dimanche 27 septembre 2009

2666 de Roberto Bolano, traduit de l'espagnol(Chili) par Robert Amutio, Christian Bourgois Editeur 2008

Ce livre de 1016 pages, est divisé en cinq parties :La partie critique, La partie d'Amalfitano, la partie de Fate, La partie des crimes, La partie d'Archimboldi.

Mon propos ne concerne que la première partie.
Trois copains-écrivains Jean-Claude Pelletier( Français),Morini(Italien),Manuel Espinoza(Espagnol)se lancent à la recherche et à l'étude d'un écrivain allemand Benno von Archimboldi. Ils vont de séminaires en congrès, en colloques dans cette quête éperdue, à travers des étreintes avec une Liz Norton qui s'intéresse aussi à cet illustre inconnu.
Discussions oiseuses,cérébralité, disgressions savantes etc. Tout est fait pour décourager le lecteur lambda que je suis. Aussi ai-je arrêté ma lecture à la première partie, pour ne pas être dévoré par l'"inutile".
Il paraît que dans les autres parties, ai-je lu dans une critique, il serait question d'une cité de frontière, Santa Theresa (qui ne serait autre que Ciudad-Juarez)où l'on assassine des femmes etc., et 800 pages !
C'est étrange, mais j'ai l'impression que certains livres sont ce que je nommerais une "littérature du dehors". Ils traversent le réél, suspendu aux fils que lui a tendus l'auteur. Je les contemple comme des funambules lointains.
Ce livre a été traduit avec le concours du Centre national du livre.
HZ

mercredi 23 septembre 2009

Le Passé, de Alan Pauls, traduit de l'espagnol par André Gabastou, Christian Bourgois Editions 2005, 656 pages

Rimini aime Sofia, après douze ans de mariage ils se séparent. Sofia a couché avec Rafael, un de leurs amis, Rimini rencontre Véra...
Une trame ténue, mais un développement kafkaïen. Rimini ne sait jamais qui il est pourquoi il aime, et se drogue à la dure. Traducteur, il vit dans une sorte de demi conscience. Comme ce livre est confus, traversé d'éclairs, mais aussi de pathos, je crois intéressant d'en extraire certaines phrases :
"...ils allèrent au cinéma voir "Rocco et ses frères" un film pour lequel ils se faisaient concurrence avec un fanatisme sauvage. Combien de fois l'avaient-ils déjàvu ? Douze ? Dix-sept ? Quelques secondes avant d'arriver à la scène ou Annie Girardot et Delon sur le toit de la cathédrale- scène où Rimini perdait son sang-foid et pleurait comme un enfant-..." Page 65
"Le monde brillait comme un sou neuf et Rimini, fatigué mais heureux, vorace comme l'étranger qui vient d'atterrir après un voyage interminable..." Page 76
"Elle(Véra) arrêta immédiatement de pleurer; Rimini aurait juré que les larmes remontaient le long de ses joues pour regagner les conduits lacrymaux..." P.99
"Ils (Rimini et Véra) découvrirent avec l'étonnement lunatique, totalement disproportionné, des personnes tournées vers elles-mêmes qui découvrent tout à coup qu'elles sont à l'endroit où il était évident qu'elles devraient être, qu'ils étaient devant une rôtisserie." Page 109
"Rimini se redressa, suffoqué que le stoïcisme simple avec lequel Carmen déjouait ses gestes de sur-protection" Page 309
"...l'intercession du jeune médecin, "Prostate, Foie" et toutes les oeuvres à venir, le billet de cent shillings, le frôlement divin de sa verge contre le palais du jeune médecin, l'hostilité du soleil cet après-midi-là à la terrasse du café, le "check out" agité à l'Association des jeunes chrétiens..." Page 470
Un livre étrange.
Je me demande parfois si les écrivains latino-américains ne se sentent pas en "exil",en littérature, pas tout à fait Européens, pas tout à fait Latino-Américains. A la recherche d'eux-mêmes.
Livre intéressant, mais difficile. Loin du "long fleuve tranquille".HZ

lundi 21 septembre 2009

Arbre de fumée de Denis Johnson, traduit de l'américain par Brice Matthieussent, Edit.Christian Bourgois 2008, 680 pages.

C'est un livre gigogne.L'auteur pourrait le continuer indéfiniment, tant les pages et les chapitres se ressemblent. L'auteur s'est jeté à corps perdu dans tous les journaux et livres sur la rebellion des Huks aux Philippines, sur la guerre américaine au Viêtnam. Puis il a créé avec un talent répétitif des personnages autour du thème de la CIA dans ces conflits meurtriers. Le drame c'est qu'on n'y croit pas un instant. Des agents qui vont se proclamer des espions au vu et su des gens de ces pays, ce n'est pas crédible. Graham Greene et d'autres ont fait mieux et plus court. Ce qu'il montre bien c'est l'absence d'idéal, de motivations des Américains qui se trouvent engagés au Viêtnam, et qui pour oublier passent leur temps à avaler des litres de bière Lucky, du brandy de riz( que l'on appelle communément l'alcool de riz), du whisky etc. qui ne pensent qu'à baiser, ne savent plus très bien s'ils sont catholiques, calvinistes, ou adventistes du 7° jour etc. qui se baladent avec dans la tête des versets de la Bible, ou des Actes des Apôtres, oubliant les paroles du Christ, tout cela dans la boue, la jungle, les rizières, parmi des Sud-Viêtnamiens qui ne savent pas ce qu'ils doivent faire,(qui boivent de l'eau et non du thé...) contre leurs adversaires du Viêtminh-Viêtcongs déterminés, au patriotisme de l'An II, prêts à tout, comme les Américains, pour vaincre. Pour faire "intello" et s'attirer la faveur de la critique quelques passages d'Antonin Arthaud, de Cioran, Georges Orwell entre des phrases comme :"...si jamais le Saint-Esprit débarquait au Viêtnam, il se ferait sans doute arracher les couilles par un éclat d'obus." page 363. Ceci rythmé mollement et pour intéresser Kansas-City, de coups de téléphone avec la maman aux USA. Maman qui ne tardera pas à mourir pour faire "choc" littéraire.
Mais Denis Johnson a le souffle de la rengaine, une écriture où pleuvent les mots d'"enculé, con, chatte etc." A l'armée, comme à l'armée, ça fait viril !
L'auteur a évité d'évoquer la fuite peu glorieuse sur les toits de l'ambassade américaine de Saïgon, en 1975,au moment de la prise de cette capitale par le Viet-Minh-Viêt-Cong.Cela aurait fait tâche au milieu d'une logorrhée de rouleurs de mécanique. Mais les documents filmés de cet événement sont dans les archives.
Il faut ajouter qu'en première page, l'éditeur annonce que "l'ouvrage a été traduit avec le concours du Centre national du livre"
Il paraît qu'il a eu le prix US : "National Book Award 2007"!
Un lourd pensum de 28€