mardi 31 mai 2016

Une nuit au Pera Palace de Charles King - Payot Edit. 454p.

En 1892, le Pera Palace à Istanbul fut le premier hôtel de luxe destiné aux voyageurs occidentaux montés à bord du mythique Orient-Express. Agatha Christie, John Dos Passos, Ernest Hemingway, Léon Trotski et Joseph Goebbels foulèrent ses sols rutilant de marbre. En plein quartier des ambassades, son hall grouillait de tant d'espions qu'un écriteau leur enjoignait de laisser les places assises aux véritables clients de l'hôtel... Lequel survécut même à l'explosion d'une bombe placée par les services secrets bulgares dans les bagages d'un diplomate britannique. C'est là, entre Orient et Occident que s'écrivit l'Histoire. A la population déjà cosmopolite de l'ancienne Constantinople, mêlée de Grecs, d'Arméniens, d'Arabes et de Juifs, s'ajouta avec la montée des périls l'afflux de réfugiés venus de tous les coins de l'Europe. Et, tandis que les Russes blancs ouvraient dancings et clubs de jazz où l'alcool coulait à flots, l'Empire ottoman cédait la place à la jeune République turque de Mustafa Kemal. Des temps sombres s'annonçaient... Un livre foisonnant, d'une grande force narrative, qui dépeint tout un pan de l'histoire du monde à partir de la destinée d'un grand hôtel.

vendredi 27 mai 2016

Comme un enfant perdu, de Renaud Séchan, Mémoires, XO Editions 240p.

Le célèbre chanteur revient sur son passé et sur ses rapports conflictuels avec son père. Il décrit un père protestant, écrivain, traducteur d'allemand contre lequel il va se révolter dans le mouvement de la jeunesse de Mai 68 , et qui ne comprendra pas le succès des chansons de son fils.
Les échanges verbaux rapportés par l'auteur sont durs, inapaisables... insultes, mépris, incompréhension, révolte...
Le fils avait oublié, occulté tout ce que le père a enduré pendant des années pour élever ses enfants...
Hermès

mardi 24 mai 2016

Le Plus et le Moins de Erri de Luka Gallimard traduit de l'italien Danièle Valin, 200p. 14,50€

Le charme d'un livre bien écrit, bien traduit, conservant toute sa fraîcheur et la spontanéité du mouvement de la pensée. L'auteur qui fut dans sa jeunesse un farouche partisan de Lotta continua , un jeune bourgeois passant dans la lutte des classes, adoptant la vie ouvrière, restant un protestataire, mais un protestataire rangé, réfléchissant sur le passé sans le renier, remonte dans ce livre au fil du temps, de son enfance à sa jeunesse qui s'ouvre sur les évènements auxquels elle est confrontée, notamment la guerre du Viêtnam, et son insoumission, l'apparition d'une jeunesse planétaire qui secoue avec Mai 68, Bob Dylan, Jack Kerouac... le monde patriarcal et revendique la liberté et une nouvelle organisation du monde...
L'auteur traverse les strates de sa formation, et promène son regard et ses sentiments sur ses parents, sa nonna, Naples, ses vacances à Ischia, île paradisiaque, sa découverte de Rome et de ses fontaines, de l'eau qui descend en abondance de l'Apennin, contraste avec la Naples sèche et jaunie par le soleil...Il évoque aussi ceux "d'avant", ceux qui ont connu la guerre, les privations, les bombardements... La littérature aussi, Céline, Leopardi,... et aussi les Saintes Ecritures... 
Un livre plein de tendresse, attachant que l'on déguste lentement comme un fruit mûr, gorgé de plénitude... restriction tout de même pour les quarante dernières pages du livre qui ne valent pas la première partie...
H.Z.

mercredi 18 mai 2016

Mes Apprentissages de Georges Simenon, Reportages 1931-1946, Omnibus 1050p.28€

Un tableau saisissant de la France et du monde de la première moitié du XX° siècle qui vaut jusqu'en 1975... Tout y est de l'évolution de Paris, des banlieues louches aux HLM, aux quartiers chics, sur la femme les reportages et les analyses sont très intéressants sur l'évolution de la Parisienne etc.
Un livre clé, avec le style léger et agréable de Simenon. Le père de Maigret raconte avec profusion ce qu'il voit, ce qu'il comprend, et synthétise sans jamais verser dans la pirouette.
On comprend la science profonde de ce connaisseur de l'âme humaine qu'il dévoile dans tous ses romans.
(Il rappelle qu'en 1804 Napoléon a inscrit dans le code civil que les femmes étaient soumises à leur mari, et qu'elles ne pouvaient rien entreprendre sans son accord, mais il y avait DEUX EXEMPTIONS : si elles étaient dans le commerce ou marchandes des quatre-saisons...)
Un grand auteur.
A lire. 
Hermès

lundi 16 mai 2016

Ce que je ne pouvais pas dire, de Jean-Louis Debré, Témoignages et anecdotes Robert Laffont 23€

Les hommes politiques français qu'a fréquentés l'ancien magistrat, ministre, Président du Conseil Constitutionnel pendant 9 ans, fils de Michel Debré premier ministre du Général De Gaulle... La carte de visite est plantureuse... Jean-Louis Debré pendant toutes ces années a tenu un journal intime qui fait des milliers de pages et qu'il réserve certainement aux Archives nationales. Entre temps sur la période des derniers septennats et quinquennats il a extrait ces centaines de pages sur les hommes politiques qu'il a côtoyés, on se promène avec lui à travers des anecdotes, des situations qu'il trouve cocasses comme les seins nus du restaurant de la plage où l'a entraîné son idole, Jacques Chirac, dont il est l'homme-lige. Il le décrit à gros traits, grand viveur, buveur, aimé des foules. Il dresse aussi son portrait d'autres hommes politiques comme Laurent Fabius, grand bourgeois de la gauche-caviar, Nicolas Sarkozy qui "trahit", en son heure, son mentor Chirac pour Balladur aux  présidentielles... Alain Juppé qui plane dans des sphères de suffisance etc... Un point commun entre toutes ces têtes, la certitude arrogante d'être le "plus" intelligent, le plus capable, le plus malin, bref le "plus" que tous les autres... Eux doivent avancer au centre de tout et de tous, les autres se doivent de tenir la rampe, de s'incliner devant le Phénix qu'ils sont, chacun d'entre eux en est persuadé totalement, intimement... jusqu'aux erreurs fatales pour la Nation, le Pays... comme des politiques erronées, des guerres parfois absurdes comme le désastre libyen, des blocages continus pour ne pas faire de "vagues"... Pour eux gouverner, c'est durer au pouvoir et manœuvrer pour y rester... 
Une galerie de portraits qui par petites ou grosses touches fait apparaître le vrai visage du sujet. 
Hermès 

Journal d'un jeune envoyé à la campagne & Souvenirs de la Révolution culturelle, témoignages de Huang Nubo - A paraître - Traduit du Mandarin-Chinois

Ces deux livres importants sur la Chine de Mao et ses exactions, ainsi que pour la création de la mentalité des Gagneurs chinois d'aujourd'hui :

Huanh Nubo écrit : "Si le gagnant rafle tout, il est un héro, et s'il devient riche, il est dans le vrai." Ainsi la conception de la vie des riches Chinois d'aujourd'hui a-t-elle rejoint la mentalité de commerce et d'enrichissement du capitalisme.

L'auteur décrit la révolution culturelle maoïste qu'il a vécue.

"Voisins contre voisins, collègues de travail s'attaquant dans des « sessions de lutte », enfants dénonçant leurs parents : la tourmente de la révolution culturelle n'a épargné personne. Et chacun s'est retrouvé bourreau, victime ou complice à tour de rôle. « Je suis une victime, un participant et un exécutant ; j'ai dénoncé et j'ai été dénoncé », confie Huang lors d'un entretien. Il conclut ainsi son deuxième volume – interdit en Chine : « Ceux qui ont vécu la révolution culturelle savent qui est un homme et qui est un démon. » « Nous sommes tous des démons, moi compris », souligne-t-il à l'université de Pékin, où il a fondé un centre de recherche poétique.

Exactement ce qui s'est passé dans l'empire des Soviets, dans le Cambodge de Pol Pot, et dans les premières années de l'installation des régimes communistes dans certains pays...
H. Z.

samedi 14 mai 2016

Joseph Andras refuse le Prix Goncourt des Lycéens pour son livre "De nos frères blessés" Actes-Sud-144p. 17€

mercredi 11 mai 2016

Adieu Mademoiselle. la défaite des femmes d'Eugénie Bastié, Edit. du Cerf - 219p. 19€

Voilà une étude intéressante et une synthèse sur le féminisme de combat d'aujourd'hui et de la situation des femmes dans la société française actuelle. Eugénie Bastié pointe du doigt les dérives sectaires et idéologiques qui ont conduit à la dégradation de la situation des femmes, de l'égalisation à outrance de la femme et de l'homme ainsi que des homosexuels, des transsexuels. La société à un rythme soutenu va vers une uniformisation, cela suit l'uniformisation des esprits par la police de la pensée, l'uniformisation de la politique par le jeu de bascule entre les deux grands partis de Gauche et de Droite qui ont à 80% des thèses en commun, l'uniformisation recherchée pour les garçons et les filles dès le plus jeune âge, l'effritement du "désir" par la "consommation sexuelle" instantanée, l'éclatement de la cellule familiale, la robotisation des esprits etc.
Cette évolution perceptible fait que la femme devient un autre être, que l'homme désapprend le respect, ne ménage plus l'ex-sexe faible, devenu "fort", que le jeune garçon et les adolescentes qui visionnent des films porno n'acquièrent plus de repères...
En réalité on assiste à un basculement de civilisation.
A lire
Hermès

lundi 9 mai 2016

J'ai toujours ton coeur avec moi de Soffia Bjarnadottir, roman traduit de l'Islandais par J.C. Salaün Edit; Zulma 142p. 16,50

"...J'espérais expier mon péché aux obsèques de maman. Au lieu de cela, le passé s'est déversé sur moi comme un tas d'ordures sur un royaume de ruines fumantes." P.75
Cette phrase résume la tonalité du livre.
Hermès

Journal 1939/1945, de Drieu la Rochelle, Gallimard-Nrf, 510p. 1992

Drieu la Rochelle grand européen, pacifiste des Années folles, après son engagement comme volontaire à 18ans dans l'armée pour la Guerre 14/18, blessé, brutalement secoué par les massacres sans raison de cette guerre, cherchant éperdument la création d'une Europe pour désarmer les nationalismes européens, source des conflits latents tout au long de ces décennies de l'Entre-deux guerre, prend le parti des partis forts, croyant qu'ils pouvaient structurer une nation, la France, et l'opposer ainsi aux autres extrémismes nationaliste comme les partis Nationaux-socialistes de Hitler, de l'Italie mussolinienne fasciste, de l'Europe dirigée par des partis durs, fascistes comme en Roumanie, Espagne avec le dictateur Franco.  Drieu la Rochelle effrayé par la faiblesse de la France de 37 millions qu'il juge décadente, face à une Allemagne virile, jeune, qui réarme à outrance avec ses 80 millions d'habitants, s'engage dans la voie sulfureuse du fascisme français derrière des communistes-socialistes comme Doriot, maire de Saint Denis, pour contrer la volonté d'expansion des Allemands, des Italiens... Cette attitude de préférence pour les partis "forts" le fera choisir par Gaston Gallimard pour prendre la tête de la NRF, la Nouvelle Revue Française sous l'Occupation, afin d'éviter l'arrêt de publication de cette revue.
Etrange destin, d'un homme aimé par les femmes, et surtout par sa première femme, Colette Jéramec, d'origine juive, sœur de son ami, tué au combat en 1914... Qui lui restera fidèle jusqu'au bout, le cachant chez elle, rue Saint-Ferdinand, alors qu'il était recherché par la police, la justice au lendemain de la guerre pour ses écrits anti sémites et collaborationnistes. Il se suicidera, laissant ses romans, tous écrits avant la guerre, sauf le dernier, surtout ce Journal qui démarre au début de la guerre, décrit le Paris de la Drôle de Guerre, de la guerre, de l'Occupation, de la vie littéraire, son état d'esprit, ses réflexions au fur et à mesure que les événements se déroulent, que sa pensée s'infléchit, que les désillusions apparaissent.
On ne peut être que troublé de ce fourvoiement dans la bêtise, quand on pense que Drieu connaissait parfaitement l'Angleterre, la puissance américaine, la volonté profonde des Français pour la liberté etc. Comment un tel esprit, dandy brillant que décrivent ses contemporains, grand écrivain, a-t-il pu être confondu d'admiration pour le moustachu éructant d'Hitler, le gueulard prétentieux de Mussolini etc. Ebloui d'admiration pour ces jeunes pilotes debout sur leurs chars qui écrasaient la France... 
Un livre éclairant des excès et des tourments d'un esprit non structuré par la foi et l'humanisme.
Un document comme les Mémoires du Cardinal de Retz et autres œuvres marquantes.
Hermès 
Un document

dimanche 8 mai 2016

En attendant Bojangles, d'Olivier Bourdeaut, roman, Finitude Edit. 158p. 15,50€

Des histoires déjantées d'un couple et de son fils à travers des vies multiples délirantes. L'auteur hors des sentiers battus raconte le n'importe quoi de la vie, où tout peut arriver, où chacun est dingue et peut concevoir la vie abracadabrante, où il n'y a plus aucun sens. Ni queue, ni tête... dans l'esprit de la pièce de théâtre En attendant Godot. Il n'y a rien à comprendre dans un monde absurde. Une culotte pardessus la tête des invités dans un dîner où l'épouse montre son cul...P.64
Bien écrit.
Hermès

samedi 7 mai 2016

Quinze rounds de Richard Bohringer, confessions, Flammarion Edit. 304p.17€

"Des marécages, de l’enfer. Tu te fais six mois de séjour à la Salpêtrière avec un cancer cérébral, t’agonises, tu ne sais pas comment tu vas t’en sortir. Et là, tout te paraît vain, même un bouquin. J’ai eu droit à tout, choc septique, pleurésie, perte de la mémoire, de la parole, des jours et des jours sous perfusion. Ça a laissé des traces terribles sur mes proches. Mais ils ont été super. Tous les trois mois, j’y retourne pour un contrôle. Il y a deux flèches : une verte et une rouge. La verte, c’est ciao, à dans trois mois ; la rouge, c’est par ici mon coco."
Extrait de son entretien du Journal du Dimanche. 

vendredi 6 mai 2016

Mes chères filles... de Marisa Bruni-Tedeschi - Confession- Robert Laffont Edit. 400p.

Une vie à nu avec panache. Une passion de vivre dévorante à travers l'Italie et l'Europe de ces quatre-vingt dernières années décrite, avec brio et sincérité. Marisa paraît plus intéressante et percutante que ses filles, dont Carla Bruni, et aussi plus attachante...
Une passion de la musique... du piano... et un amour de la vie...
Quand on a vécu le même drame pour un fils adoré... on comprend le silence brutal qui s'abat sur soi...
Hermès

jeudi 5 mai 2016

Jours inquiets dans l'Ile Saint-Louis, de Frédéric Vitoux, roman Edit.Fayard, 297p. 2012

A travers plusieurs histoires entremêlées de meurtres, d'éditions, de paranoïa, l'auteur nous balade dans l'Île Saint-Louis, au cœur de Paris. L'ancienne île aux vaches qui jouxte l'Île de la Cité et Notre-Dame de Paris et où l'on commença à édifier des hôtels particuliers à partir du XVII° siècle. La façade Nord de l'île est humide, ne voyant jamais le soleil, et les occupants de cette façade s'en plaignent, comme Drieu la Rochelle et Aragon qui y vécurent leur première jeunesse, la façade Sud au contraire, ensoleillée est plus agréable et donne sur la Rive-Gauche et Notre-Dame de Paris. Frédéric Vitoux esquisse quelques pages sur Le Rendez-vous de Mariniers, un café-restaurant-bar aujourd'hui disparu, qui a vu les mariniers, les pêcheurs des bords de Seine s'asseoir à ses tables avec de jeunes écrivains comme Ezra Pound, John Dos Passos, Ernest Hemingway etc.

Frédéric Vitoux vient de publier son nouveau livre sur ce café-restaurant de Mme. Lecomte sous ce titre.
A ne pas manquer.
Hermès

dimanche 1 mai 2016

Le Multiculturalisme comme religion politique, de Mathieu Bock-Côté, Essai - Edit. du Cerf - 2016

  Etude exhaustive des méfaits du multiculturalisme que veulent imposer à l'Europe et la France en particulier les tenants de l'idéologie Terra Nova Gauche-Droite. Multiculturalisme qui s'apparente au suicide d'une civilisation.  
Pour s'informer.

Soupe de cheval de Vladimir Sorokine, nouvelle-traduit du russe par Bernard Kreise-Edit. de l'Olivier, 110p.

Une histoire fantastique dans une Russie qui passe de l'ère soviétique, à travers la perestroïka, à celle des années 2.000. Une description ubuesque des rapports entre une jeune violoniste et "Soupe de cheval" un truand enrichi qui prend son pied en la regardant bouffer...
Sinistre.
Débilitant.

Belle fête du 1° Mai pour tous !

Le muguet cette année est tardif en raison de l'absence d'hiver et d'un printemps gris et froid. (Crédit photo: Martine Archambault / Le Figaro)