dimanche 15 décembre 2013

LA PREMIERE PIERRE, récit de Pierre Jourde, Gallimard Edit. 189p. 17,90€/ Castagne au village !

Un western au fin fond de l'Auvergne, dans un bled près de Massiac, raconté par un écrivain qui l'a vécu, et en fait une relation "explicative", mais qui, malgré le contexte douloureux, l'ambiance de tragi-comédie, fait rire. On assiste, spectateur-lecteur ahuri à une empoignade à l'ancienne,croyait-on, dans un de ces hameaux cachés près des volcans éteints (?) d'Auvergne. Pierre Jourde a raconté dans un livre précédent "Pays perdu" des histoires de son village, le "pays" d'où il vient, perché au fin fond de la France profonde. Qu'a-t-il remué ? qu'a-t-il réveillé ? qu'a-t-il fait surgir du passé ? Qu'ont compris ses concitoyens du village, sous le changement des noms ? Toujours est-il que lorsque, écrivain, professeur, il revient avec sa petite famille chez lui, au "pays", il est agressé, vilipendé, et que tout se terminera par une fuite, des plaintes, un procès etc.
Pierre Jourde, de cette amère et dure expérience, en a fait un "Procès-verbal", une sorte de "Montaillou, village occitan", décrivant un village du Cantal, perdu, vivant à son rythme, dans ses secrets, ses rancoeurs, pour qui l'"étranger", est comme dans la plupart des villages, des hameaux de France, celui qui vit en-dehors du périmètre du patelin. L'écrivain en a fait un livre très intéressant, qu'on lit jusqu'au bout, et qui par certaines scènes fait penser au film "DUEL" de Spielberg, ou aux films d'action style "Vampires", ou encore à "La nuit des morts-vivants"...
C'est dire le talent de l'auteur quand il raconte "l'action".
A noter qu'à partir de la moitié de La Première pierre, l'auteur fait une sorte de "défense et illustration" du livre qui a tout déclenché, y compris l'analyse de certaines critiques. Cette seconde partie est un peu "caverneuse",pas romantique, ni poétique
Au détour d'une page de "La Première pierre" on apprend qu'Eric Naulleau était l'éditeur (L'Esprit des péninsules) du Pays perdu, le livre qui a tout déclenché, et qu'il était effaré d'en apprendre les suites.
Un bon film est possible pour la partie "action". Les protagonistes se partageront les droits et se réconcilieront autour d'une grosse potée auvergnate

14/20 pour la première partie seulement (la moitié du livre).
Hermès

Dans la seconde partie de "La Première pierre", dans les ratiocinations de l'auteur sur son enfance, sur ce "pays", sur la "vue" qu'il a eue de ce petit monde, de cette façon de vivre avec une nature rude, froide, pierreuse, qui a façonné les êtres, les esprits, on sent qu'il lui est resté l'idée qu'il était "autre", et qu'il lui fallait s'en échapper, s'en extraire... Beaucoup d'écrivains, de poètes, tel Rimbaud, n'ont pas gardé un souvenir heureux de leur enfance, de leur adolescence, de leur jeunesse dans leur région, leur pays "perdu", mais ils transcendaient par la magie de leur esprit, de leur génie, leur monde, et l'acceptaient, le reconnaissaient tout en le fuyant..Le poète, l'écrivain s'allège pour dominer mentalement le monde.
Georges Pompidou, le président, l'auteur d'une anthologie de la poésie française était originaire du Cantal..

Aucun commentaire: