vendredi 21 février 2014

"LE VOYAGE DE DORIAN" un Extrait. Editions Publibook 2014

"C’est en téléphonant à l’hôtel qu’il apprit leur départ, il y
courut en toute hâte. Le concierge lui dit qu’ils avaient demandé
un taxi à l’aube pour une gare, laquelle ? il ne savait pas, mais
la jeune fille lui avait laissé une lettre. Il l’ouvrit avec fébrilité.
« Cher Dorian
Nous partons. En rentrant, hier au soir, j’ai trouvé maman
follement inquiète de mon retard, elle était presque au bord des
larmes. Je m’en veux de ne lui avoir pas téléphoné. Papa est
arrivé dans la nuit, il nous a demandé de préparer notre départ,
il sortait d’un rendez-vous, tous ses amis lui ont conseillé de
partir. En arrivant chez eux, son taxi a été pris dans une manifestation
d’anciens combattants avec des drapeaux. Ils criaient
des slogans hostiles aux étrangers. Papa craint pour nous, il a
fait la guerre sur le front russe, il sait que c’est horrible ! Il
était à Berlin en 1935, il a vu les mêmes gens, les mêmes manifestations.
Nous partons, je vous écris dans mon lit, excusez
l’écriture. Cher Dorian, je n’oublierai jamais ces heures passées
à Paris avec vous… les musées, le théâtre. Oh ! merci à
votre ami qui a déposé pour moi ces livres de Giraudoux. Je les
lirai, je les caresserai en pensant à vous. Je ne sais où vous
habitez, je pars sans savoir si cette lettre vous parviendra, je ne
sais pas même où nous habiterons à New York, c’est de la folie,
je suis triste, ce soir, de quitter cette ville que j’aime, malgré
l’incident du tennis. Laissons les méchants de côté, Dorian, je
voudrais tant que vous restiez heureux, ainsi que vous l’étiez
lorsque nous nous sommes rencontrés. Je veux vous dire que
j’ai mal au coeur de vous avoir entraîné dans cette histoire.
J’aurais voulu être une fille comme les autres, mais je ne puis
me changer, et le pourrais-je que je ne le ferais pas.
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Dorian, je vais éteindre, pour ne pas déranger David, mon
petit frère, mais je penserai à vous, les yeux grands ouverts
dans la nuit. J’ai tant de choses à vous dire… Vous souvenezvous,
dans le métro, votre souffle tout contre ma nuque ? J’ai
eu peur… pas de vous, non, de moi.
Puis-je vous embrasser ?
Rachel "

Extrait "Le Voyage de Dorian" de H. Zaphiratos, Edit.Publibook-2014

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