mercredi 31 décembre 2014

BONNE ANNEE 2015 A TOUS, BONNE SANTE, PROSPERITE, BONHEUR

LECTUREPOURTOUS

SOUHAITE A TOUS SES LECTEURS

UNE BONNE ET HEUREUSE ANNEE

                              2015 !

COMME LE TEMPS PASSE !

PROFITONS DES HEURES, DES JOURS, DES AMOURS, DES PARENTS, DE NOS ENFANTS, DES AMIS, DE LA NATURE, DU SOLEIL, DES SPORTS, DE LA MUSIQUE, DES LIVRES.

PROFITONS DE TOUT, EMERVEILLONS-NOUS DE TOUT.

MEILLEURS VOEUX A TOUS !

dimanche 28 décembre 2014

Le Météorologue, d'Olivier Rolin, Seuil/Paulsen Edit. 210p. 18€

La vie d'un météorologiste russe, à l'époque soviétique. Une vie de savant plongée dans l'enfer du communisme stalinien et autre, qui se termine au Goulag. La description et la nomenclature des gens déportés dans l'hiver sibérien, aux confins du froid, de la solitude, de la mort. Olivier Rolin à travers cette biographie remonte les voies du malheur russe, de la tragédie ajoutée à la tragédie. Alors que les intellectuels français entonnaient les hymnes à la gloire du communisme, du "Petit père des peuples", comme Jean-Paul Sartre et ses suiveurs, les membres du PCF, les acteurs comme Yves Montand, Simone Signoret etc. Alors qu'ils savaient tout avec les révélations de Victor Serge, les articles de presse sur la Guépéou, le NKVD etc.
Aujourd'hui, des ombres hantent encore le pouvoir en France, affublées de nouveaux costumes, sans honte, se servant des mêmes techniques de propagande pour se maintenir, alors que leurs amis ont dévasté des vies, des pays comme le Cambodge avec Pol Pot etc.
Les hommes ont la mémoire courte. Et c'est bien qu'un livre comme celui d'Olivier Rolin rappelle à la réalité qui fut.
Hermès

jeudi 18 décembre 2014

Un jeune homme sans importance, roman d'H.Z. Edit. Htz-Athena 162p. 14€ 2014/2015

 
Un jeune homme partagé entre les Amours. Les jeunes femmes l'aiment-elles réellement ? N'est-il pour Mona, Sianne, Ethel, Elise, Nathalie, P.  qu'Un jeune homme sans importance ?  
Un "Diable au corps" d'une nouvelle génération.
Htz-Athéna Edit. FAX 0494367197- Disponible en e-book sur Amazon-Kindle

dimanche 14 décembre 2014

Albert Camus, à travers Salim Bachi et Kamel Daoud...

Camus appartient aussi bien aux lettres françaises qu'aux lettres algériennes... Deux livres, deux romans tirent leur substance des échos de son œuvre. Salim Bachi dans "Le dernier été d'un jeune homme" retrace la jeunesse algérienne de l'auteur de l'"Homme Révolté" à travers sa vie à Alger, sa famille, la grand-mère à la trique facile, la tuberculose, les rencontres intellectuelles, amoureuses d'un jeune homme qui cherche sa voie, sa vie dans le milieu qui est le sien et dont il cherche à s'extraire. Ces souvenirs lui reviennent au cours du voyage qu'il entreprit à 36 ans vers l'Amérique du Sud, déjà célèbre. Un roman fouillé, bien documenté, avec des mises en perspective de l'Algérie d'alors, avec ses disparités, ses inégalités, le fond de la volonté d'émancipation, après la Seconde Guerre mondiale, les oppositions qui lentement naissent. L'auteur rappelle aussi que cette époque fut très dure avec le bagne de Cayenne, les forçats venus de l'Île de Ré... bagne qui fut fermé après la campagne de presse d'Albert Londres...
Le second roman,  Meursault, contre-enquête, s'inspire de L'Étranger  de Camus. Le narrateur est en effet le frère de « l'Arabe » tué par Mersault... C'est lui qui parle de son frère, de l'Algérie de l'époque, des meurtrissures. Le roman a été publié en Algérie tout d'abord, puis  en France. Kamel Daoud a failli décrocher le Goncourt pour ce roman, qui a obtenu le prestigieux Prix François-Mauriac. Livre où l'auteur s'interroge sur l'Algérie d'aujourd'hui, sur la culture, l'instruction...
Des livres à lire.
Hermès

jeudi 11 décembre 2014

Patrick Modiano, son discours de récipiendaire du Prix Nobel de Littérature à Stockhölm

«Je voudrais vous dire tout simplement combien je suis heureux d’être parmi vous et combien je suis ému de l’honneur que vous m’avez fait en me décernant ce prix Nobel de Littérature.» Ainsi commence le discours de Patrick Modiano pour la réception du prix Nobel dimanche 7 décembre 2014, à 17h30, à l'Académie suédoise.
Je voudrais vous dire tout simplement combien je suis heureux d’être parmi vous et combien je suis ému de l’honneur que vous m’avez fait en me décernant ce prix Nobel de Littérature.
C’est la première fois que je dois prononcer un discours devant une si nombreuse assemblée et j’en éprouve une certaine appréhension. On serait tenté de croire que pour un écrivain, il est naturel et facile de se livrer à cet exercice. Mais un écrivain – ou tout au moins un romancier – a souvent des rapports difficiles avec la parole. Et si l’on se rappelle cette distinction scolaire entre l’écrit et l’oral, un romancier est plus doué pour l’écrit que pour l’oral. Il a l’habitude de se taire et s’il veut se pénétrer d’une atmosphère, il doit se fondre dans la foule. Il écoute les conversations sans en avoir l’air, et s’il intervient dans celles-ci, c’est toujours pour poser quelques questions discrètes afin de mieux comprendre les femmes et les hommes qui l’entourent. Il a une parole hésitante, à cause de son habitude de raturer ses écrits. Bien sûr, après de multiples ratures, son style peut paraître limpide. Mais quand il prend la parole, il n’a plus la ressource de corriger ses hésitations.
Et puis j’appartiens à une génération où on ne laissait pas parler les enfants, sauf en certaines occasions assez rares et s’ils en demandaient la permission. Mais on ne les écoutait pas et bien souvent on leur coupait la parole. Voilà ce qui explique la difficulté d’élocution de certains d’entre nous, tantôt hésitante, tantôt trop rapide, comme s’ils craignaient à chaque instant d’être interrompus. D’où, sans doute, ce désir d’écrire qui m’a pris, comme beaucoup d’autres, au sortir de l’enfance. Vous espérez que les adultes vous liront. Ils seront obligés ainsi de vous écouter sans vous interrompre et ils sauront une fois pour toutes ce que vous avez sur le cœur.
L’annonce de ce prix m’a paru irréelle et j’avais hâte de savoir pourquoi vous m’aviez choisi. Ce jour-là, je crois n’avoir jamais ressenti de manière aussi forte combien un romancier est aveugle vis-à-vis de ses propres livres et combien les lecteurs en savent plus long que lui sur ce qu’il a écrit. Un romancier ne peut jamais être son lecteur, sauf pour corriger dans son manuscrit des fautes de syntaxe, des répétitions ou supprimer un paragraphe de trop. Il n’a qu’une représentation confuse et partielle de ses livres, comme un peintre occupé à faire une fresque au plafond et qui, allongé sur un échafaudage, travaille dans les détails, de trop près, sans vision d’ensemble.
Curieuse activité solitaire que celle d’écrire. Vous passez par des moments de découragement quand vous rédigez les premières pages d’un roman. Vous avez, chaque jour, l’impression de faire fausse route. Et alors, la tentation est grande de revenir en arrière et de vous engager dans un autre chemin. Il ne faut pas succomber à cette tentation mais suivre la même route. C’est un peu comme d’être au volant d’une voiture, la nuit, en hiver et rouler sur le verglas, sans aucune visibilité. Vous n’avez pas le choix, vous ne pouvez pas faire marche arrière, vous devez continuer d’avancer en vous disant que la route finira bien par être plus stable et que le brouillard se dissipera.
Sur le point d’achever un livre, il vous semble que celui-ci commence à se détacher de vous et qu’il respire déjà l’air de la liberté, comme les enfants, dans la classe, la veille des grandes vacances. Ils sont distraits et bruyants et n’écoutent plus leur professeur. Je dirais même qu’au moment où vous écrivez les derniers paragraphes, le livre vous témoigne une certaine hostilité dans sa hâte de se libérer de vous. Et il vous quitte à peine avez-vous tracé le dernier mot. C’est fini, il n’a plus besoin de vous, il vous a déjà oublié. Ce sont les lecteurs désormais qui le révéleront à lui-même. Vous éprouvez à ce moment-là un grand vide et le sentiment d’avoir été abandonné. Et aussi une sorte d’insatisfaction à cause de ce lien entre le livre et vous, qui a été tranché trop vite. Cette insatisfaction et ce sentiment de quelque chose d’inaccompli vous poussent à écrire le livre suivant pour rétablir l’équilibre, sans que vous y parveniez jamais. À mesure que les années passent, les livres se succèdent et les lecteurs parleront d’une « œuvre ». Mais vous aurez le sentiment qu’il ne s’agissait que d’une longue fuite en avant.
Oui, le lecteur en sait plus long sur un livre que son auteur lui-même. Il se passe, entre un roman et son lecteur, un phénomène analogue à celui du développement des photos, tel qu’on le pratiquait avant l’ère du numérique. Au moment de son tirage dans la chambre noire, la photo devenait peu à peu visible. À mesure que l’on avance dans la lecture d’un roman, il se déroule le même processus chimique. Mais pour qu’il existe un tel accord entre l’auteur et son lecteur, il est nécessaire que le romancier ne force jamais son lecteur – au sens où l’on dit d’un chanteur qu’il force sa voix – mais l’entraîne imperceptiblement et lui laisse une marge suffisante pour que le livre l’imprègne peu à peu, et cela par un art qui ressemble à l’acupuncture où il suffit de piquer l’aiguille à un endroit très précis et le flux se propage dans le système nerveux.
Cette relation intime et complémentaire entre le romancier et son lecteur, je crois que l’on en retrouve l’équivalent dans le domaine musical. J’ai toujours pensé que l’écriture était proche de la musique mais beaucoup moins pure que celle-ci et j’ai toujours envié les musiciens qui me semblaient pratiquer un art supérieur au roman – et les poètes, qui sont plus proches des musiciens que les romanciers. J’ai commencé à écrire des poèmes dans mon enfance et c’est sans doute grâce à cela que j’ai mieux compris la réflexion que j’ai lue quelque part : « C’est avec de mauvais poètes que l’on fait des prosateurs. » Et puis, en ce qui concerne la musique, il s’agit souvent pour un romancier d’entraîner toutes les personnes, les paysages, les rues qu’il a pu observer dans une partition musicale où l’on retrouve les mêmes fragments mélodiques d’un livre à l’autre, mais une partition musicale qui lui semblera imparfaite. Il y aura, chez le romancier, le regret de n’avoir pas été un pur musicien et de n’avoir pas composé Les Nocturnes de Chopin.
Le manque de lucidité et de recul critique d’un romancier vis-à-vis de l’ensemble de ses propres livres tient aussi à un phénomène que j’ai remarqué dans mon cas et dans celui de beaucoup d’autres : chaque nouveau livre, au moment de l’écrire, efface le précédent au point que j’ai l’impression de l’avoir oublié. Je croyais les avoir écrits les uns après les autres de manière discontinue, à coups d’oublis successifs, mais souvent les mêmes visages, les mêmes noms, les mêmes lieux, les mêmes phrases reviennent de l’un à l’autre, comme les motifs d’une tapisserie que l’on aurait tissée dans un demi-sommeil. Un demi-sommeil ou bien un rêve éveillé. Un romancier est souvent un somnambule, tant il est pénétré par ce qu’il doit écrire, et l’on peut craindre qu’il se fasse écraser quand il traverse une rue. Mais l’on oublie cette extrême précision des somnambules qui marchent sur les toits sans jamais tomber.
Dans la déclaration qui a suivi l’annonce de ce prix Nobel, j’ai retenu la phrase suivante, qui était une allusion à la dernière guerre mondiale : « Il a dévoilé le monde de l’Occupation. » Je suis comme toutes celles et ceux nés en 1945, un enfant de la guerre, et plus précisément, puisque je suis né à Paris, un enfant qui a dû sa naissance au Paris de l’Occupation. Les personnes qui ont vécu dans ce Paris-là ont voulu très vite l’oublier, ou bien ne se souvenir que de détails quotidiens, de ceux qui donnaient l’illusion qu’après tout la vie de chaque jour n’avait pas été si différente de celle qu’ils menaient en temps normal. Un mauvais rêve et aussi un vague remords d’avoir été en quelque sorte des survivants. Et lorsque leurs enfants les interrogeaient plus tard sur cette période et sur ce Paris-là, leurs réponses étaient évasives. Ou bien ils gardaient le silence comme s’ils voulaient rayer de leur mémoire ces années sombres et nous cacher quelque chose. Mais devant les silences de nos parents, nous avons tout deviné, comme si nous l’avions vécu.
Ville étrange que ce Paris de l’Occupation. En apparence, la vie continuait, « comme avant » : les théâtres, les cinémas, les salles de music-hall, les restaurants étaient ouverts. On entendait des chansons à la radio. Il y avait même dans les théâtres et les cinémas beaucoup plus de monde qu’avant-guerre, comme si ces lieux étaient des abris où les gens se rassemblaient et se serraient les uns contre les autres pour se rassurer. Mais des détails insolites indiquaient que Paris n’était plus le même qu’autrefois. À cause de l’absence des voitures, c’était une ville silencieuse – un silence où l’on entendait le bruissement des arbres, le claquement de sabots des chevaux, le bruit des pas de la foule sur les boulevards et le brouhaha des voix. Dans le silence des rues et du black-out qui tombait en hiver vers cinq heures du soir et pendant lequel la moindre lumière aux fenêtres était interdite, cette ville semblait absente à elle-même – la ville « sans regard », comme disaient les occupants nazis. Les adultes et les enfants pouvaient disparaître d’un instant à l’autre, sans laisser aucune trace, et même entre amis, on se parlait à demi-mot et les conversations n’étaient jamais franches, parce qu’on sentait une menace planer dans l’air.
Dans ce Paris de mauvais rêve, où l’on risquait d’être victime d’une dénonciation et d’une rafle à la sortie d’une station de métro, des rencontres hasardeuses se faisaient entre des personnes qui ne se seraient jamais croisées en temps de paix, des amours précaires naissaient à l’ombre du couvre-feu sans que l’on soit sûr de se retrouver les jours suivants. Et c’est à la suite de ces rencontres souvent sans lendemain, et parfois de ces mauvaises rencontres, que des enfants sont nés plus tard. Voilà pourquoi le Paris de l’Occupation a toujours été pour moi comme une nuit originelle. Sans lui je ne serais jamais né. Ce Paris-là n’a cessé de me hanter et sa lumière voilée baigne parfois mes livres.
Voilà aussi la preuve qu’un écrivain est marqué d’une manière indélébile par sa date de naissance et par son temps, même s’il n’a pas participé d’une manière directe à l’action politique, même s’il donne l’impression d’être un solitaire, replié dans ce qu’on appelle « sa tour d’ivoire ». Et s’il écrit des poèmes, ils sont à l’image du temps où il vit et n’auraient pas pu être écrits à une autre époque.
Ainsi le poème de Yeats, ce grand écrivain irlandais, dont la lecture m’a toujours profondément ému : Les Cygnes sauvages à Coole. Dans un parc, Yeats observe des cygnes qui glissent sur l’eau :
    Le dix-neuvième automne est descendu sur moi
    Depuis que je les ai comptés pour la première fois ;
    Je les vis, avant d’en avoir pu finir le compte
    Ils s’élevaient soudain
    Et s’égayaient en tournoyant en grands cercles brisés
    Sur leurs ailes tumultueuses
    Mais maintenant ils glissent sur les eaux tranquilles
    Majestueux et pleins de beauté.
    Parmi quels joncs feront-ils leur nid,
    Sur la rive de quel lac, de quel étang
    Enchanteront-ils d’autres yeux lorsque je m’éveillerai
    Et trouverai, un jour, qu’ils se sont envolés ?
Les cygnes apparaissent souvent dans la poésie du XIXe siècle – chez Baudelaire ou chez Mallarmé. Mais ce poème de Yeats n’aurait pas pu être écrit au XIXe siècle. Par son rythme particulier et sa mélancolie, il appartient au XXe siècle et même à l’année où il a été écrit.
Il arrive aussi qu’un écrivain du XXIe siècle se sente, par moments, prisonnier de son temps et que la lecture des grands romanciers du XIXe siècle – Balzac, Dickens, Tolstoï, Dostoïevski – lui inspire une certaine nostalgie. À cette époque-là, le temps s’écoulait d’une manière plus lente qu’aujourd’hui et cette lenteur s’accordait au travail du romancier car il pouvait mieux concentrer son énergie et son attention. Depuis, le temps s’est accéléré et avance par saccades, ce qui explique la différence entre les grands massifs romanesques du passé, aux architectures de cathédrales, et les œuvres discontinues et morcelées d’aujourd’hui. Dans cette perspective, j’appartiens à une génération intermédiaire et je serais curieux de savoir comment les générations suivantes qui sont nées avec l’internet, le portable, les mails et les tweets exprimeront par la littérature ce monde auquel chacun est « connecté » en permanence et où les « réseaux sociaux » entament la part d’intimité et de secret qui était encore notre bien jusqu’à une époque récente – le secret qui donnait de la profondeur aux personnes et pouvait être un grand thème romanesque. Mais je veux rester optimiste concernant l’avenir de la littérature et je suis persuadé que les écrivains du futur assureront la relève comme l’a fait chaque génération depuis Homère …
Et d’ailleurs, un écrivain, comme tout autre artiste, a beau être lié à son époque de manière si étroite qu’il n’y échappe pas et que le seul air qu’il respire, c’est ce qu’on appelle « l’air du temps », il exprime toujours dans ses œuvres quelque chose d’intemporel. Dans les mises en scène des pièces de Racine ou de Shakespeare, peu importe que les personnages soient vêtus à l’antique ou qu’un metteur en scène veuille les habiller en blue-jeans et en veste de cuir. Ce sont des détails sans importance. On oublie, en lisant Tolstoï, qu’Anna Karénine porte des robes de 1870 tant elle nous est proche après un siècle et demi. Et puis certains écrivains, comme Edgar Poe, Melville ou Stendhal, sont mieux compris deux cents ans après leur mort que par ceux qui étaient leurs contemporains.
En définitive, à quelle distance exacte se tient un romancier ? En marge de la vie pour la décrire, car si vous êtes plongé en elle – dans l’action – vous en avez une image confuse. Mais cette légère distance n’empêche pas le pouvoir d’identification qui est le sien vis-à-vis de ses personnages et celles et ceux qui les ont inspirés dans la vie réelle. Flaubert a dit : « Madame Bovary, c’est moi. » Et Tolstoï s’est identifié tout de suite à celle qu’il avait vue se jeter sous un train une nuit, dans une gare de Russie. Et ce don d’identification allait si loin que Tolstoï se confondait avec le ciel et le paysage qu’il décrivait et qu’il absorbait tout, jusqu’au plus léger battement de cil d’Anna Karénine. Cet état second est le contraire du narcissisme car il suppose à la fois un oubli de soi-même et une très forte concentration, afin d’être réceptif au moindre détail. Cela suppose aussi une certaine solitude. Elle n’est pas un repli sur soi-même, mais elle permet d’atteindre à un degré d’attention et d’hyper-lucidité vis-à-vis du monde extérieur pour le transposer dans un roman.
J’ai toujours cru que le poète et le romancier donnaient du mystère aux êtres qui semblent submergés par la vie quotidienne, aux choses en apparence banales, – et cela à force de les observer avec une attention soutenue et de façon presque hypnotique. Sous leur regard, la vie courante finit par s’envelopper de mystère et par prendre une sorte de phosphorescence qu’elle n’avait pas à première vue mais qui était cachée en profondeur. C’est le rôle du poète et du romancier, et du peintre aussi, de dévoiler ce mystère et cette phosphorescence qui se trouvent au fond de chaque personne. Je pense à mon cousin lointain, le peintre Amedeo Modigliani dont les toiles les plus émouvantes sont celles où il a choisi pour modèles des anonymes, des enfants et des filles des rues, des servantes, de petits paysans, de jeunes apprentis. Il les a peints d’un trait aigu qui rappelle la grande tradition toscane, celle de Botticelli et des peintres siennois du Quattrocento. Il leur a donné ainsi – ou plutôt il a dévoilé – toute la grâce et la noblesse qui étaient en eux sous leur humble apparence. Le travail du romancier doit aller dans ce sens-là. Son imagination, loin de déformer la réalité, doit la pénétrer en profondeur et révéler cette réalité à elle-même, avec la force des infrarouges et des ultraviolets pour détecter ce qui se cache derrière les apparences. Et je ne serais pas loin de croire que dans le meilleur des cas le romancier est une sorte de voyant et même de visionnaire. Et aussi un sismographe, prêt à enregistrer les mouvements les plus imperceptibles.
J’ai toujours hésité avant de lire la biographie de tel ou tel écrivain que j’admirais. Les biographes s’attachent parfois à de petits détails, à des témoignages pas toujours exacts, à des traits de caractère qui paraissent déconcertants ou décevants et tout cela m’évoque ces grésillements qui brouillent certaines émissions de radio et rendent inaudibles les musiques ou les voix. Seule la lecture de ses livres nous fait entrer dans l’intimité d’un écrivain et c’est là qu’il est au meilleur de lui-même et qu’il nous parle à voix basse sans que sa voix soit brouillée par le moindre parasite.
Mais en lisant la biographie d’un écrivain, on découvre parfois un événement marquant de son enfance qui a été comme une matrice de son œuvre future et sans qu’il en ait eu toujours une claire conscience, cet événement marquant est revenu, sous diverses formes, hanter ses livres. Aujourd’hui, je pense à Alfred Hitchcock, qui n’était pas un écrivain mais dont les films ont pourtant la force et la cohésion d’une œuvre romanesque. Quand son fils avait cinq ans, le père d’Hitchcock l’avait chargé d’apporter une lettre à un ami à lui, commissaire de police. L’enfant lui avait remis la lettre et le commissaire l’avait enfermé dans cette partie grillagée du commissariat qui fait office de cellule et où l’on garde pendant la nuit les délinquants les plus divers. L’enfant, terrorisé, avait attendu pendant une heure, avant que le commissaire ne le délivre et ne lui dise : « Si tu te conduis mal dans la vie, tu sais maintenant ce qui t’attend. » Ce commissaire de police, qui avait vraiment de drôles de principes d’éducation, est sans doute à l’origine du climat de suspense et d’inquiétude que l’on retrouve dans tous les films d’Alfred Hitchcock.
Je ne voudrais pas vous ennuyer avec mon cas personnel mais je crois que certains épisodes de mon enfance ont servi de matrice à mes livres, plus tard. Je me trouvais le plus souvent loin de mes parents, chez des amis auxquels ils me confiaient et dont je ne savais rien, et dans des lieux et des maisons qui se succédaient. Sur le moment, un enfant ne s’étonne de rien, et même s’il se trouve dans des situations insolites, cela lui semble parfaitement naturel. C’est beaucoup plus tard que mon enfance m’a paru énigmatique et que j’ai essayé d’en savoir plus sur ces différentes personnes auxquelles mes parents m’avaient confié et ces différents lieux qui changeaient sans cesse. Mais je n’ai pas réussi à identifier la plupart de ces gens ni à situer avec une précision topographique tous ces lieux et ces maisons du passé. Cette volonté de résoudre des énigmes sans y réussir vraiment et de tenter de percer un mystère m’a donné l’envie d’écrire, comme si l’écriture et l’imaginaire pourraient m’aider à résoudre enfin ces énigmes et ces mystères.
Et puisqu’il est question de « mystères », je pense, par une association d’idées, au titre d’un roman français du XIXe siècle : Les Mystères de Paris. La grande ville, en l’occurrence Paris, ma ville natale, est liée à mes premières impressions d’enfance et ces impressions étaient si fortes que, depuis, je n’ai jamais cessé d’explorer les « mystères de Paris ». Il m’arrivait, vers neuf ou dix ans, de me promener seul, et malgré la crainte de me perdre, d’aller de plus en plus loin, dans des quartiers que je ne connaissais pas, sur la rive droite de la Seine. C’était en plein jour et cela me rassurait. Au début de l’adolescence, je m’efforçais de vaincre ma peur et de m’aventurer la nuit, vers des quartiers encore plus lointains, par le métro. C’est ainsi que l’on fait l’apprentissage de la ville et, en cela, j’ai suivi l’exemple de la plupart des romanciers que j’admirais et pour lesquels, depuis le XIXe siècle, la grande ville – qu’elle se nomme Paris, Londres, Saint-Pétersbourg, Stockholm – a été le décor et l’un des thèmes principaux de leurs livres.
Edgar Poe dans sa nouvelle « L’homme des foules » a été l’un des premiers à évoquer toutes ces vagues humaines qu’il observe derrière les vitres d’un café et qui se succèdent interminablement sur les trottoirs. Il repère un vieil homme à l’aspect étrange et il le suit pendant la nuit dans différents quartiers de Londres pour en savoir plus long sur lui. Mais l’inconnu est « l’homme des foules » et il est vain de le suivre, car il restera toujours un anonyme, et l’on n’apprendra jamais rien sur lui. Il n’a pas d’existence individuelle, il fait tout simplement partie de cette masse de passants qui marchent en rangs serrés ou bien se bousculent et se perdent dans les rues.
Et je pense aussi à un épisode de la jeunesse du poète Thomas De Quincey, qui l’a marqué pour toujours. À Londres, dans la foule d’Oxford Street, il s’était lié avec une jeune fille, l’une de ces rencontres de hasard que l’on fait dans une grande ville. Il avait passé plusieurs jours en sa compagnie et il avait dû quitter Londres pour quelque temps. Ils étaient convenus qu’au bout d’une semaine, elle l’attendrait tous les soirs à la même heure au coin de Tichfield Street. Mais ils ne se sont jamais retrouvés. « Certainement nous avons été bien des fois à la recherche l’un de l’autre, au même moment, à travers l’énorme labyrinthe de Londres ; peut-être n’avons-nous été séparés que par quelques mètres – il n’en faut pas davantage pour aboutir à une séparation éternelle. »
Pour ceux qui y sont nés et y ont vécu, à mesure que les années passent, chaque quartier, chaque rue d’une ville, évoque un souvenir, une rencontre, un chagrin, un moment de bonheur. Et souvent la même rue est liée pour vous à des souvenirs successifs, si bien que grâce à la topographie d’une ville, c’est toute votre vie qui vous revient à la mémoire par couches successives, comme si vous pouviez déchiffrer les écritures superposées d’un palimpseste. Et aussi la vie des autres, de ces milliers et milliers d’inconnus, croisés dans les rues ou dans les couloirs du métro aux heures de pointe.
C’est ainsi que dans ma jeunesse, pour m’aider à écrire, j’essayais de retrouver de vieux annuaires de Paris, surtout ceux où les noms sont répertoriés par rues avec les numéros des immeubles. J’avais l’impression, page après page, d’avoir sous les yeux une radiographie de la ville, mais d’une ville engloutie, comme l’Atlantide, et de respirer l’odeur du temps. À cause des années qui s’étaient écoulées, les seules traces qu’avaient laissées ces milliers et ces milliers d’inconnus, c’était leurs noms, leurs adresses et leurs numéros de téléphone. Quelquefois, un nom disparaissait, d’une année à l’autre. Il y avait quelque chose de vertigineux à feuilleter ces anciens annuaires en pensant que désormais les numéros de téléphone ne répondraient pas. Plus tard, je devais être frappé par les vers d’un poème d’Ossip Mandelstam :
    Je suis revenu dans ma ville familière jusqu’aux sanglots
    Jusqu’aux ganglions de l’enfance, jusqu’aux nervures sous la peau.
    Pétersbourg ! […]
    De mes téléphones, tu as les numéros.
    Pétersbourg ! J’ai les adresses d’autrefois
    Où je reconnais les morts à leurs voix.
Oui, il me semble que c’est en consultant ces anciens annuaires de Paris que j’ai eu envie d’écrire mes premiers livres. Il suffisait de souligner au crayon le nom d’un inconnu, son adresse et son numéro de téléphone et d’imaginer quelle avait été sa vie, parmi ces centaines et ces centaines de milliers de noms.
On peut se perdre ou disparaître dans une grande ville. On peut même changer d’identité et vivre une nouvelle vie. On peut se livrer à une très longue enquête pour retrouver les traces de quelqu’un, en n’ayant au départ qu’une ou deux adresses dans un quartier perdu. La brève indication qui figure quelquefois sur les fiches de recherche a toujours trouvé un écho chez moi : Dernier domicile connu. Les thèmes de la disparition, de l’identité, du temps qui passe sont étroitement liés à la topographie des grandes villes. Voilà pourquoi, depuis le XIXe siècle, elles ont été souvent le domaine des romanciers et quelques-uns des plus grands d’entre eux sont associés à une ville : Balzac et Paris, Dickens et Londres, Dostoïevski et Saint-Pétersbourg, Tokyo et Nagaï Kafû, Stockholm et Hjalmar Söderberg.
J’appartiens à une génération qui a subi l’influence de ces romanciers et qui a voulu, à son tour, explorer ce que Baudelaire appelait « les plis sinueux des grandes capitales ». Bien sûr, depuis cinquante ans, c’est-à-dire l’époque où les adolescents de mon âge éprouvaient des sensations très fortes en découvrant leur ville, celles-ci ont changé. Quelques-unes, en Amérique et dans ce qu’on appelait le tiers-monde, sont devenues des « mégapoles » aux dimensions inquiétantes. Leurs habitants y sont cloisonnés dans des quartiers souvent à l’abandon, et dans un climat de guerre sociale. Les bidonvilles sont de plus en plus nombreux et de plus en plus tentaculaires. Jusqu’au XXe siècle, les romanciers gardaient une vision en quelque sorte « romantique » de la ville, pas si différente de celle de Dickens ou de Baudelaire. Et c’est pourquoi j’aimerais savoir comment les romanciers de l’avenir évoqueront ces gigantesques concentrations urbaines dans des œuvres de fiction.
Vous avez eu l’indulgence de faire allusion concernant mes livres à « l’art de la mémoire avec lequel sont évoquées les destinées humaines les plus insaisissables. » Mais ce compliment dépasse ma personne. Cette mémoire particulière qui tente de recueillir quelques bribes du passé et le peu de traces qu’ont laissé sur terre des anonymes et des inconnus est elle aussi liée à ma date de naissance : 1945. D’être né en 1945, après que des villes furent détruites et que des populations entières eurent disparu, m’a sans doute, comme ceux de mon âge, rendu plus sensible aux thèmes de la mémoire et de l’oubli.
Il me semble, malheureusement, que la recherche du temps perdu ne peut plus se faire avec la force et la franchise de Marcel Proust. La société qu’il décrivait était encore stable, une société du XIXe siècle. La mémoire de Proust fait ressurgir le passé dans ses moindres détails, comme un tableau vivant. J’ai l’impression qu’aujourd’hui la mémoire est beaucoup moins sûre d’elle-même et qu’elle doit lutter sans cesse contre l’amnésie et contre l’oubli. À cause de cette couche, de cette masse d’oubli qui recouvre tout, on ne parvient à capter que des fragments du passé, des traces interrompues, des destinées humaines fuyantes et presque insaisissables.
Mais c’est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l’oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l’océan."

jeudi 4 décembre 2014

La page 99 du roman "Un jeune homme sans importance" ...


Le test de la "page 99" d'un roman serait décisif pour certains pour juger le livre. On prétend que certains lecteurs ouvrent, chez le libraire ou à la bibliothèque, un livre à cette page pour savoir s'ils ont envie de poursuivre sa lecture.

Voici la page 99 du roman "Un jeune homme sans importance" :

"(Il m'a dit que cela irait) mal pour moi. Qu’il m’enlèverait Fabien. Que c’était écrit dans les astres.

-Calme-toi. C’est un con. Il ne raconte que des conneries. J’avais demandé que l’on ne laisse personne entrer dans la chambre. Pour Fabien, ne t’inquiète pas, il est chez Livia. Il t’attend.
-Il est venu… répétait-elle encore toute étourdie et apeurée. Lorsque j’ai ouvert les yeux, il était là. J’ai cru que c’était un cauchemar. Mais non, il était là. Il avait son souffle sur moi.

Je lui ai serré la main pour la tranquilliser.
Je suis resté jusqu’au soir à son chevet.
Quand elle s’est endormie sous sédatif, je suis parti.
J’ai téléphoné à ce salaud de Stanislas.
Il m’attendait à la terrasse de la brasserie en bas de l’avenue de Ségur.
Il a ricané en me voyant.
-Tu peux faire tout ce que tu veux, mais ta soeur est folle. J’ai consulté une des plus grandes voyantes de Paris. Celle que fréquentent des ministres et des hommes d’affaires. Ta soeur est fichue. Elle me l’a certifié. Je reprendrai Fabien.
-Ne t’inquiète pas, je n’irai plus à la clinique…, et il a ajouté à voix basse : Je lui ai murmuré tout ce que je t’ai ditdans l’oreilletandis qu’elle sortait du coma.
J’ai bondi. La noirceur de son oeil reflétait son âme diabolique. O.K. Coral. Il s’est détourné et s’en est allé.

Du jeu de l’amour à la haine. Du jeu de l’ange, du jeu du démon."
......................................................................................................................................................................

Fin de la page 99         ISBN 2-912712-09-2

dimanche 30 novembre 2014

Les Idées en place, Mon abécédaire philosophique de Nicolas Grimaldi, 392p PUF 21€

L'auteur pose des réponses aux questions que l'on se pose sur :L'Absolu, l'Amour, l'Education, la Jalousie, la Liberté, le péché, le Plaisir, le Snobisme, le Travail etc. et  sur des thèmes fondamentaux comme : la Vie, le Temps, l'Attente, l'Imagination...
Nicolas Grimaldi vient aussi de publier un livre fondamental sur la situation politique actuelle : Le Crépuscule de la démocratie (Grasset Edit.) où il pointe les dérives d'une caste politique qui s'est saisie du pouvoir, d'une minorité qui gouverne, sans vraiment avoir l'accord du peuple...

Dans un entretien, Nicolas Grimaldi pose des questions, et particulièrement celle-ci "Comment a-t-on pu sacrifier la réalité de millions d'hommes à l'irréalité d'une chimère ?".
Poussant plus loin son interrogation, il se pose la question du "jeu". Les hommes jouent avec les idées : communisme, religion, idéologie etc. puis "se prennent au jeu" croient à fond, en réalité : jouent à croire ce qu'ils veulent croire, et s'enfoncent dans la certitude que ceux qui ne croient pas comme eux ne doivent pas vivre, ne pas exister. D'où les massacres, les génocides etc.
 
Il conclut pour expliquer son "retrait" dans son Sémaphore en citant Platon : " Lorsque le philosophe se rend compte qu'il est pris dans un cyclone, ou comme un voyageur tombé parmi des féroces, et qu'il ne peut porter secours à ses semblables, le mieux qu'il puisse faire alors, c'est de se mettre à l'abri derrière un rocher ou dans une grotte, en attendant de quitter ce monde pur de toute injustice."

La littérature cristallise et condense les illusions ou les désillusions dans les romans, les chroniques, la poésie etc. que tout le monde peut consulter, "ce que l'existence ne fait ensuite que diluer ou paraphraser."
Hermès

Nouvelles publications des Oeuvres d'Aristote

-Chez Flammarion : Œuvres complètes 2.928p. 69€ sous la direction de Pierre Pellegrin
-A La Pléiade, Gallimard : Œuvre 1.622p 61€ sous la direction de Richard Bodéüs

samedi 29 novembre 2014

Une famille formidable... série Télé... FORMIDABLE !

Annie Duperey et Bernard Lecocq avec La famille formidable remplissent un rôle social, familial et thérapeutique considérable.  En baladant cette famille de la France profonde à travers la planète, avec son ton enjoué, les personnages attachants, l'unité d'une grande famille, où les déboires, les humeurs, des uns et des autres sont traités avec finesse et optimisme, les scénaristes et le metteur en scène ont réussi une jolie prouesse : mettre de la vie dans la vie d'une multitude de gens, les accompagner, leur rendre sympathique l'"Autre", ne pas désespérer de l'indifférence etc.
Annie Duperrey est belle, intelligente, raffinée, elle joue très bien la bourgeoise française type, continuatrice de Micheline Presle des "Saintes Chéries". Bernard Lecocq est un parfait père un peu farfelu, créateur, et dépassé par les évènements...
M.T. est heureuse quand elle vit avec eux, des aventures qui peuvent arriver à n'importe quelle famille "formidable"...
17/20
Hermès

vendredi 28 novembre 2014

Goethe se mheurt de Thomas Besnhard, récits - Gallimard - 116p. 2013

Quatre incantations contre... Goethe, l'Autriche où il est né, la famille...
Intérêt limité.
Hermès

jeudi 27 novembre 2014

Nouvelles, de J.D. Salinger, Pocket Edit. 280p.

Salinger est le Maupassant des lettres américaines. C'est dire que c'est un très grand auteur. Pocket a publié son chef d'œuvre L'Attrape-cœur et ses 9 Nouvelles. Salinger a le sens du détail, des mots justes, de l'ambiance du dit et du non-dit, que le lecteur ressent, comprend. Ses textes respirent son époque l'avant Seconde guerre mondiale, celle-ci et, juste l'après-guerre. Ayant participé à cette guerre, étant entré, dans les premiers, dans les camps de concentration pour les libérer, il en a reçu le choc indélébile. Toute sa nature en a été ébranlée, et il s'est réfugié, dans ses écrits, dans le monde de l'adolescence et de la jeunesse  (L'Attrape-Cœur, les Nouvelles).
En le lisant on retrouve le rythme, les détails, les chutes d'un grand romancier.
Chefs-d'œuvre
Hermès


mercredi 26 novembre 2014

Nouveautés...

-Trois orchidées pour Irina, de Patrick Lecointe - Polar
-Les Dollars de Rio de Michel Barda - Nouvelles -Polar

mardi 25 novembre 2014

Shakespeare , une première édition originale retrouvée...

Une première édition originale de 1623 a été retrouvé dans la bibliothèque municipale de Saint-Omer, et authentifiée par les spécialistes de l'auteur. Cette édition a été tirée à 800 exemplaires, dont il n'en reste que 230, et avait été faite sept ans après la disparition du grand dramaturge.
Hermès

jeudi 20 novembre 2014

Prix INTERALLIE à Mathias Menegoz ...

Pour son roman sur le Danube "Karpathia"  P.O.L. Editeur. L'action se déroule en 1830, en Transylvanie.

Selon Vincent, roman de Christian Garcin - Stock - 304p. 2014 - 19,50€

Plusieurs histoires accolées les unes aux autres, dont le récit d'un soldat de Napoléon revenu d'une longue captivité infernale en Russie après la Bérézina.
Lecture en à-coups, on passe d'une histoire à une autre.
10/20
Hermès

mercredi 19 novembre 2014

Constellation, de Adrien Bosc, roman, Stock, 192p. 2014 18€

Roman-enquête sur le crash du Constellation d'Air-France F-BAZN, le 27 octobre 1949, aux Açores. Dans cette catastrophe périrent deux célébrités : Ginette neveux la grande violoncelliste et Marcel Cerdan, le "bombardier marocain" qui partait rejoindre son amour : Edith Piaf.
Adrien Bosc a mené une véritable enquête policière pour remonter le fil des événements et pour révéler et romancer sur les autres passagers, le pilote, le co-pilote et les autres membres de l'équipage. Le jeu du destin et du hasard. Ceux qui ne devaient pas être dans l'avion, et ceux qui s'y trouvaient... Des allusions à d'autres catastrophes aériennes.
Un livre dicté à l'écrivain par l'amour de la musique et de la littérature.
12/20
Hermès 
 
 

mardi 18 novembre 2014

Autour du monde, de Laurent Mauvignier -roman- Edit. de Minuit - 372p. 2014 - 19,50€

Mars 2011, le tsunami de Fukushima... Les différents moments de vie à travers la planète de personnages, de couples... L'auteur les imagine les uns au Japon, d'autres sur paquebot, d'autres en Thaïlande etc. Des êtres jeunes dans leur quotidien, suivant leurs désirs, leur destin.
Un voyage par étapes, par petites nouvelles.
Bien écrit.
13/20
Hermès 

samedi 15 novembre 2014

Un tango en bord de mer, de Philippe Besson, théâtre, Julliard Edit.76p.- 9€ - 2014

Un dialogue continu très vivant. Echanges de sentiments, de mots, de corps. Un écrivain célèbre, un jeune à la beauté du diable (pasolinien), ils se rencontrent, se désirent, le jeune Vincent s'en va pour d'autres aventures, et deux ans plus tard dans un faux hasard se retrouvent dans le bar d'un grand hôtel au bord de la mer... Explications... L'auteur avec le talent d'un Sacha Guitry innerve ce dialogue qui révèle la poursuite éperdue des corps, le trouble que provoque, chez Stéphane, l'auteur célèbre, la beauté des garçons, l'ennui qui arrive avec l'habitude, la brutalité des disputes qui peuvent aller jusqu'aux coups... le mépris sous-jacent du beau gosse pour son aîné etc.
Un texte juste, sincère, révélateur, où tout est dit sur le drame de la solitude, du désir, des difficultés des rapports, où seuls prédominent le désir sexuel, l'inassouvissement des sens, la recherche éperdue de partenaires.  
Philippe Besson écrit juste, et dit carrément les choses, se souvenant du drame de Pier-Paolo Passolini. 
La pièce de théâtre a été jouée au Théâtre 14, à Paris, de septembre à octobre 2014.
16/20
Hermès   

vendredi 14 novembre 2014

Début du roman "Un jeune homme sans importance" de H.Z. Htz-Athéna Edit. 180p. 2014 14€


    « Pauline vient de prendre le TGV pour Paris d’où elle s’envolera vers New-York, rejoindre son mari, ses enfants. Ce grand vide après ces heures de bonheur intense que nous avons vécues m’a laissé l’âme douloureuse, l’esprit surpris, étourdi. J’ai couru vers l’océan pour me perdre dans le roulement grondant des vagues, le vent, les embruns éblouissants, l’horizon…. »        
Début du roman Un jeune homme sans importance de H. Z.
Htz-Athéna Editions

mardi 11 novembre 2014

le fils, de Philipp Meyer, roman, traduction de Sarah Gurcel, Albin Michel Edit. 680p. 23,50€ 2014

La trajectoire d'une famille américaine de 1830 à nos jours, en partant du Texas, province appartenant à l'Espagne alors, peuplé d'Apaches, conquise par des tribus Comanches qui livrent une guerre sans merci aux propriétaires terriens espagnols, puis petit à petit envahie par des Européens cherchant fortune par la force, se constituant en petits groupes de "Rangers", qui s'attaquent aux Comanches, dépouillent les propriétaires terriens espagnols, font venir d'autres chercheurs d'aventure, en 1836 ils proclament la République du Texas... la suite, westerns, guerres, rattachement du Texas aux Etats-Unis etc. Le roman se lit à plusieurs niveaux à travers les souvenirs d'un descendant des McCullough.. Guerre de Sécession, création d'une fortune colossale, esprit de domination... L'auteur tente de s'inscrire dans la lignée des grands auteurs américains en mêlant la grande histoire à la petite, les grands sentiments et les grandes lâchetés. A travers son propos on sent une sorte de volonté hégémonique des grands prédateurs sur les pays ou les empires qui s'affaiblissent, ainsi de l'Empire romain, puis de l'Empire Byzantin connaissant l'apogée et la destruction par leurs envahisseurs, de même pour l'Empire espagnol détruit par les Etats-Unis à la fin du XIX° siècle, qui lui enlève tous ses territoires des Caraïbes(Cuba, Porto Rico, du Pacifique, les Philippines etc.) après lui avoir enlevé ceux d'Amérique du Nord.
13/20
Hermès 

Premières phrases de Maupassant...

La première phrase de Maupassant dans :
-Boule de suif : "Pendant plusieurs jours de suite, des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville."
-La Maison Tellier :"On allait là, chaque soir, vers onze heures, comme au café, simplement."
-Une vie :"Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas."
-BEL-AMI :" Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant."

dimanche 9 novembre 2014

La peau de l'ours de Joy Sorman, roman, Edit.Gallimard, 158p. 2014 - 16,50€

Un métis ours-homme, né du viol de Suzanne par un ours des cavernes, raconte dans une langue super sophistiquée et impeccable ses tribulations dans un monde de pen-culs. Ceux-ci le rejettent, l'enchaînent, le vendent au quatre coins du monde dans des cirques etc.  Impossible de croire que sans une éducation et une instruction adéquate, collège, lycée, université etc. un homme-ours puisse parler, raconter sa vie en intello du XVI° arrondissement de Paris. L'artifice est trop criant. Le lecteur n'est pas dupe.
Qui fait l'ours fait l'âne.
5/20
Hermès

samedi 8 novembre 2014

La chance que tu as de Denis Michelis, roman Stock Edit. 160p. 2014- 17€

Misères d'un grouillot de cuisine.
Une longue nouvelle plutôt qu'un roman. Journaliste l'auteur montre d'une manière forte la "lobotomisation" des êtres soumis à une organisation sociale, en l'occurrence un grand restaurant où le personnage, un jeune adolescent est déposé par ses parents pour entrer en apprentissage. Comme dans toutes les institutions où la rapidité et l'ordre sont de mise, le jeune serveur subit les rigueurs des coups de gueule, les lazzis, les humiliations, les réflexions et les formules toutes faites. Ce qu'il vit dans cet "enfer" a été montré par Charlie Chaplin dans Les Temps modernes, c'est ce que vivent les jeunes recrues de l'Armée qui font leurs Classes etc. Le personnage, très jeune, n'a pas été préparé à cette dure "servitude", il n'a pas de "ressort" suffisant, et chaque fois qu'il se plaint, on lui répète "qu'il a de la chance"... la chance d'avoir trouvé du travail..., la chance d'être dans une organisation... Dehors c'est l'incertitude, le trou de l'inconnu.
Les adolescents des pensionnats d'autrefois, les enfants de Troupe, etc. ont connu une semblable situation, de tels bizutages, ces humiliations... que dire de l'enfer des prisons pour jeunes en Russie. Mais l'auteur a voulu décrire un monde kafkaïen, en isolant le lieu , un grand restaurant dans une forêt inconnue, en livrant un être fragile, immature que ses parents "abandonnent" à la porte du restaurant, comme dans les "Nouveaux Monstres" de Mario Monicelli le fils abandonne sa mère vieille mère, venue en promenade avec lui, à la porte d'une sinistre maison de retraite.   
L'auteur livre un agneau sans ressort, plongé dans la détresse, sans une main secourable, à la dureté du monde social. Il n'y a dans ce roman aucune perspective d'avenir pour ce jeune apprenti, rien que la servitude. L'auteur a choisi la noirceur totale.
Dans cette perspective on comprend mieux pourquoi tant de personnes préfèrent une situation de "chômage aidée" à un monde robotisé dans l'humiliation. C'est une situation que peuvent connaître aujourd'hui les jeunes apprentis de cuisine, les grouillots, dans certains restaurants, méprisés, houspillés...
Comme un cri de désespoir dans une France en crise.
14/20
Hermès

vendredi 7 novembre 2014

A paraître : Un jeune homme sans importance, roman de H.Z. Athéna Edit. 180p. 14€

Un beau roman sur les aventures d'un jeune homme qui n'a que l'avenir à offrir, c'est-à-dire l'inconnu,  et n'intéresse les femmes que pour ce qu'il est à l'essai : un premier amour ou l'amant d'un moment. Il se cherche en remontant le temps de son enfance, de son adolescence, de sa première jeunesse.
 
Les romans les plus courts sont parfois les plus réussis, comme Le diable au corps de Raymond Radiguet.
Hermès

jeudi 6 novembre 2014

OPHELIA de Henry Zaphiratos in le recueil "Les Sept coupes"

                      OPHELIA

Harmonie ou Tableau, Symphonie ou Couleur,

Une ombre lorsque je rêve me revient voir.

Est-ce la Mort ou l’Amour, qui peut le savoir

Tant sa forme est mince et tant grande est sa pâleur ?

Est-elle là, que les cantilènes prolongent

Les sanglots des mers, les vibrations des cieux,

Que j’entends le renouveau de cantiques vieux,

Et par de là son luth d’argent mes regards plongent.

Au pied de l’Olivier sa voix s’est faite antique,

Elle s’est baignée aux flots brillants de l’Hellas.

Symphonie ou Tableau ? Chant ? Rêve chimérique ?

Et pourtant, je la sais reine de volupté,

Je sais son baiser de feu… Et j’entends son pas

Ebranler mon coeur du fond de l’Eternité.
Les

mardi 4 novembre 2014

Terminus radieux, roman d'Antoine Volodine, Seuil Editions 618p. 22€

Un "Mad Max" de la Sibérie Sovkhozienne d'après une seconde apocalypse, avec russes, taïga, steppes, ruine de centrales nucléaires, irradiations, etc. y compris une vieille baba de 130 ans.
Un pavé pour ceux qui aiment la littérature glaciaire.
Ce livre vient d'obtenir le Prix Médicis - le 4/11/2014
Hermès

vendredi 31 octobre 2014

Un été avec Proust, de Laura El Makki, Edit. France Inter-Equateurs-Parallèles, 240p. 2014 - 13,50€

Un très beau petit livre où d'excellents critiques et écrivains, Antoine Compagnon, Jean-Yves Tadié, Jérôme Prieur, Nicolas Grimaldi, Julia Kristeva, Raphaël Enthoven, Adrien Goetz, parlent de Proust, décrivent les multiples facettes de son œuvre, de ses personnages, de ses émois, de son style, de son rapport avec la vie, les arts... La Recherche  est une œuvre multiple, profonde parce que l'auteur rentre dans l'intimité de sa pensée, de ses élans, décrit non seulement les faits, ce qu'il a vu, ressenti, ce qu'il a entendu, mais développe l'ensemble des sensations, des pensées, des images, liées à ce qu'il a perçu, dans l'instant qui fut, comme une photographie parfaite que l'on peut détailler à la loupe, au microscope. La petite feuille qui descend en voletant, les aubépines qui fleurissent  l'autel de l'église au mois de Marie, la mâchoire cassée que Mme Verdurin cache entre ses mains...
Ce petit livre est lumineux, et les extraits délicieux.
Une réussite totale.
19/20
Hermès

lundi 27 octobre 2014

Nouveauté : Lectures vagabondes de Thomas Morales, Edit. la Thébaïde 2014

Thomas Morales se balade dans le jardin de la littérature...
Hermès

samedi 25 octobre 2014

Les plaisirs cachés de la vie de Théodore Zeldin, Fayard, 411p. 22,50€

Devant le succès foudroyant des livres : Merci pour ce moment de Valérie Treirveiler, Le Suicide français  d'Eric Zemmour, il fallait en profiter, et Fayard, dans cette course à la spécificité française de l'auto analyse ou de révélations du monde des élites politiques françaises, publie les réflexions de Théodore Zeldin, l'homme de toutes les commissions de "réflexion", d'"analyse" etc. style "Comités Théodule de la III° et IV° République" qui ne servent à rien et étaient brocardés par De Gaulle et le commun des citoyens.
Il ne s'agit pas des "Plaisirs cachés de la vie", mais des loufoqueries de la vie politique française.
Une de ses réflexions : "En France , tout haut responsable est un dictateur."  cité dans le JDD.
Hermès 

vendredi 24 octobre 2014

"De quel amour blessée" Réflexions sur la langue française de Alain Borer - Gallimard - 354p. 22,50€ - 2014

Alain Borer est poète, écrivain et professeur de français dans une université californienne, il nous livre ses réflexions sur la langue française mise en danger par les "élites", et par l'emploi de mots techniques anglicisés...
A lire.
 
A CE PROPOS :
Le français est une langue aristocratique, il s'est imposé de lui-même par sa beauté, son élégance. il a façonné des êtres brillants : littérateurs, politiques, artistes, diplomates, l'élite de France, l'Elite de l'Europe. On parlait français partout. Le berceau du beau parler français était la Touraine (Balzac), la vallée de la Loire, il a essaimé par la Cour royale dans les châteaux, Versailles etc. puis chez les bourgeois, puis dans le peuple. Au XIX° siècle, ce sont des gouvernantes de Touraine appréciées en Russie et dans toute l'Europe qui étaient demandée, engagées... Le français est une langue admirable et l'anglais courant, ordinaire ne sera que la langue banale du commerce, des échanges ordinaires, et parfois, pour une autre élite, de la littérature. Mais elle ne pourra surpasser le français. Il est du devoir de tous les écrivains, dramaturges, cinéastes etc. de protéger, développer la langue. Les pauvres élites politiques sont aux 3/4 incultes, sans vergogne. Ils étaient déjà incultes géopolitiquement et ont précipité des guerres comme Sarko en Libye, Hollande qui faillit "punir" la Syrie etc. sans avoir lu "Le voyage en Orient" de Nerval qui expliquait TOUT. Aux écrivains de bien écrire le français, aux élites de la mode, des arts, du luxe, à tous de bien écrire, bien moduler le français...
Hermès

samedi 18 octobre 2014

vendredi 17 octobre 2014

Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive, de Christopher Donner, roman, Grasset - 300p. 2014 19€

Le titre est emprunté à Orson Wells. 
En mêlant la réalité à la fiction, Christopher Donner a un écrit un roman sur la vie de quelques personnages de cinéma gravitant autour du producteur Jean-Pierre Rassam : Maurice Pialat, Claude Berri, Jean Yanne etc. Des noms connus se mêlent à des anecdotes de tournage, de lancement de films, de financement aussi. L'auteur a puisé ses sources dans les différents livres qu'il cite et les contacts qu'ils a eus.
Le fondement de certaines œuvres cinématographique et la cause aussi de drames.
De 1960 à 1985 une chevauchée fantastique dans un certain milieu cinématographique, avec la rivalité entre deux beaux-frères, l'argent à flot, les projets, les réussites, les échecs...
P.173 à 180, intéressante note historique sur la fortune née du pétrole Mossoul de Calouste  Gulbenkian, protecteur du père de J.P.Rassam, beau-frère de Claude Berri. et des événements de Syrie et du Liban de 1941... 
12/20
Hermès

dimanche 12 octobre 2014

Pas pleurer, de Lydie Salvayre, roman, Seuil Edit. 282p. 18,50€ - 2014

Au pas de charge Lydia Salvayre raconte la guerre civile espagnole (1936/1939) à travers les souvenirs de sa mère. L'histoire d'un village, de parents qui tout d'un coup sont projetés dans la grande Histoire, celle ouverte par les attentats terroristes contre l'Empire Tzariste au XIX°siècle, se poursuivant par la révolution bolchevique, gagnera l'Espagne à travers la guerre civile provoquée par l'armée de Franco, le déchaînement des rivalités agraires, politiques entre anarchistes libertaires, communistes staliniens, contre-révolution menée par la Droite espagnole avec la bénédiction de l'Eglise devant les exactions de toutes sortes... L'auteure suit le récit de sa mère, l'entrecoupe de passages du livre de Georges Bernanos  Les Cimetières sous la lune,  Bernanos présent à Majorque pendant ces événements et profondément meurtri par l'attitude du haut clergé, et pressentant ce qui allait advenir, c'est-à-dire la confrontation mondiale, de 1939/45, entre les dictatures fascistes/nazies et les Démocraties.
Un livre qui nous plonge au cœur d'un drame où la France du Front Populaire de Léon Blum a choisi de rester neutre, laissant seulement les débris de l'armée républicaine, et les civils passer la frontière  et les internant dans des camps, comme celui d'Argelès.
Pages douloureuses, même si dans la mémoire de la maman de Lydie Salvaire, restent vivaces les heures enthousiastes et heureuses de sa jeunesse. Les 70 années de sa vie en France comme gommées, évanouies devant l'intensité de ces souvenirs.
Ecriture rapide, limpide.
Citons deux grands livres sur cette époque : L'Espoir d'André Malraux, Pour qui sonne le glas d'Ernest Hemingway.
PRIX GONCOURT 2014
14/20
Hermès
  

samedi 11 octobre 2014

La vie de Milley Brose, roman de Henry Zaphiratos -Extrait-


- J’entends dans ce silence ensoleillé ma voix d’enfant :

-Papa, pourquoi la guerre ? 

"J’ai dix ans. Nous sommes dans le petit kiosque-bibliothèque de la plage. Papa bavarde avec Mme Lavile. C’est elle qui s’occupe de la bibliothèque. Ils parlent grec. Elle est tout rire, toute gaieté. Je sens qu’ils sont heureux de parler entre eux, sans s’occuper de la dame qui furète près des étagères et qui leur jette des regards méchants. Dans des revues posées sur la table centrale il y a des photos de massacres, des gros canons de la Grande Guerre que l’on tire dans la boue, les uniformes sont laids, les baïonnettes aiguisées comme des lames. Je sais que mon grand-père y avait participé, parce qu’un jour en fouillant dans la chambre de maman, j’avais trouvé dans le tiroir de la commode, dans une boîte avec un paysage de bambous, de vieilles croix parmi de vieux papiers. Questionnée, maman m’a répondu : « C’est de mon papa… » Je ne suis pas allé plus loin ; la voix de maman avait trébuché. Ces médailles de bronze avec leurs vieux rubans vert et rouge, m’impressionnaient. C’était comme quelque chose de dangereux et de mystérieux qui réveillait un autre monde. J’ai tout refermé, et je suis sorti de la chambre à petits pas.

Après avoir « kali-kala » avec Mme Lavile, en revenant par la plage, papa a dit :

« Mon petit, il y a toujours des guerres, et il y aura toujours des guerres. Tu verras quand tu seras grand. Les hommes sont méchants, durs. Il faut que tu apprennes à te battre, à être fort. C’est pour cela que tu dois travailler…apprendre… » "
Extrait du roman "La vie de Milley Brose" Henry Zaphiratos
 

°

A propos de Patrick Modiano...

C'est magnifique que le Nobel de littérature revienne cette année à un écrivain français. Cela marque les esprits dans le monde entier. Patrick Modiano exprime très bien cette absence, cette errance des êtres qui ont été, et ne sont plus, ces rencontres entre deux événements tragiques ou inattendus dans le genre de "Brève rencontre", Ces destins étranges de Père à fils, de parents qui se haïssent après s'être aimés, ces rues, ces boulevards de Paris hantés par l'histoire si proche, si chaude qui s'y est déroulée. En remontant les Bottin de 38/39/40, tous ces noms de personnes évanouies, comme nous nous évanouirons un jour. La vie est imprévisible, l'avenir imprévisible, on se rencontre, on se perd, on disparaît, on cherche à se retrouver... L'inspiration de Modiano est dans l'absence, la recherche de l'absence, de ce qui fut, mais qui est difficile à cerner à retrouver, à recréer,
c'est le charme pointilliste de son écriture, de son style, "sans avoir l'air d"y toucher" comme les tableaux de Sisley, de Seurat, et le portrait arrive, émerge, tout apparaît dans une lumière diaphane, étranger, mais tout se meut, comme une marche de fantômes, d'êtres qui furent, qu'on a aimés, que l'on retrouve comme les tableaux de "La Recherche du Temps perdu", retrouvé, mais dans le halo de la pensée, le halo de la beauté littéraire. Rien n'est sûr dans Modiano, mais tout est vivant, en demi teinte. Ce ne sont pas les cris de Marguerite Duras ou d'un Céline, mais la voix ténue d'un poète parlant à demi mots, à demi lèvres, pour un soliloque chantant pour des ombres qu'on a aimées.
Henry Zaphiratos

mercredi 8 octobre 2014

Le Suicide français de Eric Zemmour Albin Michel Edit. 550p. 2014

Eric Zemmour est en passe d'égaler le succès de librairie du livre "Merci pour ce moment". Après son passage chez Laurent Ruquier, passage houleux, difficile, où il s'est défendu et a défendu sa thèse de la dislocation de la France organisée et voulue depuis une quarantaine d'années au profit de l'Europe de Bruxelles, de la mondialisation, et au profit d'une petite élite de politiciens avides de pouvoir...
A noter son jugement erroné concernant Pétain qui aurait "protégé" les juifs français. Tout ce que Pétain a décrété contre les juifs français et tout ce qui a été fait par Vichy à l'encontre de ceux-ci et des juifs étrangers qui étaient venus se mettre sous la protection de la France, restent une honte à tout jamais. 
A lire et à méditer.
16/20
Hermès 

mardi 7 octobre 2014

Les Carnets secrets de Li YU (1611-1680) par Jacques Dars, Philippe-Picquier Edit. 432p. 2014 - 9,50€

Un livre indispensable si l'on veut rentrer dans la pensée chinoise. Le Montaigne chinois livre ses notes, ses humeurs, ses fantaisies dans ces pages. La couverture est la reproduction d'un tableau célèbre de Quiu Ying (1494-1552), une merveille.
Un livre à feuilleter, à garder près de soi comme une œuvre précieuse dans le genre des Lettres à Lucilius de Sénèque etc.
18/20
Hermès

Meursault, contre-enquête, roman de Kamel Daoud, Actes Sud Edit. 160p 2014

Parmi les nouveautés à remarquer ce roman de Kamel Daoud qui vient de remporter le Prix François-Mauriac 2014, et est sur la liste des 8 Gontcourables.
Le roman met en contre point du roman d'Albert Camus, les souvenirs réflexions du frère de Moussa, le frère de l'homme que Mersault a assassiné.

lundi 6 octobre 2014

Les Déshérités ou l'urgence de transmettre de F.Xavier Bellamy, essai Plon Edit. 250p. 2014

François-Xavier Bellamy dresse un constat, les anciennes générations ne "transmettent" plus ce qu'elles ont acquises des précédentes, aux nouvelles. Il est impératif que cette transmission ait lieu autrement c'est la société française qui se désagrège...
Constat alarmant d'un pédagogue, ancien attaché de cabinet.

L'Aménagement du Territoire d'Aurélien Bellanger, roman, Gallimard,480p. 2014 - 22€

Des forces telluriques au territoire d'aujourd'hui dans l'Ouest de la France. Un roman ambitieux, documenté. L'auteur tente d'englober l'évolution sociale, politique, démographique puis structurelle de la Bretagne, des Marches de Bretagne jusqu'à Paris, à travers le destin de plusieurs familles. En filigrane les grandes sociétés du BTP, les grandes aventures comme celle du TGV, les grandes aventures politico-économiques de la France des quarante dernières années.
Intéressant, érudit, technique et parfois endormant.
14/20
Hermès
 

vendredi 3 octobre 2014

Steak Révolution de Vérane Frédani & Franck Ribière - Gastronomie Edit.La Martinière

Un tour du monde gastronomique de la viande avec sélection des pays où se trouve la meilleure viande. Pour l'auteur et son équipe c'est en Angleterre qu'elle est à déguster.
En France, il y aurait aussi de la bonne bidoche, mais la façon de la cuire, fait qu'elle est moins bonne. Les Anglais la grillent, les Français la cuisent à l'eau, le goût s'en ressent.
Le livre détaille les bienfaits de la bonne viande pour l'organisme, à consommer une ou deux fois par semaine pour son apport énergétique, pour les muscles etc.
Hermès

jeudi 2 octobre 2014

Ca c'est fait comme ça de Gérard Depardieu, autobiographie, XO Edit. 160p 2014.

Gérard Depardieu se raconte, son enfance difficile, dans une famille à problèmes sociaux, ses rêve de voyage, d'avenir à Orly où sa grand-mère était dame-pipi, et rasait ses moustaches, son adolescence perturbée, sa prime jeunesse quasi délinquante, aidant un copain à piller les cimetières, sa "montée" à Paris, ses premières figurations, puis lorsqu'il a appris que l'on préparait "Les Valseuses", un rôle pour lui, il s'est battu entre Paul Claudon le producteur et Bertrand Blier pour obtenir le rôle et enfin la notoriété... Depardieu parle des autres films, du théâtre, de la Belgique, de la Russie... de Poutine.
Rapide, vivant.
"Qu'on me laisse vivre à ma façon, me lier à qui je veux, comme je le faisais à Châteauroux au temps où je n'intéressais personne."
15/20
Hermès  

Will le Magnifique, de Stefen Greenblatt, traduction de l'Anglais(E.U.) par Cécile Arnaud, Flammarion Edit. 488p. 22,90€

Dernière étude sur William Shakespeare...

J'ai eu des nuits ridicules de Anna Rozen, Le Dilettante, 242p. 2014 - Fessebouc me voilà !

L'héroïne d'Anna Rozen, Valérie, a un beau tempérament. Elle fait partie du monde des bobos parisiens qui naviguent dans le monde de la mode, de la publicité, de la presse, du cinéma, de la télévision, des galeristes etc. un monde où il vaut mieux être trentenaire, célibataire et détester la solitude... Tout sauf la solitude... Un merveilleux moyen d'y échapper, être en forme et adorer le sexe, adorer baiser. Alors elle baise la Valérie, elle baise partout, tout le temps, et le roman est une litanie de prénoms : Thaddée, Pierre, Antoine, Gilbert, Christophe, Franck,  Jean-Vincent, Gustave... et les sms sonnent, le portable, le web, tous les moyens de communication en plus des cocktails, des vernissages, du bureau pour se chercher pour la baise. On baise partout, et à fleur de page. Au cours d'un retour esseulée (rare) après une demi-cuite, elle est sollicitée par un gamin à capuche, à demi-éveillée elle accepte de l'héberger. Etienne, jeune fugueur s'installe dans sa vie... Elle aime le silence (?), lui la musique... petites frictions... Craignant d'être poursuivie pour détournement de mineur, elle en parle à ses bobos... Qu'à cela ne tienne ! Astrid de la TV a trouvé la solution, on va passer Etienne, le petit catho fugueur au JT de 20h. ! Voilà c'est fait, Valérie est débarrassée, elle peut reprendre son baisodrome avec les mecs qu'elle se farcira.
De Fessebouc à Fessecul, le monde des bobos parisiens visité, avec les inévitables : "Chacun sa merde" "une vie nomade mais connectée", des soirées "post-prime-time" "le respect est un mot désolant", "une journée foireuse" comble de l'art de vivre de Valérie : elle aime le silence, et n'écoute pas la radio étant connectée par Internet...
Comme le monde des bobos est instruit, intello, le roman est parsemé de petites sentences de grands auteurs... Confucius, Evelyn Waugh, Danton etc.
Un hymne à Fessebouc, à la baise, aux bobos parisiens trentenaires...
Il y manque le sel des gymanstiques du Kâma-Sûtra.
13/20
Hermès

mardi 30 septembre 2014

La Gauche et le Peuple, de Jacques Julliard et J.C.Michea, Flammarion Edit. 320p. 19,90 2014

Débat entre deux penseurs politiques sur le thème de la trahison du peuple par les élites de gauche en France. Entre la création d'une technocratie qui remplace les cadres III° République qui administraient et apportaient la "République" dans l'Empire colonial français, avec la décolonisation, et la transformation du peuple de gauche en France en "Beaufs", "Dupont-Lajoie" etc. méprisé par l'élite social-démocrate des bobos de gauche qui règne sur la France depuis François Mitterrand avec les alternances passives de la Droite. les Bobos et les Gogos, ceux-ci les électeurs de gauche prolétarienne ou autre.
Conclusion de Jacques Julliard :"Les premiers (Bobos) pensent qu'il faut se passer du peuple (style Hollande, PS etc.), les seconds (Gogos) qu'il faut en changer.".
"En changer ?" Changer de peuple ? Un remplacement de population ? Pour avoir un peuple plus docile ?  
Douce France...
Hermès 

Nouveautés Automne 2014 Romans :

- Le bonheur national brut de François Roux  Itinéraire en 30 ans de quatre copains de la génération Mitterrand.
-Constellation d'Adrien Bosc - L'auteur tente de raconter la vie des passagers du Constellation d'Air-France qui s'est écrasé en 1949 dont l'un des passagers était Marcel Cerdan.
-Un jeune homme prometteur de Gauthier Battistella - le rêve de devenir un "grand auteur".
-Le Cercle des femmes deSophie Brocas - Les secrets de famille dans un maison familiale.
-Le Clan suspendu d'Etienne Guéreau - Roman sur les sectes et le comportement sectaire.
-On ne voyait  que le bonheur  de Grégoire Delacourt - Pas terriblement heureux.
-Charlotte de David Foenkinos - L'auteur tombe amoureux d'une grande artiste Charlotte Salomon  morte à Auschwitz en 1943.
-Blond Cendré d'Eric Paridisi - d'un amour, celui de son grand-père, à un autre, le sien, Maurizio raconte.
-L'Amour et les forêts d'Eric Reinhardt - Une bourgeoise ne peut se défaire d'un mari brutal et macho,elle a une brève et lumineuse relation avec un homme rencontré sur le web, mais ne peut quitter son "bourreau"... elle n'ose pas vivre une autre vie.
-L'Histoire d'un amour de Catherine Locandro un  genre de "Brève rencontre" fulgurante.
-L'Ecrivain national de Serge Joncour - Un écrivain dans un petit village enquête par amusement et curiosité sur un meurtre.
-Trente-six chandelles de Marie-Sabine Roger - la trouille qu'à 36ans tout s'arrête comme pour les hommes de sa famille...
-   

'Ta mère de Bernardo Carvalho, Métaillé Edit. 210p. 2010 17€

La mère en toile de fond pour le portrait de trois jeunes russes, sans père, dans un pays qui fait la guerre en Tchétchénie. Un des personnages déclare :"C'est le contraire de ce que tout le monde pense, il ne peut pas y avoir de guerre sans mères. Plus que quiconque les mères ont horreur de perdre."
Comment les jeunes russes cherchaient à éviter la conscription qui les conduisaient sur le front, tout comme certains jeunes américains désertaient à l'étranger pour éviter la guerre au Viêtnam...
Style reportage romancé.
11/20
Hermès

lundi 29 septembre 2014

Enfance en souffrance... la honte de Alexandra Riguet, Bernard Laine, Pauline Legrand, Document, Edit. Fayard

Suite à un documentaire qui est passé sur France 5, sur la maltraitance des enfants, les incohérences des structure d'accueil des enfants abandonnés...
Dramatique
Hermès

Nouvelle génération... Nouvelle mode...

L'autre jour M. a atterri à H. une petite ville au bord de la mer. La presse et le public fêtaient les 80 ans de Brigitte Bardot. Les TV repassaient des extraits de ses films, il y manquait toujours l'un de ses films emblématiques : Une Parisienne où son père est joué par l'élégant et facétieux André Luguet. Ce film représente bien la France des années 1960, et BB. bien la jeune fille de l'époque qu'elle marque, puisque toutes les jeunes filles l'imitent, coiffure, robes, pantalon-pêcheur, Vichy... et entrain, gaîté, un côté femme-capricieuse, mais qui sait ce qu'elle veut, et que Vadim exposera dans "Et Dieu créa la femme". M. est charmante, vive enjouée, elle s'habille avec élégance, mais pas tape-à-l'oeil, elle est au goût du jour, sympathique et éclatante, et aime et fait la mode. On voit beaucoup de M. dans les beaux quartiers de Paris mais aussi dans les Allées du pouvoir, dans les quartiers fragiles, dans les groupes Erasmus, à Berlin, New York, Tokyo, Londres, Rome, Athènes... C'est la génération nouvelle, elle vient d'éclore... On la voit déjà dans les défilés de mode à Paris... Les jeunes hommes en sont toujours à leur barbe de "trois jours" alors que les M. sont bien loin, dans la délicate et fine balance de l'élégance et du savoir-vivre...
Hermès

dimanche 28 septembre 2014

Mes fidélités successives, de Nicolas d'Estienne d'Orves, roman Albin Michel Edit. 720p. 2012, 23,90€

Un gros roman sur l'ambition, le cynisme d'un jeune homme dans l'univers du Paris de l'Occupation, de la Collaboration, la Résistance, puis de l'effondrement du III° Reich, des fantômes de Sigmaringen, des règlements de compte à la Libération.
L'auteur a lu la masse de documents, de récits, romans sur cette époque, pour bien situer l'action. Les personnages sont bien campés, Guillaume, Victor, Pauline, Bloch etc. l'ambiance bien rendue. D'une petite île anglo-normande, Manderley, au Paris des trafics... où on croise Abetz, Göring, Luchaire, les revues comme Je suis partout, où l'on sent l'atmosphère qui ressort des livres de Maurice Sachs, Louis-Ferdinand Céline, Lucien Rebatet, Corinne Luchaire etc.
Un roman ambitieux, d'une facture classique où il manque peut-être la force d'un styliste qui emporte.
14/20
Hermès  
 

samedi 27 septembre 2014

Sauve qui peut ! de Marc Lerchs - Choses vécues et entendues...

Chroniques acides d'un secouriste-ambulancier. Marc Lerchs raconte avec verve ses expériences de secouriste...

PREMIERS ROMANS AUTOMNE 2014 :

CONSTELLATION de Adrien Bosc Stock 198p.  18€
TOUTE RESSEMBLANCE AVEC LE PERE de Patrick Courtès JC Lattès Edit 390p. 19,50€
LE VOYAGE DE DORIAN de Henry Zaphiratos  Publibook Edit. 360p. 24€
EN FACE de Pierre Demarty Flammarion 192p. 17€
LE CLAN SUSPENDU de Etienne Guéreau  Denoël 480p. 20€
LES MOTS QU'ON NE DIT PAS de Véronique Poulain Stock  144p. 16,50€
LA MALEDICTION DU BANDIT MOUSTACHU d'Irina Teodorescu  Gaïa Edit. 160p. 17€
LE BAL DES HOMMES de Gonzague Tosseri  Robert Laffont  288p  18,50€
LA FRACTALE DES RAVIOLIS de Pierre Raufast  Alma Edit. 268p. 18€

vendredi 26 septembre 2014

Sélène et le Pôle emploi....

"Aujourd'hui, je suis en journée administration, pôle emploi ce matin
"Vous partez pendant plus de 35 jours ? "
"Oui je vais à Port Cros il me faut un rdv plus tôt, je peux attendre ici s'il le faut même pendant 4h ça ne me dérange pas"
"Alors non il faut vous inscrire à Port Cros"
"Mais je reviens à Aubagne après" ...
"Alors vous vous réinscrirez sur Aubagne"
"et je repars après a la montagne"
"Alors il faudra vous inscrire à la montagne après"
Donc c'est 3 inscription en moins de 4 mois !? "
"Oui"
"Sinon pour s'inscrire à Port Cros ? "
"Attendez je regarde... vous avez une adresse ? "
"Oui XXXX"
"Ça n'est pas répertorie, vois en avez pas une autre ? "
****WTF****
"Non"
"Alors je peux pas vous inscrire"
"Laissez moi à Aubagne alors"
"Non je peux pas vois partez plus de 35j"
Etc etc etc
Quand est ce que les gens qui travaillent normalement et qui essaient de faire leurs démarches convenablement seront traités comme ceux qui dont des déclarations bidon mais touchent plein pot ?!?!

Sélène"
in Facebook
 

mercredi 24 septembre 2014

L'Unicef publie un rapport alarmant sur le désarroi des adolescents français...

A partir de l'âge de comprendre, 11/12 ans, l'enfant se retrouve seul, comme abandonné. Ses parents, s'ils ont divorcé leur ont déjà créé un traumatisme, le cadre familial a volé en éclats, le rôle "protecteur"du père ou de la mère s'est fissuré, l'adolescent est comme abandonné, presque rejeté ! Le cadre moral s'évanouit si l'école, l'armature de la connaissance ne remplit pas son rôle, si le cadre de la transmission des valeurs morales n'existe pas. Si on ajoute l'ambiance de précarité, la surenchère démagogique de la guerre entre les partis, la perspective terrifiante de l'engloutissement des énergies dans la mondialisation, l'inaptitude à combattre avec des armes égales face à la concurrence étrangère, on crée un déséquilibre effrayant que les adolescents comprennent, appréhendent... Les plus forts sauront s'adapter, ils surmonteront les handicaps par leur énergie, leurs savoirs, leurs diplômes, les autres se retrouveront coincés dans la gigantesque machinerie administrative, urbaine, sociale, rurale. Quel avenir ? Fuir à l'étranger, fuir la "famille", se gaver de jeux télé, de programmes télé... Pour certains dramatiquement les "paradis artificiels". Ces gouvernants, ces parents, ces éducateurs-enseignants, ces professeurs de "morale politique" n'offrent rien. L'imaginaire résiste encore grâce aux créateurs : dessinateurs de BD, produits nouveaux, romans fantastiques ou historiques pour la jeunesse, musique etc. Mais ce n'est pas suffisant pour ces millions d'âmes, d'esprits en déshérence. La responsabilité de la génération des 40/60 ans est immense devant ce désarroi.
Hermès

Brigitte Bardot, reine des Français...

Une belle soirée avec Brigitte Bardot -B.B.- sur France 2. Une rétrospective d'une longue et brillante carrière de star, avec 48 films, et une passion pour la défense de nos amis les bêtes. BB a été magnifique comme femme de tête, femme-enfant, femme jusqu'au bout des ongles, subjuguée par ses amours Vadim, Frey, Charrier, Gainsbourg etc. mais subjuguant le monde entier par son charme, son élégance mutine, son corps gracile, ses jambes longues et nerveuses, son phrasé rapide, sincère, chantant. Elle incarne ce qu'a de mieux la France, la parisienne, la bourgeoise frondeuse et mutine, la détermination.
A trente-neuf ans elle a arrêté le cinéma, repris sa liberté... Elle le dit, elle ne se voyait pas jouer les rôles de femmes mûres, de mère, de grand-mère... Elle préféra laisser l'image intacte de la jeunesse, de la beauté, de l'élégance, comme ces œuvres qui traversent les siècles et révèlent l'idéal de la beauté, la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo, les Aphrodites... 
Elle est là, répondant aux questions de son remarquable interviewer, toute en finesse, le regard sûr, la beauté fragile, la voix intacte. Elle est sereine, contemplative, aimante, le coup de griffe pas loin contre Chirac, Sarkozy "des menteurs" parce qu'ils n'ont pas tenu leurs promesses à son égard... Un léger salut au buste de "Marianne" que le Général De Gaulle a voulu qu'elle incarna.
Une très belle soirée, fraîche, heureuse avec une reine de cœur.
19/20
H.Z.    

Langue française, arrêtez les massacre, de Jean Maillet, Editions l'Opportun 2014 18€

Succédant au BLED, voici un livre pour la défense et illustration de la langue française...
A lire et à suivre...
18/20
Hermès

mardi 23 septembre 2014

Aÿmati, de Béatrice Castaner, roman Serge Safran Edit. 155p. 2014 - 14,50€

Petit roman qui a du charme par son écriture. Un mélange d'histoires d'archéologue et primatologue, entre 2012 et 2036, entre la Préhistoire, une grotte style Chauvet, la vie des Bonobos et le futur, entre la découverte d'une petite statuette d'ivoire sculptée il y a 30/40.000 ans, et les dessins quasi futuristes du XXI° siècle.
Des allers et venues de l'Europe à la jungle, d'un univers l'autre.
14/20
Hermès

jeudi 18 septembre 2014

Nouveauté : Planète des hommes de Gérald Bronner aux P.U.F.

"Bâillonner le présent, c'est désespérer le futur"
Thème du livre : l'ANDROPOPHOBIE

mercredi 17 septembre 2014

Le Royaume, - Enquête de Emmanuel Carrère, P.O.L. Editions, 630p. 2014 - 23,90€

Extrait : "Ce livre que j'écris sur l'Evangile en fait partie, de mes grands biens. Je me sens riche de son ampleur, je me le représente comme mon chef d'œuvre, je rêve pour lui d'un succès planétaire. Veaux, vaches, cochons..." Page 431

Emmanuel Carrère aime les enquêtes. Le Royaume est son enquête sur les débuts du christianisme. En bon enquêteur, méticuleux et pinailleur, il est remonté aux sources historiques -Actes des Apôtres, saint Paul, saint Luc, Flavius Joseph, etc. aux livres qui traitaient du sujet, dont ceux d'Ernest Renan. Son enquête est très intéressante, foisonnante. Ses extrapolations romancées plausibles, aussi ce gros livre se lit-il avec plaisir. Le croyant ou le non-croyant y puisera une mine d'informations sur l'époque, sur la véracités des faits, sur les "mouvements", la doctrine, la nouveauté de conception des relations humaines.
Nul doute que le livre sera épluché au Vatican, par les cardinaux, prélats, les prêtres, les moines etc. et ceux qui sont intéressés, concernés.
Un très instructif voyage dans ce I° siècle du christianisme, où deux courants s'affrontent, l'un de Jérusalem, les circoncis, l'autre avec saint Paul et les "gentils" non circoncis... au milieu de l'empire romain triomphant, de l'incendie de Rome en 66, et la destruction de Jérusalem en 70...(Carcopino pour ce qui est de la vie dans Rome)  L'auteur du début à la fin, nous guide, parle de lui, de son travail, de ses humeurs, des raisons qui l'ont fait étudier les textes, de sa crise mystique puis de son agnoticisme, de son érotisme aussi dans quelques pages peut-être inutiles, mais que l'auteur a mis pour se dépouiller, et dévoiler un égo rayonnant.
A noter que l'auteur a participé à l'élaboration de la nouvelle traduction de la Bible éditée par les Editions Bayard.
Le livre se termine sur le thème du lavement des pieds.
Le style est courant, journalistique, donc pas transcendant.  
14/20
Hermès
 

mardi 16 septembre 2014

Nouveauté : J'ai mis mon fils chez les cathos, de Véronique de Bure, Edit. Belfond

Une expérience éducative dans une école catholique réputée...
Témoignage.

lundi 15 septembre 2014

Merci pour ce moment, de Valérie Trierweiler, Les Arènes Edit. 320p. 2014

Le livre réquisitoire qui fait grand bruit en France et dans le monde. Au-delà des souvenirs douloureux d'un amour bafoué et d'une rupture brutale et cavalière, l'auteure décrit le monde politique de la gauche socialiste française avec des détails. Ayant été pendant de longues années observatrice pour le grand hebdomadaire Paris-Match du parti socialiste, de l'Elysée, puis ayant vécu les campagnes présidentielles de Ségolène Royale, puis celle de son ex François Hollande, elle met en lumière la rivalité, les jalousies, les alliances, les trahisons etc. Le monde journalistique, politique est mis en lumière dans ce livre, qui intéresse au plus haut point tous ceux qui veulent comprendre le jeu politicien. On en sort avec un certain dégoût de ne voir entre ces "présidentiables" des bêtes à concours, plus intéressées, à leur carrière qu'au destin de la France, au sort des Français. Valérie Trierweiler met en lumière la "lutte des classes" entre une élite Gauche-Droite Enarquienne, ou sortie des grandes écoles ou la bonne bourgeoisie, et le peuple profond, le peuple multiple, méprisé, le peuple des "sans dents" suivant l'expression amusée de François Hollande.
Au-delà des anecdotes d'une trahison amoureuse, c'est toute une partie de la vie politique de François Hollande et du PS qui se déroule dans cette lecture.
Un livre bien écrit, vivant, bien rythmé qui fera date pour cette époque-ci.
17/20
Hermès

dimanche 14 septembre 2014

Journal de Babis du 14 septembre 2014


"Téléphone d'A. :

Il est heureux d’avoir participé à un atelier d’écriture et a découvert que les participants écrivent très bien, mais n’expriment que leurs réminiscences d’enfance ou de jeunesse. Ils écrivent dans le genre de Katherine Pancoll… Ce qu’il a écrit a beaucoup plu. Il pense que pour provoquer l’émotion chez le lecteur il faut lui placer des jalons dans le texte, jalons qui sont familiers au lecteur comme les noms, les anecdotes, des références à de grand auteurs. Le lecteur se sentira plus en communion, il adhèrera mieux au texte. Et c’est vrai… Ce sont des béquilles… comme celles qui ont propulsé Luchini, interprète des grands textes… Truc employé par la plupart des écrivains d’aujourd’hui. D’une façon éhontée chez Linda Lê dans son dernier bouquin. 

 Dimanche 14 septembre 2014  grand soleil 28°

Demain anniversaire de M. Toujours belle, jeune, avec un appétit pour tout, un goût vif pour apprendre, lire. F. nous a fait adresser par Amazone – terrible concurrence pour les libraires, en moins de 24h. les livres étaient là ! La route de la soie en 3tomes, Royaume de E. Carrère, Pilote de guerre de Saint-Ex, Merci pour ce moment de Valérie Treiweiler, le bouquin qui casse tout. Hier chez Laurent Ruquier on en parlait, la Gauche critiquant l’initiative, Patrick Besson la défendant contre ces faux-culs. Lecture commencée, personnage de Hollande apparaissant, arriviste cynique, comme Sarkozy, l’œil, l’esprit rivés sur les sondages, vivant au gré des sondages...

Valls semblent peu aimé par le PS, et toute la Gauche… Le couple Hollande-Valls sans avenir ?"