vendredi 8 mai 2015

La Triomphante, de Teresa Cremisi, Edit.Equateur, 200 p. 17€ 2015

Des souvenirs sur une jeunesse alexandrine, milanaise et romaine et... un parcours de directrice d'entreprise en Italie, puis d'éditrice littéraire à Paris, collaboratrice pendant quinze ans d'Antoine Gallimard, PDG de Flammarion qu'elle va quitter le 2 juin prochain.  Les souvenirs sa ramassent à la pelle, ils reviennent s'entrechoquent, de l'enfance en Egypte dans Alexandrie la cosmopolite millénaire détruite par Nasser, avec la nationalisation du Canal de Suez, l'expédition franco-britannique stoppée par Moscou, et l'exil pour cinq cent mille grecs, français, italiens, anglais etc. Une ville perdue, une enfance perdue, et la découverte de l'Italie, la carrière, la France, un pays que l'on veut, que l'on désire d'être... et une naturalisation refusée, le choc... les amours... les documents que l'on recherche, maman a tout brûlé ! Qui suis-je ? Une enfant romantique bercée par des rêves de gloire dans une ville créée par Alexandre le Grand, au bord de la Méditerranée, porte ouverte sur le monde et particulièrement l'Europe. Une interrogation autour d'un pays perdu, d'un univers perdu, une vie nouvelle, des aventures industrielles, avec dans le coeur et l'âme, les livres des grands auteurs, à commencer par le plus grand Homère, que l'on apprend dans toutes les écoles grecques, Shakespeare, Flaubert, Maupassant, avec au fond de soi, le rêve héroïque de ce qui s'est passé sur ce sol d'Egypte comme l'épopée de Bonaparte, la bataille d'Aboukir où la flotte française a été détruite... Une femme de tempérament, qui doit lutter pour subjuguer les hommes, les mener, qui doit se fondre dans l'esprit, les codes, le "club" de l'intelligentzia éditrice parisienne, le snobisme ambiant de la Rive gauche, l'élite qui se reproduit indéfiniment depuis le Moyen Age des romans courtois, et à laquelle veulent adhérer, se fondre, en faire partie les Rastignac ou les amoureux de la langue, de la littérature, de l'épopée française, provinciaux ou étrangers, La passion de la France, de Paris au coeur.
Dans "Un jeune homme sans importance"  le jeune Milley entend M. Sthal lui crier, parlant de sa fille, Ethel :" Elle n'accepte pas ce que nous sommes, des émigrés ! Elle aurait voulu être comme toutes ses camarades de classe, une vraie Française, une fille de Paris, de Touraine, de Provence, ou de je ne sais où, mais de France !".
Il fallait se faire reconnaître, conquérir Paris, cela a été fait à travers le poste de Premier ministre d'Antoine Gallimard, puis de la direction de Flammarion.
Dans l'émission de Ruquier celui-ci cite une phrase de son père extraite du livre : "Un garçon manqué, une femme réussie."
Peut-être que la gloire recherchée par la petite fille se profilera-t-elle derrière la Conquérante, puis La Triomphante ?
Hermès

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