Claude Chabrol qui vient de nous abandonner fut un excellent tâcheron du cinéma. Ses premiers films : "Le beau Serge", "Les Cousins" avaient laissé augurer la patte d'un grand metteur en scène. Il y avait du souffle, de la nouveauté. Brialy, Gérard Blain, Bernadette Laffont, sobres et éclatants, donnaient un je ne sais quoi de sincère et de naturel avec la nouveauté des éclairages, des plans. Après... c'est la banalité du ron ron cinématographique avec des hauts et des bas, le côté franchouillard des "Laverdin", le faux polar du "Tigre se parfume à la dynamite", le petit dévergondage des "Biches", et le lourdingue du "Boucher" avec Jean Yanne... C'est pas Flaubert, c'est pas Sacha Guitry, c'est pas Pagnol, ce n'est plus le cinéma qu'avait laissé entrevoir à ses débuts Claude Chabrol. Il lui a manqué le souffle, le regard au-delà des mers, des montagnes, de l'horizon. Il est resté un petit provincial au regard moqueur, et tout son cinéma s'en ressent. C'était un type super gentil, super aimable, super bon vivant, super Français, super cool avec les techniciens, les acteurs, les producteurs, qui appréciait les bonnes tables, les bonnes fourchettes, les bons festivals, les bon copains, les bouquins,la bonne vie. Et il avait raison. Ses films vont rester des documents sur la petite-bourgeoisie française qui a disparu avec la révolution sexuelle, politique, sociale et financière. Cela représentera la France étriquée d'avant Mai 68, avec un zeste de parfum de l'Entre-deux-guerres.
La TV a passé dernièrement "L'Ivresse du pouvoir", un petit film transpirant la bassesse et la haine,la volonté de nuire et la volonté de puissance. A côté, sur une autre chaîne, il y avait un chef d'oeuvre "Casablanca", puis un documentaire et la révélation que c'était un officier polonais qui avec l'aide d'officiers français avait dirigé tout le service de renseignement pour les Alliés, en Afrique du Nord et à... Casablanca !
Henry Zaphiratos
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire