samedi 11 octobre 2014

A propos de Patrick Modiano...

C'est magnifique que le Nobel de littérature revienne cette année à un écrivain français. Cela marque les esprits dans le monde entier. Patrick Modiano exprime très bien cette absence, cette errance des êtres qui ont été, et ne sont plus, ces rencontres entre deux événements tragiques ou inattendus dans le genre de "Brève rencontre", Ces destins étranges de Père à fils, de parents qui se haïssent après s'être aimés, ces rues, ces boulevards de Paris hantés par l'histoire si proche, si chaude qui s'y est déroulée. En remontant les Bottin de 38/39/40, tous ces noms de personnes évanouies, comme nous nous évanouirons un jour. La vie est imprévisible, l'avenir imprévisible, on se rencontre, on se perd, on disparaît, on cherche à se retrouver... L'inspiration de Modiano est dans l'absence, la recherche de l'absence, de ce qui fut, mais qui est difficile à cerner à retrouver, à recréer,
c'est le charme pointilliste de son écriture, de son style, "sans avoir l'air d"y toucher" comme les tableaux de Sisley, de Seurat, et le portrait arrive, émerge, tout apparaît dans une lumière diaphane, étranger, mais tout se meut, comme une marche de fantômes, d'êtres qui furent, qu'on a aimés, que l'on retrouve comme les tableaux de "La Recherche du Temps perdu", retrouvé, mais dans le halo de la pensée, le halo de la beauté littéraire. Rien n'est sûr dans Modiano, mais tout est vivant, en demi teinte. Ce ne sont pas les cris de Marguerite Duras ou d'un Céline, mais la voix ténue d'un poète parlant à demi mots, à demi lèvres, pour un soliloque chantant pour des ombres qu'on a aimées.
Henry Zaphiratos

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