lundi 9 mai 2016

Journal 1939/1945, de Drieu la Rochelle, Gallimard-Nrf, 510p. 1992

Drieu la Rochelle grand européen, pacifiste des Années folles, après son engagement comme volontaire à 18ans dans l'armée pour la Guerre 14/18, blessé, brutalement secoué par les massacres sans raison de cette guerre, cherchant éperdument la création d'une Europe pour désarmer les nationalismes européens, source des conflits latents tout au long de ces décennies de l'Entre-deux guerre, prend le parti des partis forts, croyant qu'ils pouvaient structurer une nation, la France, et l'opposer ainsi aux autres extrémismes nationaliste comme les partis Nationaux-socialistes de Hitler, de l'Italie mussolinienne fasciste, de l'Europe dirigée par des partis durs, fascistes comme en Roumanie, Espagne avec le dictateur Franco.  Drieu la Rochelle effrayé par la faiblesse de la France de 37 millions qu'il juge décadente, face à une Allemagne virile, jeune, qui réarme à outrance avec ses 80 millions d'habitants, s'engage dans la voie sulfureuse du fascisme français derrière des communistes-socialistes comme Doriot, maire de Saint Denis, pour contrer la volonté d'expansion des Allemands, des Italiens... Cette attitude de préférence pour les partis "forts" le fera choisir par Gaston Gallimard pour prendre la tête de la NRF, la Nouvelle Revue Française sous l'Occupation, afin d'éviter l'arrêt de publication de cette revue.
Etrange destin, d'un homme aimé par les femmes, et surtout par sa première femme, Colette Jéramec, d'origine juive, sœur de son ami, tué au combat en 1914... Qui lui restera fidèle jusqu'au bout, le cachant chez elle, rue Saint-Ferdinand, alors qu'il était recherché par la police, la justice au lendemain de la guerre pour ses écrits anti sémites et collaborationnistes. Il se suicidera, laissant ses romans, tous écrits avant la guerre, sauf le dernier, surtout ce Journal qui démarre au début de la guerre, décrit le Paris de la Drôle de Guerre, de la guerre, de l'Occupation, de la vie littéraire, son état d'esprit, ses réflexions au fur et à mesure que les événements se déroulent, que sa pensée s'infléchit, que les désillusions apparaissent.
On ne peut être que troublé de ce fourvoiement dans la bêtise, quand on pense que Drieu connaissait parfaitement l'Angleterre, la puissance américaine, la volonté profonde des Français pour la liberté etc. Comment un tel esprit, dandy brillant que décrivent ses contemporains, grand écrivain, a-t-il pu être confondu d'admiration pour le moustachu éructant d'Hitler, le gueulard prétentieux de Mussolini etc. Ebloui d'admiration pour ces jeunes pilotes debout sur leurs chars qui écrasaient la France... 
Un livre éclairant des excès et des tourments d'un esprit non structuré par la foi et l'humanisme.
Un document comme les Mémoires du Cardinal de Retz et autres œuvres marquantes.
Hermès 
Un document

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