jeudi 25 mars 2010

La Madone des Sleepings, Maurice Dekobra, 310p. Baudinière Ed. 1925, réédité par Zulma Ed.

Voici un très joli livre, plein de finesse et d'élégance que l'on peut déguster comme un très bon Cognac, ou un Curaçao, ou un Marie-Brizard, lentement. Il a l'avantage de pouvoir être "dégusté" au cours des jours, des semaines, en prenant son temps, entre deux stress, au cours d'un long vol vers le Pacifique ou l'Atlantique, ou sur une chaise longue au soleil, ou dans un bon fauteuil d'hiver. Bref, un livre à lire quand on veut, quand on peut. Il charmera toujours. Je l'ai découvert à travers le débarras d'un grenier mêlé à d'anciennes "Petites Illustrations", et je l'avais gardé au fond de ma bibliothèque de longues années, oublié dans un coin, me disant "Un jour ou l'autre, j'y glisserai un oeil". Bien m'en a pris, c'est un roman qui vit sa vie, hors du temps, qui se tient tout seul, marque que c'est un "grand roman" comme aurait dit Flaubert. Ce qu'il a de nouveau c'est cette exploration d'une époque, celle des années 1920-1930, les années Francis Scott Fitzgerald et son Gatsby le Magnifique, ou le Dernier Nabab, les années Isadora Duncan, Palm Beach... où une petite partie du monde vivait dans la richesse et l'insouciance. Et les aventures de La Madone des Sleepings (Lady Diana Wynham) et de son cavalier servant le Prince Seliman, à travers l'Europe, le Caucase, sont narrées d'une façon décontractée et gaie, par un écrivain de grande culture. J'y ai découvert une trentaine de mots dont j'ignorais l'existence, un style fluide et léger qui accompagne le clapotis d'une pensée joyeuse. Maurice Dekobra écrivait pour distraire, et probablement pour s'amuser. Ce roman a eu un grand succès. On l'a porté à l'écran. Mais je crois que ce style désinvolte, " en smoking", est impossible à transcrire au cinéma.
Un livre à lire, si l'on veut voyager loin des grandes orgues, au son d'un concerto.
Henry Zaphiratos

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