samedi 16 octobre 2010

Le Siècle des nuages, de Philippe Forest, Gallimard , 558 pages, 2010. De la pesanteur des nuages.

Ce n'est pas un roman, tout au plus un essai, mais d'une pesanteur affligeante. Pendant 555 pages l'auteur tente de raconter la vie de son père, ancien pilote de 747(ce qui couronne sa carrière)en "interprétant" ses pensées, ses désirs possibles, et décrit sans complaisance, et sans tendresse la trajectoire de celui-ci dans le siècle, trajectoire qu'il juge "passive", sans relief, banale. Son père, qui est né le 17 septembre 1921,mourra d'un arrêt cardiaque dans la rue le 26 novembre 1998, aura vécu adolescent à Mâcon, l'Entre-deux-guerres, jeune homme, la guerre, sans la faire étant trop jeune, et quand il sera pilote de chasse breveté au USA, la guerre était terminée... Entre temps, l'auteur décrit la France de la débâcle avec un certain mépris, sans songer que les massacres et les exactions des Allemands de 14/18 sur les civils en Belgique et dans le nord de la France avaient traumatisé la population, ses grands-parents, ses parents. L'auteur tente de raconter, entre temps, le XX°siècle,la naissance de l'aviation, Clément Ader, les frères Wright, Lindberg, et étale ses connaissances littéraires avec Proust et Swann-Agostinelli, Saint-Exupéry etc. et ses connaissances sur Air-France, dont son père pilotera les avions.
Ce qui ressort de ce bouquin, c'est l'hostilité sous-jacente du fils, chroniqueur du père disparu. On aura compris que l'auteur et son père n'avaient pas les mêmes idées en tout. Deux générations s'affrontaient, toutes deux issues de la bourgeoisie bien-pensante, l'une de droite, l'autre de gauche. Peut-être aurait-il mieux valu que le silence s'imposât.
L'écriture est d'une faiblesse insigne. C'est du pseudo littéraire, pseudo historique, philosophique, pseudo religieux, pseudo touristique aux dernières pages sur un voyage du "souvenir" à Istambul, avec le chapeau du papa qui s'envole dans les flots du Bosphore, pour faire fin de film.
On se demande comment la "Blanche" de Gallimard a pu éditer ce livre, et on comprend lorsqu'on apprend page 89, que l'auteur est le neveu de Bernard Clavel, et qu'il a tiré sa révérence à Philippe Sollers, en écrivant sur lui.
Livre sans dialogue, distancié, froid, au regard dur.
De la pesanteur des nuages.

Mieux vaut lire et relire les oeuvres de Saint-Ex. si on veut respirer un air pur.
Hermès

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