dimanche 27 décembre 2015

Le moment est venu de dire ce que j'ai vu de Philippe de Villiers- Témoignages et réflexions, 434p. Albin Michel, 2015 - 21,50€

Le créateur et l'animateur du Puy du Fou, en Vendée, l'ancien secrétaire d'Etat,  qui fut sous-Préfet, sorti de l'ENA, met en perspective le monde politique tel qu'il l'a vu, entendu, pratiqué. Son immense désenchantement se lit à chaque ligne de ce livre, et nous éclaire sur les hommes, les faits, l'évolution de l'Europe, de la France, qui seule l'importe.
Philippe de Villiers voit la France gravement en danger en tant que nation indépendante et libre, devant la pusillanimité et de la « peur » des hommes au pouvoir. Les ayant vus, entendus, il a mesuré leur lâcheté, leur crainte de la « solitude » internationale, leur faiblesse morale devant le paysage puissant du monde que leur renvoient les médias, télés, journaux. Giscard d'Estaing, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande se sentent démunis devant lui et se raccrochent aux basques des autres puissances dont les Etats-Unis. Villiers date cette politique de l’influence de Jean Monnet, surnommé l’un des Pères de l’Europe. En les analysant après les avoir "pratiqués" eux-mêmes, il nous décrit des hommes sans puissance ou énergie.Pour eux la France « historique »n’existe plus, sinon dans des commémorations pour amuser le bon peuple des campagnes et provinces. Pour bien lui faire comprendre à ce bon peuple que la page est tournée, en 1984, Mitterrand avec ses équipes a monté toute une opération de « lavage de cerveau » pour culpabiliser la France et les Français sur l’ère coloniale, l’esclavage, les guerres. Aucune autre nation qui a pratiqué ces mêmes politiques l’Espagne, l’Angleterre, les Etats-Unis ne s’est abîmée par la volonté de ses gouvernants, à se dévaloriser, se culpabiliser, s’auto-détruire ainsi, à faire porter sur les générations nouvelles, les « péchés » du monde qui se construisait, se bâtissait à travers les siècles. Ajoutant à cela la haine inter-sociale, inter-classes, attisée, entre ceux qui naissent dans un milieu riche, ou aristocratique ou de haute bourgeoisie, jalousés, détestés par les jeunes Rastignac qui cherchent par tous les moyens (Bel-Ami) à pénétrer dans leur rang, par mariage ou fortune neuve, ou puissance politique… . En fait, Philippe de Villiers pense qu'ils ne croient plus en  une France indépendante et libre, ils ne croient plus en ces 65 millions de braillards, rouspéteurs, franchouillards, "paysans", boutiquiers, artisans, employés, petits-fonctionnaires, employés, salariés, chômeurs. Ils les méprisent, les dominent pour les hautes sphères économiques, financières des super-puissances et des méga fortunes multinationales. Pour cela ils s’appuient ou utilisent le snobisme culturel des parvenus de l'Art, la bien-pensance, l’inertie des masses, les votes clientélistes et multiculturalistes. Et les élections successives leur donnent raison, car ils sont réélus indéfiniment.
Ce qu'il y a d'intéressant dans ce livre, c'est que l'auteur le base sur des dates, des faits, une analyse claire et précise.
Le "décrochage" daterait de l'ère Giscard, dont il faut rappeler qu'il refusa la porte de la France au Shah d'Iran malade et en exil, à Soljenitsyne, qui dut se réfugier aux Etats-Unis, autorisa le regroupement familial pour complaire au patronat pour favoriser la main d'oeuvre à bon marché etc.
Ce tournant dans l'histoire de France ressemble à celui du retournement des alliances opéré par Louis XV sous l'influence néfaste de la Pompadour et qui a provoqué la désastreuse guerre de 7 ans... etc.
Un livre à méditer.
Hermès
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