mercredi 30 juillet 2014

Ecrits de guerre, d'Antoine de Saint-Exupery, Folio Edit. 522p 8€

L'un de nos plus grands écrivains : Vol de nuit, Citadelle, Le Petit Prince...etc.
Pendant la guerre, il se bat, et mourra au large de Nice dans un vol de reconnaissance en 1944. 
"De Gaulle et Pétain se le disputent sans que l'écrivain ne penche ni pour l'un ni pour l'autre. Au Général qui proclame «Nous avons perdu une bataille. Nous n'avons pas perdu la guerre», il répond: «Dites la vérité, général, nous avons perdu la guerre. Nos alliés la gagneront.» Au Maréchal qui le fait nommer sans le consulter au Comité national, il fait savoir qu' «il n'est pas un homme politique» et «qu'il aurait décliné la présente nomination s'il avait été consulté». Ce démenti ne suffit pas. André Breton, accusateur public, déclenche sa fureur contre Saint-Exupéry. Ce dernier rédige une longue réponse au pape du surréalisme (qu'il n'enverra pas finalement). Le ton est ferme. Il s'en prend «aux exercices oratoires qui assurent une audience tranquille». En fait de résistance, dit-il, «je crois aux actes, non aux grands mots». Comment juger, de New York ou de Londres, explique-t-il, le courage ou la lâcheté des Français qui vivent sous la terreur de l'occupant nazi? «Je n'ai pas une âme d'inspecteur.» Dans cette même lettre, en quelques lignes, il fait d'André Breton le père de la société de surveillance: «Ah! mon pauvre ami, je préférerais me faire trappiste plutôt que passer trente heures dans la société coranique que vous prétendez nous préparer, où l'homme n'est plus jugé sur sa qualité d'Être mais sur son formulaire, où les Manifestes tiennent lieu de cœur, où les voisins de palier s'érigent en dénonciateurs et en juges, où rien n'est respecté de la patrie intérieure, où vous prétendez clarifier et assainir l'individu en le violant en permanence selon toutes les techniques connues de vous, dans le but d'étaler sa tripaille au soleil dans une sorte de foire aux puces universelle.» En proie à une profonde mélancolie, il se sent de plus en plus étranger aux calculs politiques, aux avancements d'ambassades, aux règlements de comptes entre Français. En juin 1943, à Oujda, au Maroc, il rédige une lettre d'une noirceur effroyable. Au général X, il dit voir venir «l'homme robot, l'homme termite (…). L'homme qu'on alimente en culture de confection, en culture standard, comme l'on alimente les bœufs en foin». Il poursuit: «Moi je hais cette époque, où l'homme devient sous un “totalitarisme universel”, bétail doux, poli et tranquille.» Ne connaissant ni la paix du cœur, ni la paix des nerfs, l'officier, malgré la limite d'âge, parvient en 1944 à rejoindre son escadrille. Il ne veut plus écrire mais combattre pour la liberté, celle «qui se situe exactement à la frontière de l'empire intérieur». 
Textes de Saint-Ex. publiés in Le Figaro, choisis  et présentés par Vincent Trémolet de Villers
Hermès

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