samedi 24 août 2013

Un jour je m'en irai sans avoir tout dit, de Jean d'Ormesson, Robert Laffont Edit. 256p. 21 €

Un homme se penche sur son passé. Jean d'Ormesson, le pilier des émissions de Bernard Pivot, le grand "explicateur" de la littérature française grâce à ses émissions télé et ses livres sur les écrivains classiques, l'auteur de "La Gloire de l'Empire" et surtout "Au plaisir de Dieu" dont on a tiré un fameux feuilleton sur son grand-père, son enfance et sa jeunesse passées au château familial aujourd'hui vendu, revient sur sa vie, et se raconte. Mais il a la distinction et la pudeur de ne pas rentrer au fond de lui-même, de ne rien dire de lui en vérité, et en cela de ne pas rejoindre Rousseau et ses Confessions, ou Saint Augustin, ou Chateaubriand. Il reste en deçà de  lui-même, et ce livre n'est qu'une réflexion désabusée, parfois amère, parfois chaleureuse comme toutes les réflexions que l'on peut faire sans entrer en profondeur. Il y a quelques jolies pages sur ce qu'il avait déjà dit. Il se répète. Un écrivain se reprend souvent quand il est à court d'inspiration.
A part ses romans-romans, et ses livres sur la littérature, tous ses autres livres ne sont que des vaticinations insipides, que les gens achetaient pour les garder près de leur coeur, tant il plaisait avec le charme de ses yeux d'un bleu éblouissant, et son élégance naturelle. La France bourgeoise se sentait de bonne compagnie avec un tel témoin, et ses livres n'étaient que des grigris qu'elle mettait dans son salon ou sa table de nuit espérant vainement conjurer ainsi la fuite du temps, l'évolution de la société, la mondialisation, l'effondrement d'une façon de vivre. Jean d'Ormesson aura été la lumière dans les ténèbres qui commençaient à envahir le monde des certitudes, des pérennités, de la tranquillité sociale.
Avec ce livre désenchanté il se replace à sa juste valeur auprès des grands écrivains, sans trop d'amertume, tant il aura été heureux de faire ce qu'il voulait, d'entreprendre ce qu'il voulait, de vivre comme il l'entendait, de voyager, d'italianiser... Et en cela il est un grand exemple du bonheur, de la joie hédonisme de la vie, de la jeunesse continue.
Un livre à lire pour une leçon de bonheur.
16/20
Hermès

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