jeudi 30 septembre 2010

ANGKOR - Exposition au Musée Cernuschi - Paris

Une merveille ! Un choc métaphysique de la splendeur. Un monde inouï au milieu d'une végétation luxuriante protectrice. Gravir les centaines de marches des palais et des temples, entrer dans des salles immenses, sonores sous le vol de chauves-souris, longer des corridors aux colonnettes et de murs sculptés d'apsaras dansant, de scènes mythologiques du Maharabhata et Ramayana, les terrasses aux éléphants, les serpents sacrés barattant le lait d'éternité, les visages du Bouddha dominant les quatre coins du monde, dont on a fait un timbre célèbre.
Ce qui est extraordinaire, c'est la redécouverte par le Père Bouillevaux des Missions Etrangères en 1850 et Henri Mouhot en 1860 de ces villes-palais engloutis dans la jungle, dont le peuple et les rois khmers avaient comme "gommé" l'existence, pour les soustraire aux assaillants-prédateurs siamois, birmans ou chams. Ce qui est impressionnant c'est que grâce au traité du protectorat avec la France, de 1862, par l'intermédiaire de l'explorateur Auguste Pavie, le Cambodge ait survécu.
Hermès

- Voyages dans les royaumes de Siam, du Cambodge et du Laos, par Henri Mouhot
réédition aux Editions Orzane - Genêve.

mercredi 29 septembre 2010

A propos de François Mauriac, note pour l'Express.

La profondeur de François Mauriac c'était la certitude d'être dans sa chair intensément français, et de réagir avec tout ce que cela comporte d'intransigeance, baigné qu'il était de christianisme plus que de catholicité, d'idéaux de la Révolution et des Lumières plus que d'idéaux monarchiques ou réactionnaires. Le coeur de sa pensée, de ce qui a orienté toute son oeuvre et son action, c'était de peser de tout son poids sur la vie de ses contemporains pour défendre ce qu'il croyait juste. Il a, en lui, été juge de lui-même, juge des autres. Il a refusé ce que sa nature n'acceptait pas, excusé ce qu'il estimait excusable, et beaucoup pardonné, et d'abord à lui-même. Son oeuvre littéraire est au-dessus des textes envoyés à l'Express. Heureusement. Elle vit toute seule, portant sa vision du monde, de son christianisme, de son refus des esclavages, des dominations, des injustices. Il continuait l'oeuvre intense du génie de la Bastille, et il avait l'orgueil de ce qu'il faisait. C'était une "Citadelle" comme la décrivait Saint-Exupéry.
Henry Zaphiratos

mardi 28 septembre 2010

Michel Galabru, un Tonitruant "Bancable" Télé-Cinéma, Ce soir chez Stéphane Bern, France 3

Michel Galabru est un grand acteur et un grand amuseur. Il a dit et répété qu'il regrettait de n'être pas "BANCABLE" (prononcez in english, please), c'est-à-dire qu'aucun producteur ou organisme para-production comme Canal+ ou autres, ne monterait une production sur son seul nom. Et ça, cela lui a fait mal, et il l'a dit et répété.
Mais c'est une chose, l'autre, qui est plus importante, c'est que c'est un très grand acteur, avec une personnalité et une présence éblouissantes. Ce soir Stephane Bern, en maître de cérémonie charmant et sobre, en a fait la démonstration dans une très belle émission, en réunissant ses amis, nos amis du théâtre, du cinéma, de la télévision, des cabarets comme Bernadette Lafont, Valérie Mairesse, Jean Rochefort, Kad Merad, Marthe Mercadet etc., et en rediffusant des extraits d'émissions ou de films. On a revu Michel Galabru avec Isabelle Adjani, Romy Schneider... dans des films comme "Le Juge et l'assassin" qui lui a valu un César, une pièce de théâtre qui lui a valu un Molière en 2008. Michel Galabru a cassé la baraque comme on dit, dans la série des "Gendarmes de Saint-Tropez" en portant la réplique à Louis de Funès. Il est devenu un grand, incontournable de la série créé par Richard Balducci dans les années 60. Jean Rochefort a rappelé qu'il avait eu le premier prix du Conservatoire, qu'il avait joué à la Comédie française, notamment dans Georges Dandin. Michel Galabru un très grand acteur tonitruant. Il a rappelé sobrement que c'est lui qui a fait démarrer Jean-Paul Belmondo au théâtre.
Il va jouer au Petit-Marigny. A ne pas manquer.
Henry Zaphiratos

samedi 25 septembre 2010

La Ballade de Lila K de Blandine Le Callet, Stock Editions 2010, 396p. 21€50

Il y a des écrivains héroïques. Mme Blandine Le Callet est de ceux-là. Paraphrasant Kafka, son "Joseph K" et son "Procès", elle s'est lancée dans une aventure intellectuelle d'une grande ampleur avec cette "Ballade de Lila K", en décrivant les tribulations en l'an 2095 de son héroïne, petite fille que la police trouve dans un placard en venant arrêter sa mère, droguée, prostituée et vivant dans une misère physique et morale noire.
Lila sera élevée dans un Centre de rééducation. Puis, jusqu'à sa majorité, sera suivie, attentivement par un professeur Kauffmann, puis Fernand, un jeune homme, puis Justinien etc., sous la surveillance d'un Conseil. En grandissant, elle découvre, avec une gouaille, étonnante pour une enfant qui vit pratiquement cloîtrée et sans contact avec d' autres enfants, un univers style "concentrationnaire",(kafkaïen! nous y voilà !) dans une ville que l'on nomme la Zone, sous le contrôle permanent de caméras de surveillance. Pays où les livres n'existent plus, sinon en cachette, et dont les secrets sont conservés dans des "grammabooks". La Bibliothèque où elle travaille n'est qu'un centre de scannerage des archives. Cependant Lila, sous anxiolytiques, recherche sa mère. Qui est-elle ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tous ceux qui l'entourent en gardent farouchement le secret. Pour une raison fantastiquempent capitale : Lila n'a pas le droit de "savoir"... Alors farouchement elle remonte à la source, et découvre que sa mère se nommait Moïra Steiner. Et en même temps découvre qu'elle est née de père inconnu.
Mme Blandine Le Callet écrit dans un français très "basique". J'ai été parfois gêné, ainsi d'un : "avant que vous partez", qui aurait été mieux en "avant que vous partiez", ou "avant que vous ne partiez".
Les critiques semblent avoir été faites par des "professionnels" qui n'ont pas lu ce livre,(on le comprend, étant ennuyeux à souhait), et ils n'ont donc pu faire le rapprochement entre le "Joseph K" du "Procès" de Kafka, et Lila K.
Astuce dérisoire de l'auteure qui en rajoute avec des vers de Virgile, d'Ovide, et même de Jules César passant le Rubicon : "Alea jacta est"! Il faut ajouter des aphorismes du style de :""La vie est pleine de mystère", n'est-ce pas ?" (so british !)
La lecture de ce livre est héroïque.
Hermès

Françoise Sagan et la lecture. Extrait d'une interview de 1974, dans "ELLE"

-"Je rentre à la maison, je suis triste. Je viens de quitter quelqu'un dans un café, nous ne nous sommes pas compris. Je m'assieds dans un fauteuil, je regarde mes mains. Je ramasse un livre sur une table, j'ouvre au hasard (...) Je me mets à rire, je me laisse aller dans mon fauteuil, je suis Marcel Proust à la trace, je suis consolée(...).Ou c'est dimanche, il fait froid, je n'ai envie de voir personne mais la longue journée étale à venir me paraît comblée d'avance car j'ai un livre à lire de quelqu'un que j'aime lire. Ou je suis en voyage et je passe sans le voir devant un superbe panorama car j'ai le nez dans un livre. Ou il est quatre heures du matin, je dois me lever tôt mais je n'arrive pas à fermer mon livre car dans le beige, le silence, la solitude de l'aube, la voix de l'auteur me parvient, me retient, je l'écoute et nous restons les seuls êtres vivants à chuchoter dans cette ville morte."
-Texte retrouvé et cité dans "Vos lettres" de la revue "Lire"(sept.) par Mme.Elsa Bonifas -

-"Lecture, mon doux plaisir"- André Maurois.
Hermès

vendredi 17 septembre 2010

Claude Chabrol, Un Tâcheron d'un cinéma "petit-bourgeois"

Claude Chabrol qui vient de nous abandonner fut un excellent tâcheron du cinéma. Ses premiers films : "Le beau Serge", "Les Cousins" avaient laissé augurer la patte d'un grand metteur en scène. Il y avait du souffle, de la nouveauté. Brialy, Gérard Blain, Bernadette Laffont, sobres et éclatants, donnaient un je ne sais quoi de sincère et de naturel avec la nouveauté des éclairages, des plans. Après... c'est la banalité du ron ron cinématographique avec des hauts et des bas, le côté franchouillard des "Laverdin", le faux polar du "Tigre se parfume à la dynamite", le petit dévergondage des "Biches", et le lourdingue du "Boucher" avec Jean Yanne... C'est pas Flaubert, c'est pas Sacha Guitry, c'est pas Pagnol, ce n'est plus le cinéma qu'avait laissé entrevoir à ses débuts Claude Chabrol. Il lui a manqué le souffle, le regard au-delà des mers, des montagnes, de l'horizon. Il est resté un petit provincial au regard moqueur, et tout son cinéma s'en ressent. C'était un type super gentil, super aimable, super bon vivant, super Français, super cool avec les techniciens, les acteurs, les producteurs, qui appréciait les bonnes tables, les bonnes fourchettes, les bons festivals, les bon copains, les bouquins,la bonne vie. Et il avait raison. Ses films vont rester des documents sur la petite-bourgeoisie française qui a disparu avec la révolution sexuelle, politique, sociale et financière. Cela représentera la France étriquée d'avant Mai 68, avec un zeste de parfum de l'Entre-deux-guerres.
La TV a passé dernièrement "L'Ivresse du pouvoir", un petit film transpirant la bassesse et la haine,la volonté de nuire et la volonté de puissance. A côté, sur une autre chaîne, il y avait un chef d'oeuvre "Casablanca", puis un documentaire et la révélation que c'était un officier polonais qui avec l'aide d'officiers français avait dirigé tout le service de renseignement pour les Alliés, en Afrique du Nord et à... Casablanca !
Henry Zaphiratos

lundi 13 septembre 2010

Les couleurs du ciel. Jean-Paul et son papa, le grand sculpteur Paul Belmondo

Très sympa et enfin, très "naturel", ce respect pour ses parents de Jean-Paul Belmondo. Il a offert à la ville de Boulogne-Billancourt 259 sculptures, 444 médailles et 900 dessins de son père. La ville expose ces trésors au château Buchillot, rue l'Abreuvoir, dans le parc Rothschild. Cela permettra un beau détour.Le musée ultra-moderne escompté sur l'Île Seguin s'en est allé à Venise, où il détonne dans cette ville-musée du Moyen-âge et de la Renaissance. Boulogne-Billancourt offre son écrin à une oeuvre rare, toute la vie d'un grand artiste. Ce qui est un plus c'est que ce sont ses enfants qui ont fait le geste de cette offrande, comme de grands mécènes. Pour Jean-Paul Belmondo il y a chez lui de l'"homme parfait". Un gentilhomme pourrait-on dire de Bébel. De la gouaille des premiers films, à la sereine élégance amicale d'aujourd'hui.
«Mon père mérite ce musée» a-t-il répondu dans l'interview du Figaro du 16 septembre.
Et il a ajouté ce que lui a dit son père malade :
«-Pourquoi tu ne dessines plus, papa ?
Il m’a répondu, fataliste, mais avec de la tristesse dans le regard :
-Pour quoi faire ?
J’avais été bouleversé. »
Comme j'ai été bouleversé quand mon fils Cyrille a laissé tomber ses doigts sur le dessin qu'il tentait d'esquisser...
Henry Zaphiratos

dimanche 12 septembre 2010

A propos de l'interview de Raffaele Simone, paru dans le Monde Magazine du 12 septembre sur son essai "Le Monstre doux. L'Occident vire-t-il à droite?

Lisez l'interview de Rafaelle Simone, recueilli par Frédéric Joignot dans Le Monde Magazine, intitulé "Pourquoi l'Europe s'enracine à droite" à propos de son essai : "Le Monstre doux. L'Occident vire-t-il à droite ?" (Gallimard).
En reprenant son propos, nous pourrions nous demander si nous serions arrivés à une civilisation voisine de celle du Bas-Empire romain, lorsque la foule de Rome et des grandes cités réclamait aux autorités (l'Empereur-le Sénat) : "Du pain et des jeux" (Panem et Circences)?
Partant d'une évolution éventuelle des sociétés démocratiques envisagée par Tocqueville, dans son livre: De la démocratie en Amérique, Raffaelle Simone conclue dans sa théorie à l'anesthésie du peuple sous l'influence de la politique des grands groupes financiers, qui exploitant le développement exponentiel de la science et de la technique, précipitent toujours en avant les foules démocratiques dans leur course vers toujours plus de gadgets, de jeux, de loisirs, de "maternement", de compétition etc. Ce qu'il appelle la domination par "LE MONSTRE DOUX"...
Dans le système qu'il décrit la littérature expirerait. L'homme ne pouvant penser, ne pouvant plus agir, ne pouvant plus "être lui-même", étant dévoré par le consumérisme, la lutte pour vivre, il ne serait plus lui-même.

Extraits de textes de "La démocratie en Amérique" d'Alexis de Tocqueville, Chapitre VI intitulé "Quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre" : "Il semble que, si le despotisme venait à s'établir chez les nations démocratiques de nos jours, il aurait d'autres caractères : il serait plus étendu et plus doux , et il dégraderait les hommes sans les tourmenter." Et plus loin Tocqueville ajoute :" Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres."... Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort, il est absolu, détaille, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance... Il pourvoit à leur sécurité... prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages, que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?... Dans ce chapitre VI, Tocqueville continue : "...le souverain(démocratique) étend ses bras sur la société toute entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses, uniformes à travers lesquels les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule... ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie, les dirige... il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et réduit enfin chaque nation à n'être qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger... Il y a, de nos jours, beaucoup de gens qui s'accommodent très aisément de cette espèce de compromis entre le despotisme administratif et la souveraineté du peuple... " Fin de citation.

Rafaelle Simone nomme cette sorte de gouvernance de "Monstre doux" dont les trois commandements seraient :
1/ Premier commandement "Consommer" aidé et développé par la publicité
2/ Deuxième commandement "s'amuser", le "fun", des écrans partout, les événements tragiques estompés, assimilés à des "jeux télévisuels".
3/ Troisième commandement "Le corps jeune", le "jeunisme" par lifting etc.

Pour Raffaelle Simone, tous les mouvements de la pensée européenne, dont la pensée de gauche, se sont affaiblis, et n'offrent aucune perspective d'avenir à notre civilisation. Reste la gouvernance entre la droite et la finance qui avance sûre d'elle-même créant une civilisation de l'"hébétude".
On comprend mieux le pourquoi du "formatage" des esprits, y compris dans le domaine littéraire

Ces réflexions cependant ne tiennent pas compte de l'inconstance des hommes, de leurs possibilités imaginaires, des crises économiques, des mouvements des peuples, et de cette constatation historique que "les civilisations sont mortelles".

Entre ce qu'écrivait Tocqueville et aujourd'hui, il y a eu : la Guerre de Sécession, les guerres européennes de 1856/66/70, la guerre des Boers, la Grande guerre, la Seconde guerre mondiale, la Guerre froide, et des guerres périphériques...

C'est un livre à lire et à méditer.
Henry Zaphiratos

samedi 11 septembre 2010

"C'est une chose étrange à la fin que le monde" ou Dieu, sa vie, son oeuvre, Jean d'Ormesson, Robert Laffont

Le play-boy aux yeux bleus vendra toujours son sourire, son regard pétillant, sa voix douce et convaincante. Il s'est adossé à la littérature comme à une cathédrale,et le publlic l'aime comme on aime un amant oublié dans un beau souvenir. Les livres qu'il a écrits, à part "Au plaisir de Dieu" sur sa famille et leur beau château perdu, sont d'une tendre futilité. Ses rêveries vagabondes peuplent des pages vides, au style sans heurts que les vieilles soupirantes aiment avant de s'endormir dans une béatitude heureuse. M. Trinh Xuan Thuan, notre aimable savantissime vietnamo-français, est vraiment délicat de venir illuminer de sa pertinence le livre de réflexions de ce jeune homme de notre époque, qui veut être présent, chaque automne, à l'heure des rendez-vous télévisuels, pour asseoir son immortalité d'auteur médiatique.
Le prétexte de l'interrogation sur Dieu et le monde, n'est qu'une coquetterie de plus
sur une éternelle énigme.
Henry Zaphiratos

vendredi 10 septembre 2010

F.O.Giesbert et sa SEMAINE CRITIQUE du 10 septembre 2010 - Gonflant - -

F.O.Giesbert a transporté sur France 2 un petit comité de rédaction composé de quatre journalistes, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Caroline Fourest, David Abiker, Fabrice d'Almeida. L'émission a tourné à un débat quasi-psychanalitique sur Marine Le Pen et le Front National, avec en toile de fond le thème de la "honte", objet du dernier livre de Boris Cyrulnik(présent et pontifiant). Tous les journalistes voulaient que Marine Le Pen ait "honte" des propos jadis tenus par son père, ait "honte" tout court, comme d'ailleurs le soulignait charitablement F.O.G.,tout homme digne de ce nom (c'est le thème de Boris Cyrulnik). Comme des guêpes les questions allaient et venaient cherchant à piquer. Puis le débat est parti sur Eric Zemmour, qui n'était pas présent, sur le livre que lui a consacré M. Mohamed Sifaoui.(l'élégance de parler d'un confrère qui n'est pas là !)
Une émission intéressante parce qu'elle réveillait de vieilles blessures, qu'elles disaient que les vacances étaient terminées, que les Français allaient, pour une nouvelle année, se coltiner leurs misères et que F.O.G et son équipe seraient là pour les leur raviver, chaque semaine. Ils ont évoqué la scission possible de la Belgique... en disant des choses pas très agréables... peut-être très tristes pour des oreilles françaises et wallonnes...
Une belle soirée d'été gâchée. Il vaut mieux peut-être, pour les semaines à venir, lire, aller au théâtre, regarder ailleurs ou écouter de la musique, ou tout simplement aller se balader pour respirer un air plus frais.
Henry Zaphiratos

Les TV, Radios et "Minute" dans La Guerre des Titres pour Liseurs . La rentrée 2010 pour ceux qui veulent être absolument "à la page".

A l'assaut du palmarès de la semaine :
L'écrivain Michel Houellebecq a été propulsé en haut du palmarès des ventes à la vitesse Grand V. le vendredi 3 septembre par les louanges d'une critique dithyrambique, y compris celle du journal "Minute" sous la plume de Joël Prieur, mais non de celle du Canard Enchaîné et de L'Express. "La Carte et le territoire" (Flammarion)de Houellebecq fait un carton : près de 23.000 exemplaires en deux jours. A titre de comparaison, en un mois, Jean d'Ormesson, le play-boy aux yeux bleus, deuxième du palmarès, fait un score total de 26.000 exemplaires pour "C'est une chose étrange à la fin que le monde" (Robert Laffont).
Flammarion, l'éditeur de Houellebecq, déclare avoir fait un premier tirage de 120.000exemplaires, suivi de deux réimpressions, pour un total de 190.000 exemplaires. Les apparitions de l'écrivain, mardi au Grand Journal de Canal +, le lendemain au journal de France 2, puis sur Europe 1 avec Jean-Pierre Elkabbach, la semaine prochaine sur Café Picouly (France 5), Bibliothèque Médicis (Public Sénat) et Au Field de la nuit (TF1), devraient accroître la pression sur les liseurs qui doivent décorer leur bibliothèque, ou montrer la page de garde in le Metro ou le Bus, ou à leurs copains. " C'huis dans l'coup, moi, mon vieux ! Le Houellebecq, c'est énorme ! Enorme que je te dis !" "Tu l'as lu ?" "Ouais, j'ai ouvert..."
Le reste du palmarès « romans » : Amélie Nothomb (3e) avec "Une forme de vie" (Albin Michel) frôle les 50.000 exemplaires, et l'Américain Bret Easton Ellis "Suite(s) impériale(s)" (Robert Laffont), est désolé d'être à la 4e place avec 15.000 ex. vendus.
Le reste : des clopinettes.
Hermès

jeudi 9 septembre 2010

Une forme de vie d'Amélie Nothomb, Albin Michel, 180p, 15€90

C'est le nouveau Nothomb. 40.000 fans se sont déjà précipités dans les librairies pour arracher l'oeuvre de leur égérie. C'est un bouquin magnifique qui comble leurs voeux pour 15euros, 90 ! C'est pas cher! Et encore, dans les grandes surfaces les fans auront 5% de réduc ! Vous vous rendez compte ! Le pied quoi !
Un bouquin formidable sur un pauvre trouffion US en Irak qui envoie dépêche sur dépêche à sa mamy épistolaire Amélie Nothomb qui se balade aux USA, pour lui dire que cette guerre le débecte, qu'il ne vit plus que dans la trouille et qu'il lui faut bouffer, bouffer pour compenser ! Pensez donc il n'avait que quelques 60kg en entrant dans l'armée, et en Irak, maintenant, il en a près de 130kgs. Alors elle va lui proposer un truc formidable que je vous dis : faire une grande Expo de lui-même dans un galerie célèbre de Bruxelles, avec toute sa graisse qui déborde.
Je vous dis un livre formidablement graisseux.
Pour 15balles, 90, pour 180 pages en gros caractères, ça vaut vraiment le coup, et 5% de la loi Lang de remise dans les grandes surfaces ! Courez vite! Elle veut, avec son éditeur, que 200.000 exemplaires soient vendus le plus rapido avant que le Houellebecq ne surgisse de la forêt des livres !
Bidoche graisseuse à débiter !
La couverture exprime la stupeur d'un tel récit.
Hermès

mercredi 8 septembre 2010

A propos de l'interview de Xavier Beauvois, concernant son film "Des hommes et des dieux" in L'Express

Xavier Beauvois dit des choses très simples et avec modestie. Le cinéaste, contrairement à un écrivain, un compositeur ou un peintre, qui eux créent des personnages, des situations, un monde enfin, est une sorte de "voleur". Il doit "emprunter" de partout des éléments pour faire vivre comme il l'entend, une situation, des personnages( avec des acteurs qui ne sont et ne seront jamais ce qu'ils interprêtent être). Xavier Beauvois a l'humilité d'expliquer les "artifices" qu'il a utilisés pour obtenir les effets qu'il voulait. La caméra en plan fixe pour la sérénité et la beauté des lieux, les travellings pour les mouvements des moines au travail aux champs etc. Les airs du "Lac des cygnes",ou de "La passion selon Saint Matthieu" de Bach pour tirer des larmes, ou figer dans la profondeur de la réflexion les visages des moines en gros-plans. Même l'air célèbre de "Il était une fois dans l'Ouest". Le cinéaste recherchera par-dessus tout le résultat émotionnel (visuel et auditif) de son travail, et tout lui sera bon pour arriver à ce qu'il veut. Chaque cinéaste a sa méthode. L'autre soir, j'ai visionné "Nuits Blanches" de Visconti, adaptation d'une nouvelle tirée de F. Dostoïevski. Quelles contorsions pour recréer cette "Nuits Blanches" de Saint-Pétersbourg, à Milan ou Rome ! Le cinéaste est une sorte de magicien, l'écrivain, un créateur.
Henry Zaphiratos

"Le Rendez-vous de Juillet", de Jacques Becker. Premier film de la Nouvelle Vague 1950-1970 d'une génération

Il y a des films de "génération". Ils arrivent brutalement et représentent toute la jeunesse d'une époque, une jeunesse éternelle, car les "jeunesses" se ressemblent toutes par la recherche de la nouveauté, d'une façon d'être, d'une façon d'aimer, d'une façon d'espérer, d'envisager l'avenir.
Ce n'est pas François Truffaut, ou Jean-Luc Godard, ou autres qui ont créé "La Nouvelle vague" du cinéma. Cette nouvelle façon de tourner avec la caméra plus fluide, des décors naturels(pas ou peu de studio), un jeu plus simple des acteurs nouveaux ( et moins théâtre), enfin de faire un film entre le documentaire et la fiction. C'est Jacques Becker avec "Le Rendez-vous de Juillet".
Jacques Becker en 1948, en voyant les actualités cinématographiques sur la vivacité de l'époque, la volonté de vivre, de s'épanouir d'une jeunesse sortant d'une guerre horrible et ténébreuse. Songez que les jeunes de 1940/1945, ont été "opprimés" par la guerre, l'Occupation, la proximité de la mort, de la souffrance, les déchirements des familles dont les "pères" étaient prisonniers de guerre en Allemagne, les restrictions alimentaires etc. ces jeunes ont littéralement explosé à la Libération.
Ce film a été un hymne à la joie de vivre. Les caves de Saint-Germain-des-Prés, le jazz avec Claude Luter, Mezz Mezzrow, Rex Stewart, Boris Vian, ont été l'expression de cette rage de vivre. "Le Rendez-vous de juillet" a été au démarrage de cette nouvelle vie. A nouvelle expression cinématographique, nouveaux acteurs. Ainsi ce film révèlera Maurice Ronet(La Piscine), Daniel Gélin, Brigitte Auber, Nicole Courcel, Pierre Trabaud, comme quelques années plus tard Jacques Charrier et Pascale Petit seront révélés par "Les Tricheurs", Jacques Perrin, Colette Descombes par "Les Nymphettes", Brigitte Bardot, Jean-Louis Trintignant par "Et Dieu créa la femme" de Vadim.
"Le Rendez-vous de Juillet" avec sa voiture amphibie qui traverse la Seine, ses cours de théâtre dirigés par Louis Seigner, ses ambitions littéraires des uns, scientifiques, des autres, ses désirs de voyage etc. marque le début d'une nouvelle époque. On remarquera que les jeunes filles ont les mêmes réactions que celles d'aujourd'hui, qu'elles étaient indépendantes, volontaires, que les jeunes gens sont inquiets, fougueux et désemparés, mais pleins de désirs d'une autre vie... Cela préfigure la révolution de Mai 68... et le monde d'aujourd'hui.
Ce film a eu le prix Delluc 49 et le prix Méliès 50. La photographie en noir/blanc est parfois d'une grande beauté, elle est due au fils d'Auguste Renoir, le grand peintre impressionniste, Claude.
Ce film marque l'irruption d'une nouvelle forme d'écriture cinématographique, et d'un nouveau monde.
Henry Zaphiratos

mardi 7 septembre 2010

Michel Bouquet à la Comédie des Champs-Elysées, dans "Le roi se meurt" de Ionesco. Extrait de son interview in Le Figaro du 3 septembre 2010

Question de Nathalie Simon et Armelle Héliot :
"Allez-vous au théâtre ?
Michel Bouquet:« Je ne sors plus, mais je reste informé par la télévision. Le monde ne ressemble plus à celui que j'ai connu. Je ne suis pas du tout nostalgique, je suis décontenancé. J'ai vu la guerre - j'avais 14 ans, j'avais conscience de ce qui se passait -, j'ai vu la mort, la défaite… À 17 ans, j'ai pris la direction du théâtre, il m'a permis d'espérer. J'ai passé toute ma vie avec les grands auteurs, ce sont eux mes partenaires. Anouilh m'a donné six pièces ; Pinter, quatre; Thomas Bernhard m'en a donné deux… Je ne suis qu'un passeur. Je ne comprends pas qu'on puisse penser qu'on peut intéresser par son nombril. Je peux mettre quinze ans à comprendre l'énigme d'une pièce. J'ai mis quarante ans à comprendre comment jouer Le Misanthrope de Molière. J'avais une quarantaine d'années quand Vilar m'a demandé de le jouer. J'ai refusé, j'en étais incapable. Je n'ai pas connu les deux maîtres qui m'ont élevé, mais je les ai vus jouer: M. Dullin et Jouvet. Le premier dans Le Faiseur, le second dans L'École des femmes. J'avais trop peur de les approcher. »

J’ai vu Louis Jouvet à l’Athénée en 49/50 dans deux pièces "Ondine" de Giraudoux et " L’Ecole des Femmes". C'était profond et éblouissant.
H.Z

samedi 4 septembre 2010

LISEURS ou LECTEURS...De l'efficacité économique de la vente des LIVRES !

La vente des livres est un commerce comme les autres. Il faut "vendre". Et tous les moyens sont bons : publicité, marketing, passages à la TV, recommandations dithyrambiques. Le "produit" doit être valorisé, mis en exergue. Et quand ça prend c'est le triomphe du business. Ces "produits" remplissent les étals des librairies, des super-hyper-marchés. Les librairies indépendantes se regroupent avec plus ou moins de bonheur. Les grands groupes, ogres des temps, observent, puis entrent dans la danse et avalent. Chapitre. com avalé par un géant allemand, a grignoté l'ensemble Privat. On dit qu'il y a imposé ses méthodes de vente. Vachement bien si, éditeurs ou auteurs, on est dans le bal ; sinon... cela ne change rien. L'auteur confidentiel, qui n'a pas "éclaté", est repoussé au bord de la table de présentation jusqu'à tomber dans le précipice de la corbeille à oubliette. Et, des libraires qui avaient leur préférence pour un tel ou un tel, se retrouvent carpes muettes devant les grandes machines "lectorales". Et c'est très bien ainsi. Le clivage dans le Lectorat va s'accentuer entre les LISEURS et les LECTEURS. Les premiers vont remplir leur sacs dans les supermarchés et les "grandes librairies" de bouquins à la mode, les autres vont renifler les vapeurs odorantes des pages qui leur conviennent. Les uns vont s'endormir au bord de gouffre de vacuité, les autres vont s'éveiller à des mondes nouveaux. Cela a toujours été ainsi. Le miracle parfois s'accomplit de la rencontre entre le bouquin vivifiant et le succès de librairie. Alors, là, c'est le triomphe pour tous. J'écris tout ceci parce que j'apprends par le Nouvel Obs.(Marc Dugain) qu'Isabelle Desesquelles, romancière sensible, qui dirigeait la célèbre et centenaire librairie Privat, à Toulouse (que le groupe allemand de Jörg Hagen a rachetée en 2005) était triste de son départ de cette boîte, car elle ne pourra plus "aider" les auteurs qu'elle aime comme Marie Ndiaye(entre nous, douce rigolade, quand ont sait que celle-ci a eu le Prix Goncourt ! Qu'est-ce qu'Isabelle pouvait lui apporter de plus ?) idem pour Jean-Paul Dubois!(re-rigolade pour cet autre prix Goncourt!). Mais je me souviens très bien, par ailleurs, qu'étant allé chez Privat pour acheter un roman de Jean Giraudoux, m'être heurté au silence des vendeurs, de leur listing. Il y avait bien les "scolaires" théâtres de Giraudoux, mais de ses romans, aucun. De plus, mes livres ! (je ne suis pas un auteur connu) étaient relégués dans la soute à bagages de la librairie Privat. Alors, les émois d'une directrice de Privat qui quitte son poste, et dit qu'elle "croyait à la vertu du temps, qui finit par récompenser les beaux textes aux tirages confidentiels, et voyait sa librairie comme « un lieu où le texte, né d'un tumulte intime, puisse respirer un peu », ça fait rire.
Jörg Hagen a préfèré la remplacer par « une caissière ».
Les livres ne s'en porteront pas plus mal.
Henry Zaphiratos

vendredi 3 septembre 2010

Sur les premières pages du nouveau livre de Houellebecq, publiées dans l'Express, le 3 septembre 2010

Extraits de ces pages du livre "La carte et le territoire" :

"Je chie sur vous du haut de mon fric." "...son visage quelque chose de sanguin et de lourd, typiquement anglais." "Jed retouchait l'expression de Koons se levant de son siège, les bras lancés en avant dans un élan d'enthousiasme comme s'il tentait de convaincre Hirst ; c'était aussi difficile que de peindre un pornographe mormon."

Mon commentaire :
Ecriture du café du commerce d'intello fatigué plutôt que déjanté. Loin des trentenaires, loin des quadra, des quinca. Rien! Une boursouflure d'écrivain à la remorque, que le succès inopiné à rendu sarcastique et dominateur. Livre à balancer, comme le faisait jadis Jean-Edern Hallier, par-dessus les épaules.
H.Z.

jeudi 2 septembre 2010

L'ADULESCENCE, ou le syndrome de Peter Pan protège les Trentenaires ( A propos d'Envoyé Spécial de France 2)

Ils ne veulent pas entrer dans le monde des adultes. Un monde qui leur fait peur sinon les terrifie. Ils ne veulent pas quitter leur enfance, leur adolescence, Dorothée, Casimir, Darkvador, la Guerre des Etoiles, les BD de monstres, de vampires, Batman, Spirou etc.
Ils sont dans leur monde enchanté, ils se construisent un univers qui continue leur vie d'enfants protégés par des parents qui ont voulu les préserver de toutes les terreurs qu'eux-mêmes ont vécues. Aujourd'hui le monde leur paraît terrible avec les guerres interminables au Moyen-Orient, la crise économique qu'ils ne maîtrisent pas, un monde politique qu'ils regardent avec effarement. Il leur faut se retrouver, revivre, continuer à survivre dans leur monde imaginaire, qui est devenu leur réalité. Le créateur de Castelbajac a deviné cette détresse et s'est lancé dans la création de vêtements et d'objets pour continuer cette enfance. Les modélistes, les créateurs de ligne, les stylistes, les éditeurs, les auteurs de BD, d'Internet (Pussy), sont sur ce marché de la gentillesse, de l'innovation, de la supermodernité. Ils ont leur monde à eux, avec leur musique, leurs jeux, leur théâtre où l'on ne caricature pas comme dans "Les Bronzés" ou les "Sous-doués" ou les films de "Tarés", mais qui sont leurs jeux, leurs cours de récréation, leur univers de détente, de tranquillité. Un monde d'enfance, d'ado qui se continue, qui s'organise, de grandes et longues vacances en marge des problèmes qui assaillent leurs aînés, qui guettent leurs cadets, et qu'ils occultent pour pouvoir vivre, respirer, ne pas prendre d'embonpoint, de tension, éviter les drames. Combien de temps pourront-ils tenir ? Pourront-ils révolutionner ce monde qui arrive ? That is the question. En tout cas c'est un immense marché qui est ouvert, le marché de ceux qui ne veulent pas devenir des adultes conformistes.
Hermès

mercredi 1 septembre 2010

A propos du livre d'Alice Ferney "Passé sous silence" présenté par L'Express le 1°-sept.2010

Sur ce roman sur la Guerre d'Algérie.
C'est lointain et tragique. C'est proche et c'est tragique. C'est impossible de traiter cette époque cruelle avec détachement et sérénité. Peut-être en partant du fond des coeurs comme l'ont fait Arcady au cinéma et d'autres dans l'écrit. Mais c'est difficile. Une époque cruelle où il n'y a pas cette arrivée sur des temps plus sereins ou plus heureux. Comment en parler, si ce n'est en plongeant dans le fond d'un précipice ?
Je ne le lirai pas.