé, la littérature policière ou de thriller, une littérature-TGV a envahi les médias. Entre les news, la TV, Internet, les blogs, Twitter, Google, I-Pade... la littérature court, vole, se cherche...
Elle retombera sur ses pattes avec de nouveaux grands écrivains !
On peut se poser la question : Et si Bernard Pivot n'était pas "tombé" dans le pays du Beaujolais ? Quid ? ... La lecture...
Petite incongruité : sur la photo illustrant l'interview, dans le décor royal qui l'entoure, Bernard Pivot trône dans un fauteuil "design". Ce fauteuil fait tâche ; il n'est vraiment pas beau. Mais peut-être est-ce un message : " Voyez, je suis "vieille France", mais "moderne" aussi, prêt à toutes les audaces..."

Hermès

Bernard Pivot publie "LES MOTS DE MA VIE", Albin-Michel 2011