dimanche 6 janvier 2013

TZAR et STAR- POUTINE & DEPARDIEU...

En recevant son passeport russe de Wladimir Poutine, Depardieu a inauguré une nouvelle ère des relations Russo-françaises, l'ère de la Russification de l'Europe ou de l'Européisation de la Russie, si l'on pouvait douter encore que la Russie, y compris la Sibérie, n'était pas en Europe... Voilà c'est fait. Brigitte Bardot pour ses deux éléphants, les tigres des neiges, s'apprête elle aussi à prendre ce nouveau passeport, et combien d'autres stars, ou moins stars... C'est que le passeport français semble à leurs yeux s'être dévalorisé, il a besoin d'un contre-fort, celui de la Communauté européenne, semble bien fragile avec la Grèce abandonnée à sa misère, l'Espagne malade, l'Italie malade, le Portugal malade, l'Allemagne qui craint la contagion, l'Angleterre qui fait cavalier seul sur bien des points etc.  Depardieu est un énorme symbole, le président Hollande en a eu conscience brutalement dès la déclaration de Depardieu de se fixer en Belgique à 500 mètres de la frontière à Nechin, un joli petit village genre "Asterix", mais voilà que Poutine qui aime Depardieu, qui aime les grands hommes, les grands espaces, le Raspoutine incarné par Depardieu, qui va certainement interpréter le Père ivrogne, débauché, hâbleur, menteur des "Frères Karamazov" de Dostoievski, a ouvert ses bras à ce Russe, plus russe que nature, tout en restant Français de la plus belle eau, prolétaire stakhanoviste de la production cinématographique et théâtrale, charmeur et puissant séducteur, fonceur casqué des pensées les plus fortes, des plus tranchées, lisant les grands, les plus grands comme Saint Augustin dans Notre Dame de Paris, qui a démarré à poil dans "Le camion" de Marguerite Duras, les "Valseuses" avec Patrick Dewaere... ! Un homme total, un Français total, entreprenant, dirigeant sa vie, se moquant du quand-dira-t-on, un homme de coeur, mais centré sur l'univers gràce à la littérature qui lui a fait découvrir l'envers des choses, la beauté des choses, et la force totale de la pensée. Wladimir Poutine a compris que cet homme, il devait l'avoir, l'accueillir, lui offrir les grands expaces, les grandes ambitions.
Depardieu était arrivé au stade où à l'univers enchanteur de la réussite, de la découverte, de l'affirmation de soi, de l'amplitude des grands textes, avait succédé un monde presque hostile, plein de chausses-trappes, d'envieux. Tant que ce n'était que des masques individuels cela passait, entre sa bécane, ses passions vignoblesques, restaurantesques etc. il supportait... attendant de nouveaux défis, de nouveaux combats, il commençait à chanter en Ousbek ! ou avec l'Ousbek ! Il vivait planétaire, comme un citoyen du monde, comme avait voulu vivre Gary Davis dans les années 50. Mais voilà le mur s'est édifié,  et il s'est trouvé confronté à un monde à l'esprit borné, étroit, à un monde difficile, mesquin qui hait la réussite, la création, la richesse, la culture, la diversité... et ceci par des hommes en complet strict, cravate, sentencieux, énarqués, pontifieux...Et quand il a voulu prendre ses devants pour ne pas sombrer comme bien d'autres : Polnareff, Aznavour, Pani etc. dans le piège de la mesquinerie qui l'aurait frappé en plein coeur de création, l'une des plus hautes autorités
a lâché ce mot "minable".
On sait ce qui s'en est suivi.
Il s'est débattu. Hollande comprenant que quelque chose se passait dans l'esprit public a tenté de le saisir aux basques, mais c'était trop fort, c'était encore un piège, le piège du sentiment national, celui que certains foulent aux pieds de leur idéologie... Poutine a compris, Poutine a ouvert les bras... Tolstoï et Dostoïevski ont accueilli Depardieu, comme leurs ancêtres ont accueilli Petitpas, Guitry, Custine etc. comme la France a accueilli la Comtesse de Ségur, Ivan Bounin, les exilés russes en leur temps... Un univers interférant.
 Henry Zaphiratos

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