dimanche 11 novembre 2012

Littérature et interviews en fauteuils-chaises ou table ?

C'est assez intéressant de noter les différences de comportement des écrivains interviouvés suivant la façon dont on les a invités à s'asseoir... Chez François Busnel sur la Cinq, ils sont confortablement installés dans trois ou quatre gros fauteuils blancs très confortables. Ils ont l'air assoupis, prêts à la méditation ou au sommeil. Ils attendent sagement que l'interviewer leur pose des questions. Ils rêvassent pendant que leur confrère ou consoeur répond. Celui-ci sortant de sa quiétude se redresse et tente de surmonter la douceur du confort du siège. Il se fait violence pour répondre le plus intelligemment possible aux questions de François Busnel. Celui-ci les fesses sur le bord de son fauteuil, presque sur ses jambes, tente d'arracher à son interlocuteur quelque chose de vivace sur son "oeuvre". Il cite même des  passages dont ne se souvient plus l'auteur, qui se réveille brusquement pris en défaut, et répond au mieux qu'il peut. Pendant ce temps les autres auteurs guettent bien engoncés le match qui se joue... Parfois, un mot, une phrase les réveille et ils hasardent une remarque pour ne pas sembler à des potiches du moment... Leur tour de passer vient... petit sursaut... et réflexions profondes sur leur livre, puis rechute dans l'abîme de leurs pensées. 
A l'opposé, lorsque les auteurs sont sur des chaises ou des fauteuils plus secs, comme chez les anciennes émissions de Bernard Pivot, ou d'autres actuelles, ils sont sur leurs gardes et prêts à la riposte; ils ne chôment pas. Leurs réponses sont plus incisives, plus drôles, plus pertinentes... les Libraires et les lecteurs les guettent : Qui va faire assaut d'intelligence ? Lequel va intéresser les acheteurs de bouquins ? Chez Pivot c'était l'homme aux yeux bleus, Jean d'Ormesson, le pilier de l'émission sans conteste, puis les Umberto Ecco etc. Les ventes s'en ressentent le lendemain.
Après il y a plus fort, les chaises... autour d'une table... la discussion s'anime : assauts de saillies, de drôleries, de vâcheries. Là, le corps est projeté en avant, la bouche rapide, l'oeil en feu, on coupe la parole, Baffie lâche ses vannes pour exister, tout le monde se bat... sous le regard ravi du meneur de jeu qui voit l'audience monter. (VTCN).
Enfin il y a la "mise en accusation", le pilori-pub de Laurent Ruquier. Là, le fauteuil est rembouré de béton. L'auteur se remue dessus, le cul roide, pas très à l'aise sous l'avalanche de questions des journalistes-critiques. Laurent Ruquier s'amuse, suit le débat, montre le livre et parfois rectifie, annote pour bien montrer qu'il l'a lu... L'auteur sait qu'il doit être sur le qui-vive, en alerte, son adrénaline en explosion ...

Voilà, en plus d'écrire, il faut se vendre, se faire estourbir, et passer par tous les états du trac, comme un comédien sur la scène. Cela en vaut la peine pour le tiroir-caisse.
Hermès

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