mercredi 12 juillet 2017

Fendre l'armure de Anna Gavalda, 7 Nouvelles, Le Dilettante Edit. 284p; 17€

Briser l'être que l'on montre, l'être que l'on a fait de vous, sortir de vous-même, c'est "Fendre l'armure", l'armure de sa "Citadelle" comme l'écrivait Saint-Exupéry. Anna Gavalda raconte le monde, les gens "de rien" comme dirait Hollande ou Macron, des gens bloqués dans une civilisation qu'ils ne comprennent plus, dans la solitude de soi. Face à soi, seul, et le constater, le vivre. Les femmes, les hommes de ces sept nouvelles, rencontrent d'autres solitudes, soit venant d'une éducation rigide de la petite bourgeoisie bien-pensante et déchristianisée, soit d'une solitude sociale, de par la profession, le goût ou le destin. Chacune, chacun tente de jeter des ponts vers l'"Autre", qui n'est pas un "enfer" comme l'écrivait Sartre, mais un être perdu, abandonné à lui-même et qui se raccroche à ce maigre radeau de l'amitié, amitié sans suite, qui sombre inéluctablement. Que ce soit la crise économique due aux délocalisations, ou autres drames financiers concurrentiels, ou familiale, professionnelle, c'est toujours le combat contre soi, contre l'environnement, le non-sens. Anna Gavalda a écrit une série de nouvelles métaphysiques, qui montrent à travers ses "gens", leur pauvreté intellectuelle, spirituelle. Il n'y a rien en eux, comme dans les interrogations de Dostoïevsky dans ses Frères Karamazov. Ici, il n'y a plus rien, les enfants sont des témoins absents, ils attendent la nouvelle ère de leur génération entre le numérique, les show télé, les espérances d'un autre monde. Celui de "Fendre l'armure" s'écroule devant nous lentement, très lentement, déjà se met en place un autre univers... Que sera-t-il ? Comme cette élection présidentielle hors-norme qui vient de s'achever, il réservera peut-être des surprises.
Le livre d'Anna Gavalda est l'histoire des âmes errantes à travers le monde des villes, des immeubles, des paliers, comme un témoignage saisissant de la dureté, la crudité, de la solitude à travers un langage semblable au laisser-aller où se sont abandonnés des gens de "rien" et de "tout".
Nous sommes loin de La Princesse de Clèves.
16/20
Hermès
  

Aucun commentaire: