dimanche 6 juillet 2014

Le Premier Mot, récit de Pierre Bergougnoux, Gallimard, 96p. 2001

Récit au style tellurique, avec des envolées, des phrases sibyllines, des métaphores recherchées, précieuses, parfois absconses... mais quelques dizaines de pages brillantes, surtout à partir de la cinquantième. Pierre Bergougnoux ne s'extrait pas du pays, du monde d'où il vient, le Quercy, le Limousin, le pays dur, rugueux, aux parois brutales, que traverse la Nationale 20. récit de son adolescence, de sa jeunesse emprisonnées, dont il sent qu'il veut, qu'il doit s'en extraire, mais qui lui colle à la peau... D'où ce style acharné de combat, de descriptions quasi apocalyptiques pour se dégager de la gangue de cette province engoncée, croit-il, vit-il à travers la souffrance morale du lieu, des siens, et physique d'un séjour à l'hôpital... Le salut lui viendra de Paris, la ville souveraine ouverte sur le monde, où il aboutira en faisant Normale-Sup, où il rencontrera d'autres esprits, d'autres êtres, venus d'ailleurs, du Moyen-Orient, ou de l'Europe profonde, où se débattront des idées, des projets, des clivages idéologiques, où s'affrontent l'argent et l'esprit. 
Il manque à Pierre Bergougnoux cette part de joie, de bonheur, de plénitude, de sûreté qui font les grands écrivains. L'écriture minérale travaillée, intellectualisée veut se mettre à part dans l'ordre littéraire, elle est trop besogneuse, non libérée, non solaire pour être aimée.
A noter que les grands auteurs sont pour la plupart issus de la province : Jean Giraudoux, François Mauriac, Balzac... sans compter l'Ecole de Brive...
14/20
Hermès    

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