mardi 7 septembre 2010

Michel Bouquet à la Comédie des Champs-Elysées, dans "Le roi se meurt" de Ionesco. Extrait de son interview in Le Figaro du 3 septembre 2010

Question de Nathalie Simon et Armelle Héliot :
"Allez-vous au théâtre ?
Michel Bouquet:« Je ne sors plus, mais je reste informé par la télévision. Le monde ne ressemble plus à celui que j'ai connu. Je ne suis pas du tout nostalgique, je suis décontenancé. J'ai vu la guerre - j'avais 14 ans, j'avais conscience de ce qui se passait -, j'ai vu la mort, la défaite… À 17 ans, j'ai pris la direction du théâtre, il m'a permis d'espérer. J'ai passé toute ma vie avec les grands auteurs, ce sont eux mes partenaires. Anouilh m'a donné six pièces ; Pinter, quatre; Thomas Bernhard m'en a donné deux… Je ne suis qu'un passeur. Je ne comprends pas qu'on puisse penser qu'on peut intéresser par son nombril. Je peux mettre quinze ans à comprendre l'énigme d'une pièce. J'ai mis quarante ans à comprendre comment jouer Le Misanthrope de Molière. J'avais une quarantaine d'années quand Vilar m'a demandé de le jouer. J'ai refusé, j'en étais incapable. Je n'ai pas connu les deux maîtres qui m'ont élevé, mais je les ai vus jouer: M. Dullin et Jouvet. Le premier dans Le Faiseur, le second dans L'École des femmes. J'avais trop peur de les approcher. »

J’ai vu Louis Jouvet à l’Athénée en 49/50 dans deux pièces "Ondine" de Giraudoux et " L’Ecole des Femmes". C'était profond et éblouissant.
H.Z

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