jeudi 5 février 2015

Vivre à Madère, roman de Jacques Chardonne, Grasset, 232p.

Un roman d'un certain charme par la façon de conter, vu d'"en-haut", sans pénétrer dans l'âme des personnages, on sent que l'auteur ne le pouvait pas. Il esquisse, raconte à la suite, mêle ses réflexions, ses débats intimes, ce qui est le propre de l'écrivain qui veut s'exprimer à travers ses personnages. Chardonne qui était auto-éditeur de ses livres à travers sa société d'Editions Stock, étudiait sans cesse l'âme féminine, sans jamais la comprendre, restant "en-dehors" par pudeur ou par impuissance à la comprendre.
Les descriptions des paysages sont fastidieuses ; il faut les passer si on est gêné. La trame, les dialogues sont intéressants. Cela reste l'œuvre d'une époque, les réflexions et l'attitude d'un auteur de ce début et moitié du XX° siècle, sans la force, la puissance des grands auteurs. François Mitterrand l'aimait parce qu'il était charentais comme lui, il aimait probablement son style léger, effleurant les sujets avec la distinction des gens "bien comme-il-faut" , sans éclat, sans vigueur, un peu nonchalant. Ainsi parlant du jardin de Claude Monet, il le situe à Chavigny au lieu de Giverny.
Extraits :
"Si un écrivain a du style, ce qu'il dit n'a aucune importance. On le lira toujours avec plaisir"
"Je vais de confier un secret de la création littéraire... Au commencement il y a une émotion légère, à peine formée, un sentiment presque indistinct qui s'éveille, encore intact ; il voudrait éclore, et il choisit la voie détournée des mots, à la place de la vie mortelle."
Pages 230/231
Hermès

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