samedi 30 août 2014

Le Royaume, de Emmanuel Carrère, P.O.L.Editions, 630 p. 29;90€ 2014 & Faillite du christianisme ? - Entretien avec un inconnu 130p. Edit.Htz-Athéna 15€ - 2009

Après le formidable succès du "Da Vinci Code" de Dan Brown, où le thème du christianisme était traité (Marie-Madeleine...) il était évident que celui-ci intéressait une immense partie des lecteurs. Concernés ou non le christianisme, en ce début du XXI° siècle, après les guerres, les massacres de ces deux millénaires, l'interrogation se posait. Qu'est-ce que le christianisme, Jésus a-t-il existé, où sont les fondements de la foi chrétienne, la résurrection des corps est-elle crédible, qu'est-ce qui a fait que comme un raz de marée le christianisme a tout envahi etc. ?
Vastes et insondables questions !

"Faillite du christianisme ? Entretien avec un inconnu"(Htz-Athéna Edit) tentait, après bien d'autres, d'apporter une réponse en se basant sur le texte des paroles mêmes de Jésus rapportés par un témoin de sa vie, de ses prêches, de ses actes : saint Matthieu. Comment en effet se fier aux "on dits" quand Jésus n'a rien laissé d'écrit ? Etrange à une époque de juristes, d'écrivains, d'orateurs.. Ce livre se basait sur Matthieu-Lévy, commis des douanes de l'Empire romain, donc "instruit", qui savait donc écrire, et probablement notait ce qu'il entendait, et que Jésus a nommément désigné pour le suivre... et témoigner. C'est le seul document non enjolivé de la vie et des paroles de Jésus.

Emmanuel Carrère s'est lancé dans l'aventure avec un livre de 630p. tentant de reconstituer et de "retrouver" dans une structure quasi romancée, les débuts du christianisme à travers les textes de saint Luc(évangile) et saint Paul(Actes des Apôtres)...

Or le premier n'a pas connu Jésus, et a fait une oeuvre de recoupements et de reconstitution en interrogeant et rapportant ce que le "milieu" des apôtres et des proches rapportait. Emmanuel Carrère souligne qu'il faisait par là, aussi, oeuvre d'écrivain. Saint Luc se laissait aller à "romantiser". 
Le second a rencontré Jésus sur le chemin de Damas (en Syrie où l'on s'étripe aujourd'hui...). Il est tombé dans une vision fulgurante et a voulu en savoir plus à Jérusalem sur cette secte qu'il avait pour mission de liquider...  Et là, il apprend que le fondement du christianisme est le mystère de la Résurrection.
Message incroyable qui bouleverse le schéma de la vie humaine: si il y a la résurrection, il y a donc une vie future... où les pauvres, les démunis, les faibles auront une place de choix...
C'est le Paradis perdu de l'Ancien Testament, les Champs-Elysées de la Mythologie de la Grèce des dieux et des déesses...
Saint Paul converti vient à Corinthe, ville clef du monde hellénique, placée sur l'axe Athènes-Grèce continentale et le Péloponnèse, et il raconte avec flamme ce qu'il a découvert... On peut penser que les premiers à se convertir furent des pauvres, des faibles... puis des gens instruits, étonnés, surpris, les premiers textes seront publiés en grec, diffusé en grec dans tout l'empire romain (le grec langue universelle alors comme l'anglais aujourd'hui)...

Emmanuel Carrère partant du Credo du christianisme, le confronte aux connaissances scientifiques, en évalue le côté "naïf", et n'est pas près de dire des "cathos" (orthodoxes, protestants et autres chrétiens) qu'ils ne savent plus la "véracité" de leurs mots, qu'ils sont dans un "train", celui d'une communauté sans trop savoir ou comprendre. Il le dit avec une certaine assurance après d'autres comme Ernest Renan, ayant lui-même "cru", "vécu" une crise mystique dans ses vingt-ans...

Emmanuel Carrère veut faire de la pédagogie à bon marché, c'est ainsi qu'il se lance dans des comparaisons saugrenues (Jésus = un Che Guevara moderne) etc. Il développe l'opposition entre les disciples de Jésus à Jérusalem et saint Paul, l'apôtre des "gentils" c'est-à-dire des non-juifs, non circoncisés...

Une démarche intéressante, une de plus, mais qui n'apporte rien de nouveau et ne change rien à ceux croient et ceux qui ne croient pas...

Peut-être que les découvertes de l'ADN, de l'organisation mathématique de l'univers, de l'évolution, que la profondeur puissante des sentiments, que l'incroyable beauté du monde, que la nature des créations humaines... soient sous évaluées dans ce texte.

Mais reste la volonté de comprendre...
Le chrétien reste un chercheur solitaire.
15/20
Hermès 

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