Le Monde-extrait de l'article de Dominique Perrin : « Le livre est
à la fois cru et subtil. « À quatorze ans, on n’est pas censée être attendue
par un homme de cinquante ans à la sortie de son collège, on n’est pas supposée
vivre à l’hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche
à l’heure du goûter. (…) De cette anormalité, j’ai fait en quelque sorte ma
nouvelle identité. À l’inverse, quand personne ne s’étonne de ma situation,
j’ai tout de même l’intuition que le monde autour de moi ne tourne pas rond. »
Dans Le Consentement (Grasset), Vanessa Springora raconte tout, la rencontre
avec G. en 1985, à l’âge de 13 ans, la fascination, l’amour qu’elle dit avoir
éprouvé, l’emprise, la séparation, la chute, avec crises d’angoisse et épisode
psychotique, puis les années pour s’en remettre. Il lui aura fallu trente ans
pour livrer sa version de l’histoire. Jusque-là, en littérature, elle n’était
que Vanessa, une des multiples conquêtes de « l’homme à la sortie du collège »,
un écrivain qui a eu son heure de gloire, mais que les moins de 50 ans ne
connaissent guère : Gabriel Matzneff.
« Le Consentement » pousse à remonter le temps, jusqu’à ces années
1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias encensaient le
dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances sexuelles.
Ce récit, qui sort le 2 janvier, est une première. Jamais les enfants et
les adolescentes ayant eu une relation avec cet écrivain n’avaient pris la
parole. Devenus adultes, aucun n’était sorti du silence. À 47 ans, Vanessa
Springora, nouvelle directrice des éditions Julliard, se lance et couvre de ses
mots ceux d’un homme de 83 ans, qui a toujours revendiqué son désir pour les
mineurs – il ne dit pas pédophile mais « philopède », même si le verlan n’est
pas son style. Récit littéraire, personnel et très fort, Le Consentement est
aussi un ouvrage qui interroge la société. Il pousse à remonter le temps,
jusqu’à ces années 1970 et 1980, quand le milieu littéraire et certains médias
encensaient le dandy parisien, sans questionner les conséquences de ses attirances
sexuelles." fin de l'article du Monde.
-Dans Le Point : "Aujourd’hui, Gabriel Matzneff parle à ses amis de « retour du puritanisme »
mais refuse de s’exprimer – « Je sors de chez le médecin, je n’ai pas la tête à
ça, ce n’est pas du tout par désobligeance, croyez-le bien », répond-il, très
courtois. Dans un contexte post-#metoo de remise en cause de la domination
masculine et peu après le témoignage de l’actrice Adèle Haenel, il sait que
l’époque ne lui est plus favorable. »
Le livre-scandale aura probablement du succès.
A lire l’interview de Gabriel Matzneff dans Lire de 1993.
Hermès
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