jeudi 29 avril 2010

Arbres à Collioures de André Derain, une fantastique histoire de redécouverte...

Béatrice de Rochebouet, dans un article dans Le Figaro, annonce que le 22 juin prochain Sotheby's-Londres va mettre en vente un magnifique tableau de André Derain "Arbres à Collioures" de 1905, de la collection Ambroise Vollard retrouvé dans un coffre de la Société Générale de Paris avec 140 autres chefs d'oeuvre, déposés là en 1940 par un collaborateur du grand collectionneur...
J'aime beaucoup ce tableau de Derain " Arbres à Collioures", reproduit dans le Figaro. C'est un tableau d'une grande beauté avec ces arbres comme des danseuses, des branches-ombres comme des oiseaux de paradis, un parterre tacheté de fleurs et au loin, dans le fond, une petite maison aux murs blancs à la toiture rouge. Les deux troncs d'arbre noirs équilibrant le paysage, et tout à gauche comme une femme dansant, un arbre seul dans son coin.
Un équilibre de composition et de couleurs.
J'aime beaucoup ce tableau, comme j'aime la "Fête à Venise ou La fête du Redempteur" de Cyrille Zaphiratos avec son jeu de couleur du feu d'artifice au-dessus de la Sérénissime, fait de milliers de fines touches de peinture, partant du bleu profond du ciel descendant vers l'écume dorée du bord de la lagune, en passant par les illuminations de la place et le rose aérien du palais des Doges. Son bleu intense pénètre jusqu'au fond de l'âme comme une invitation au calme, à la sérénité, à la beauté. Ainsi le sourire d'une Madone byzantine
Henry Zaphiratos

Les Anges, dans La Conjuration des Anges, Le Temps des Anges, Concerto à la mémoire d'un ange etc.

C'est la mode des anges. Par ces temps extraordinaires qui voient les tremblements de terre, les Tsunamis, El Nino furieux, l'éruption de volcans, la crise économique, les crises financières de la Grèce etc. On se retourne et on s'interroge. Et si tout cela n'était pas signes ? Ce serait complètement dingue d'y croire. De tous temps il y a eu des phénomènes extraordinaires, c'est notre planète savonnée et vivante qui est comme ça... Mais alors pour nous protéger ? Des phantasmes. Celui des Anges ? Peut-être, peut-être que non. Il y a quand même des interrogations comme celle du triomphe, sanglant bien sûr, du bien sur le mal, de la démocratie et de la liberté sur le Nazisme, les oppressions... Pourquoi les Alliés ont eu la bombe A. avant les Nazis qui la voulait pour dominer le monde ? Comment le Mur de Berlin s'est-il éffondré, après Tchernobyl ? etc... Des questions bizarroïdes... Trois bouquins en traitent chacun à leur façon, dans le fantastique comme "La Conjuration des Anges" ou "Le Temps des Anges", à travers des nouvelles traitant du bien et du mal dans le bouquin dont le titre a été pris au compositeur Alban Berg : "Concerto à la mémoire d'un ange".
On peut laisser flotter son esprit sur toutes ces supputations, en les lisant. Cela détend et interroge.
Hermès

mercredi 28 avril 2010

Carnets du voyage en Chine, Roland Barthes, Christian Bourgois/IMEC Edit. 2009, 152p.

Quand on voit où en est aujourd'hui la Chine, la publication de ces Carnets de Roland Barthes pour le voyage qu'il fit du 11 avril au 4 mai 1974, avec les "Maoïstes" de Paris comme Philippe Sollers, semble complètement décalée et inutile. Barthes s'emm... des propos soporifiques et lénifiants des guides rouges. Un livre à mettre sous le boisseau. La Chine de Mao, avec la "Révolution Culturelle" et ses centaines de milliers de morts, ses destructions massives d'oeuvres d'art, on connaît. De cette période, en dehors des documents d'époque et du "Petit livre rouge", le film de Jean Yanne "Les Chinois à Paris" est le plus emblématique avec sa splendide scène à l'Opéra, et son ironie furieuse.
Hermès

mardi 27 avril 2010

Bakou derniers jours, récit, Olivier Rolin, Seuil Edit. 180 p.

Olivier Rolin nous emmène en balade dans les rues et le "boulvard" de Bakou et nous fait visiter les effets dévastateurs, pour l'environnement et la vie, du communisme.
La mer Gaspienne et ses rives sont polluées, le Turkménistan voisin n'est pas lui non plus épargné. Aussi pourrait-on dire que ce n'est pas très réjouissant, et l'auteur pour éviter de sombrer dans la monotonie ou l'affreux se raccroche à de grands auteurs qui lui reviennent en mémoire (Alexandre Dumas et son "Voyage au Caucase", Essenine, Maiakovski, De Gaulle (à l'Opéra de Bakou) Joseph Kessel, Schnitzler, Proust, Montaigne etc. Et son propos est truffé de photos en noir/blanc.., dont la sienne en maillot de bains pour fêter en solitaire, son anniversaire... Ceci, autant pour "authentifier" qu'illustrer ce périple. Il rappelle qu'au début du XX° siècle, avant la révolution russe, ces pays étaient beaux, exotiques, riches, prospères avec le pétrole nouvellement découvert, qu'on y construisait des palais, des opéras etc. et nous résume en quelques pages intéressantes les aventures du T.E. Lawrence de la Gaspienne et du Caucase, l'agent secret anglais Ronald Sinclair(Adventures in Persia) ou Reginald Teague-Jones (The spy who disappeared) entre New-Delhi et Bakou, en 1918, il nous résume aussi la thèse d'Arthur Koestler" La Treizième Tribu" selon laquelle les Askhénazes seraient les descendants des Khazars, dont l'empire fut détruit par les Russes et les Mongols...
A la fin du bouquin Olivier Rolin délire. Mais quel écrivain ne délire-t-il pas ?
Régis Debray est allé "révolutionné" avec le Che, à l'Ouest, Olivier Rolin, quarante ans plus tard, fait une sorte de bilan de la "révolution" à l'Est. Et cela se termine dans les pipe-lines qui partent de Sangachal vers la Méditerranée et l'Europe. Et du haut de sa terrasse de l'hôtel de la rue Mirza Mansûr, l'auteur, je ne sais pourquoi, fait revenir à sa mémoire ces vers du poète grec d'Alexandrie, Constantin Cavafis :" Comme un homme courageux qui serait prêt depuis longtemps, salue Alexandrie qui s'en va" (Les dieux abandonnent Antoine)
Les dieux n'ont pas abandonné Olivier Rolin, qui est revenu avec ce livre.

" Pour écrire ce livre Olivier Rolin a bénéficié en 2009 d'une aide du ministère des Affaires étrangères dans le cadre d'une mission Stendhal". Texte inscrit sur le verso de la page de garde du livre.
Un livre pour passer quelques heures intelligentes. Un style simple.Mais on peut aussi s'interroger sur le temps de mélancolie dans lequel on baigne, aux nombreuses citations de nombreux auteurs qui enserrent la vie, celle-ci qui court autour de soi, aux oeuvres ou ouvrages qui attendent, au rythme simple d'être...

Questions subsidiaires à l'éditeur : Pourquoi ce papier vraiment "pauvre et triste" ? Pourquoi les photos ne sont-elles pas en couleur ? Pour faire intello sinistre ?
Hermès

dimanche 25 avril 2010

L'Ecuyer mirobolant, roman de Jérôme Garcin, Gallimard, 186p. 2010, 15€90

Jérôme Garcin a tiré un roman de la vie de ce grand écuyer que fût Etienne Beudant(1863-1949) surnommé par le général Decarpentry "l'Ecuyer mirobolant" tant sa science des chevaux, son amour pour eux, sa façon de les apprivoiser, de les laisser vivre, de leur parler, de les caresser, de les monter sans jamais les brusquer, avec "légèreté", de faire corps avec eux, et surtout de se faire aimer d'eux au point que toutes figures de la noble équitation, ils les fassent sans effort, en s'amusant, dans une sorte d'irréalité naturelle. Le livre est rempli de douces explications, de mots écrits avec ferveur et tendresse, qu'un néophyte, qu'un passant inconnu qui ramasserait ce livre, peut comprendre, adhérer. Parmi tous les chevaux aimés, Vallerine(née à Guiche dans les Basses-Pyrénées) a une place à part, confiée par deux officiers hollandais qui avaient lu un petit traité d'équitation du capitaine Etienne Beudant, publié à Blida,en 1912, "Le Cheval d'amateur", elle s'avère être une jument douée dont Beudant tire d'extraordinaires figures. Je cite p.67 : "Chaque jour, il la longeait avant de la monter en simple mors de bridon. Il travaillait d'abord à l'assouplir, à relever sa tête un peu trop encapuchonnée, à libérer l'extension des épaules, se contentait de voltes, demi-voltes, reculers, poussait parfois jusqu'aux appuyers et au changement de pied au galop..."
L'étude, les réflexions, le style naturel d'un grand prosateur, font de ce livre une
petite merveille. Saumur, le Cadre Noir, les Lipizzans, les Anglo-arabes etc. le roman les évoque sans trop insister. L'important c'est l'itinéraire d'un homme qui a consacré par plaisir et passion, sa vie, son énergie à comprendre les chevaux.
Des pages aussi sur l'Algérie et le Maroc de l'époque, pleines de lumière,de calme, de certitude. Un autre monde.
Reste la "plus belle conquête de l'homme", que le livre fait connaître et aimer à ceux qui ne soupçonnaient pas son intelligence et ses capacités d'artiste.
Je ferai un léger reproche, les pages sur l'Exode de 40, sont superflues et inutiles, sauf que Vallerine s'y est perdue, comme tant d'autres.
A lire.
Henry Zaphiratos

samedi 24 avril 2010

L'Absence d'oiseaux d'eau, roman d'Emmanuelle Pagano, P.O.L. 298p. 18€2010

La narratrice s'adore. Elle est folle d'elle-même, et à chaque page de ce livre se contemple dans son miroir, lisez l'écran de son ordinateur. Elle s'aime tellement qu'elle dialogue avec l'autre elle-même, qui est l'homme qu'elle crée et avec qui elle croit correspondre et vivre. Mais en fait, il n'y a que des écrits, les écrits de ses phantasmes qu'elle dépose sur son disque dur. L'homme que ses rêves créent est un écrivain, dont elle connaît par coeur le corps et dont elle ne découvrira le visage qu'à la fin de ses "lettres", en tournant les pages d'un magazine littéraire.
Le monde de la narratrice ? Trois enfants de trois pères différents, enfants qui la gênent, un mari qu'elle ne "touche" plus et va voir ailleurs, et qui d'ailleurs à la fin "disparaitra" de son univers. Tout le livre tourne autour de l'homme créé de toutes pièces sur l'écran de l'ordinateur, et qu'elle imagine voir par le webcam, alors que c'est elle qu'elle voit, comme dans la chanson de la Castafiore :"Je suis si belle en ce miroir!". La narratrice assouvit sa soif d'amour physique dans l'imaginaire. Ce qui est étrange c'est qu'il n'y ait pas d'"ailleurs", pas de transfiguration par l'amour, pas d'envie d'être ensemble pour découvrir, jouir, aimer. Ses idées sombrent dans le banal. Ce qui est déprimant, c'est que la narratrice n'a aucune imagination, et se répète le long de ses 298 pages ! De redite en redite c'est épuisant !
Ce petit bouquin est tout juste un recueil de textes autour de phantasmes.
Style ordinaire.
Hermès

vendredi 23 avril 2010

Le baiser de La pieuvre, Patrick Grainville, Seuil Edit. 250p. 2010.

M. Patrick Grainville s'est inspiré de l'estampe de Hokusaï(1760-1849) "Rêve de la femme du pêcheur". Celle-ci montre une pieuvre au regard amoureux suçant et caressant de ses tentacules une jeune femme nue au milieu de rochers.
Le moins que je puisse dire c'est que son texte n'est pas à la hauteur de l'oeuvre du peintre japonais. Je comprends mieux en le lisant pourquoi certains critiques ont fait une sorte de campagne littéraire pour élever à la hauteur d'un dogme l'écriture dite "blanche". C'est l'affreux mélange des adjectifs, des phrases bancales, d'une syntaxe bafouée, d'un pseudo lyrisme à effets de manche qui les ont poussés dans cette voie. Ce roman de M. Patrick Grainville est l'illustration de la fausse littérature. En une centaine de pages élégantes il aurait pu raconter l'histoire de ce jeune éphèbe japonais,Haruo, de Tô, la jeune veuve d'un pêcheur, d'Allan, le beau jeune blond, de Oryui, la pieuvre amoureuse. Au lieu de cela il s'est lancé dans un fleuve de fesses, d'entre-cuisses bombés, de verges, dans le décor d'une île volcanique luxuriante, de rizières,de banians etc. pour faire exotisme et érotisme. Tout cela à travers une écriture sans charme, frappée de lourdeurs, avec parfois quelque chose de trivial. Défauts qui n'apparaissent pas dans un authentique conte asiatique, japonais, chinois, viêtnamien, coréen ou autre.
Si je devais mettre une note à ce texte, je le pointerais à 8/20.
Hermès

jeudi 22 avril 2010

Oholiba des songes, de Hubert Haddad, La Table Ronde 1989, réédition Zulma 2007, 318 pages, 18,30€

C'est un roman poème pour initiés. Il faut se jeter à corps perdu dans la lecture de ce livre, en surfant sur les phrases, les métaphores, les ambivalences, sans trop réfléchir à l'exactitude des mots, leur signification dans cette litanie extravagante.
L'auteur a dépassé le stade de la signification, de la véracité des mots, tout à une musique intérieure, très Europe Centrale. Il n'y a rien à comprendre, mais simplement à suivre le mouvement des flots d'images, de phrases, peut-être à subir un certain charme musical. C'est un livre hors norme. Le personnage central, Samuel, est un photographe de la cinquantaine, qui a été un correspondant de guerre en Indochine, en Palestine etc. dont l'inconscient se mêle au conscient dans sa balade à New York dans le quartier juif,où il découvre un petit théâtre dans lequel se joue une pièce qui se nomme "Oholiba des songes" qui pourrait se traduire par "La Jérusalem des rêves"...
Un livre inclassable au style inaccessible.
Hermès

samedi 17 avril 2010

Invisible, roman de Paul Auster, Actes Sud/ Leméac, 294p. 2010, 22€50

Le dernier roman de Paul Auster réunit tous les poncifs et lieux communs du roman américain contemporain: - Lieux : New York, Columbia University, Paris-Quartier Latin, à la fin du bouquin : une île perdue des Caraïbes(Quillia);- Epoques : 1967 (Guerre du Viêtnam, fin de la Guerre d'Algérie...)et 2007( fin des deux blocs, et naissance du catastrophisme écologique ou autre, Millénarisme. - Milieu : celui des intellos bobos américains et français avec le zeste d'un personnage vaseusement agent-trouble, blanc et raciste (Rudolf Born). -Ingrédients : un meurtre dans une rue sombre de New York, des parties de fesses en l'air provoquées par une "salope française"(Margot) téléguidée par son amant français, la mort évoquée d'un jeune frère Andy (jsuis dan le lac), qui rapproche l'un des narrateurs(Adam)(évidemment étudiant brillant, sportif, et complexé) de sa soeur Gwyn (évidemment intelligente et belle) s'ensuit le prévisible inceste, après des branlettes culpabilisantes continues en imaginant qu'on baise avec des stars de l'époque, au coeur de la bibliothèque, entre messages en "pneus" et monte-charge..., et la détestation des parents (la mère, enfermée dans le deuil de son dernier fils (jsuis dan le lac) déjeune seule dans sa chambre et n'a pas de contact, idem pour le père, avec eux)
Tout cela en trois époques : le printemps, l'été, l'automne, en livres-récits que l'on prépare, écrit, réécrit à différentes mains...
Une invraisemblance de taille pour un auteur averti : le Français(Rudolf Born) qui est poursuivi pour meurtre dans l'Etat de New York, fuit en France pour échapper à la justice américaine,et vit librement à Paris ou à Londres pendant quarante ans, alors qu'il est dénoncé, or tout le monde sait que la Justice américaine peut demander à la Justice française de l'arrêter et de le juger...
Une traduction passe-partout, pour un texte soporifique, sauf une petite phrase assez jolie dans ces 294 pages. Je la cite :"Exactement, fit Margot en se fendant du plus large sourire que je lui eusse encore jamais vu." P.40.(un élégant imparfait du subjonctif !)
A noter une police de caractères assez fatigante et l'absence voulue, pour faire "moderne", de tirets pour les dialogues.
Une histoire et des dialogues d'une banalité à faire pleurer, truffés de "renvois" à de grands auteurs du Moyen-Âge, du XVI°, XVII°, XVIII° siècle, même Lycophron de l'Antiquité a été mobilisé pour faire grand intello sérieux...(voir Wikipédia),le tout entrecoupé de dîners à la française et des inévitables scotch-puncho-vodka, grands classiques de la littérature américaine branchée.
Un roman parsemé de "queues et de culs en veux-tu, en voilà", sans rien d'érotique!
"Invisible" c'est son titre, on pourrait ajouter "inodore et sans saveur" !
Hermès

Mauvaise fille, de Justine Lévy, Stock éd. 194p. 2009

Un ravissant visage sur le bandeau de la couverture avec un grand regard ensoleillé, de beaux cheveux, la joie de vivre, et de regarder l'avenir plein pot. Et... le livre. Un roman triste à souhait, le personnage, Louise attend un enfant. Elle n'en est pas heureuse, pour elle c'est la fin de son adolescence, de son enfance, peut-être de sa jeunesse. Sa maman entre-temps se meurt d'un cancer. L'opposition hugolienne : d'un côté la vie, de l'autre la mort. Louise porte en elle l'agressivité, celle de la douleur contre l'injustice de perdre sa mère, son enfance, et celle de porter un enfant qu'on ne sait si elle l'aime et le désire. Le père de l'enfant, lui, est si heureux qu'il montre à ses amis les photos des échographies de la petite Angèle qui va naître.
Cela ne fait pas sourire Louise. Elle semble lui en vouloir de ne pas "porter" l'enfant, de ne pas devoir souffrir de l'accouchement prochain...
Quant à sa maman,elle est pour ceux qui l'ont connue :"Maman-est-morte".
Mme Justine Lévy a le don d'écrire comme beaucoup de jeunes femmes pensent qu'elles doivent écrire. Nous sommes à des années-lumières de Colette.
Le style est irrité, agacé, glacial.
Hermès

mercredi 14 avril 2010

Taisez-vous...j'entends venir un ange, Michel Déon, Gallimard, 2001,118 p.

Une sorte de "La Terrasse" d'Ettore Scola, mais sans le visuel de Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, et sur des snobinards. Leurs propos inutiles, faits de lieux communs ou de banalités historico-politiques, alors que survolent les avions de l'OTAN allant bombarder la Serbie. Des personnages falots, autour d'un dîner faussement "naturel", tout cela à Corfou, face aux montagnes d'Albanie. Sans aucune magie. Rien.
Michel Déon s'est amusé à cette sotie incongrue.
Il vaut mieux l'oublier pour le reste de son oeuvre.
Hermès

dimanche 11 avril 2010

François Busnel, la Grande Librairie du 8 avril 2010

La Grande Librairie semble n'être que la vitrine de la grande édition. Il est difficile d'y chercher autre chose qu'une hagiographie des oeuvres promises au succès de librairie, et dont les tirages et les ventes atteindront des sommets.
François Busnel de "Lire" et l'Express" est le présentateur de ces auteurs comblés dont tous les mots ne sont là que pour encenser des livres soigneusement sélectionnés. Aussi c'est sans surprise aucune que, dans cette dernière émission, nous retrouvions M. Boris Cyrulnik, géant de la pensée neuro-psycho-psychiâtro- etc. sur l'enfance..., M. Claude Durand, grand maître de l'édition, qui, pourquoi ?, apparaît au grand jour, alors qu'il publie sous un pseudonyme son livre "J'aurais voulu être éditeur"! mais parce que c'est le comble de la coquetterie éditoriale, que de se camoufler sous un pseudo, et de surgir au grand public sur deux chaînes de TV. alors que ce n'était qu'un secret de polichinelle au "Deux-Magots", Mme Flore Vasseur, spécialiste du capitalisme, dans son nouveau thriller sur celui-ci avec son bouquin, style Beigbeder, "Comment j'ai liquidé le siècle", enfin Deon Meyer pour son thriller dont l'action se déroule en 13 heures en Afrique du Sud, où bientôt se jouera le Mundial de foot.
Loin de moi de mésestimer la qualité de ces ouvrages que je n'ai pas lus. Mais force est de constater que trois de ces auteurs sont archi-connus, que leurs livres n'auront aucun mal à bombarder sur le podium de Livre-hebdo, sans l'aide de M. François Busnel.
Il est regrettable que M. François Busnel, pour la sécurité de son émission, donne dans le tout-courant, le banal, le facile, l'inutilité littéraire, et tente de faire accroire qu'il dirige une émission culturelle.
Hermès

samedi 10 avril 2010

FOG et ses invités...

Hier au soir Michel Onfray présentait son livre en avant-première car il ne paraîtra que dans quelques semaines. Il aurait, dit-il, 600 pages. Un pavé ! pour remettre Freud à sa place, dit Michel Onfray, qui serait celle d'un créateur d'une nouvelle religion le "Freudisme", laquelle se serait transformée en une sorte d'"église", comme saint Paul a structuré et organisé le christianisme. Je ne sais pas si j'aurais le courage d'affronter ces 600 pages, d'autant que ces problèmes ne m'ont jamais passionné. Quand je pense qu'il y a des gens qui paient des fortunes pour aller se confesser et lire en eux-mêmes, je me dis que les confessionnaux ou l'oreille attentive d'un ami, d'une amie, ou d'un proche, revenaient moins cher.
Puis le débat s'est porté avec de nouveaux interlocuteurs sur la religion. Là, je n'ai rien compris avec les débits saccadés, les affirmations péremptoires, les efforts désespérés de FOG pour calmer les monologues.
Je me suis assoupi, puis j'ai éteint la télé. Quel calme! Que chacun pense ce qu'il veut, et que la monde soit laïc pour laisser la liberté à chacun et bannir l'oppression.
Hermès

vendredi 9 avril 2010

La petite fille au bord du chemin ou La Salangane, H. Thano & MT.Haberlay,Htz-Athena Edit.190 p

Il y a des livres qui portent eux une puissance d'évocation qui laisse longtemps dans l'esprit une trace de feu. Ce livre est de ceux-là. C'est l'Asie. On découvre les grandes villes aux quartiers calmes, écrasés par le soleil, aux immeubles baroques coloniaux, aux quartiers grouillants de vie (que l'on peut visiter aujourd'hui dans le calme), la campagne luxuriante, aux rizières parfumées, aux piqueurs de riz qui chantent en choeurs, la mélopée des filles répondant à celle des garçons. Tout semble calme, paré pour une vie sûre, tranquille. Et soudain dans ce calme, cette tranquillité qui semblent voués à quelque "éternité", éclate les fracas de la guerre, et dans le vide créé par la disparition de la paix civile,l'arrivée des tueurs, le malheur. C'est le désespoir et la fuite. Mais le piège se referme. Des enfants sont perdus dans la tourmente. Des jeunes innocents sont assassinés, sacrifiés sur l'autel des idéologies. Les pirates surgissent de nulle part. La petite fille du récit qui a vécu l'exécution terrifiante de ses jeunes cousins, va mourir. Elle est confiée alors, en cachette, à un monastère bouddhiste en ruine, perdue dans la jungle. Là, elle réapprend à vivre, à sortir de ces visions de cauchemar, dans une grande leçon de vie, d'espérance.
Il y a des enfances, des adolescences, des jeunesses protégées, mais il y en a d'autres qui sont menacées. Les enfants partout peuvent être les victimes innocentes des guerres, des massacres, ou des "dommages collatéraux" comme on dit pudiquement.
Ce livre semble avoir été écrit pour eux.
C'est une oeuvre forte, un témoignage émouvant et terrible, qui devrait être dans toutes les bibliothèques.
Hermès

Trop bien élevé, de Jean-Denis Bredin, Grasset, 2007, 134p.

Le XIX°siècle victorien, la III° République bourgeoise, l'Europe des monarchies et des princes russes ont imprégné la haute et petite bourgeoisie française. "Il fallait faire comme "Eux". Eric von Stroheïm montre très bien dans ses films cette façon de se cambrer la taille, de prendre un air lointain et suffisant, de se tenir strictement à table, de s'incliner cérémonieusement en inclinant légèrement le buste et la tête lorsqu'on parle etc. (Voir Louis Salou, Pierre Fresnay dans leurs films). Tout ce cérémonial a imprégné et sclérosé les hautes couches de la société française de la fin du XIX° et du début du XX° siècle. Plus que le Front populaire, il faudra la terrible secousse de la 2°guerre mondiale, l'effarement d'une grande partie de cette bourgeoisie qui s'était "soumise" à un vieillard soi-disant "sauveur", pour bousculer cet ordre de choses. Jean-Denis Bredin dans son petit livre-témoignage "Trop bien élevé" retrouve son enfance, bribe par bribe, depuis ses huit, neuf ans, et décrit la séparation du monde des Parents de celui des Enfants, dans cette caste. La préciosité tranquille de la fortune, du luxe,de l'étiquette, du silence et de l'ennui... Juliette Greco chantait "Je hais les dimanches" Jean-Denis Bredin écrit aussi qu'il les détestait, entre la messe, la promenade au Bois... comme soixante ans avant, Rimbaud les haïssait que sa mère trimballait avec ses soeurs, deux par deux,dans les jardins de Charleville.
Le froid, la lassitude, la mauvaise hygiène avaient raison des organismes, et Jean-Denis Bredin écrit qu'il était très souvent vêtu de noir, couleur de deuil. Son père meurt, il a 8 ans. Il ne s'en souvient presque pas. Sa mère se remarie, la vie suit son cours jusqu'à la guerre.
L'enfant ne vit pas ce traumatisme. Il est trop jeune. Il suit ses cours à Charlemagne, parfois, aux alertes, on descend dans les caves.
Mais ce qui est très surprenant dans ce témoignage c'est la façon "Le silence des agneaux" de toute la population pour tailler, coudre et accepter "l'étoile jaune"
infâme qu'une administration française veule avait ordonné. L'enfant découvre sur ses camarades cette étoile sans comprendre, puis les voit disparaître, entend des cris la nuit, à l'aube... A revoir les documents filmés en couleur de l'époque, montrant les passants décontractés dans les rues comme si rien n'était, à lire la débrouille pour se chauffer, manger... l'acceptation en un mot de tout (les théâtres, les cinémas étaient pleins - lire "Les Français au quotidien 1939-1949 d'Eric Alary-Bernadette Vergez-Chaignon, Gilles Gauvin,chez Perrin), de tout, même de l'impensable, dénote une folie, à la "Le Pont de la rivière Kwaï" de Pierre Boulle, qui s'était emparée de toute une génération, de toute une classe de la société.
Le livre de Jean-Denis Bredin est un troublant témoignage. Cette anesthésie des esprits pourrait expliquer pourquoi l'Eglise et le pape, si prompts à prononcer l'Anathème, l'Excommunication, mettre à l'Index des livres, n'ont même pas lancé une Excommunication Majeure contre le Nazisme, et le régime de Vichy, au vu et au su de tous leurs méfaits.
"Trop bien élevé" donne à réfléchir.
Henry Zaphiratos

dimanche 4 avril 2010

Un roman français de Frédéric Beigbeder, Grasset, 282p. 2009.

Ce n'est pas la "Rêveuse Bourgeoisie" comme l'a dépeinte Pierre Drieu La Rochelle, mais la "Fonceuse Bourgeoisie" que décrit Frédéric Beigbeder dans son roman.
Ce livre devait être écrit par un enfant terrible de notre époque. Frédéric Beigbeder qui est cet enfant terrible s'y est jeté corps et âme, sautant pardessus toutes les conventions sociales ou philosophiques de sa caste, avec son coeur gros comme ça, et sa volonté de se mettre à nu. La littérature ouvre ce champ infini du possible, et la littérature lui a offert sa puissance de portée.
"Un roman français" s'ouvre à la "La Cuisse de Jupiter". De part mes ascendants, semble dire l'auteur, je ne suis pas du commun, je descends de "Hugues Capet"(p.53)... ce qui évoque : l'oint du Ciel, les Croisades, Crécy, Azincourt etc. et permet de se hausser du col et de contempler le reste du monde en "m'as-tu vu" très Bourgeois-Gentilhomme.
Cela m'a rappelé les formules toutes faites des bourgeoises :"Ah mais, ma chère, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes" ou "Nous, nous ne sommes pas de la crotte!" etc.
Un de ses arrières-grands-pères, Thibaud de Chasteigner, a été tué à la bataille de la Marne, comme des milliers de Français, dont Alain Fournier et ces saints-cyriens, casoars et gants blancs, partis à l'assaut.
Frédéric Beigbeder descend d'une fortune qui éclatait sur Pau,le Béarn et le pays basque, et "de la lignée des Chasteigner de la Rocheposay" (p.53)(attention ne pas confondre avec les produits dermatologiques "La Roche-Posay"! ).Il nous apprend aussi que sa jeune enfance s'est passée à "Cinjame",lire Saint-Jame,le quartier chic de Neuilly/Seine (à gauche de l'avenue Charles-de-Gaulle-La Défense(côté Bois de Boulogne), et non à droite, côté mairie considérée "prolo") jusqu'à l'apothéose de la fin du livre, d'un lancer "olympique" de l'auteur, je cite : d'"une pierre bien circulaire, plate, pas trop lourde, grise comme un nuage..." dans la mer.
Entre ces deux époques, quarante ans ont passé, De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterand, Chirac et Sarkozy. Entre ces deux époques, des changements de vie, et surtout une débauche de citations de produits de "marques" à la mode, snobinardes,roublardes, citées toutes les deux ou trois pages du livre par un publiciste, comme pour souligner leur importance "vitale" pour les gens "In" comme lui,(et les budgets de pub),et les "tourments " de l'auteur avec le "poids écrasant" de sa lignée, un père et une mère admirables qui se déchirent, un Baron qui travaillait pour "Gervais-Danone" (Antoine Riboud de BSN),un frère formidable membre de MEDEF que Sarkozy décore... Mais l'auteur est un électron "libre", Rive-droite-Rive-gauche, et, dans son existence de nomenklaturiste comblé, geek de films, de musique-funk,il observe le monde qui l'entoure, où il va évoluer dans la pub, l'édition, la presse, fréquentant les boîtes à la mode, et, après des succès fulgurants (n'écrit-il pas(page 183), être "l'un des auteurs français les plus traduits dans le monde"?(sic)), il lui advient son "Chemin de Damas". Il chute d'un capot de BMW dans le cul-de-basse-fosse du commissariat du 8° Ar.de Paris, pour usage de drogue. Puis le cul et les couilles à l'air pour contrôle(p.218) et 48h. de réflexion dans les pires conditions d'hygiène, de solitude, en position foetale pour éviter le froid. Toute son "importance" de scribouillard célèbre disparaît devant le tintement des clefs de sa cellule, toute la puissance de ses réseaux : familiaux, professionnels ou de caste, est annihilée par le blitzkrieg de l'arrestation, la durée légale de la garde-à-vue. De la cellule du 8° Arrondissement, il atterrit dans le terrifiant "dépôt" de la Préfecture de Police de Paris, dans l'île de la Cité. Et l'on se demande ce que nos dames ministres de la Justice, promptes pour les Human Rights, comme Elisabeth Guigou, Rachida Dati ont fait pour faire disparaître cette honte de la République, et ce que Mme. Alliot-Marie(du Pays Basque)va faire ?
De ce choc il va faire ce livre dont il écrit p.256 :"Toute ma vie, j'ai évité d'écrire ce livre."
Ce récit aurait pu s'appeler "Confession d'un Junky", mais "Un roman français" ça fait plus Mauriacien.
Le Prix Renaudot 2009 est venu atténuer le souvenir de ces brutales 48h.de terreur, ce passage soudain de la "Cuisse de Jupiter au chaudron de la sorcière".
Style vif.
Henry Zaphiratos

jeudi 1 avril 2010

La scène de Maryline Desbiolle, Le Seuil,120p 15€, 2010.

"Tu parles d'une histoire, on ne sait pas quoi faire avec ce truc bien trop grand pour nous..."(page 113) C'est exactement ce qu'il convient de dire de ce petit bouquin littérairement prétentieux. C'est le genre de livre à faire fuir les amoureux de la langue française. Comme le disait je ne sais plus quelle écrivaine de chez Frédérique Taddeï, passant son temps dans les avions à visiter les Alliances françaises dans le monde qui se vident, les adorateurs du français sont dépités et fuient.
Le Salon du livre qui ferme ses portes enregistre déjà 10% de visiteurs de moins que l'an passé, et les fans sont là aux 3/4 pour les auteurs étrangers, traduits (Paul Auster, Salman Rushdie etc.)
Mme Desbiolle qui n'a rien à dire, mais veut à tout prix écrire, vaticine dans son passé, dans celui de ses grands-parents savoyards et italiens de Finale Ligure, à travers des photos, de vagues souvenirs. S'y entremêlent des jambes qui se cherchent, deux jeunes scootéristes qui se tuent dans un accident, des repas de ONZE hommes, pas douze, si ce n'est par la présence d'une jeune femme, pas Treize, pensez donc "la Cène" avec le Christ ! Mais vous savez il y a de la "culture" comme on dit au pèquenot: et vas-y que je te cite Véronèse, Dirck Hals, Vallotton "Dîner, effet de lampe" 1900, Oskar Schlemmer pour son sombre "Tischgesellschaft" pour la Cène,puis Bacon, Goya, Soutine pour le bifteck bien saignant, même Porcinet, le copain de Winnie l'Ourson est là. Et cela au milieu d'une mémé qui va se brûler en brandissant un marmot, d'un pépé rageur, d'un beau "prince du désert" qui surgit(à la fin pour le "Happy End") dans un vernissage et avec qui la narratrice va plonger dans la mer avec des petits poissons.
Le premier chapitre avec la théorie Mathématique des ensembles de Georg Cantor laissait augurer quelque livre charmant sur l'intersection, l'union, l'inclusion en... littérature. Mais non ce n'était pas ça. Mme Maryline Desbiolle a écrit un petit livre de souvenirs pour sa famille en pataquès, c'est un exploit.
Le publier est ridicule.
Hermès