Xavier Beauvois dit des choses très simples et avec modestie. Le cinéaste, contrairement à un écrivain, un compositeur ou un peintre, qui eux créent des personnages, des situations, un monde enfin, est une sorte de "voleur". Il doit "emprunter" de partout des éléments pour faire vivre comme il l'entend, une situation, des personnages( avec des acteurs qui ne sont et ne seront jamais ce qu'ils interprêtent être). Xavier Beauvois a l'humilité d'expliquer les "artifices" qu'il a utilisés pour obtenir les effets qu'il voulait. La caméra en plan fixe pour la sérénité et la beauté des lieux, les travellings pour les mouvements des moines au travail aux champs etc. Les airs du "Lac des cygnes",ou de "La passion selon Saint Matthieu" de Bach pour tirer des larmes, ou figer dans la profondeur de la réflexion les visages des moines en gros-plans. Même l'air célèbre de "Il était une fois dans l'Ouest". Le cinéaste recherchera par-dessus tout le résultat émotionnel (visuel et auditif) de son travail, et tout lui sera bon pour arriver à ce qu'il veut. Chaque cinéaste a sa méthode. L'autre soir, j'ai visionné "Nuits Blanches" de Visconti, adaptation d'une nouvelle tirée de F. Dostoïevski. Quelles contorsions pour recréer cette "Nuits Blanches" de Saint-Pétersbourg, à Milan ou Rome ! Le cinéaste est une sorte de magicien, l'écrivain, un créateur.
Henry Zaphiratos
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