dimanche 5 avril 2009

"Littéraire ou pas littéraire ?" Controverse chez Laurent Ruquier, samedi 4 avril 09

Eric Zemmour et Eric Nauleau ont durement critiqué le livre que venait présenter Patrice Leconte, sur l'homme qui aimait les femmes aux cheveux courts, publié chez Albin-Michel.
Leurs attaques ont porté sur l'aspect "non littéraire" de ce livre. Nauleau allant jusqu'à dire que c'était un livre "inutile". Tous deux arguant qu'ayant baigné dans les oeuvres classiques, ils ne pouvaient supporter un texte aussi mal écrit, sans style etc. Nauleau, pour "l'achever" citant, en comparaison, une strophe d'un poème de Charles Baudelaire.
Je n'ai pas lu ce livre, mais je pense que l'attitude des deux Eric était exagérée.
En réalité, opposer un livre "littéraire" à un autre "non littéraire" tient de la gageure. La langue et le style évoluent continuellement, et citer Balzac, Chateaubriand ou Maupassant, c'est vouloir "frigidifier" ce qui ne l'est pas. Ainsi Rabelais, ou Céline, Mauriac ou Giraudoux etc., ont tous un style qui est le leur. Aussi prétendre que l'un ou l'autre des auteurs d'aujourd'hui n'est pas "littéraire", est audacieux, et à la limite, un non-sens. Je pense qu'en nuançant, les deux Eric auraient pu dire que cet ouvrage de Patrice Leconte, bénéficiant d'un lancement important, en démarrant chez Ruquier notamment, était une formidable opération de marketing, autant qu'une "opération" d'écrivain. Les yeux brillants de curiosité des jeunes acteurs présents, sur "cet homme qui aimait les femmes aux cheveux courts", en disaient long sur la suite de ce lancement.
En revenant sur cette soirée, je ne puis que dire que j'ai été un peu choqué par la petite "mise au pilori" par les deux Eric de Patrice Leconte, d'autre part brillant metteur-en-scène, qui a pris l'initiative de faire "déménager" les deux superbes girls du Crazy Horse, qui encadraient le couple d'intellectuels, pour les placer dans son camp, et laisser les deux Eric, isolés, un peu désemparés devant la salle, et des centaines de milliers de téléspectateurs, dans une sorte de pilori médiatique.
Je pense que leur rôle ne peut plus être que celui d'évaluateurs du succès possible d'un livre, en parlant du fond de l'ouvrage, et en évitant de parler du style, de la forme.
Depuis trente ou quarante ans, la mode est au style "journalistique", à l'écriture blanche, à l'image nue, aux situations, au "hard" et non plus au "soft".
Ce n'est plus l'esprit, ou le coeur qu'il faut toucher, mais les instincts primaires, auxquels la télé, les I-phone,
le Wi-Fi, Internet, nous ont abonnés.
Puis-je ajouter cependant qu'aucun livre n'est inutile ?

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