mercredi 8 septembre 2010

"Le Rendez-vous de Juillet", de Jacques Becker. Premier film de la Nouvelle Vague 1950-1970 d'une génération

Il y a des films de "génération". Ils arrivent brutalement et représentent toute la jeunesse d'une époque, une jeunesse éternelle, car les "jeunesses" se ressemblent toutes par la recherche de la nouveauté, d'une façon d'être, d'une façon d'aimer, d'une façon d'espérer, d'envisager l'avenir.
Ce n'est pas François Truffaut, ou Jean-Luc Godard, ou autres qui ont créé "La Nouvelle vague" du cinéma. Cette nouvelle façon de tourner avec la caméra plus fluide, des décors naturels(pas ou peu de studio), un jeu plus simple des acteurs nouveaux ( et moins théâtre), enfin de faire un film entre le documentaire et la fiction. C'est Jacques Becker avec "Le Rendez-vous de Juillet".
Jacques Becker en 1948, en voyant les actualités cinématographiques sur la vivacité de l'époque, la volonté de vivre, de s'épanouir d'une jeunesse sortant d'une guerre horrible et ténébreuse. Songez que les jeunes de 1940/1945, ont été "opprimés" par la guerre, l'Occupation, la proximité de la mort, de la souffrance, les déchirements des familles dont les "pères" étaient prisonniers de guerre en Allemagne, les restrictions alimentaires etc. ces jeunes ont littéralement explosé à la Libération.
Ce film a été un hymne à la joie de vivre. Les caves de Saint-Germain-des-Prés, le jazz avec Claude Luter, Mezz Mezzrow, Rex Stewart, Boris Vian, ont été l'expression de cette rage de vivre. "Le Rendez-vous de juillet" a été au démarrage de cette nouvelle vie. A nouvelle expression cinématographique, nouveaux acteurs. Ainsi ce film révèlera Maurice Ronet(La Piscine), Daniel Gélin, Brigitte Auber, Nicole Courcel, Pierre Trabaud, comme quelques années plus tard Jacques Charrier et Pascale Petit seront révélés par "Les Tricheurs", Jacques Perrin, Colette Descombes par "Les Nymphettes", Brigitte Bardot, Jean-Louis Trintignant par "Et Dieu créa la femme" de Vadim.
"Le Rendez-vous de Juillet" avec sa voiture amphibie qui traverse la Seine, ses cours de théâtre dirigés par Louis Seigner, ses ambitions littéraires des uns, scientifiques, des autres, ses désirs de voyage etc. marque le début d'une nouvelle époque. On remarquera que les jeunes filles ont les mêmes réactions que celles d'aujourd'hui, qu'elles étaient indépendantes, volontaires, que les jeunes gens sont inquiets, fougueux et désemparés, mais pleins de désirs d'une autre vie... Cela préfigure la révolution de Mai 68... et le monde d'aujourd'hui.
Ce film a eu le prix Delluc 49 et le prix Méliès 50. La photographie en noir/blanc est parfois d'une grande beauté, elle est due au fils d'Auguste Renoir, le grand peintre impressionniste, Claude.
Ce film marque l'irruption d'une nouvelle forme d'écriture cinématographique, et d'un nouveau monde.
Henry Zaphiratos

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