dimanche 22 février 2015

37 POEMES de Trân Dâng Khoa Editions de Hanoï, traduction Michèle Sullivan & Hoâng thi Phuong 88 p. 2014

Superbe livre illustré par Dominique de Miscault. Recueil de poèmes bucoliques, poèmes de vie, parfois resserrés comme des Haï-ku, qui donnent la quintessence d'une émotion face à la beauté de la nature, à la beauté de l'enfance, à la fugacité de la vie.
"L'orage soudain tourbillone au centre du village
 La berge de l'étang s'effrite, le pied du badamier s'incline à sa suite
 Le pamplemousse lutte contre la noyage
 L'étang est petit mais une vague dresse sa tête blanche"   1972
17/20
Hermès  

samedi 21 février 2015

AUTOPORTRAIT, mémoires de Helmut Berger - Editions Seguier - 325 pages 2015

"C’est vrai, la vie m’a beaucoup gâté. Et à ceux qui ne retiennent que les scandales qui l’ont jalonnée, j’indique qu’ils rejoignent la liste des gens que j’ignore souverainement", prévient en préambule l’acteur de 70 ans, fêtard notoire et bisexuel assumé qui fut en son temps considéré "comme le plus bel homme du monde":

EXTRAITS :

Delon, Visconti et moi

"Delon voulait vraiment me prendre le grand amour de ma vie, le cinéaste de génie, le si spirituel, le tendre et élégant Luchino Visconti. Delon n’avait rien à offrir, il voulait juste les meilleurs rôles. Il était jaloux de moi et enviait mon succès. Pour servir ses fins, il alla jusqu’à utiliser son fils Anthony. Il lui faisait écrire des mots d’amour à Visconti, avec son écriture d’enfant. Mais j’ai ruiné ses plans."

 Romy Schneider

"Alain Delon resta son grand amour jusqu’à sa mort. J’avoue qu’il était bel homme à une époque, mais toujours calculateur. Elle [Romy Schneider] me raconta qu’il avait essayé plusieurs fois de coucher avec elle après leur séparation, mais qu’elle avait toujours refusé, tout comme elle refusa de tourner avec lui après La Piscine, qui fut couronné de succès. Il avait dû profondément la blesser, ce dont elle ne se remit jamais. Jusqu’au bout Delon aura été sa chance et son malheur. Alors qu’elle ne l’aurait jamais trompé, lui la trompait tout le temps. Elle voulait un enfant de lui, lui n’en voulait pas."

Marisa Berenson et les femmes

"C’est probablement à cause de l’alcool que mes relations avec les femmes ont toujours été particulièrement compliquées. J’aime les femmes, j’aime leur présence, mais elles sont trop possessives. Elles veulent toujours se marier, avoir des enfants, un foyer douillet, toute cette mise en scène de bisounours qui paralyse, rend immobile, et qui est tout sauf amusante. Pour ce qui est de la superbe Marisa Berenson, elle n’était pas la femme émancipée et indépendante qu’elle laissait croire. Nous avons vraiment passé des moments extraordinaires, nous nous sommes amusés l’un avec l’autre comme deux toxicomanes avec leur drogue, mais à tous les dîners, elle me voulait à ses côtés."

 Noureev

"Tous les jours il dansait pendant des heures et usait des paires et de paires de chaussons de danse. Son obsession était animale, il se jetait sur les jolis garçons comme sur l’ail. Sa passion m’emporta. Nous baisâmes dans de petites ruelles venteuses de Paris. Un jour, je tirai violemment sur sa fermeture éclair. Il se blessa la bite et dut passer les jours suivants comme un moine, ce qui me fit beaucoup rire."

Picasso

"Mes amis n’arrivaient pas à croire que je sois capable de rire du terrible incendie qui dévasta mon appartement en 1992. À cause d’un câble défectueux, j’ai perdu des tableaux de Miró, de Chagall et de Schiele, des esquisses et des céramiques de Picasso… (…) 'Mon Dieu, tant pis', disais-je sur le ton de la plaisanterie, 'je sais que quand une porte se ferme dans ma vie, une autre s’ouvre toujours. Le destin, c’est le destin, n’est-ce pas? So what! Ce feu n’a fait que de la place pour de nouvelles et plus importantes choses dans ma vie.'"

Mick et Bianca

"J’avais fait la connaissance de Mick Jagger à Londres, chez David Bailey. Ses concerts furent de grands moments pour moi. J’aimais bien jouer le postillon d’amour de Mick auprès de Bianca, sa future femme, que j’avais rencontrée par le biais d’Eddie Barclay, le producteur de musique parisien. Il voulait faire un disque avec moi dans les années soixante-dix et au lieu de cela, il me présenta Bianca. C’était déjà ça. (…) Mick et moi nous retrouvions partout. À Paris, nous fréquentions plusieurs établissements : le Crazy Horse, Le Flore, Les Deux Magots, ainsi que le Bilboquet à Saint-Germain-des-Prés, où le groupe The Animals jouait en live. Un jour, nous atterrîmes tous deux, très tôt le matin, dans le lit de Bianca dans sa suite au Plaza Athénée. Scusi, pas pour ce que vous croyez. Nous avons juste dormi ensemble."

La Callas

"Maria souffrait terriblement de ses problèmes de poids. Luchino me raconta qu’il lui avait recommandé, pendant la mise en scène de La Traviata à la Scala de Milan, de se faire mettre un ver solitaire. Il s’agissait d’un remède de grand-mère bien connu. La Callas avait vraiment perdu 30 kilos avec son ver. (…) En privé, Maria était tout sauf une diva. Elle adorait les ragots et la causette. C’est pour cette raison qu’elle avait invité Franco Rossellini, qui, en tant que producteur de films à Rome, connaissait les derniers ragots du milieu et, en tant que jet-setteur, était au courant des derniers couples qui s’étaient formés. Elle voulait en apprendre le plus possible sur la vie intime des autres, même ceux qu’elle ne connaissait pas. Une vraie commère

mercredi 18 février 2015

La République des Lettres, de Marc Fumaroli, Gallimard, 480p. 25€ - 2014

Marc Fumaroli éminent historien du XVIII° siècle, se penche sur cette République des Lettres qui réunit les écrivains, les philosophes dans une sorte de club ouvert à travers l'Europe, où dans un désir de loisir lettré ils correspondent, échangent, développent leur idées, leurs thèmes  dans une soif de recherche de la Vérité et de Raison, comme l'écrit l'un d'eux, Pierre Bayle en 1697, dans son Dictionnaire historique et critique. C'est l'OTIUM LITTERATUM, le loisir lettré des Romains...
18/20

lundi 9 février 2015

Dans le jardin des mots, de Jacqueline de Romilly, Essai - Editions de Fallois.

Chaque mois, depuis des années, Jacqueline de Romilly essaie de nous faire partager son amour de la langue française. Ce qu'elle veut avant tout, c'est nous en donner le goût. C'est-à-dire qu'elle insiste plus sur les beautés de cette langue que sur les dangers qui la menacent. A partir d'un mot qu'elle a choisi, elle cherche à en préciser le sens, la valeur correcte, l'étymologie, ainsi que l'évolution qui, en fonction des changements de la société, des découvertes scientifi...ques, ou des réflexions des écrivains, a chargé ces mots de nuances nouvelles. En somme, elle nous fait vivre le roman des mots. Les langues, en effet, ne cessent de se transformer. S'il existe des inventions inutiles et pédantes, qui ne sont en réalité que des fautes portées par une mode souvent précaire, il existe aussi des changements qui reflètent notre histoire et notre pensée. Il est passionnant d'en suivre le cours. Peu à peu les mots se chargent d'une riche complexité. Réunies ici pour la première fois en un volume, ces promenades dans le jardin des mots nous permettent de contempler, en compagnie du meilleur guide que l'on puisse avoir, l'un des plus beaux paysages du monde, la langue française.

Willy Lefèvre

vendredi 6 février 2015

Gabriel Matzneff : deux nouvelles publications

-Journal (suite) 2009-2013 - Gallimard 520p. 26,50€
-Lettre au capitaine Brunner - La Table Ronde 206p.  17€

jeudi 5 février 2015

Vivre à Madère, roman de Jacques Chardonne, Grasset, 232p.

Un roman d'un certain charme par la façon de conter, vu d'"en-haut", sans pénétrer dans l'âme des personnages, on sent que l'auteur ne le pouvait pas. Il esquisse, raconte à la suite, mêle ses réflexions, ses débats intimes, ce qui est le propre de l'écrivain qui veut s'exprimer à travers ses personnages. Chardonne qui était auto-éditeur de ses livres à travers sa société d'Editions Stock, étudiait sans cesse l'âme féminine, sans jamais la comprendre, restant "en-dehors" par pudeur ou par impuissance à la comprendre.
Les descriptions des paysages sont fastidieuses ; il faut les passer si on est gêné. La trame, les dialogues sont intéressants. Cela reste l'œuvre d'une époque, les réflexions et l'attitude d'un auteur de ce début et moitié du XX° siècle, sans la force, la puissance des grands auteurs. François Mitterrand l'aimait parce qu'il était charentais comme lui, il aimait probablement son style léger, effleurant les sujets avec la distinction des gens "bien comme-il-faut" , sans éclat, sans vigueur, un peu nonchalant. Ainsi parlant du jardin de Claude Monet, il le situe à Chavigny au lieu de Giverny.
Extraits :
"Si un écrivain a du style, ce qu'il dit n'a aucune importance. On le lira toujours avec plaisir"
"Je vais de confier un secret de la création littéraire... Au commencement il y a une émotion légère, à peine formée, un sentiment presque indistinct qui s'éveille, encore intact ; il voudrait éclore, et il choisit la voie détournée des mots, à la place de la vie mortelle."
Pages 230/231
Hermès