samedi 21 février 2015

AUTOPORTRAIT, mémoires de Helmut Berger - Editions Seguier - 325 pages 2015

"C’est vrai, la vie m’a beaucoup gâté. Et à ceux qui ne retiennent que les scandales qui l’ont jalonnée, j’indique qu’ils rejoignent la liste des gens que j’ignore souverainement", prévient en préambule l’acteur de 70 ans, fêtard notoire et bisexuel assumé qui fut en son temps considéré "comme le plus bel homme du monde":

EXTRAITS :

Delon, Visconti et moi

"Delon voulait vraiment me prendre le grand amour de ma vie, le cinéaste de génie, le si spirituel, le tendre et élégant Luchino Visconti. Delon n’avait rien à offrir, il voulait juste les meilleurs rôles. Il était jaloux de moi et enviait mon succès. Pour servir ses fins, il alla jusqu’à utiliser son fils Anthony. Il lui faisait écrire des mots d’amour à Visconti, avec son écriture d’enfant. Mais j’ai ruiné ses plans."

 Romy Schneider

"Alain Delon resta son grand amour jusqu’à sa mort. J’avoue qu’il était bel homme à une époque, mais toujours calculateur. Elle [Romy Schneider] me raconta qu’il avait essayé plusieurs fois de coucher avec elle après leur séparation, mais qu’elle avait toujours refusé, tout comme elle refusa de tourner avec lui après La Piscine, qui fut couronné de succès. Il avait dû profondément la blesser, ce dont elle ne se remit jamais. Jusqu’au bout Delon aura été sa chance et son malheur. Alors qu’elle ne l’aurait jamais trompé, lui la trompait tout le temps. Elle voulait un enfant de lui, lui n’en voulait pas."

Marisa Berenson et les femmes

"C’est probablement à cause de l’alcool que mes relations avec les femmes ont toujours été particulièrement compliquées. J’aime les femmes, j’aime leur présence, mais elles sont trop possessives. Elles veulent toujours se marier, avoir des enfants, un foyer douillet, toute cette mise en scène de bisounours qui paralyse, rend immobile, et qui est tout sauf amusante. Pour ce qui est de la superbe Marisa Berenson, elle n’était pas la femme émancipée et indépendante qu’elle laissait croire. Nous avons vraiment passé des moments extraordinaires, nous nous sommes amusés l’un avec l’autre comme deux toxicomanes avec leur drogue, mais à tous les dîners, elle me voulait à ses côtés."

 Noureev

"Tous les jours il dansait pendant des heures et usait des paires et de paires de chaussons de danse. Son obsession était animale, il se jetait sur les jolis garçons comme sur l’ail. Sa passion m’emporta. Nous baisâmes dans de petites ruelles venteuses de Paris. Un jour, je tirai violemment sur sa fermeture éclair. Il se blessa la bite et dut passer les jours suivants comme un moine, ce qui me fit beaucoup rire."

Picasso

"Mes amis n’arrivaient pas à croire que je sois capable de rire du terrible incendie qui dévasta mon appartement en 1992. À cause d’un câble défectueux, j’ai perdu des tableaux de Miró, de Chagall et de Schiele, des esquisses et des céramiques de Picasso… (…) 'Mon Dieu, tant pis', disais-je sur le ton de la plaisanterie, 'je sais que quand une porte se ferme dans ma vie, une autre s’ouvre toujours. Le destin, c’est le destin, n’est-ce pas? So what! Ce feu n’a fait que de la place pour de nouvelles et plus importantes choses dans ma vie.'"

Mick et Bianca

"J’avais fait la connaissance de Mick Jagger à Londres, chez David Bailey. Ses concerts furent de grands moments pour moi. J’aimais bien jouer le postillon d’amour de Mick auprès de Bianca, sa future femme, que j’avais rencontrée par le biais d’Eddie Barclay, le producteur de musique parisien. Il voulait faire un disque avec moi dans les années soixante-dix et au lieu de cela, il me présenta Bianca. C’était déjà ça. (…) Mick et moi nous retrouvions partout. À Paris, nous fréquentions plusieurs établissements : le Crazy Horse, Le Flore, Les Deux Magots, ainsi que le Bilboquet à Saint-Germain-des-Prés, où le groupe The Animals jouait en live. Un jour, nous atterrîmes tous deux, très tôt le matin, dans le lit de Bianca dans sa suite au Plaza Athénée. Scusi, pas pour ce que vous croyez. Nous avons juste dormi ensemble."

La Callas

"Maria souffrait terriblement de ses problèmes de poids. Luchino me raconta qu’il lui avait recommandé, pendant la mise en scène de La Traviata à la Scala de Milan, de se faire mettre un ver solitaire. Il s’agissait d’un remède de grand-mère bien connu. La Callas avait vraiment perdu 30 kilos avec son ver. (…) En privé, Maria était tout sauf une diva. Elle adorait les ragots et la causette. C’est pour cette raison qu’elle avait invité Franco Rossellini, qui, en tant que producteur de films à Rome, connaissait les derniers ragots du milieu et, en tant que jet-setteur, était au courant des derniers couples qui s’étaient formés. Elle voulait en apprendre le plus possible sur la vie intime des autres, même ceux qu’elle ne connaissait pas. Une vraie commère

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